Qu'est-ce qu'une légende ?

La légende, c'est l'inverse de l'Histoire. Là où l'Histoire est la vérité déformée, la légende, elle, est l'incarnation du faux.

Mais même en étant la personnification du faux, un très beau mensonge renfermant une minime part de vérité, la légende est essentielle à un peuple. Elle permet de le forger, de le mettre en mouvement façonnant ainsi son monde.

Un peuple sans légende est un peuple qui mourra de froid demain.

Chaque peuple a ses légendes. Et voici chacune d'entre elles.

Saurez-vous démêler le vrai du faux ?

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« Au commencement étaient les Ténèbres.

Sombres, Bienveillants, là où, plus tard, les âmes scintilleront infiniement.

De ces Ténèbres est née la nuit.

Profonde, accueillante, là où la Lune et les étoiles trônaient, en seules maitresses.

A l'origine était aussi la Lumière.

Vive, Repoussante, là où, dans le futur, les âmes erreront éternellement.

La Lumière enfanta le jour.

Clair, brûlant, là où le Soleil était l'unique seigneur.

Une égalité précaire unissait ces deux puissances primitives. Sur un commun accord, Ils s'étaient partagés le temps. Il fut convenu que les Ténèbres régneraient d'abord sur l'univers pour ensuite s'effacer et laisser  la Lumière devenir la monarque de ce monde. Le jour s'enchainait à la nuit, la nuit succédait au jour.

Mais aucune paix n'est éternelle. Au fil du temps, la Lumière devint jalouse des Ténèbres. Le poison de l'avidité L'avait conquise, La poussant à briser cette quiétude qui régnait. Elle donna alors naissance aux hommes. A Ses yeux, Sa création était parfaite. Dotés d'une palette d'émotion aux mille et unes couleurs, ils savaient rire, pleurer, crier... Et surtout ils La vénéraient, Elle, et non les Ténèbres qu'ils abhorraient. 

Mais sans le savoir, Elle avait créé le fléau qui détruisait le monde qu'il peuplait. 

Face à ce massacre, à ces ruines qui s'amoncelaient, à ces vestiges qui émergeaient, les Ténèbres décidèrent d'Eux aussi habiter l'univers. Ils nous enfantèrent alors, nous les vampyyrs. Grâce à la puissance de Notre géniteur, nous pûmes purifier le monde. Nous fîmes cadeau de notre intelligence aux humains en leur instillant la raison qui les fuyait.

La Lumière, emplie de culpabilité, sentiment né d'avoir engendré une espèce imparfaite qui réduisait en cendre son propre monde, se confondit en excuses face aux Ténèbres. Dans Leur grande mansuétude, Ils Lui accordèrent le pardon. Cependant, la méfiance persistait et Ils envoyèrent Leur premier  enfant et ses suivantes surveiller la Lumière durant Sa période de règne. 

Ainsi, la paix regagna peu à peu le coeur de l'univers. Le temps reprit son cours, alternant entre nuit et jour.

Les humains et nous cohabitèrent, eux pendant que le Soleil était haut dans le ciel, nous pendant que la Lune et ses compagnes peignaient l'empyrée de leur lumière argentée. 

Mais au fils des années qui s'écoulaient, leur imperfection rattrapa les humains. Ils se mirent à rêver de puissance, comme leur génitrice à la génèse de cette histoire. Le péché gangrena leurs âmes, envoûtant leurs pensées. Le désir d'exterminer notre espèce, qui selon eux, les empêchait de vivre correctement, corromput leur coeur. 

Ils se mirent alors à scruter chacun de nos faits et gestes, espèrant trouver celui qui trahirait notre faiblesse. Malheureusement, la réussite leur sourit. Ils se rendirent compte que nous étions incapables de vivre sous la lumière dorée du Soleil. Celle-ci nous brûlait la peau, qui semblait avoir emprisonné la nitescence de la Lune, la réduisant en cendre.

Un plan démonique naquit peu à peu dans la tête des humains à l'esprit obnubilé par leur rêve de pouvoir.

Abandonnant toute capacité de distinction entre le bien et le mal, embrassant ce dernier, ils enlevèrent nos femmes, celles qui portaient la descendante de notre puissance espèce. Exécrant ce qu'elles symbolisaient - notre perpétuation - , les humains les maltraitèrent, faisant voler sur elles des pluies de coups ce qui fit naitre sur leur peau d'albâtre des tâches de la couleur du ciel. Ils les violèrent, souillant leur dignité et les réduisant à l'état de cendre. Ils les exposèrent au Soleil, s'extasiant devant le macabre spectacle qui s'offrait à eux. 

Toutes ces violences se firent au rythme de l'orchestre qui mêlaient les rires humains avilis par leur folie meutrière et les cris de nos femmes aux notes transparentes de douleur. Un horrifique orphéon dont les humains étaient les chefs d'orchestre. 

Encore aujourd'hui, des bruits courraient  comme quoi, si l'on tendait l'oreille, on pouvait entendre l'écho de ce sonate aux partitions teintées de souffrance et de sang.

Heureusement, ces cris arrivèrent aux oreilles des Ténèbres. Une colère sourde prit possession de Leur être, Les incitant, pendant un fugace instant, à anéantir cette espèce diabolique. Toutefois, Ils reprirent assez tôt le contrôle de Leurs émotions pour empêcher cette hécatombe qui ne ferait qu'en engendrer une nouvelle entre Eux et la Lumière.

Ecoutant ce que Leur soufflait la sagesse, Ils ne se melèrent pas à ce carnage mais nous donnèrent, à nous les vampyyrs, Son espèce, la force d'écraser nous-mêmes cette minable race qui désirait nous tuer. Ils nous firent alors don du pouvoir de nous abreuver de leur sang souillé, leur dérobant leur énergie vitale et annihilant les battements de leur coeur putréfié. 

Forts de cette nouvelle faculté et mis au courant par notre créateur, nous vengeâmes nos compagnes dont les corps calcinés reposaient aux pieds des humains ivres de ce pseudo triomphe. Nous plantâmes nos canines dans leur gorge et prîmes un plaisir démesuré à sentir la vie quitter leur corps.

Lorsque nous nous arrêtâmes, il ne restait plus rien des humains qui avaient décimé notre espèce à l'exception d'un champs de corps vides de sang où le visage affichera pour l'éternité la terreur qu'ils avaient ressentie. La même qui avaient habité nos femmes sans jamais que leurs tortionaires n'y prêtent attention.

Malheureusement, nous gardâmes un souvenir amer de cette victoire. En effet, dans la précipitation, les Ténèbres n'avaient pas mesuré l'étendue de Leur acte. En nous permettant de  nous abreuver du sang humain, Ils nous avaient rendus dépendants de ce dernier. 

Surprise par ce soudain apport d'hémoglobine, notre coeur avait ralenti sa danse. Malencontreusement, sa chorégraphie n'avait jamais repris son rythme normal, nous condamnant à étancher notre besoin de sang aux cous des humains, ces être pitoyables et inférieurs qui méritaient que la mort les embrasse.

Mais ce qui au départ avait tout d'un cauchemar, se révéla, au fils des ans, être un rêve pour nous que la vengeance habitait encore. Ce sang impur nous permettait d'accroitre notre supériorité. Grâce à lui, nous vîmes nos blessures guérir plus rapidement que d'ordinaire. Nos visages restèrent vierges des marques de la vieillesse qui envahissait déjà les faciès indigents des humains. La faiblesse ne conquit guère nos organes au contraire de ceux des humains qui, faute de force, mourrèrent les uns après les autres.»

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Mais que se passerait-il si les humains voulaient à leur tour se venger des vampyyrs ? Et si on changeait le point de vue, l'histoire serait-elle différente ?

Rappelez-vous, la légende est l'incarnation du faux. Mais elle contient toujours une part de vérité. 

© Sélène Rivers 2025

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Ravie de vous faire découvrir ce prologue et de vous accueillir enfin comme il se doit sur cette histoire ! 

Alors cette petit légende, qu'en avez-vous pensé 🙃 ?

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Sélène <3

📚 Prochain chapitre: vendredi 24 janvier à 18h

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