Chapitre 8 : Appel à une amie


C'est dans un grognement frustré, presque plaintif, que Magnus se réveilla le lendemain matin. Ses membres étaient endoloris, tétanisés par la nuit agitée qu'il venait de passer à paniquer à cause de l'orage qui avait fait rage pendant des heures. L'immortel ne se souvenait plus vraiment de sa soirée, seuls quelques flash de réminiscences persistantes dans son esprit embrumés. Il se souvenait du sang de Jace sous ses doigts alors qu'il soignait sa jambe. Il se souvenait l'avoir charié avec le bâillon boule, se remémorait la panique dans ses yeux de miel, se rappelait la faible dispute qu'il avait eu avec Alec avant d'aller s'enfermer dans sa tente puis, après, plus rien. L'asiatique croyait se souvenir du grondement du tonnerre assourdi par une voix à son oreille et la sensation fantôme de la chaleur d'une paire de bras enserrant son torse pour le bercer persistait dans sa mémoire sans qu'il ne parvienne à comprendre s'il s'agissait d'un rêve, d'un désir enfouis ou de la réalité. Soupirant lourdement, Magnus secoua la tête : tout ceci ne pouvait pas être vrai, évidemment. Il ne pouvait s'agir que d'un jeu de son esprit qui avait tenté de se protéger de ses propres peurs face à l'orage qui avait grondé toute la nuit. Il devait vraiment se reprendre avant de commencer à confondre rêve et réalité. Le Grand Sorcier de Brooklyn porta une main à son visage pour frotter ses yeux fatigués et en chasser les dernières traces de sommeil quand l'alarme de son téléphone sonna. Un grognement agacé lui échappa et il fit taire l'appareil d'un claquement de doigts. Depuis un an, il entendait cette sonnerie quotidiennement à deux reprises et, à force, il avait fini par développer un sixième sens qui lui permettait de prévoir à quel moment cette insupportable et stridente mélodie viendrait chanter à son oreille. Il avait bien tenté de la changer, mais c'était la seule qui ne lui donnait pas envie de jeter son téléphone du haut du toit de son immeuble. Une fois la sonnerie éteinte, il concéda à ouvrir les yeux et à se relever sur ses coudes, cherchant malgré tout à vérifier si son rêve en était bel et bien un. L'Indonésien ne savait pas à quoi il s'était attendu, mais il constata qu'il était bel et bien seul dans sa tente, personne n'avait dormi avec lui, personne n'avait passé la nuit à ses côtés pour le rassurer. Un soupir lui échappa et il se fit violence pour s'étendre quelque peu afin d'empoigner son vanity qu'il ramena sur ses cuisses en s'asseyant plus convenablement. De gestes hasardeux, il fouilla à l'intérieur de ses longs doigts fin jusqu'à se figer, sourcils froncés.

- Qu'est-ce que...., s'étonna-t-il en secouant la tête. Kotoran..., jura-t-il dans sa langue maternelle. Où est-ce que que je les ai mis ?! Non...

De son vanity, l'immortel venait d'extirper un seul et unique flacon de poudre argentée qu'il fixa un long moment comme si tous les secrets de l'univers résidaient dans sa contemplation, les rouages de son cerveau s'activant furieusement. Il était certain, la veille encore, d'avoir vu trois flacons à l'intérieur, et non pas un seul. Il n'avait tout de même pas pu confondre avec des paillettes maquillantes tout de même ! Sentant la panique commencer à monter, l'immortel aux yeux de chat retourna sa valisette en tous sens, éparpillant son contenu partout autour de lui, son maquillage de disperssant dans la tente, certains produits s'ouvrant dans la précipitation. Ses doigts aux ongles vernis de noirs manquèrent d'arracher toutes les coutures et le double fond du vanity mais rien, il n'y avait rien à l'intérieur. Magnus déglutit difficilement, son sang ne faisant qu'un tour, et il se précipita sur sa valise pour l'ouvrir précipitamment, retournant ses vêtements en tous sens à la recherche de la précieuse drogue qui lui manquait. Non, non, c'était un cauchemar il ne pouvait tout de même pas lui rester un seul flacon ? Il était certain d'en avoir pris assez pour tout le trajet jusqu'à Los Angeles, pourtant ! Un sanglot de panique lui échappa et la frustration commença à l'envahir, faisant monter une colère sourde dans son âme. Comment avait-il pu être aussi bête pour manquer quelque chose d'aussi important ! Énervé contre lui-même, contre le monde, contre tout et rien, Magnus balança sa valise avant de gémir en fermant les yeux à s'en fendre les paupières. Il avait besoin de prendre sa dose, il était l'heure et même si c'était la dernière, il ne pouvait pas se permettre de la garder pour plus tard. Il en avait besoin maintenant. Matérialisant une bouteille d'eau avec sa magie, l'immortel avala le maigre contenu de son flacon en grimaçant face à l'ignoble goût que la poudre d'argent pouvait lui laisser en bouche. Frissonnant tout entier, il vida ensuite les trois quart de la bouteille et s'adossa à sa valise éventrée pour reprendre son souffle. De sa main dont les tremblements cessaient peu à peu, le sorcier à la peau caramel pianota sur son téléphone pour y ouvrir une application et posa l'appareil sur son torse pour patienter les cinq minutes réglementaires. Une fois le temps écoulé, il fut satisfait de constater que les résultats n'étaient pas aussi terribles que ce à quoi il s'était attendu et il se prépara en vitesse pour sortir de sa tente, le téléphone toujours en main.

A l'extérieur, il fut accueilli par un vent frais qui lui remit quelque peu les idées en place. Si l'orage était bel et bien présent cette nuit, il n'en restait à présent plus aucune trace : au-dessus de lui s'étendait un immense ciel bleu d'où ne perçait aucun nuage et le soleil brillait déjà haut, les baignant de ses rayons chauds et doux. Magnus inspira profondément pour tâcher de s'apaiser et jeta un œil suspicieux aux deux tentes restantes. Celle d'Isabelle était toujours fermée et, de celle des parabatais pourtant entrouverte, des ronflements se faisaient entendre, signe que tout le monde dormait. Bon, au moins l'immortel avait un peu de paix et de temps pour lui afin de régler son problème de stock. Secouant la tête, le futur prince d'Edom baissa ses yeux félins sur son téléphone et pianota un instant avant de porter l'appareil à son oreille, allant et venant de long en larges près du feu depuis longtemps éteint comme un lion en cage prêt à se jeter sur le premier venu pour calmer sa faim. Il attendit une, deux, trois sonnerie avant que la voix qu'il désespérait d'entendre ne lui réponde enfin.

Magnus ? Est-ce que tout va bien ? S'enquit immédiatement la personne à l'autre bout du fil.

- Cat'..., chuchota le sorcier fébrile, les nerfs encore à vif, incapable d'aligner deux mots de plus.

Magnus, qu'est-ce qu'il se passe ? La dernière fois que tu as appelé aussi tôt, tu....

J'ai un problème, admit le plus vieux en soufflant longuement. Je n'en ai plus...

Plus de quoi ? Ne me dis quand même pas que...

Si, du Yin Fen...Je ne comprend pas, j'ai respecté mes doses, j'avais calculé ce que je devais prendre pour ne pas manquer, mais il me manque deux flacons. On arrive à Los Angeles ce soir à peine, demain je règle le problème avec les cerbères et ensuite je pourrais rentrer mais je n'ai pas assez pour tenir jusqu'à demain soir, je viens de prendre la dernière dose...

Oh Magnus...Mais comment c'est possible ? Je t'ai donné tout ce qu'il fallait pour que tout se passe bien, je t'avais prévenu de ne pas faire ce périple ! Je ne peux pas t'envoyer du Yin Fen comme ça à la demande, même si je le voudrais de tout mon coeur ce n'est pas aussi simple.

L'immortel soupira longuement mais n'ajouta rien. Il savait que sa meilleure amie avait raison et que de lui demander de lui envoyer du Yin Fen par Portail n'était pas son idée la plus brillante, mais désespéré d'obtenir ce dont il avait besoin, il n'avait pas pensé que ce serait sans doute impossible. Et pourtant, il en avait cruellement besoin, alors comment faire pour tenir le coup jusqu'au lendemain ? S'il ne prenait rien, il savait que la crise surviendrait, inévitablement, mais il n'avait aucun moyen tangible d'obtenir ce qu'il désirait et il ne pouvait pas en faire apparaître comme par magie, pas cette fois. Soupirant lourdement, il ravala la boule qu'il avait dans la gorge et souffla longuement avant de reprendre parole.

- Il n'y a aucun moyen ? Je t'en prie...Cat', s'il te plait...

Il y en a peut-être un, si, expliqua l'immortelle dont le cœur s'était fendu au ton employé par son meilleur ami : Magnus ne suppliait jamais. Tu te rends à Los Angeles, c'est bien ça ? Leur Marché Obscur est réputé, bien que tristement, pour être l'un des derniers fournisseurs de Yin Fen encore actif. Si tu y mets suffisamment le prix, tu pourras en obtenir quelques grammes supplémentaires, mais ça va chiffrer en millier de dollars : c'est une denrée rare et ceux qui le vendent le savent pertinemment.

Je peux essayer de m'y rendre et de négocier, mais ça va être compliqué, je ne suis pas vraiment en mesure de dire où je me rend ni pourquoi...Et je ne suis pas certain d'avoir autant sur moi, j'ai tout dépensé dans la Ferrari....

Tu t'es payé une Ferrari ? Depuis quand ? Et depuis quand tu te mets à rendre des comptes à qui que ce soit, Magnus ? Surtout auprès d'Al...

C'est une longue histoire, je te raconterais, coupa l'immortel en secouant la tête. Et tu sais très bien de quoi je veux parler. Si tu crois que c'est simple pour moi...

Je sais, et tu sais ce que j'en penses, aussi..., contra l'infirmière à la peau bleue.

- On a déjà eu cette conversation, Cat', lui rappela le plus vieux en se pinçant l'arrête du nez. Je fais ce que je juge nécessaire et c'est tout. Bon, je fais quoi si j'ai une crise ?

A l'autre bout du fil, la sorcière soupira lourdement mais ne rajouta rien. Elle savait que son ami pouvait être têtu et il refusait de l'écouter depuis un an, elle ne voyait pas pourquoi il se mettrait à prendre son avis en compte maintenant. L'infirmière lui rappela donc la démarche à suivre si jamais il commençait à se sentir mal et s'il sentait la crise venir pour pouvoir rester en sécurité et éviter de se faire du mal ou de faire involontairement du mal aux personnes présentes autour de lui, même s'il s'agissait de Jace. Le plus vieux écouta attentivement les précieux conseils de sa meilleure amie et la remercia, promettant de la tenir au courant dans sa recherche du Yin Fen, et il raccrocha avec un lourd soupir. Se frottant le visage d'une main lasse, le descendant d'Asmodée se retourna en rangeant son téléphone dans sa poche, avant de se figer. Face à lui, assis près du feu, ne se tenait autre qu'Alec. Ses yeux cobalts paraissaient presque noirs de colère, sa peau de lait était encore plus pâle que d'ordinaire et ses poings étaient serrés à s'en faire blanchir les phalanges. Magnus fronça les sourcils, se demandant depuis combien de temps son cadet l'observait et surtout ce qu'il avait pu percevoir de la conversation qu'il venait d'avoir, quand il remarqua que ses jambes étaient encore enveloppées dans le duvet de son sac de couchage. Ma réalisation frappa alors l'immortel aux yeux de chat qui se maudit intérieurement : il avait rapidement vérifié les tentes mais n'avait pas pensé à regarder près du feu pour être certain d'être seul, hors le plus jeune semblait avoir passé la nuit à la belle étoile. Sentant une certaine angoisse monter en lui peu à peu, Magnus ne se laissa pourtant pas démonter et se composa un visage neutre, presque blasé, et il croisa ses bras sur son torse en silence, attendant que le plus jeune prenne la parole en premier, lui se tenant prêt à riposter en cas d'attaque, blindant son esprit et son coeur au maximum.

- Alors c'est vrai...Tu en prends vraiment..., soupira le noiraud en secouant la tête. J'espérais vraiment qu'Isabelle se soit trompée en te voyant prendre de la poudre argentée hier...

- Je ne vois pas de quoi tu parles, répliqua calmement le plus vieux en haussant les épaules. Tu t'es fait jeter de ta tente ? Se moqua-t-il avec un sourire narquois. Ne compte pas sur moi pour te filer la mienne, ça ne te fera pas de mal de te rafraîchir les idées.

- Bien tenté, mais détourner la conversation ne te sauvera pas, contra Alec en se relevant pour aller à son encontre. Tu prend du Yin Fen, l'accusa-t-il alors de but en blanc, sans détour. Et Catarina est au courant, visiblement...Je ne comprends même pas comment elle peut cautionner ça...

- Tu n'as rien à comprendre parce que ce que je fais ne te regarde pas, Lightwood. Qu'est-ce que ça t'apporte que je prenne du Yin Fen ou non ? Si tu t'inquiètes pour ta précieuse mission, soit tranquille : demain à la même heure les cerbères seront retournés dans leur dimension et des boucliers protégeront Los Angeles. Quant à toi, tu pourras retourner à la gestion de ton Institut et moi je profiterais de vacances au calme, loin de vous trois, sur une île au soleil !

- Je ne suis pas inquiet pour la mission mais pour toi, souffla le jeune homme à demi-mot.

- Comme c'est touchant, ironisa le sorcier en levant les yeux au ciel. Et on peut savoir ce que me vaut cette débauche de bonne volonté ? Ton devoir de Nephilim sans doute !

- Putain Magnus, tu peux vraiment être con des fois ! S'énerva Alec, des larmes dans les yeux. Tu ne comprends pas que si je m'inquiète c'est parce que je t'aime ?!

Face à lui, Magnus se figea sur place, semblable à une statue de sel. Il cligna des yeux plusieurs fois, comme si l'information avait du mal à pénétrer et à remonter jusqu'à son cerveau. Alec, lui, avait le souffle court et bataillait vaillamment pour retenir ses larmes. Il savait au fond de lui que c'était une erreur, que d'avouer ses sentiments à l'homme qui faisait tout pour lui exprimer sa haine était un pari risqué, mais il ne supportait pas l'idée que l'Indonésien puisse se détruire en se droguant au Yin Fen. Il avait connu Jem lors de ses premières années, il avait été témoin des dégâts du Yin Fen sur l'organisme alors pourquoi vouloir en prendre à son tour ? La raison dépassait la logique d'Alec qui ne voyait là rien d'autre qu'un caprice de plus de son ancien amant. Mais quelle que fut la raison, il ne pouvait se permettre de le laisser périr pour un plaisir vain et létal. Le jeune homme secoua la tête et laissa enfin couler ses larmes, incapable de retenir son chagrin plus longtemps, le flot de ses sentiments se déversant comme des torrents sur ses joues. Et pourtant, malgré sa peine, il était bien décidé à aider son aîné à s'en sortir.

- Tu m'as détruit...Tu as réduit mon coeur en miette, tu m'as traîné dans la boue et tu m'as donné le sentiment de valoir moins que le plus minable des démons, et pourtant il y a toujours cette part en moi qui continue de t'aimer coûte que coûte. Je te déteste, Magnus, je te hais au plus au point, et pourtant je sais que je serais encore capable de donner ma vie pour sauver la tienne. La légende dit que les Nephilims n'aiment sincèrement qu'une seule fois et je veux bien croire qu'il ne s'agit pas que d'une légende. Quoi que je fasse, ou quoi que tu dises, une partie de mon coeur continue à battre exclusivement pour toi...Je sais ce que tu as dit à Isabelle...Je sais que je ne vaut rien à tes yeux, mais ça ne m'empêche pas de t'aimer..., pleura-t-il encore comme une âme en peine. Et je ne peux pas te laisser tout gâcher et te détruire en te droguant avec du Yin Fen alors que tu sais parfaitement ce que ça peut provoquer. Et là, on dirait que tu n'en as même pas conscience...

- Crois moi, je sais très bien ce que je fais, marmonna-t-il en soufflant lourdement.

- C'est tout ? C'est tout ce que tu as à dire alors que je viens de te dire que je t'aime ?!

- Oui, c'est tout, confirma le Grand Sorcier de Brooklyn en relevant ses yeux de chat pour les plonger dans les orbes cobalts de son ancien petit ami. Alors quoi ? Tu me déballe tes sentiments et tu croyais quoi ? Que j'allais te dire que moi aussi ? Que je t'ai toujours aimé, que je t'ai quitté inutilement ? Tu fais vraiment pitié, Lightwood, laisse moi rire ! S'esclaffa-t-il faussement en secouant la tête, souriant d'un air mauvais. Ah ça, c'était intéressant au début, le petit Nephilim droit dans ses bottes, suivant aveuglément l'Enclave, faisant la fierté de sa famille ! C'était tellement excitant de te débaucher, de montrer au monde tes défaillances parce que tu étais incapable d'être normal et d'aimer une femme comme on l'attendait de toi ! Moi je suis un sorcier, un enfant de démon, alors ce n'est pas grave. Mais toi ? Un enfant de l'Ange, un Nephilim encore pur et vierge, souillé non seulement par moi mais par un homme ? Tu as fait la honte de ta famille, la honte de l'Enclave, la risée du Monde Obscur, et moi j'ai pris mon pied à admirer ta déchéance alors que tu croyais dur comme fer que j'avais des sentiments pour toi. Tu t'attendais à ce que je te dise "je t'aime" en retour ? Laisse moi te dire une bonne chose : je te méprise, Lightwood, toi et les tiens, et l'idée d'être encore dans tes bras me donne envie de vomir. En comparaison, même le Yin Fen est une alternative acceptable, et je prends plus mon pied en avalant du Yin Fen qu'en m'envoyant en l'air avec toi.

Alec, dont la lèvre inférieure s'était mise à trembler violemment, explosa en sanglots douloureux sans pouvoir s'en empêcher. Il avait parfaitement conscience de ressembler à un petit garçon, et il en avait honte, mais le Chasseur d'Ombre n'avait qu'une envie : se rouler en boule et pleurer en se balançant d'avant en arrière pour essayer de se calmer. Devant lui, Magnus continuait à le fixer d'un air morne, las et il maugréa en levant les yeux au ciel alors que son cadet pleurait de tout son saoul. Le noiraud se laissa tomber sur son rondin, les entrailles tordues d'angoisses et un poids énorme pesait sur ses poumons, le privant de l'air dont il avait cruellement besoin. Pourtant, Magnus ne semblait pas vouloir lui laisser le moindre répit puisqu'il en rajouta une couche, enfonçant le clou plus profondément comme pour l'achever.

- Regarde toi, tu fais vraiment pitié, cracha le plus vieux en secouant la tête. Et tu penses encore que j'ai pu t'aimer ? Je ne t'ai jamais et ne t'aimerai jamais, Lightwood, plutôt crever avec mon Yin Fen que de dire que j'ai pu ne serait-ce qu'un peu t'aimer....

- Arrête ! Hurla le noiraud en se relevant d'un bond, chancelant quelque peu. Tu la fermes !!

- Ou sinon quoi ?! Se moqua méchamment l'immortel.

- Sinon je jure sur l'Ange que je tue ! Cria-t-il de colère et de douleur mêlées en dégainant son poignard séraphique.

Magnus fronça les sourcils, surprit par la tournure des événements et ouvrit grand les yeux de stupeur lorsque le noiraud fonça sur lui pour le plaquer au sol. Prisonnier des bras et des jambes de son ancien amant qui le maintenant fermement immobile, l'immortel sentit le frisson glacé de l'angoisse le saisir et remonter le long de son échine lorsque la lame du poignard séraphique du noiraud se posa contre sa gorge, prête à la lui trancher. Son cœur s'affola à lui en faire mal dans sa poitrine et il retint de justesse un gémissement douloureux agrémenté d'une grimace pincée. Alec, lui, continuait à fixer l'immortel les yeux fous de rage et le souffle court. Son corps tremblait comme une feuille baladée dans un ouragan mais sa main qui tenait le poignard, pourtant, était parfaitement immobile. Sa dextérité lui venait, sans aucun doute, de son habileté à tenir son arc, comme si son cerveau dissociait le calme nécessaire à sa concentration lors des combats et le tumulte qui faisait actuellement rage dans son esprit. Au moins, il ne risquait pas de lui trancher la gorge par accident : ce serait un acte bel et bien volontaire et maîtrisé, si jamais le noiraud sautait le pas. Déglutissant malgré tout difficilement, l'asiatique se contenta de fixer son assaillant, se demandant si le noiraud était réellement prêt à lui ôter la vie. Pourtant, la rage qui brûlait comme un feu ardent dans le regard glacé du noiraud laissait peu de place au doute : s'il venait de lui déclarer sa flamme à peine quelque instants plus tôt, son amour venait de se tarir subitement, remplacé par la froide vengeance pour les mots cruels que le sorcier avait eut le malheur de prononcer. Le Chasseur d'Ombre baissa d'ailleurs les yeux sur la lame pressée contre la gorge de son ancien amant et si Magnus crut un instant que son cadet allait faire marche arrière, il n'en fut rien. Au contraire, sa détermination sembla même prendre de l'ampleur et se renforcer, le sang de l'immortel commençant à perler en petites gouttes contre le métal froid qui menaçait de vider ses veines.

- Lorsqu'un Nephilim fait une promesse, il doit jurer sur l'Ange, expliqua Alec en maugréant d'une voix si basse qu'elle en était terrifiante. Alors continue et je vais jurer sur Raziel que je te tuerais de mes mains ! C'est ça que tu veux ? Hurla-t-il encore en empoignant son arme plus violemment. Tu veux mourir ? Je peux m'en charger tout de suite !

- Tu n'as pas le cran pour ça ! Ricanna l'asiatique en cherchant malgré tout un moyen de se dégager. C'est ton devoir de protéger les autres, Nephilim.

- Te tuer serait la meilleure protection que je pourrais accorder au monde, siffla-t-il dangereusement avant de plaquer son avant bras sur la gorge de l'Indonésien et de presser la pointe de son poignard séraphique contre son cœur. Je t'ai qu'à l'enfoncer dans ton cœur et je serais débarrassé de toi. C'est ce que tu veux ?! Tu veux crever comme ça Magnus ? C'est ce que tu essaie de faire ?!!

- Vas-y, fais le, le provoqua le plus vieux. Embroche-le si ça t'amuse, tu ne pourras jamais tuer ce qui est déjà mort...

- Tu as raison, admit Alec des larmes aux yeux. Tu n'as même plus de cœur...et moi j'aurais aimé ne jamais t'avoir offert le mien...

Dégageant la gorge de son ex-petit ami, Alec empoigna le manche de son poignard à deux mains et se redressa pour brandir l'arme au-dessus de sa tête, prenant de l'élan pour pouvoir l'enfoncer profondément dans le cœur de son aîné. Ses traits étaient déformés par la haine et la douleur alors que ses larmes coulaient par torrent sur ses joues pâles. Magnus, lui, le fixa sans rien dire, étonnement passif et, ne voyant pas son ancien compagnon faire mine de se reculer ou de lui rendre sa liberté, il referma ses paupières sur ses yeux de chat, se préparant à recevoir le coup fatal de l'épée de Damoclès qu'il avait, littéralement, au dessus de la tête. Un sanglot sourd déchira alors la gorge du noiraud qui hurla à plein poumon pour laisser sortir le flot d'émotions violentes et contradictoires qui l'habitaient en cet instant et, son cri ne semblant prendre fin, il abattit son poignard pour le planter dans le cœur de l'immortel.

- Alec ! Arrête ! Hurla une voix alors que deux bras se nouèrent à son torse pour le tirer en arrière. Qu'est-ce qu'il te prend ?!

- Lâche moi !! Hurla le noiraud en se débattant de toutes ses forces entre les bras qui le maintenaient prisonnier. Jace, par l'Ange, lâche moi tout de suite !

Jace ? Pensa Magnus avec stupeur en rouvrant les yeux subitement. Effectivement, le Chasseur d'Ombre aux yeux couleur de miel retenait son parabatai du mieux qu'il le pouvait alors qu'Isabelle, penchée au dessus d'eux, tâchait de récupérer le poignard séraphique de son frère aîné sans se faire embrochée au passage. Le souffle court, l'Indonésien se redressa aussi vite qu'il le put, son coeur s'affolant dans sa poitrine jusqu'à résonner dans ses côtes et il massa sa gorge endolorie en reculant de quelques pas pour se mettre hors de danger, non sans garder un oeil inquisiteur posé sur le Chasseur d'Ombre qui continuait à se débattre contre son frère et sa soeur. La jeune femme tourna la tête vers l'immortel pour s'assurer qu'il allait bien et, une fois certaine que sa vie n'était plus en jeu, elle finit par se saisir du poignard de son aîné pour l'accrocher à sa propre ceinture. Jace relâcha alors son meilleur ami qui, de rage, n'hésita pas à lui enfoncer son poing dans la mâchoire. Bien qu'il fut habitué à assister à certaines scènes de violence, Magnus grimaça au craquement sonore produit par l'os brisé. Le blond gémit douloureusement mais ne se laissa pas démonter, repartant à l'attaque pour calmer son frère de cœur et meilleur ami. Cependant, Alec semblait plus énervé que jamais, toute sa douleur et son chagrin transformé en une haine sourde qui menaçait de les détruire tous. Les deux parabatais s'acharnèrent l'un contre l'autre comme s'ils se battaient chacun contre leur pire ennemis et Isabelle et Magnus n'avaient d'autre choix que d'assister au triste spectacle qu'ils leur présentaient. La jeune femme tenta tant bien que mal de les séparer en faisant claquer son fouet mais rien n'y faisait : même parler à un mur aurait été plus constructif, tant ils étaient obnubilés l'un par l'autre. Les coups pleuvaient, leurs poings s'abataient, le sang coulait, giclait même parfois, et les os craquaient tandis que divers bleus et ecchymoses apparaissaient ici et là. Isabelle, réalisant qu'elle était incapable de faire quoi que ce soit, tourna son regard paniqué vers Magnus qui paraissait tout aussi impuissant qu'elle. Face à son regard sombre chargé d'angoisse, l'immortel n'eut aucun mal à comprendre sa supplique muette d'intervenir et de les séparer pour les empêcher de finir l'un et l'autre dans un bain de sang. Le Grand Sorcier de Brooklyn grommela dans sa barbe en levant les yeux au ciel mais accepta cependant : après tout, Jace venait de lui sauver la vie, il avait une dette envers lui. D'un geste habile de la main, l'asiatique usa de sa magie pour éloigner les deux frères et les tenir à distance l'un de l'autre, tous deux enveloppés d'une bulle de magie bleue électrique qui les coupaient physiquement du monde.

- Bordel, Jace, pourquoi tu as fait ça ?! Tu le déteste, pourquoi tu l'as épargné ?!! Hurla le noiraud en frappant de toutes ses forces contre la bulle magique qui vibra pour le secouer un peu et le rappeler à l'ordre.

Voyant le blond se tenir le nez et la mâchoire d'une main et brandir un doigts d'honneur à son parabatai de l'autre, Magnus comprit qu'il était actuellement incapable de parler et bien que l'immortel appréciait un peu de paix, il savait que les deux Chasseurs d'Ombres avaient grandement besoin de se parler. Il claqua donc des doigts et remis ses os en place dans un craquement plus sonore encore qui le fit hurler de douleur. Jace se releva malgré tout quelques instant plus tard et posa son regard sur un Alec plus déterminé que jamais.

- Tu allais le tuer ! Plaida le plus jeune des deux. Oui, je le déteste, oui, je lui en veux pour ce qu'il t'a fait, pour ce qu'il a fait à chacun de nous, mais ça ne signifie pas qu'il mérite de mourir !

- Tu n'étais pas là, tu ne sais pas ce qu'il a dit !! S'en défendit le noiraud.

- Je n'ai pas eu besoin de l'entendre, je l'ai sentit, souffla Jace en posant sa main sur leur rune parabatai. Je ressens ta douleur, Alec, je ressens ta colère, mais je ressens aussi l'amour que tu garde pour Magnus...Le tuer serait revenu à te tuer toi, et je refuse de te perdre. Tu es un salopard, Bane, ajouta-t-il à l'intention du sorcier, et je t'en veux toujours pour ce que tu as fait. Si je t'ai sauvé, c'est uniquement parce que je sais qu'Alec s'en serait voulu pour le restant de ses jours et qu'il n'aurait pas supporté un tel fardeau. Mais ça ne m'empêche pas de te haïr, sache-le.

- Ne t'en fais pas, la réciproque est tout à fait vraie. Nous sommes quittes, annonça-t-il en dissipant les bulles pour leur permettre de se rejoindre. Faites vite pour régler vos comptes, on a pas toute la journée pour atteindre Los Angeles, marmonna-t-il en s'éloignant pour ranger ses affaires et charger la Ferrari.

Isabelle soupira de soulagement lorsque son frère ne se jeta pas de nouveau sur Jace pour l'étriper et elle se détourna à son tour pour faire son sac et replier la tente avant de s'installer à sa place à l'avant, côté passager. Les deux parabatais, eux, se regardaient en chien de faillance, le souffle court. Alec paraissait toujours aussi énervé mais quelque chose dans son regard semblait s'être brisé, quelque chose de plus précieux que tout, quelque chose qu'il venait de perdre définitivement. Et Jace ne mit pas longtemps à comprendre que cette brisure, c'était l'espoir. Magnus avait franchi la ligne une fois de trop et il avait, par ses mots et par son attitude, réduit à néant le peu de bonheur auquel Alec avait encore la possibilité de s'accrocher, cet espoir fou que l'immortel revienne vers lui un jour ou l'autre. Le blond comprennait mieux à présent la douleur de son aîné et son désir de tuer ce qu'il était certain de ne plus jamais pouvoir avoir. Après tout, ça ne changeait rien de tuer Magnus : il venait déjà de tout perdre, définitivement. Faisant ce triste constat, le dernier Herondale réalisa que le noiraud avait tout à coup l'air d'un animal blessé, brisé, qui cherchait seulement à se défendre et à s'isoler pour ne plus avoir à souffrir. Secouant tristement la tête, le Chasseur d'Ombre activa sa rune parabatai pour envelopper son meilleur ami de la tendresse qu'il lui portait et il fit quelques pas vers lui, main tendue. Alec sentit son souffle se raréfier et sa poitrine se comprimer à chaque pas de son frère de cœur vers lui et lorsqu'enfin leurs doigts se touchèrent, il fondit brusquement en larmes, se maudissant de paraître aussi fragile depuis quelque temps. Prenant ses pleurs comme une autorisation, Jace le serra contre son coeur pour le rassurer, lui chuchotant des paroles apaisantes, lui murmurant à quel point il était courageux, que bientôt tout ceci serait derrière eux, que Magnus les laisserait en paix, qu'il allait enfin pouvoir tourner la page et redécouvrir l'amour et le bonheur dans les bras d'un autre, puisse-t-il moins taper sur le système nerveux du blond. Alec rit nerveusement à travers ses larmes aux remarques de son meilleur ami et lui présenta faiblement ses excuses pour ce qu'il s'était passé. Les balaya d'un revers de main et d'un sourire assuré, Jace lui assura que c'était déjà oublié et ils se hâtèrent l'un et l'autre de remballer la troisième tente et de fourrer leurs affaires en vrac dans le coffre avant de grimper sur la banquette arrière.

Magnus n'attendit pas plus pour démarrer en trombe et il reprit l'autoroute pour rejoindre Los Angeles au plus vite. Cette fois, plus question de faire du tourisme et de faire traîner un peu le voyage : non seulement l'ambiance était désormais aussi tendue que la corde de l'arc d'Alec, mais il ne devait pas oublier qu'il n'avait plus de Yin Fen et plus un sous en poche pour en racheter au Marché Obscur. Il n'avait pas voulu inquiéter sa meilleure amie au téléphone, mais entre les pleins d'essence, la location de la voiture et les arrêts à la supérette pour ne pas mourir de faim, il ne lui restait qu'une petite centaine de dollars. Avec ça, il était à peu près certain de pouvoir acheter dix microgrammes de Yin Fen, s'il tombait sur un vendeur un peu naïf. Le sorcier savait donc pertinemment qu'au plus tôt il aurait fini la mission pour laquelle il avait été engagé, au plus tôt il pourrait rentrer chez lui et retrouver son stock de Yin Fen dont il avait désespérément besoin. Il poussa donc le moteur au maximum, sans pour autant dépasser les limites de vitesses, dépassant les autres voitures venues faire du tourisme et rejoignant la grande ville au plus tôt. Dans l'habitacle, aucun des Chasseur d'Ombre n'osait ouvrir la parole et il était hors de question de mettre la radio en route. Isabelle ne supportait plus la colère des uns et des autres, Jace tâchait de garder son calme pour apaiser le noiraud et Alec pouvait basculer dans une nouvelle crise violente à tout instant : le provoquer dans ce sens était la dernière de leur volonté. Ils roulèrent donc en silence pendant les heures suivantes, les trois Nephilims finissant par sombrer chacun leur tour dans un sommeil réparateur bien mérité, bercés par les ronrons vrombissant du moteur. Au moins, Magnus avait un peu de paix et de temps au calme, seul, pour réfléchir et se ressourcer. Jace fut le premier à se réveiller, mais quand il ouvrit les yeux, la voiture était arrêtée, le moteur coupé, froid, et la place de Magnus déserte. Craignant un instant que l'Indonésien ne les ait abandonnés sur le bas-côté avant de s'enfuir, il se redressa vivement pour sortir du véhicule. Ils étaient garés au milieu de nulle part, en plein milieu du désert. Pourtant, au loin, il remarqua les lumières d'une ville et, sur sa gauche, leur feu de camp, devant lequel était installé Magnus, sans tente dans son dos. Tout allait bien. Le Grand Sorcier de Brooklyn leva la tête vers le blond et désigna les alentours d'un geste vague.

- Les cerbères se trouvent un peu plus au nord, l'informa-t-il en se levant nonchalamment. J'ai dressé des boucliers pour qu'ils ne nous repèrent pas. Vos affaires sont dans le coffre, j'attendais que l'un de vous trois se réveille pour vous mettre au courant. On ira les affronter demain et chacun pourra rentrer chez soit. Maintenant je vais me coucher, souffla-t-il en se détournant pour rejoindre sa tente.

- Magnus, attends ! L'appela tout de même le noiraud. Merci, pour ma mâchoire...

L'Indonésien continua de lui tourner le dos sans la moindre réponse mais Jace eut la surprise de voir les épaules de son aîné se relâcher quelque peu, comme s'il était soulagé par sa remarque. Il le laissa donc s'isoler dans sa tente et entreprit de réveiller son frère et sa sœur afin de monter le reste de leur campement. Une fois les tentes levées, les informations de l'immortel transmises, et les Chasseurs d'Ombres fin prêts à aller dormir, Alec annonça qu'il restait encore un peu prêt du feu pour dormir à la belle étoile, histoire de se rafraîchir les idées et d'être un peu seul avec lui-même pour faire le point sur ses pensées et ses émotions. Jace et Isabelle ne discutèrent pas sa décision mais lui rappelèrent avant de se coucher qu'ils étaient là pour lui, et qu'il ne devait pas hésiter à les réveiller, même pour parler autour d'un paquet de BN, comme l'avait si bien fait remarquer le blond. La tête levée vers les étoiles, allongé dans son duvet comme la veille au soir, le noiraud commença à s'assoupir, le crépitement du feu apaisant son cœur et son esprit. Pourtant, alors qu'il était prêt à plonger dans ceux de Morphée, ce fut une autre paire de bras qui le serra tendrement, le força à ouvrir les yeux. Il les écarquilla d'ailleurs en constatant que celui qui le serrait n'était autre que Magnus. Enfin...plutôt un simulacre de Magnus. En effet, celui-ci était entièrement bleu électrique, de la tête aux pieds, et ses traits, ainsi que sa silhouette, étaient un peu flous et effacés comme s'il s'agissait d'un fantôme. Après avoir jeté un regard curieux en direction de la tente de l'immortel, le Chasseur d'Ombre comprit aisément qu'il s'agissait là l'œuvre de la magie de son aîné. Sa magie était à son service, bien entendu, comme une extension de sa personne, mais il lui arrivait aussi de prendre le contrôle, comme un être indépendant qui se dissociait de son propriétaire pour prendre ses propres décisions et faire ses propres choix. Le fait qu'elle ait ainsi pris l'apparence de l'asiatique pour se manifester signifiait qu'elle espérait retrouver un peu Alec. Le noiraud l'avait toujours appréciée comme une amie et une complice lorsqu'elle se dissociait de Magnus, dans les rares fois où c'était arrivé.

- Qu'est-ce que tu veux ? Marmonna-t-il en la fixant d'un œil morne et triste. On est séparés, tu le sais très bien, ça ne sert à rien de prendre son visage pour m'amadouer.

Pour toute réponse, le Magnus de magie sourit tendrement et lui tendit la main comme autrefois lorsqu'ils dansaient, tendrement enlacés dans leur appartement.

- Arrête...S'il te plait, arrête, souffla-t-il les larmes aux yeux. Tu sais que ça n'arrivera plus jamais. Je ne suis plus dans son cœur, je doute même y avoir jamais été...

La magie secoua la tête et, sans pour autant se départir de son sourire, elle prit la main du Nephilim pour la poser là où devait se trouver son cœur tandis qu'elle-même posait sa main étincelante sur celle de son cadet. Une douce vibration remonta le long de son bras pour se répercuter dans sa poitrine et Alec reconnut la rythmique de leur chanson, sur laquelle ils dansaient toujours Magnus et lui. Si la magie n'avait pas de voix, et ne pouvait ni parler ni chanter, ça ne l'avait jamais empêché de communiquer et de se faire comprendre. Le directeur de l'Institut de New York soupira donc lourdement mais se blottit dans les bras de son amant de magie.

- Juste une danse, souffla-t-il à l'entité. Une dernière danse...

La magie sourit un peu plus, laissant les vibrations de la musique silencieuse se répercuter en eux, et ils dansèrent tous deux, encore et encore, Alec s'abandonnant encore une fois, une dernière fois, dans les bras de celui qui avait été l'amour de sa vie, comme un dernier adieu entre eux. 

***********

A suivre...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top