Chapitre 3 : Houston, on a un problème
Dire qu'Alec était entré dans une colère noire au retour d'Isabelle à l'Institut était un doux euphémisme qui revenait à affirmer que cerbères qu'ils avaient affrontés n'étaient que des chiots : le noiraud avait été fou de rage. Tout d'abord pour le traitement que l'immortel avait réservé à sa petite sœur. L'aîné des Lightwood avait toujours été très protecteur envers sa cadette, tout comme il l'était envers Jace, et savoir que le descendant d'Asmodée avait failli s'en prendre à elle le mettait hors de lui. Ensuite, il y avait la question de l'argent. Le prix demandé par Magnus était exorbitant et ils n'avaient pas vingt mille dollars à leur disposition. Le jeune directeur de l'Institut de New York avait donc dû écrire de toute urgence au Consul pour lui expliquer les faits et attendre sa réponse car quand bien même Isabelle eut promis de conclure ce marché avec Magnus, la vérité était belle et bien différente : ils n'avaient pas cet argent ! Les frères et la sœur avaient donc passé les heures suivantes à élaborer deux plans. Le premier constituait la possibilité où l'Enclave accepte le marché et leur donne les moyens de payer Magnus. Le second se résumait à une suite d'idées inabouties dans le cas où le Grand Sorcier de Brooklyn ne pourrait pas leur prêter main forte. Ce n'est qu'au bout de la huitième idée quelque peu tordue et vouée à l'échec de Jace qu'ils acceptèrent de voir la réalité en face. Ils avaient besoin de Magnus pour s'en sortir, c'était une nécessité absolue, quitte à vendre une partie des biens de l'Institut pour le payer ou négocier à nouveau pour que l'Indonésien accepte de baisser son tarif. Le noiraud, qui avait passé la journée à espérer que la demande de son ex-compagnon soit rejetée par le Conseil se retrouva à prier Raziel pour que les fonds leur soit versés et qu'ils puissent le payer comme promis. Aucun d'eux n'avait envie d'avoir affaire avec l'asiatique, mais ils devaient bien s'avouer qu'il était le meilleur sorcier de son époque. Après tout, le descendant direct d'un Prince des Enfer ne pouvait que faire des merveilles en matière de magie. Ils avaient donc attendu, encore et encore, pour finalement recevoir une réponse par message de feu : le Conseil acceptait la proposition. Dans leur courrier, ils avaient également envoyé une pochette remplie de billets de cent et un contrat que Magnus devait signer pour attester qu'il a bien reçut l'acompte et qu'il recevra le reste du paiement une fois les démons détruits et la zone protégée par des boucliers.
Isabelle, Alec et Jace relurent tour à tour le contrat pour s'assurer qu'aucune formulation n'était trop ambiguë pour que le sorcier, qui avait l'habitude de collaborer avec l'Enclave, ne puisse jouer sur les mots et tirer profit de toute cette histoire. Heureusement pour eux, Jace remarqua une note affirmant que si les cerbères revenaient dans un délai d'un mois, l'immortel devrait leur rembourser l'intégralité de la somme versée avec, en dédommagement, vingt-cinq pourcent du paiement initial, soit cinq mille dollars de plus. Malgré tout, il ne valait mieux pas espérer que leur mission échoue : c'en serait revenir à la case départ et au même souci. Ils feraient tout pour que les cerbères soient éliminés définitivement. Après avoir préparé leurs affaires, tous les trois s'étaient couchés pour être suffisamment en forme le lendemain et prêts à affronter aussi bien les démons que le Grand Sorcier de Brooklyn lui-même. Alec, d'ailleurs, n'avait pas fermé l'œil de la nuit, se contentant de somnoler par intermittence en rêvant, ou plutôt cauchemardant, à tous les scénarios possibles et imaginables. Le Chasseur d'Ombre aux yeux cobalts n'avait pas revu l'immortel au regard félin depuis ce fameux soir où ils s'étaient séparés. Son visage était désormais flou dans sa mémoire, tout comme sa voix, son rire, les moindres détails composant sa personne. Et pourtant. Pourtant le noiraud se souvenait avec une précision stupéfiante les moments passés avec lui. Il se rappelait de son odeur, de la texture de sa peau couleur caramel sous ses doigts, de son cœur battant contre le sien. Un sanglot lui avait échappé et les larmes s'en étaient suivies, inarrêtable. Le noiraud avait pleuré autant de chagrin que de frustration avant de s'endormir, épuisé avant de se faire réveiller par son parabatai, à peine deux heures plus tard, le laissant ainsi aussi réactif et éveillé qu'un zombie en manque de caféine.
Ainsi se retrouvaient-ils tous les trois assis sur les marches de l'Institut, en tenue de combat, armés jusqu'aux dents pour l'occasion, gardant précieusement une pochette avec les dix mille dollars d'acompte et attendant que le Grand Sorcier de Brooklyn daigne pointer le bout de son nez. Isabelle, qui lui avait simplement dit de les rejoindre au matin, lui avait envoyé un message de feu pour lui annoncer qu'ils l'attendaient à sept heures tapante. Il était déjà huit heures moins le quart. Jace faisait les cents pas comme un lion en cage en pestant après l'Indonésien et lui trouvant tout un tas de charmant noms d'oiseaux, tandis qu'Isabelle profitait du soleil matinal pour se gorger de ses rayons chauds avant d'avoir à affronter les cerbères. Seul Alec restait de marbre, se contentant de fixer le vide. A moins qu'il ne soit en train d'essayer de dormir debout, les yeux ouverts, auquel cas valait-il mieux ne pas trop le déranger sous peine de se prendre une flèche en plein milieu du front. Jace soupira une fois de plus, sans doute une fois de trop, puisque son parabatai le fusilla du regard en silence. Puisqu'ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre, le blond grommela et vint s'asseoir aux côtés de son meilleur ami pour passer un bras autour de ses épaules. Alec avait beau être le plus vieux des trois, Jace savait qu'il avait besoin de soutien, surtout qu'il allait de nouveau faire face au sorcier. Se préparant mentalement à la confrontation, les deux frères de cœur relevèrent la tête à l'approche de pas dans leur direction. Isabelle se leva, prête à accueillir Magnus, comme ils l'avaient convenu la veille au soir. La Chasseuse d'Ombre n'eut qu'à faire quelques pas pour que l'asiatique, comme surgit de nulle part, n'aparaisse dans son champ de vision. L'immortel portait une tenue pour le moins divergente de celles qu'arboraient les trois Nephilims : un pantalon de cuir noir moulant, des chaussures vernies de même couleur au talon clouté, une chemise blanche piquée de strass nacrés à moitié ouverte dévoilant son torse où s'affichaient ses chaines et colliers, ainsi qu'une veste de cuire rouge digne de celle de Michael Jackson. A bien y regarder de plus prêt, Isabelle aurait pu jurer qu'il s'agissait exactement de la même veste que celle utilisée pour le clip Thriller. Décidément, Magnus Bane etait un homme plein de ressources. Arrivant à leur hauteur, le sorcier les toisa tour à tour dans un silence de plomb avant de les saluer froidement.
- Isabelle, Jace...Alec, cracha-t-il presque de mépris. Mon argent ? Demanda-t-il alors sur le ton de la conversation.
- Juste ici, souffla Isabelle en désignant la pochette. Mais le Consul a pris quelques dispositions, tu vas devoir nous signer un contrat, affirma-t-elle en lui tendant un dossier d'une bonne douzaine de pages. Signe de ta magie, et tu auras ton acompte.
- Mais bien sûr ! Susurra l'immortel avec un sourire narquois. Tu n'as rien contre le fait que je lise ce contrat avec attention ? Ce serait dommage de manquer une information cruciale !
Sans prendre la peine d'écouter la réponse de sa cadette, Magnus fit apparaître une chaise longue en simili cuire doré et s'y installa en chaussant des lunettes de soleil digne d'Elton John en forme de cœur multicolore. Il ne lui manquait plus que le parasol et le cocktail. Isabelle le dévisagea comme s'il avait perdu la tête, Jace tenta tant bien que mal de contenir sa colère, et l'immortel commença sa lecture en prenant son temps, sifflotant de temps à autre et élevant au rang de sport national le fait de pousser les trois Chasseurs d'Ombre à bout de nerfs. Seul Alec ne réagit pas à la provocation. Il connaissait suffisamment Magnus pour savoir que tout ce petit jeu l'amusait beaucoup et que s'énerver ou lui montrer une quelconque réaction reviendrait à lui accorder la victoire. Magnus ne voulait pas être là, Alec le savait, et il ne doutait pas que l'asiatique avait délibérément fait monter son prix pour tenter de les dissuader de faire recours à ses services. Maintenant que l'Enclave avait accepté, il allait déployer tous les moyens nécessaires à leur rendre la vie infernale. Après ce qu'il leur parut une éternité de lecture, qui n'était en fait qu'une petite vingtaines de minutes, Magnus soupira profondément comme une drama queen en pleine tourmente et accepta de signer, apposant le sceau de sa magie sur le contrat avant de le tendre à Isabelle. La jeune femme vérifia que tout était en ordre et lui tendit finalement la pochaine avec l'argent. Jace se leva, espérant que tout ce cirque serait bientôt fini, mais poussa une exclamation exaspérée lorsque le sorcier commença à compter chaque billet pour s'assurer que le compte y était. Le blond était à deux doigts de l'apoplexie et se retenait visiblement d'enfoncer son poing dans la mâchoire de son aîné. Lorsqu'il fut sur le point de se jeter sur lui, Magnus releva enfin la tête et claqua des doigts pour transporter son argent jusqu'à chez lui, en lieu sûr. Il leur sourit de toutes ses dents comme pour se moquer d'eux et frappa joyeusement dans ses mains, excité comme une puce à l'idée d'aller castagner du démon.
- Bien, puisque tout est en ordre, on peut y aller.
- Raziel soit loué, j'ai bien cru qu'il ne le dirait jamais, marmonna Jace en se levant, toujours aussi agacé. Bon, on attend quoi ? On est à deux minutes par Portail, on peut y aller maintenant ? Plus vite partit, plus vite revenu : moins je vois ta tête, mieux je me porte.
- Oh, mais c'est qu'il se rebelle notre petit canard, ironisa Magnus d'un air moqueur. Attention, tu arriverais presque à m'effrayer ! Je ne comprends pas que les cerbères n'aient pas fui immédiatement en te voyant. Mais je suppose qu'ils t'ont pris pour leur quatre heures.
- Arrête, souffla Alec qui n'avait pas ouvert la bouche jusqu'alors. Tu n'as pas envie d'être là et nous non plus. Tu nous détestes, on l'a bien compris, et tu ne vaut pas mieux à nos yeux, mais on doit coopérer alors ouvre nous un Portail. Jace a raison, plus vite ce sera réglé, plus vite tu pourras t'en aller et tu n'entendras plus jamais parler de nous.
- Se jeter dans la gueule du loup, ou plutôt des cerbères, n'est pas vraiment la meilleure des idées, marmonna Magnus en levant les yeux au ciel. Si vous vous croyez plus malin tous les trois allez-y, ne vous gênez surtout pas, mais les démons sentent la magie et ils sauront qu'on arrive avant même que j'ai pu invoquer un Portail. On se fera dévorer avant même d'avoir pu poser un pied à Los Angeles. Si c'est ça votre plan, moi je vous rend votre argent et vous irez vous faire tuer, mais seuls.
Jace serra les poings, prêt à lui envoyer une réplique mordante, mais Alec le retint par le bras. Il était le plus vieux, après Magnus, et c'était à lui de prendre la décision. Il avait déjà envoyé ses proches une fois à la potence car il n'avait écouté que son égo. Magnus avait beau être la dernière personne à qui il avait envie de lui faire confiance, il savait que le Grand Sorcier de Brooklyn n'oserait pas risquer sa propre peau. D'autant plus qu'il semblait avoir déjà réfléchi à un plan. Isabelle lui aurait-elle donné plus de détails qu'elle n'avait voulu l'admettre la veille ? Quoi qu'il en soit, il n'avait pas envie de recommencer le même fiasco, et s'ils avaient fait appel à Magnus, ce n'était pas pour rien. Le noiraud soupira donc lourdement en se pinçant l'arrête du nez avant de relever les yeux vers son ex-amant qui le fixait toujours de cet horripilant sourire qu'il avait lui aussi envie d'effacer à grands coups de poings.
- Alors, monsieur le directeur de l'Institut : qu'est-ce que tu décides ? Le provoqua Magnus en s'adossant au muret.
- J'imagine que tu as prévu ton coup. C'est quoi, ton plan ? Abdiqua le noiraud.
- Il y a un avion à JFK qui décolle dans deux heures en direction de Los Angeles. En prenant des moyens terrestres, on est certains de ne pas se faire repérer. C'est ça ou la mort par Portail, à vous de choisir je ne suis qu'un employé après tout...
- On a qu'à prendre l'avion, si ça peut nous éviter de nous retrouver dans la même situation qu'hier, concéda Isabelle avec une moue dubitative.
- Très bien, va pour l'avion. Tu n'as qu'à ouvrir un Portail en direction de l'aéroport.
Magnus haussa un sourcil surpris au ton quelque peu autoritaire du noiraud et fit plusieurs tentatives délibérément ratées avant d'ouvrir un Portail qui les propulsa tous les quatre sans ménagement dans le terminal de l'aéroport international JFK. Jace, Isabelle et Alec, étendus sur le sol au milieu de la foule qui les regardaient d'un œil interloqué, se relevèrent à grands coups de gémissements et de grognements frustrés. Leur agacement ne fit que s'accroitre lorsqu'ils découvrirent Magnus qui se peignait les ongles à l'aide de sa magie rien qu'en soufflant dessus et qui sirotait un frappé matcha chantilly guimauve sortit de Raziel seul savait où ! Le Grand Sorcier de Brooklyn, qui possédait désormais une adorable moustache de chantilly au-dessus des lèvres, les regarda en souriant pleinement comme un enfant satisfait de sa bêtise, en dépit des adultes contrariés. Il les gratifia d'un clin d'oeil moqueur et continua à boire son frappé à petites gorgées comme si les trois Nephilims face à lui ne le regardaient pas avec cette irrépressible envie de le tuer ou de, justement, le frapper à grand coup...de matcha frappé. Malgré tout, il n'était pas question de faire scandale au milieu d'une foule de Terrestres qui les dévisageaient encore pour certains d'entre eux. D'autant plus qu'ils avaient besoin de l'Indonésien pour arriver à Los Angeles sans encombre et sans se faire repérer par les cerbères. Ce fut donc contraint et forcés que les trois Chasseurs d'Ombres s'installèrent sur une rangée de siège pour attendre que Magnus ait la gentillesse de finir sa boisson au plus vite. Alec, qui tentait de dissimuler le mieux son agacement, tourna la tête vers son frère et sa sœur avant de déglutir difficilement. Isabelle fixait le sorcier d'un regard noir qui en disait long, clignant à peine des yeux, et le noiraud lui-même en eu froid dans le dos. Jace, lui, paraissait une nouvelle fois au bord de l'apoplexie : la veine de sa tempe palpitait dangereusement et il serrait et desserait nerveusement les poings comme s'il se retenait de sauter à la gorge de l'asiatique pour lui faire ingurgiter sa boisson de force, quitte à l'en étouffer avec. Ce ne fut qu'au bout d'interminable minutes passer à les fixer tous trois que Magnus concéda à accélerer le mouvement et, au moment où il buvait enfin la dernière gorgée, Jace et Isabelle se laissèrent tomber contre leur dossier en poussant un soupire de soulagement obscène qui passa facilement pour un gémissement libérateur d'extase.
- C'est bon, tu as fini, on peut y aller maintenant ? Râla le blond en constatant que, s'il avait fini, Magnus n'avait toujours pas bougé d'un iota.
- Pas tout à fait, susurra le plus vieux avec un sourire presque sadique.
L'immortel aux yeux de chat claqua une nouvelle fois des doigts et Alec sut, avant même d'avoir vu, que quelque chose n'allait pas. Pas du tout, même. Baissant les yeux sur sa tenue, il constata qu'il était affublé d'un chapeau de paille gigantesque, d'une chemise hawaïenne à fleure et d'un bermuda en jean serrant, ainsi que des mocassins en toile. Tournant la tête pour s'assurer qu'il n'était pas le seul à avoir subi cette farce de mauvais goût, le directeur de l'Institut de New York écarquilla franchement les yeux en avisant son frère et sa sœur. Isabelle faisait la moue dans un maillot de bain vintage des années vingts qui ressemblaient plutôt à une combi-short à fleur, et ses pieds étaient chaussés de bottine de cuir noir de la même époque que le maillot de bain. Etonnement, la jeune femme semblait apprécié la cohésion du choix de sa nouvelle tenue mais n'en était pas moins déroutée de se retrouver ainsi exposée au milieu de l'aéroport. Jace, lui, n'allait sans doute pas tarder à faire une syncope : affublés d'un boxer de bain rose flashy sous une bouée et des brassard à motifs canard qui lui enserrait la taille et les bras, il ressemblait à une version Nephilim d'un Ken plus ou moins gay. Son visage était rouge de colère et tous ses membres tremblaient sous la force de sa rage. Alec posa une main hésitante sur l'épaule de son parabatai en l'appelant, tout à la fois pour savoir s'il allait bien et l'empêcher d'assassiner en public leur unique chance de s'en sortir mais ce fut apparemment comme un signal de départ pour le dernier Herondale qui poussa un cri animal de rage pur et qui bondit sur l'Indonésien pour le plaquer au sol. Magnus, qui ne s'y attendait visiblement pas, poussa un grognement étouffé et tenta de repousser Jace, en vain. Le blond s'accrochait désespérément à sa proie, malgré la bouée canard qui entravait ses mouvements, et se mit à le ruer de coups en hurlant de colère. Magnus esquivait comme il le pouvait mais ne put empêcher les poings de son cadets de couvrir son visage et son torse de bleus et de coupures qui commencèrent à saigner quelque peu. Alec, de son côté, était partagé entre l'envie d'arrêter son meilleur ami et celle de l'inciter à continuer pour faire payer à Magnus ses mauvais tours et ses agissements passés. Malheureusement pour eux, ni l'une ni l'autre de ces deux options ne se concrétisa puisque la sécurité de l'aéroport, qui avait repéré la scène sur les caméras de vidéo surveillance, arriva pour séparer les deux ennemis en proie à leur querelle.
Jace hurla comme un animal en rage, tiré en arrière par l'un des hommes de la sécurité, alors que le second aidait Magnus à se relever. Mais c'était sans compter sur l'Indonésien qui, furieux de s'être ainsi fait plaquer et attaquer de la sorte, fonça à son tour sur le Chasseur d'Ombre pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Ses yeux de chats lançaient des éclairs et il insulta le blond de toutes les insultes possibles dans sa langue maternelle en tendant ses poings aiguisés de bagues pour le frapper à son tour. Malheureusement trop tardivement, il fut retenu par l'homme qui l'avait aidé à se relever et, alors que des renforts arrivaient, ils furent tous les quatre emmenés loin du terminal, à l'écart des regards indiscrets. Ils furent conduits jusqu'à une petite pièce où on inspecta leur passeports, leurs valises, que Magnus avait fait apparaître, ainsi que leurs billets. Les hommes de la sécurité, qu'on ne pouvait pas réellement qualifier de commodes, leurs posèrent nombres de questions sur la raison de leur départ, ce qu'ils comptaient faire à Los Angeles, mais aussi sur ce qui avait provoqué leur dispute et le tumulte qui les avait forcé à intervenir à peine quelques instants plus tôt. Ne sachant si leur réponse de partir en vacances était valable, ils se retrouvèrent malgré tout forcés de passer à la fouille corporelle et au détecteur de métaux. Si tout se passa bien pour les trois Nephilims en dépit de la présence d'armes et de poignard séraphique, grâce à la magie de Magnus qui les dissimula sans doute, il n'en fut pas de même pour le descendant d'Asmodée qui alarma les détecteurs dès lors qu'il les traversa. L'Indonésien grogna de frustration et fut écarté de ses cadets qui virent l'un des agents de sécurité qui le fouilla une nouvelle fois pour s'assurer qu'il n'avait rien manqué. Alec se renfrogna dans son siège, Jace tapa nerveusement du pied comme un lion en cage enfermé depuis trop longtemps, et Isabelle observa attentivement le sorcier. Si elle ne pouvait pas sortir sa stèle pour tracer une rune d'audition et écouter les mots qu'il échangeait avec l'agent. L'immortel aux pupilles fendues lui tendit une carte aussi grande qu'une carte de visite mais plus épaisse et rigide. L'agent de sécurité posa une question qu'elle ne comprit pas mais la jeune femme fut surprise de voir Magnus hocher la tête, la mine grave, avant de souffler un "quatre" qu'elle ne sut à quoi associer. Cependant, ce simple mot eut pour effet de faire soupirer l'agent qui libérait son prisonnier temporaire.
- Très bien, vous pouvez partir. Mais si vous provoquez une nouvelle bagarre dans le terminal je serais obligé de vous interdire de vol, c'est compris ? Et faîtes attention, c'est mauvais ce genre de situation.
Magnus leva les yeux au ciel et s'en alla sans demander son reste, suivit par les trois Nephilims qui saluèrent brièvement le Terrestre. Isabelle, toujours soucieuse de savoir ce qui avait pu se dire entre les deux hommes, se rapprocha de son aîné tandis qu'Alec se glissait entre lui et Jace pour éviter une nouvelle bagarre.
- Qu'est-ce que tu lui a dit pour qu'ils ne relâchent et arrêtent de creuser ? Ils n'avaient pas l'air de vouloir nous laisser filer avant que tu ne parles à cet agent. Et pourquoi tu as sonné quand...
- La ferme, Lightwood, cracha Magnus en marchant plus vite en direction de leur porte d'embarquement. Mêle toi de ton cul et arrête de fouiner comme une gamine, grommela-t-il alors que sa colère semblait s'être enflammée tout à coup sans aucun signe avant coureur. Bon, il est où, cet avion....
- Peu importe, on l'a manqué, connard..., souffla rageusement Jace en avisant le tableau d'affichage des départs. J'espère que tu es content de toi, ducon...
- Tu sais de quoi tu parles apparemment, Herondale, se moqua ouvertement Magnus. En matière de connard, on joue dans la même cour, non ?
- Répète un peu ?!
- Stop ! J'en ai marre, lâcha Alec en se plaçant entre eux. Il va falloir qu'on trouve une autre solution et se battre n'arrangera rien, même si je suis d'accord avec toi, Jace...
- Vous savez quoi, tous les trois ? Allez vous faire foutre et démerdez-vous ! S'énerva Magnus avant de tourner les talons et de les laisser à leur sort, sans avions, sans issue, sans rien pour les mener à Los Angeles : ils étaient fichus...
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