Lacville
Le bateau, conduit par l'homme, fendait en silence les eaux sombres du lac. Les nains s'étaient tous regroupés vers la proue pour parler entre eux. Thoran était allé à côté de l'homme et Bilbon l'avait suivi pour ne pas être seul.
- Comment vous appelez vous ? Demanda finalement le hobbit.
- Bard. Répondit l'homme. Et vous ?
- Bilbon saquet.
- Que fait un semi-homme dans une compagnie de nain ? Reprit Bard.
- C'est une longue histoire. Dit il finalement.
Voyant que le cambrioleur n'avait pas envie d'en dire plus, le batelier reporta son attention sur le nain qui l'avait menacé de son épée. Il vit que celle ci était totalement noire avec un pommeau de loup.
- Pourquoi votre lame est-elle noire, maître nain ? Demanda l'homme.
- À vrai dire, je n'en sais rien. Lâcha le loup. Maître Bard.
Le batelier ne reprit pas tout de suite la parole mais se risqua finalement à poser une question qui lui brûlait les lèvres depuis un long moment.
- Je ne veux pas vous paraître indiscret mais ... pourquoi est ce que vous et votre chef vous ressemblez autant ?
- Nous sommes jumeau. Répondit Thoran en souriant.
- Je me disais aussi que vous vous ressemblez trop pour que ce soit une coïncidence. Dit le batelier pour lui même.
Le nain aux yeux aciers rigola doucement en entendant la réplique de l'homme. Soudain, Bofur cria de faire attention quand il virent une ruine à travers le brouillard. Heureusement, Bard avait déjà viré de bord.
- Qu'est ce que vous cherchez à faire ? Nous noyer ? Demanda Thorin avec colère.
Je suis né et j'ai grandi sur ces eaux, maître nain. Répondit le batelier. Si je voulais vous noyer, je ne le ferais pas ici.
- Il m'énerve cet homme du lac. Il est arrogant. Grogna Dwalin.
- Parce que toi, t'es pas arrogant c'est ça ? Lui dit Thoran qui était revenu à la proue du bateau.
- Il s'appelle Bard. Soupira Bilbon.
- Mais comment le savez vous ? Demanda Gloïn au semi-homme.
- Heu je lui ai demandé. Répondit Bilbon sur le ton de l'évidence.
- Peu importe comment il s'appelle. Je ne l'aime pas. Dit la voix rocailleuse de Dwalin.
- On n'est pas obligés de l'aimer, seulement de le payer. Répliqua Balin qui rassemblait l'argent qu'ils avaient.
Chacun donna les pièces qu'ils leurs restaient. Quand Thoran lança une bourse bien remplie à Balin, ce dernier ne pût s'empêcher de lui demander d'où il avait eu cet argent.
- Certains d'entre nous ne savent pas parier. Répondit simplement Thoran en faisant un club d'oeil à son frère. Ce dernier ne pût retenir un discret sourire.
- C'est bien mais il nous manque dix pièces. Déclara Balin.
Tous les nains se tournèrent vers Gloïn qui n'avait encore rien donné. Il se mit alors à protester mais soudain, tout le monde fixait la même chose. Gloïn cessa alors de parler et donna son argent à Balin. Cependant, la voix de Bard les tira de leur contemplation de la montagne.
- Vite. Donnez moi l'argent.
- Quand nous aurons nos armes et nos vivres. Pas avant. Contesta Thorin.
- Ne discuter pas. Répliqua le batelier. Il y a des gardes.
En effet, plus loin devant eux se trouvait un embarcadère avec des gardes qui vérifiaient chaque bateau. Pour éviter que les nains soient remarqués, il les fit monter dans les barils. Bard remarqua que le jumeau du roi peinait à rentrer dans le tonneau mais ne lui posa pas de question. Il vérifia que l'épée du nain ne dépasse pas. Une fois sur le pont, il alla parler à un autre plus loin mais leurs paroles étaient inaudible. Bilbon s'occupa de leur décrire la scène. Selon le hobbit, Bard était en train de marchander tout en pointant les tonneaux du doigt et les nains commencèrent à s'énerver, croyant que le batelier les avaient vendus. Soudain, des pas résonnèrent sur le bateau et tout les tonneaux se firent remplir de poissons.
En retournant à la barre du bateau, Bard entendit une voix qui l'appelait.
- Je déteste les poissons. Bard, rappelez moi de vous le faire payer. Dit une voix, probablement celle de Thoran.
Bard ne pût s'empêcher de rigoler discrètement en entendant la menace du nain enterré sous des poissons.
Le bateau quitta alors l'embarcadère et prit la direction de Lacville. La ville se dressait au milieu du lac. La maison du maître de la ville se dressait comme un phare au centre de Lacville.
Bard fit arrêter son bateau devant la grille. Un homme avec une lanterne apparut alors et se dirigea vers l'embarcation.
- Contrôle des marchandises. Déclara l'homme à la lanterne avant de reconnaitre le batelier. Ha c'est toi Bard. Comment ça va ?
- Très bien Percy. Mis à part que je suis épuisé, trempé et pressé de rentrer. Répondit Bard.
- Tu n'es pas le seul. Déclara Percy en lui tendant un papier qu'il venait de tamponner. Tout est en ordre.
- Oh non une minute. Coupa la voix d'un petit homme tout en noir. "Chargement de tonneau vide en provenance du royaume des forêts". Lut l'homme. Seulement, ils ne sont pas vides. Déclara t-il en pointant les barils plein de poissons.
- Les gens meurent de faim. Alfrid. Dit Bard.
- Tu es enregistré en tant que batelier et pas comme pêcheur. Dit Alfrid en prenant un poisson. Ces poissons sont illégaux. Jetez les à l'eau. Ordonna t-il aux gardes.
Ceux ci commencèrent à vider les barils et Bard paniquait de plus en plus. Il tenta de les arrêter le plus vite possible.
- Les temps sont dures. Les gens ont besoins de ces poissons.
- Ce n'est pas mon problème. Répliqua l'homme en noir d'un ton indifférent.
- Quand le peuple apprendra que le maitre jette des poissons dans le lac. Quand les émeutes commenceront. Dit Bard à Alfrid. Ce sera votre problème.
- Stop. Cria t-il aux gardes. Toujours à protéger les petites gens, hein Bard. Reprit il.
Le batelier ne répondit pas et retourna sur son bateau. Avant de partir, l'homme en noir lui cria une dernier chose.
- Le maitre garde un œil sur toi. Il sait ou tu habites.
- C'est une petite ville Alfrid. Répliqua Bard avec froideur. Tout le monde sait où tout le monde habite.
Une fois qu'il fut dans la ville, il dirigea l'embarcation vers un embarcadère. Il renversa alors les tonneaux et les nains en emergèrent en toussant. A un moment, Dwalin émergea de son baril et grogna à l'attention du contrebandier de ne pas le toucher. Celui ci leva les mains en signe qu'il avait compris. Le dernier tonneau renversé fut celui de Thoran. Bard put remarquer deux choses: la première étant que le nain avait un bandage au niveau du torse, la seconde était que le frère du roi arborait un teint très pâle et verdâtre.
- Est ce que ça va ? Demanda Bard.
Le nain, pour toute réponse, couru vers la rambarde pour vomir. Il s'essuya rapidement la bouche avec sa tunique et se retourna pour faire face au contrebandier et à son frère.
- Je déteste le poisson. Déclara t-il.
- Vous ne saurez pas garder votre épée. Seul les gardes sont armés. Lui dit Bard.
- Vous avez une idée ? Demanda le nain aux yeux aciers, peu enclin à la laisser quelque part.
- Il y a moyen de la cacher dans le bateau. La cale est petite mais vous pourrez la cacher. Personne ne viendra fouiller ici. Déclara Bard.
Le nain accepta et alla placer Gathanis dans la cale. Il alla rejoindre les autres avant de suivre leur contrebandier dans la ville. Thoran entendit clairement la voix de Bilbon demander ou ils étaient. Ce fut Thorin qui lui répondit froidement.
- Ca, maitre Saquet, c'est le monde des hommes.
Le frère du roi soupira en entendant son jumeau. Il savait que les hommes n'aimaient pas les autres races. Quand il était forgeron, le roi déchu avait travaillé dans le monde des hommes mais ceux ci ne le remerciaient presque jamais pour son travail. Le loup de la montagne avait travaillé comme bucheron. Lui non plus ne recevait pas vraiment de compliments mais il s'en fichait. Il pouvait travailler à sa manière et surtout, il était seul quand il allait dans les bois.
Bard leur ordonna de garder la tête baissé pour ne pas attirer l'attention. Bilbon ne pouvait pas s'empêcher de regarder partout autour de lui. Soudain, ils entendirent un garde leur crier de s'arrêter. Comme aucun des nains n'avaient envie d'obéir, ils se faufilèrent entre les étals. Trois autres arrivèrent et les nains les maitrisèrent rapidement et cachèrent les corps.
Bard s'occupa du chef des gardes, Braga. Une fois que celui ci était partit avec ses hommes, la compagnie poursuivit son chemin.
C'est alors qu'un jeune homme d'une quinzaine d'année arrivait en courant.
- Papa. Des gens surveillent notre maison. Lui dit le garçon.
L'homme se tourna vers les nains et réfléchit un instant.
- Laissez moi deviner. Dit Thoran. Vous venez d'avoir une idée qui sera pire que les poissons ?
- Ce n'est pas plus glorieux en tout cas. Répondit Bard.
- Et merde. Lâcha le loup de la montagne.
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