Chapitre 7

  "Devon!!! Qu'est-ce que tu fais ? "

Dans la famille, je brise tes instants de bonheur, je demande la femme. Mes lèvres étaient encore pressées contre celle de Sébastien quand Loïse débarqua. Vraiment, c'était un très mauvais timing.
Sébastien se décala immédiatement et je regardais ma femme dans les yeux. Bon sang ce que je pouvais être idiot. Un homme marié qui embrasse un autre homme alors que sa femme est susceptible de rentrer.
Je n'avais même pas d'excuse pour cela. Je me sentais tout bonnement idiot.

"Je...

-Non tais toi. J'aurais dû le savoir..."

Le regard qu'elle me jeta semblait être un mélange entre tristesse et dépit. Elle s'apprêtait à partir quand elle finit par se rapprocher de moi.

"Tu sais que ton père risque d'être furieux ?

-Il l'est déjà.

-Il sait ?

-Non.

-Depuis quand?

-À l'instant...

-Devon, cesses de faire cette tête. Je t'ai surpris, ok. Mais ce n'est pas la fin du monde. Je le savais. Nous le savions. Tu es gay et tu l'as toujours été, et même si ton père a voulu tout faire pour que ce ne soit plus le cas, toi et moi savons que c'est impossible d'étouffer cela. J'aimerais que tu puisses aimer qui tu veux et j'aimerais pouvoir avoir la possibilité d'aimer. Mais tu sais qu'avec ton père, on ne peut pas faire ce qu'on veut... Il va falloir que tu sois discret et je suis d'accord pour te couvrir."  


  Je me sentais complètement paumé, ma femme se proposait de m'aider pour cacher mon amant. C'était le monde à l'envers.
Mais avant d'être ma femme, c'était ma meilleure amie. Elle me comprenait mieux que quiconque et notre amour était différent. Pas l'amour d'un couple marié, mais l'amour de deux amis. Je la pris dans mes bras pour la remercier. Pas besoin de mots, elle comprenait à quel point c'était important pour moi qu'elle me propose son aide.



"Les enfants sont avec ta mère et ne vont pas tarder. Ton père semblait furieux quand je l'ai croisé alors je pense que vous devriez vous dépêcher de quitter cette pièce. Allez dans la pièce avec le piano, je vous apporterais le café.

-Merci Loïse... Pour tout..."



Un sourire anima ses lèvres puis les miennes. Sébastien avait été silencieux tout le long de cette discussion et je comprenais, c'était assez particulier comme situation. Alors rapidement, je l'emmenais en direction de la chambre d'ami, celle où trônait mon piano. Une fois arrivé, je refermais derrière nous.


"Tu m'expliques ce qu'il vient de se passer là ? Je... Wouah... Je savais que tu étais marié et que tu étais père. Mais ton épouse... Je.. Je ne suis pas sûr d'avoir compris.

-Loïse et moi étions meilleurs amis en étant enfant. C'est quand j'ai annoncé mon homosexualité à mon père qu'il a décidé de nous marier. Je n'aime pas ma femme comme un mari, mais comme une amie et inversement. Je sais que tromper sa femme, c'est mal et je m'en suis rendu compte quand elle nous a surpris. Cependant, je crois que j'avais besoin de ce baiser. J'ai cru ne jamais te revoir, et que jamais je ne pourrais quitter cette pièce dans laquelle j'étais enfermé. Je me sens égoïste... Je ne voulais pas faire ça à Loïse, mais je voulais pouvoir goûter au bonheur..."  

  J'avais baissé la tête me sentant complètement paumé. C'est à cet instant que je sentis son index relever ma tête. Je le regardais dans les yeux à présent. Ils étaient bleus avec une légère teinte rosée. Il se pencha vers moi et m'embrassa à nouveau. Une sensation agréable s'empara de mon corps. C'était comme si des milliers de flocons de neige virevoltaient au fond de moi. Je crois que je ne m'étais jamais senti aussi bien.

Nos lèvres finirent pas se séparer, à contre cœur. Mais j'avais commencé à manquer d'air. Je reprenais mon souffle en regardant Sébastien, il semblait ne pas être essoufflé pour sa part. Cela m'amusait de penser qu'il était bon en apnée.


"Tu as le droit d'être égoïste. J'ai cru que j'allais te perdre quand j'ai reçu ton message. J'ai paniqué aussitôt. Et pourtant, je t'avais haï pour ce message, qui, finalement, n'était pas de toi. Je pensais t'avoir oublié, mais la preuve que non. Il a suffi que tu sois en danger pour que je me rende compte à quel point je tenais à toi.

-Je suis désolé que tu aies eu affaire à mon père. J'ignorais pour les messages...

-Ne t'excuses pas pour les mauvais agissements de ton père. Tu es la victime dans l'histoire.

-Peut-être mais cela t'as fait du tord...

-Chut... Le plus important, c'est que tu sois sain et sauf. C'est tout ce qui m'importe. "  

*****

  Nous avions beaucoup parlé Sébastien et moi. Loïse nous avait ramené le café et Sébastien avait fini par partir, en toute discrétion.

J'étais à présent avec Loïse, m'apprêtant à dormir. Je regardais le plafond en quête du sommeil. J'étais trop perturbé pour y parvenir. Je réalisais à peine tout ce qui s'était passé.
Loïse me regarda dans les yeux et écarta ma mèche, celle dissimulant mon œil meurtri.

"Devon, tout va bien ?

-Oui, je crois.

-Pourquoi ton père était furieux au fait ? S'il ignore pour toi et Sébastien ?

-Hn... Si je te le dis, promets-moi de ne pas t'énerver.

-Ça dépendra de ce que tu vas me dire.

-Je n'ai jamais été malade... C'était une ruse de mon père pour pouvoir me garder enfermé ici.

-Quoi?!

-Loïse...

-Il a osé ? Il t'a encore fait du mal ? Réponds moi !

-Loïse... S'il te plaît... Je n'ai pas spécialement envie de ressasser tout ça...

-Désolé Devon... Mais il faut que ça cesse, il ne peut pas continuer à être une ordure avec toi comme ça. Il ne t'a pas pardonné de lui avoir révélé ton attirance pour les hommes ?

-Apparemment non... Il est persuadé que ça m'amuse et que j'ai fait ça juste pour le provoquer et entacher sa dignité.

-Mais quel égocentrique !

-Tu as sûrement raison, mais dormons pour l'heure."  

******

  Vrrvrrrvrrr. Un nouveau message venait d'arriver sur mon portable. Je l'ouvris rapidement.

"Le Cid au théâtre impérial, ce soir 20 h 30. J'ai deux billets, ne soit pas en retard."

Un sourire vint étirer mes lèvres. Un mois était passé depuis mon premier baiser échangé avec Sébastien et depuis les rendez-vous se multipliaient chaque vendredi soir. De temps à autre, je lui faisais la surprise de venir le voir au café. Et parfois, il débarquait chez moi, une fois sûr que mon voisin et père ait quitté son domicile.  

****

  Une soirée parfaite. Oui, la soirée avait été très agréable. Sébastien m'avait emmené au théâtre puis nous avions décidé d'aller terminer la soirée chez lui pour manger.
C'était Sébastien qui avait cuisiné et l'odeur embaumait son appartement. Il vint alors apporter le plat.

"Foie gras de canard accompagné de sa poêlée d'agrumes.

-Magnifique !"

Sébastien souriait fièrement et je buvais ses paroles. Il me servit d'ailleurs un verre de vin. Lorsque je pris ce dernier, la coupette m'échappa des mains et le verre se brisa. Une maladresse liée à ma mauvaise vision. Aussitôt, je me précipitais pour nettoyer. Dans la panique, évidemment, ma maladresse était toujours présente, un bout de verre se nicha dans la peau de mon index.

"Je..je suis désolé Sébastien, je vais nettoyer.."

-Ce n'est rien laisses moi faire, tu t'es blessé ? Laisse moi voir.."

Sébastien arriva près de moi. En retirant le bout de verre de mon doigt, du sang coula et en relevant ma tête, je vis une chose surprenante. Les yeux de Sébastien étaient rouges.

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