Chapitre 5

J'avais comme un mauvais pressentiment... Devon m'avait semblé si perturbé après son appel. Qu'avait-il pu avoir comme discussion? Devais-je lui envoyer un message ou l'appeler ? J'étais inquiet.

*******

Une journée s'était écoulée sans que j'ai de nouvelles de Devon. Le soir du deuxième jour je décidais donc de l'appeler. Je ne pouvais plus attendre.

La sonnerie du téléphone retentissait dans mon oreille. Je jouais nerveusement avec mes doigts. L'attente était insoutenable et une boule se formait en moi. Je n'aimais pas particulièrement appeler.

"Vous êtes bien sur la messagerie du 06 ** ** ** 71, veuillez laissez un message après le bip sonore.."

Je soupirais. Pourquoi ne répondait il pas?  Avais je fais quelque que chose de mal? J'attendis alors  le bip sonore.

"Bonsoir Devon, c'est Sébastien. Je me demandais comment vous alliez. Je n'ai pas eu de vos nouvelles depuis la dernière fois. Rappelez moi dès que possible. Bonne soirée."

Je décrochais alors en soupirant. Je ne comprenais pas pourquoi aussi soudainement je n'avais plus eu de ses nouvelles. Je sortis donc en forêt pour me changer les idées.

*******
"Vous avez un nouveau message, reçu hier à 21h48 :Bonsoir Devon, c'est Sébastien. Je me demandais comment vous alliez. Je n'ai pas eu de vos nouvelles depuis la dernière fois. Rappelez moi dès que possible. Bonne soirée.

Pour rappeler votre correspondant tapez 1, pour supprimer ce message tapez 2 et pour enregistrer ce message tapez 3. "

Un doigt appuya sur les touches tactiles du téléphone.

"Message supprimé."

*******

Les jours passaient et toujours pas de nouvelles. J'étais inquiet. M'avait-il rayé de sa vie? Il ne m'avait pas paru être ce genre de personne. J'avais vu en lui un ami sur qui compter. Je ne l'avais certes vu que deux fois mais je sentais que quelque chose clochait. Il fallait absolument que j'aille vérifier si Devon allait bien.

Ainsi, je décidais de me rendre à son manoir, le lieu où je l'avait rencontré quelques semaines auparavant. J'avais pris ma journée. Je marchais alors de la ville jusqu'au manoir des Morgan. Il me fallut une bonne vingtaine de minutes.

J'apercevais déjà les grilles imposantes de la demeure de Devon. La neige avait recouvert le toit et le jardin n'était plus qu'une prairie blanche. Je m'approchais de cette grille puis j'appuyais sur le bouton de l'interphone.

"C'est à quel sujet?"

Déclara une voix à l'interphone. Je regardais l'intérieur du manoir. Ma vue perçante me fit comprendre que la personne à l'autre bout n'était pas un serviteur, sûrement un membre de la famille de Devon. Il me semblait l'avoir vu durant la soirée où mon patron m'avait envoyé.


"Bonjour, j'aimerais savoir si Devon Morgan est ici. Je suis un de ses amis, Sébastien Duchêne.

-Ami? C'est bizarre il ne m'a jamais parlé de vous. Vous devez vous méprendre sur la personne. De toute façon, mon fils n'est pas ici. Il a dû partir en voyage d'affaire."

Alors c'était le père de Devon. Il me semblait vraiment hostile. Je n'aimais déjà pas cet homme. Devon, en voyage d'affaire? Pourquoi ne m'avait il rien dit?

"Savez-vous quand il rentrera?

-Cela risque de durer un certain temps. Je serais vous , j'arrêterai de chercher à rester en contact. Devon n'a pas de temps à perdre avec un simple serveur de café."


Je serrais les poings. Comment pouvait il se permettre de me parler ainsi? Je ne ressentais pas la même aura entre le père et le fils. Cette homme semblait infecte et trop fier pour s'entretenir avec les classes sociales inférieures aux siennes.

J'étais en train de partir quand j'entendis une voix féminine à l'interphone.

"Daeron? Qui est-ce ? Pourquoi ne le fais tu pas rentrer?"


Puis plus rien, je partis donc , pensif. Il y avait quelque chose de louche dans cette histoire. D'abord plus de nouvelles de Devon et puis son père qui me signifiait que ce dernier était en voyage d'affaire me faisant remarquer que je devrais cesser de le contacter. Enfin cette voix féminine qui ne semblait pas comprendre les intentions du patriarche.

Je pris donc mon portable pour envoyer un message à Devon. Je m'assis sur un banc dans un parc non loin de son manoir.

"Bonjour Devon, comment se passe votre voyage d'affaire? Je suis passé chez vous mais votre père m'a dit que vous étiez parti. Avez-vous reçu mon message vocal? Que diriez vous de me rejoindre au café dès que vous serez de retour?"

J'envoyais alors mon message attendant une réponse. Cette dernière ne tarda pas à ma plus grande surprise.

"Je n'ai plus rien à vous dire. Disparaissez de ma vie, je ne veux plus rien avoir à faire avec quelqu'un comme vous!"

Je relisais le message encore et encore. Il venait de m'asséner un grand coup. Je n'en revenais pas. Devon aussi s'y mettais. Il ne valait pas mieux que son père.

Déçu et blessé je me relevais et rentrais alors chez moi. Il m'avait dupé lui aussi. C'était décidé, je ne voulais plus entendre parler de la famille Morgan.

*******

Le cours de ma vie reprit son calme régulier. Une semaine c'était passée depuis le dernier message de Devon. Je n'avais pas répondu et je n'avais pas essayé de le recontacter de quelqu'autre moyen. Je continuais alors de travailler au café, tâchant de ne plus penser à tout cela.

Soudain mon téléphone vibra dans ma poche. Je le sortis brièvement entre deux clients et regardais le nom qui s'affichait. Devon. Je soupirais et raccrochais directement.

Je continuais alors mon service. Pourquoi après une semaine et ce message clair signifiant qu'il ne voulait plus me parler, pourquoi m'appelait il?

Je terminais ma matinée et je décidais de rentrer chez moi pour déjeuner. Je sortis mon téléphone. Dix appels en absence, tous du même destinataire. Devon. À cela s'ajoutait trois messages.

"Sébastien..."

"Répondez je vous en prie..."

"J'ai besoin d'aide et vous êtes le seul à pouvoir me sortir de là.. Je n'ai plus beaucoup de temps... Il va revenir dans quelques heures.."

Son dernier message m'inquièta le plus. S'il m'avait appelé autant de fois c'est qu'il se tramait quelque chose de mauvais. Il était sûrement en danger et mon pressentiment s'avérait probablement juste. Je rappelais alors le jeune homme. Il décrocha tout de suite.


"Sébastien! Pouvez vous venir au manoir rapidement?

-Je rentrais chez moi. Que se passe t il?

-Je vous expliquerais plus tard, venez vite avant que mon père ne rentre, je vous en conjure.

-J'arrive"


Je raccrochais alors et pris la direction opposée de mon appartement. Je marchais plus rapidement, courant presque et en à peine dix minutes j'atteignais le manoir des Morgan. Je sonnais à l'interphone et on m'ouvrit aussitôt.

Je traversais alors le jardin de devant jusqu'à atteindre la porte principal. Un serviteur m'ouvrit et je le remerciais. Ce dernier m'indiqua la pièce où se trouvait Devon. Il semblait trouver cela normal et ne semblait pas être inquiet de l'état du jeune homme.

Je toquais à la porte et j'entendis alors un faible "Entrez". J'ouvris donc la porte cherchant le jeune homme du regard. Il était adossé a un mur. Ses cheveux noirs tombaient devant ses yeux et son seul œil visible semblait vidé de tout l'éclat qu'il avait habituellement.

Il ne reflétait que tristesse et souffrance. Je m'approchais alors de lui. Il tenait dans les mains son portable.


"Devon que se passe t il?

-Ça fait deux semaines que mon père me retient ici... Sans contact avec le monde extérieur. Il a fait croire à ma mère et mes enfants que j'étais malade et que le médecin n'autorisait aucune visite. Il m'a même pris mon téléphone... J'ai profité de son absence pour sortir par la fenêtre et récupérer mon portable. Je ne savais vers qui me tourner. Ma mère et le reste de la famille sont parti avec lui. Seul mon majordome a pu m'aider lorsqu'il m'a vu tomber dans le jardin. Vous êtes le seul à qui je pouvais demander de m'aider. Mon majordome risquerait sa place s'il tentait quelque chose contre mon père.

-Mais c'est horrible! Alors c'est lui qui as répondu à mon message! Il faut qu'on appelle la police et vite!

-Ça ne sert à rien. Mon père est intelligent, il a des complices et a veillé à tout. Personne ne peu témoigner qu'il m'a séquestré. Il a employé un médecin pour témoigner de mon état de santé."

Je réfléchissais à une solution quand je vis le bras de Devon, couvert de bleu. J'en tremblais de colère. Il était évident que le responsable était son père.

"Votre bras! Nous avons une preuve contre lui, il vous a battu!

-J'y ai pensé mais il m'a dit qu'il avait trouvé  comment faire passer cela pour un accident. La version officielle est une chute dans les escaliers, responsable de l'état de santé qui obligeait l'alitement et aucune visite car trop faible .

-J'enrage! Votre père est une enflure! Désolé du mot mais je ne supporte pas ce genre d'homme! Pourquoi a t il fait tout cela?

-Il a su que je vous parlais et lorsqu'il m'a appelé chez vous, il savait que j'étais allé vous voir. Il m'a menacé de s'en prendre à vous si je ne rentrais pas immédiatement. Je crois qu'il pense que vous et moi sommes amants. J'ai beau lui avoir dit le contraire, il n'a pas arrêté de me frapper en me traitant de fils indigne. Répétant à tout bout de champ que j'étais une honte, que je passais mon temps à le décevoir car je couchais avec des hommes qui plus est de simples serviteurs..."

L'oeil visible de Devon semblait sur le point de verser des larmes. Son histoire me touchait énormément. L'intolérance de son père me répugnait. Devon était libre d'aimer qui il souhaitait. Bon son père se trompait. Devon n'était pas mon amant.  Entre lui et moi ce n'était que de l'amitié. Rien de plus. Enfin, oui, juste de l'amitié..


"Sébastien ! Il arrive!!!"

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