Chapitre 4
"Mon patron attend que vous terminiez votre café pour fermer plus tôt. Il n'y a pas grand monde à cette heure. Vous êtes le seul. Ainsi, je serais donc ravi d'une balade en votre charmante compagnie..."
Je sentis mes joues s'échauffer en entendant les paroles de Sebastien. Son souffle chaud avait répercuté contre mon oreille et m'avais surpris. Je pris mon café calmement faisant mine de rien.
"Un problème Devon?
-Non tout va bien ne vous en faites pas"
Je finis alors mon café et demandais l'addition à Sébastien.
"C'est moi qui offre.
-Non. Laissez moi payer voyons.
-Je vous ai convié ici, il est normal que je paie.
-Mais c'est votre lieu de travail. J'ai amplement de quoi payer.
-Vous me revaudrez ça plus tard. Aller sortons avant que mon patron ne change d'avis."
Je regardais alors Sébastien en le remerciant. Puis je me levais. Sébastien m'adressa un large sourire. Je remis alors mon manteau et mon écharpe pour ne pas avoir froid. Je vis le jeune homme faire de même. Il posa d'abord la tasse sur le comptoir et la nettoya pour la ranger avant d'enfin récupérer, à l'arrière du café son manteau noir et une fine écharpe.
"Êtes-vous prêt Devon?
-Je le suis.
-Alors allons y."
Je souris au jeune homme. Et nous sortâmes dehors. Il neigeait toujours et les trottoirs et les routes étaient recouverts d'une épaisse couche blanche. La ville était calme puisque les voitures patinaient trop pour être sorties.
Sébastien restait silencieux mais je sentais son regard posé sur moi. Je l'emmenais calmement vers le parc du coin. La neige craquait sous nos pas et le froid avait fait son œuvre. En effet, la mare du parc était gelée. Je vis un banc un peu plus loin. Je décidais donc de m'y installer en dégageant la neige . Sébastien m'aida calmement.
Sébastien regardait la neige tomber et je décidais de profiter de son inattention pour lui jeter une boule de neige. Il sursauta et réagit rapidement. Il forma alors une boule de neige et me la jeta en plein visage. Je ris alors, déclenchant le fou rire général.
"Si mon père nous voyait il en serait profondément outré.
-Les absents ont toujours tord."
Je ris amusé par la remarque de Sébastien et il en profita pour me jeter une boule de neige à nouveau. Il n'en fallut pas plus pour que je décide de répliquer.
Commença alors une bataille de boule de neige entre deux adultes. De la course, du rire et un oubli total des conventions. Je ne sais pas combien de temps cela dura mais je sais une chose: ces instants avaient réchauffés mon cœur, bien que mon corps commençait à geler. Sébastien sembla le remarquer.
"Vous risquez d'être malade. Que diriez-vous de prendre un bon chocolat chaud chez moi histoire de nous réchauffer après ce retour en enfance ?"
Il sourit amusé. Nous étions tous les deux un peu trempé par la neige et je commençais à greloter. J'hochais donc la tête en claquant des dents.
"Avec plaisir.
-De plus, je dois vous écouter jouer . Je vis dans un appartement mais je possède néanmoins un piano. J'espère que cela vous conviendra. Vous avez l'habitude des habitations plus.. Spacieuses..
-Peut importe la taille voyons, ce qui compte c'est de vivre sous un toit."
Je tentais donc un sourire pour détendre l'atmosphère. Être issu de la bourgeoisie avait tendance à ouvrir des portes dans les classes sociales importantes mais fermait des portes dans les relations quotidiennes .
Le dédain et la jalousie était généré par la possession de ces biens destinés aux plus riches. Parfois, j'éveillais l'intérêt de quelques personnes mais leurs intentions n'étaient pas des plus louables. L'argent. Toujours l'argent.
Je baissais la tête en avançant auprès de Sébastien qui me guidait jusqu'à son appartement. Je sentis son regard se poser sur moi. Cependant je n'osais rien dire.
"Avez vous un problème ?
-Pardon?
-Vous me semblez triste. Ai-je dis quelque chose de mal?
-Non non. Ne vous en faites pas. J'étais pensif.
-J'espère ne pas vous avoir blessé.
-Tout va bien ne vous en faites pas."
Je retrouvais mon sourire pour appuyer ce que je venais de dire et il me regarda peu convaincu. Je ne voulais pas étaler ma vie ainsi et je ne tenais pas à être rabat joie. Alors je pensais rapidement à autre chose pour ne pas plomber l'ambiance.
Au bout de quelques minutes de marche, Sébastien s'arrêta devant un immeuble et passa son badge pour ouvrir la porte d'entrée. Il me tint la porte en souriant.
"Après vous my lady.
-My lady?! Non mais oh! Je suis un homme !"
Je ris amusé en rentrant tout de même et le jeune homme me suivit en riant. Il était plus grand que moi et me dépassait d'un peu moins d'une tête. Je le remarquais bien mieux quand il se trouvait derrière moi.
Sébastien m'indiqua alors que son appartement était situé au deuxième étage. J'hochais la tête et montais les escaliers calmement. Une fois arrivé au bon étage, Sébastien passa devant moi en me frôlant, à son sourire je compris que c'était intentionnel.
A nouveau, une légère vague de chaleur se fit sentir au niveau de mes joues, mais il n'eut sûrement pas le temps de le voir puisqu'il commença à ouvrir sa porte en glissant sa clef dans le trou de serrure. Le calme régnait et on entendait alors le cliquetis du verrou qui s'ouvrait peu à peu.
Il me laissa entrer en premier. Je franchis donc le seuil d'entrée et avançait à l'intérieur pour que Sébastien puisse me rejoindre.
Je me tournais vers lui et je pus apercevoir ses yeux bleus profonds. C'était étrange, plus je regardais ses yeux et plus j'avais l'impression qu'ils avaient changé de couleur depuis notre première rencontre.
"Un problème Devon?
-Non non.
-J'espère que vous ne vous sentirez pas à l'étroit ici.
-Oh non pas du tout."
Je regardais l'appartement de Sébastien. Il était de couleurs sobres, du blanc , du gris et un peu de noir. Les meubles étaient accordés à l'ensemble des pièces.
La première pièce que je voyais devait être le salon, il y avait un canapé, une télévision en face et tout au fond de la pièce, près de la fenêtre , se trouvait un magnifique piano. Cela me fit sourire.
"Il vous plaît ?
-Oui beaucoup, chaque piano recèle sa beauté.
-Voulez-vous l'essayer?
-Avec plaisir."
J'allais donc près du piano et je m'assis timidement sur le banc. Je ne jouais jamais devant personne alors au fond de moi j'étais un peu anxieux.
Cependant mes doigts vinrent naturellement rencontrer les touches noires et blanches du piano. Tout doucement une mélodie se forma sans que je sache réellement ce que je jouais.
Ce n'était plus moi qui jouait mais mon être entier. Mon esprit dérivait et guidait mes doigts qui glissaient naturellement sur les touches. Le monde extérieur avait disparu autour de moi.
Soudain mon téléphone vibra dans ma poche, je stoppais net de jouer. Sébastien me regarda.
"C'était magnifique mais pourquoi vous arrêtez vous ainsi?
-Mon téléphone vient de sonner, je ne m'y attendais pas.
-Dans ce cas décrochez."
J'hochais la tête et je me relevais pour décrocher. Je tremblais légèrement en voyant le numéro affiché. Sébastien me regarda mélangé entre incompréhension et inquiétude.
*******
Devon venait de décrocher, il s'était éloigné peut-être par peur que j'entende sa conversation. En voyant le numéro sur son téléphone, il avait pâli et sa main s'était mise a trembler légèrement.
Je me demandais qui avait bien pu l'appeler et pourquoi il semblait si terrifié par cet appel. Au bout de quelques minutes, il revint blanc comme un linge et me regarda avant de baisser la tête pour ne pas que je croise son regard.
"Je.. Je dois y aller.. Je suis désolé de ne pas pouvoir rester plus longtemps.. Une affaire urgente m'appelle.. Merci pour tout. À bientôt..
-Vous êtes sûr que tout va bien ?
-Sûr.. A bientôt."
Il partit aussitôt semblant pressé et triste a la fois. Je n'avais même pas pu lui répondre ni même lui préparer un chocolat chaud pour le réchauffer. Il devait encore être trempé, il risquait de tomber malade.
Pourquoi étais-je autant inquiet à son sujet? J'avais comme un mauvais pressentiment...
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