La tête penchée sur le côté Ivana essayait avec persistance de traduire les pages du magazine sans grand succès ce qui fit rire le mafieux qui était en train de lui préparer un déjeuné bien trop copieux. La nuit dernière avait été sans doute l'expérience la plus intense de toute sa vie et son postérieure pouvait en être le premier témoin. Rouge vif depuis qu'il l'avait empoigné avec force, ce dernier marquait la redoutable possessivité de son amant. Ivana se racla la gorge, et se mit à gesticuler sur le tabouret, les joues sans doute déjà très rouge.
— Alors ? Es-tu parvenu à traduire quelque chose d'intéressant ? Lui demanda-t-il le dos tourné.
Ivana abaissa le magazine pour l'observer. Torse nu, habillé d'un pantalon de sport noir, les muscles de son dos roulaient silencieusement à chacun de ses mouvements...de quoi lui donner des bouffées de chaleur.
— Le russe est une langue qui me paraît bien plus compliquée que je l'aurai cru.
Il se retourna avec une assiette qu'il posa sur le comptoir.
Du pain perdu, des gaufres, des fruits, le comptoir était en train de déborder de mille délice.
— Jamais de ma vie je n'aurai pensé que tu étais aussi doué en cuisine.
— Je n'ai jamais embauché de personnel, ici c'est moi le seul maître des lieux et je ne désire pas que des inconnus viennent sur mon territoire. Ce qui m'a amené à faire moi-même la cuisine.
Il lâcha la spatule en bois puis apposa ses mains de part et d'autre sur le marbre, allongeant ainsi ses bras musclés.
— Tu es donc un loup solitaire, conclut-elle en refermant la magazine.
— Et toi ma proie, ajouta-t-il plissant des yeux pour feindre d'être une menace.
Ivana lui sourit puis balaya des yeux les délices posés devant elle.
— Je ne pourrais jamais avaler tout ça Sergueï c'est beaucoup trop.
— Tout ce que je veux c'est te voir manger, insista-t-il en prenant la fourchette pour lui tendre. Tu as pris la bonne direction et je ne veux pas que cela s'arrête. Tu es plus en forme, ton visage témoigne de tes efforts et je refuse qu'ils soient gâchés.
Ivana prit la fourchette pour piquer dans le pain perdu. Ses encouragements lui allaient droit au cœur seulement en décrivant tout ce qu'il y avait sur la table Ivana avait l'impression de se revoir quelques mois en arrière en train d'engloutir tout en n'importe quoi pour apaiser sa peine.
Plongée dans ses pensées elle n'avait pas remarqué qu'il se trouvait désormais derrière elle, balayant ses cheveux sur le côté pour accéder à sa nuque.
— Et puis je veux que tu reprennes des forces, la nuit a été très longue.
Ivana ferma les yeux au contact de ses lèvres contre sa peau.
— Tu as mal quelque part ?
Voilà maintenant trois fois qu'il lui posait la question.
— Non Sergueï, je n'ai mal nulle part, répondit-elle en pivotant le tabouret pour se retrouver face à lui. Je suis juste un peu engourdie c'est tout.
Il passa ses mains sur ses cuisses nues et soulevant au passage la chemise blanche qu'elle portait.
— Je l'espère, insista-t-il en saisissant sa taille. La dernière chose que je désire c'est te faire du mal.
Sergueï approcha sa main de sa joue pour la caresser alors que des centaines d'images enflammaient son esprit, lui rappelant sensiblement ce qu'il s'était passé hier.
Il fut stoppé par un appel de Vladimir. Les sourcils froncés, il s'empara de son téléphone et s'éloigna pour répondre.
— C'est très rare que tu m'appelles si tôt le matin, que se passe-t-il ? Lança-t-il en russe par crainte qu'il s'agisse d'une affaire concernant la mafia.
— Je me suis levé ce matin et j'ai décidé de jouer au héros pour changer, répondit Vladimir avant nonchalance.
— Ah oui ? Vraiment ? S'enquit Sergueï en étouffant un rire.
— Oui mon ami et quand tu sauras qui je suis en train de sauver tu vas me sauter dans les bras.
Sergueï se rembrunit ayant un mauvais pressentiment.
— Accouche Vladimir !
— Eh bien comme j'ai eu des remords hier, j'ai fait des petites recherches avec notre super logiciel capable de détecter n'importe quel pourriture sur terre et j'ai trouvé des choses qui vont te faire bondir au plafond. Retrouve-moi au club et amène ta dulcinée avec toi j'ai un petit cadeau pour elle.
Sergueï expira par les narines, les traits tendus.
— Que se passe-t-il ? Demanda-t-elle au loin.
— C'était Vladimir, il veut me voir.
— Oh, tu peux y aller si tu veux, proposa-t-elle alors qu'il ne s'était toujours pas retourné pour lui faire face.
— Non, il veut te voir aussi.
Il se tourna dans sa direction et la trouva debout devant le comptoir, les mains sur les hanches, le regard légèrement plissé.
— Moi ? Il veut me voir moi ? S'étonna-t-elle en se pointant du doigts.
Sergueï prit sur lui et réprima toute forme de colère sur son visage pour ne pas l'inquiéter.
— Oui, va te préparer je monte au bureau quelques minutes, l'informa-t-il en lui volant un furtif baiser.
Ivana n'avait aucun don pour surveiller l'avenir mais sentait qu'il y avait quelque chose. En le suivant des yeux alors qu'il remontait l'escalier d'un pas pressé, elle se passa une main dans les cheveux et emprunta le même chemin pour rejoindre la chambre. Un terrible sentiment lui noua la gorge avant qu'elle s'ordonne de cesser toutes pensées négatives. Elle n'avait pas envie de gâcher cette petite source de bonheur qui commençait tout juste à la rendre heureuse.
En se dirigeant dans la salle de bains elle retira la chemise qu'elle portait et se glissa dans la douche et laissa les jets d'eau rouler sur sa peau. Elle s'empara du savon mais ce dernier lui fut rapidement enlevé et saisit par une main ferme.
Rapidement ses sens s'enflammèrent alors qu'il commençait à la savonner.
— Nous irons plus vite à deux, murmura-t-il en frottant son ventre, ses seins, ses épaules.
Ce moment dans la douche prenait un virage très sensuel et jusqu'à la fin, le mafieux se contenta de simples baisers, comme s'il ne réclamait rien d'autre de plus que cet instant harmonieux et rempli de tendresse.
Une fois prête, elle le rejoignit dans le hall en notant ses pas nerveux comme un autre signe qu'il se passait bel et bien quelque chose...
À leur arrivée dans le club, Ivana constata que la salle était vide contrairement à la veille, comme si les clients avaient été volontairement chassé.
Vladimir débarqua de nulle part et s'avança vers eux avec nonchalance. Il portait un sourire élégant, très différent des autres ô combien diaboliques.
— Mademoiselle Koskov, je tenais à m'excuser personnellement pour avoir douté de votre...adorable couple, déclara-t-il en s'inclinant et en lui tendant un bouquet de fleurs.
Prise par la surprise Ivana s'en empara avec un sourire.
— Merci, lui dit-elle en humant l'odeur des roses.
— Mais de rien, jeune demoiselle.
Ivana leva la tête en direction de Sergueï qui lui transperçait son ami d'un regard assez noir et ne semblait nullement impressionné par ce geste.
— Quoi ? N'ai-je pas le droit de m'excuser ? Se défendit Vladimir en défiant Sergueï du regard.
— Les fleurs n'étaient pas forcément nécessaire, dit-il du tac au tac.
— Oh mais regardez qui est jaloux, chantonna Vladimir en esquissant un petit rire.
— Je ne suis pas jaloux, gronda-t-il légèrement. Tu aimes m'énerver n'est-ce pas ?
— J'adore t'énerver, confirma le mafieux en les regardant tour à tour, très fier de lui. Bien ! Peux-tu me suivre dans mon bureau je dois te parler en tête à tête.
Ivana soupçonnait désormais les deux hommes d'être dans le secret le plus total et elle savait qu'une question de sa part ne suffirait pas à leur faire cracher le morceaux. Résignée elle répondit à la requête de Sergueï qui lui avait demandé de rejoindre Nikki dans le restaurant.
— J'espère que c'est une question de vie ou de mort Vladimir, s'agaça-t-il en fermant la porte du bureau.
— Crois-moi quand je t'aurai fait savoir ce que j'ai trouvé tu seras tellement fou de rage qu'il faudra que je prenne une arme pour t'administrer un sédatif à longue distance pour te calmer.
Sergueï retira sa veste noir et fit craquer sa nuque, cherchant vainement un moyen de contourner la croissante colère qui montait déjà en lui.
— Tu sais à quel point je suis pointilleux sur la confiance alors ne m'en veut pas si je t'annonce qu'au lieu de m'envoyer en l'air toute la nuit j'ai fait quelques recherches sur Ivana, commença-t-il en s'armant de sa télécommande pour projeter les information sur l'écran plan.
— Et donc ? Lança Sergueï septique en posant ses mains sur la table en verre. Tu as trouvé quoi sur elle ? C'est une dangereuse criminelle qui va tous nous assassiner ? Ironisa-t-il en foudroyant l'écran du regard.
— Non, elle est aussi sage qu'un agneau attendant sagement d'être dévoré par le loup, et on peut dire que si toi tu es le loup alpha qui l'a déjà prise dans tes griffes acérées d'autre attendent leur tour.
Sergueï se redressa de toute sa hauteur lorsque le visage du médecin de la clinique apparut sur l'écran.
— Cet homme s'est occupé d'elle quand elle était en clinique, je l'ai déjà confronté à deux reprises.
— Eh bien tu aurais dû lui arracher le cœur au sein même de cette clinique mon frère car cet homme en question est un fou dangereux qui dirige une secte.
Il appuya sur la télécommande et des centaines de visages se mirent à défiler sur l'écran.
— Toutes les jeunes femmes que tu vois apparaître vont de l'année 1997 à maintenant. Vingt-sept ont disparus, douze ont été trouvé mortes avec pour scène de crime minutieusement théâtralisée. Cette photo a été prise en 2011. Il s'agit de D'Alice Witman, vingt ans, elle avait passé sept mois dans une clinique dirigée par le vilain docteur dans l'état du Mississippi avant qu'il soit renvoyé après deux ans élu directeur. Selon les informations récoltées par nos bons vieux amis du FBI la jeune femme est sortie de la clinique encore plus défectueuse qu'à son entrée. Un légume qui a fui la maison de ses parents en leur indiquant qu'elle se dirigeait vers un endroit meilleur. Un coin de paradis disait-elle au téléphone à ses parents avant que les communications s'affaissent de semaine en semaine. Quatre mois plus tard voici ce que cet endroit merveilleux lui a fait.
— Je t'en prie dis-moi que tu en sais plus, siffla-t-il entre ses dents serrées incapable de supporter l'image de scène jeune femme à moitié nue, sans vie au milieu des bois.
— Il s'agit d'Ivana, évidemment que j'en sais plus, affirma Vladimir plus sérieusement. Ce docteur a changé d'identité plus de quatre fois en dix ans. À l'heure où nous parlons il se nomme désormais Docteur Hersson, et ce chargement d'identité s'est bizarrement produit quelques jours après ton arrivée. Alors j'ai accédé en toute illégalité dans les dossiers confidentiels de notre bon vieux docteur Frankenstein et j'ai trouvé des tonnes de vidéos de ses séances avec des jeunes filles, elles ont l'air complètement droguées, hors sol et c'est volontaires. Elles ne bougent pas ne répondent pas pendant qu'il s'amuse à les toucher et il leur parler comme s'il essayait de rentrer dans leur tête. Certaines se réveillent de la séance et sont sous la coupe de cet homme répétant tout ce qu'il dit à la lettre. Il promet de les emmener dans un endroit meilleur où il y aura des personnes pour s'occuper d'elles. Et cet endroit existe bien. En Californie plus précisément. C'est dans la forêt à cinquante kilomètres de l'endroit où Alice Witman a été retrouvé morte.
Vladimir fit apparaître une image qui montrait la zone où l'endroit se trouvait.
Sergueï sentit son visage trembler de rage, ses mâchoires étaient si serrées qu'il n'arrivait plus à les ouvrir.
— Je t'en prie dis-moi que tu n'as pas trouvé...
— Si mon frère et tu n'y auras jamais accès parce que je les détruite. Il la touche mais la séance s'arrête parce qu'elle résiste au produit qu'il lui a donné. On la voit se lever précipitamment et fuir la séance complètement désorientée et à moitié consciente. C'est pour cette raison précise qu'elle l'intéresse comme les dix autres qui sont sortis de la clinique en même temps qu'Ivana.
Vladimir coupa l'écran et se planta à l'autre bout de la table, le regard de plus en plus sérieux alors que lui, sentait la colère jaillir de part et d'autre de lui et la dernière information que s'apprêtait à livrer Vladimir allait sans doute la faire éclater.
— Sur les dix jeunes femmes quatre ont déjà disparu...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top