Chapitre 30
Ivana se sentait coupable à présent. Coupable d'être intervenue avec la peur d'avoir aggravé les choses. Un bruit sourd au loin attira son attention alors que son cœur lui, frappait ses tempes jusqu'à les rendre douloureuses. Le mafieux revenait sur ses pas et sa démarche laissait clairement indiquer qu'il s'était passé quelque chose de grave derrière les murs du restaurant. Ivana se leva lentement ne sachant trop quoi faire alors que les regards étaient tournés vers eux. Les traits de son visage demeuraient toujours sévères et ses yeux noirs en témoignaient.
— Sortons d'ici, décréta-t-il en saisissant sa main au vol pour l'entraîner à l'arrière du restaurant.
Ils débouchèrent dans une ruelle étroite et désormais sombre.
— Je suis désolée Sergueï je n'aurais pas dû intervenir.
Il cessa de marcher et s'empara de ses bras pour la coller doucement contre le mur froid. Rictus aux lèvres, les yeux et uniquement les yeux baissés sur elle, le mafieux prit son visage entre ses mains et y pressa ses pouces.
— Tu n'as rien fait de mal, c'est moi qui aurait dû envisager que ça se passe ainsi, rétorqua-t-il d'une voix furieuse.
Ivana n'osa pas répondre car sa fureur ne semblait pas fléchir.
— Les insultes qu'elle a proféré sont impardonnables, ajouta-t-il les dents serrées.
Il relâcha son visage et l'une de ses mains se posa délicatement autour de sa gorge. Il l'inclina légèrement en arrière en la regardant droit dans les yeux. Ivana sentit son cœur redoubler de battements désordonnés. Le visage du mafieux sous l'éclairage faible des lampadaires rendaient son visage encore plus terrifiant qu'il ne l'avait jamais été auparavant.
— Je crois que personne ne réalise ce qu'il passe et je crois que tu ne le réalises pas non plus Ivana, reprit-il en se penchant légèrement, sa paire d'yeux ancrée dans la sienne. Je crois que personne ne réalise à quel point tu es importante pour moi. Il ne s'agit pas d'un jeu et même de sexe mais de la réalité, de ce que je ressens en moi chaque jour un peu plus.
Ivana sentit ses jambes trembler, et ses yeux commençaient tout juste à brûler alors qu'elle retenait ses larmes. Il donnait l'impression d'être en grande souffrance intérieur ce qui lui serra le cœur douloureusement.
— Il ne s'agit pas du type bourré de fric qui parle mais de l'homme qui est tombé sur une étudiante au cœur blessé et je crois que...
Il s'interrompit en la dévisageant.
— Je crois qu'en voulant te sauver je n'ai pas réalisé qu'en réalité c'est moi que tu étais en train de sauver, achèva-t-il une expression douloureuse sur le visage.
Ivana sentit une larme rouler sur sa joue, n'ayant plus les mots devant cette confidence, cette déclaration inattendue et bouleversante.
— Sergueï je...
— Je t'en prie ne dit rien moy angel, pas tout de suite, pas maintenant, je veux seulement que tu comprennes bien que tu es importante pour moi, beaucoup plus importante que ce que j'ai laissé croire volontairement jusqu'à maintenant.
Il relâcha sa gorge pour glisser le revers de sa main dans ses cheveux.
La respiration saccadée, Ivana ne le quitta pas des yeux, le cœur battant à la chamade.
— Toutes les personnes qu'il y a dans ce club, ma famille sont sûrement en train de comprendre enfin que tu n'es pas seulement un courant d'air qui s'estompera facilement de ma vie. Je les ai habitué à leur montrer l'homme sage et téméraire mais je réalise maintenant qu'il s'agissait seulement d'une façade que j'ai moi-même bâti.
Il reprit son visage en coupe et se pencha pour capturer ses lèvres avec une douceur qu'elle ne lui connaissait pas. Ivana répondit à son baiser avec la même douceur puis s'écarta pour le dévisager. Son visage n'avait toujours pas changé, épris de douleur et de colère mêlées.
— Sergueï ! S'écria une voix semblable à celle de Vladimir.
Ivana se tourna vers le fond de la ruelle alors qu'il tenait toujours son visage en coupe.
— Que se passe-t-il ? Demanda-t-il sèchement en relâchant son visage.
— Revenez à l'intérieur, cet incident ne devrait pas gâcher ton retour.
— Cet incident se reproduira Vladimir, répliqua Sergueï en s'éloignant d'Ivana pour le confronter.
— Je comprends exactement ce que tu es en train de me dire Sergueï, enfin...j'ai été long à comprendre mais j'ai fini par réaliser que cette jeune femme juste derrière toi est précieuse à tes yeux et tu sais que notre clan se protège les uns les autres.
Vladimir s'avança dans leur direction, puis poursuivit.
— Nous protégerons Ivana, elle fait partie de la famille, alors s'il te plaît mon frère, essaye de te calmer.
Sergueï lut dans le regard de Vladimir de l'inquiétude, signe qu'il comprenait peut-être enfin l'ampleur de la situation. Dans leur mafia aucune femme jusqu'ici avait pris une place aussi importante, ce qui entraînait des conséquences en matière de sécurité que personne ne pouvait maintenant négliger.
Les mâchoires serrées il confronta son ami, longuement, jusqu'à l'intervention surprise de la jeune femme.
— Vladimir a raison, nous devrions tous oublier ce qu'il vient de se passer.
Sergueï se recula puis passa sa main dans le dos de la jeune femme.
— J'ai faim, ajouta-t-elle en posant sa main sur son bras. Allons dîner Sergueï.
L'afflux de colère qui coulait encore dans ses veines s'estompa et il se tourna vers elle. Les douces lueurs qui baignaient dans ses yeux furent suffisantes pour le convaincre.
Elle prit sa main, et il pouvait sentir des légers tremblements se répercuter dans la sienne.
Sergueï hocha simplement de la tête ce qui fit disparaître Vladimir de la ruelle. La déclaration qu'il venait de faire à la jeune femme était sans doute la plus difficile de toute sa vie. Depuis la mort de sa mère, Sergueï s'était fermé à tout sentiment susceptible de le rendre faible mais aujourd'hui il se rendait compte qu'il s'était mis en danger. En ayant fermé ces portes trop longtemps, Sergueï venait de les ouvrir sans prendre en compte l'onde de choc. Celle-ci était si violente qu'il était maintenant confronté à une crainte qu'il avait déjà redouté par le passé...
Celle que l'on puisse faire du mal à cette jeune femme comme on avait fait du mal à sa mère autrefois. Mais cette fois-ci Sergueï était redoutable et formé pour répliquer.
— Je veux une autre table, à l'abris des regards, ordonna-t-il lorsqu'ils furent de nouveau à l'intérieur.
Ils furent conduits dans le fond de la salle, à une table près d'une cheminée. Elle s'installa sur la banquette et au lieu de prendre place à en face d'elle, Sergueï se glissa à ses côtés.
— Je préfère t'avoir près de moi, simple mesure de sécurité, expliqua-t-il sans s'étendre davantage.
— Que veux-tu qu'il m'arrive Sergueï ? S'enquit la jeune femme en levant un sourcil. Tu as déjà fait peur à une bonne partie des clients.
Sergueï glissa ses doigts sur sa joue pour repousser une mèche de ses cheveux rebelles. S'il lui avait demandé de ne pas répondre à sa déclaration tout de suite c'est parce qu'il craignait que son comportement qu'il peinait à maîtriser rebute la jeune femme. Sergueï commençait tout juste à s'habituer à cette version de lui-même et craignait qu'elle ne l'accepte pas.
— Je suis désolé d'avance si tu trouves mon comportement un peu trop étouffant.
— Tu n'es pas étouffant tu es très sensible à ma protection, rectifia-t-elle prudemment.
— Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps.
— On ne peut malheureusement pas changé le passé et je crois que ça n'aurai pas été pareil que maintenant.
— Tu as probablement raison, murmura-t-il en se passant une main sur le visage.
— Tu as l'air...
— Épuisé mentalement, la coupa-t-il en la regardant droit dans les yeux. Épuisé par cette source inépuisable du nouveau moi qui n'est pas encore capable de maîtriser cet afflux constant de colère qui menace notre équilibre à tout les deux.
Il marqua une pause le temps pour lui d'attraper son verre.
— Avant de te rencontrer j'étais le mafieux discret, qui ne laissait rien paraître, le téméraire, l'homme réputé pour intervenir dans des situations les plus sanglantes et de prendre les opérations avec calme et maîtrise. Aujourd'hui il n'en est rien.
— Essaye de te détendre, je suis en sécurité et je ne risque rien, surtout avec toi.
Le serveur déposa les assiettes puis disparut en laissant à nouveau seuls.
En sécurité ? Oui elle l'était mais il demeurait sur ses gardes, car le danger pouvait être partout et nulle part à la fois...
Sergueï l'invita à manger mais l'espoir qu'il se détende totalement était impossible du moins pour le moment. Il fit craquer sa nuque quand la fin du dîner sonna le glas d'une longue soirée de bataille.
— C'était délicieux, lança-t-elle en pliant sa serviette le sourire aux lèvres.
Sergueï l'observa attentivement, sensible à la beauté de ses traits délicats qui resplendissaient de bonheur. Elle était heureuse, follement heureuse et n'essayait même plus de le cacher.
— En effet, c'est délicieux, confirma-t-il en laissant entendre qu'il ne parlait pas du dîner.
Sergueï écrasa sa cigarette et repoussa le cendrier pour éloigner les odeurs du tabac froid.
— À quoi pensez-vous jeune fille ? Demanda-t-il alors qu'elle rougissait les yeux rivés sur sa chemise immaculée.
— À des centaines de choses en même temps. Est-ce que je peux te poser une question ?
Sergueï acquiesça silencieusement.
— Quelle est la principale raison qui te pousse à refuser que j'aille dans l'autre partie ?
Sergueï remarqua la prudence avec laquelle elle attendait désormais sa réponse.
— Parce que je refuse catégoriquement de rouvrir cette porte derrière laquelle j'ai formé des femmes qui n'avaient et n'auront jamais la même importance que toi.
Pour aiguiser sa réponse Sergueï glissa une main autoritaire entre ses cuisses et remonte sa main jusqu'à la couture de son sous-vêtement. La réponse de la jeune femme fut immédiate. Elle se dressa en ouvrant légèrement la bouche et se yeux se fermèrent.
— Et j'ai tout ce qu'il faut à la maison si tu désires tant explorer mon monde, ajouta-t-il tout près de sa joue tout en caressant son intimité à travers le tissu de la culotte.
Ses yeux se rouvrirent et son visage se plia aux rougeurs qui se formaient déjà sur ses pommettes.
— Tu le veux trésor ? Chuchota-t-il à son oreille.
La jeune femme exhala un soupir brûlant et attrapa son bras alors qu'il faisait délibérément augmenter son excitation.
— Tu n'as qu'un mot à dire moy angel.
La tête en arrière, cherchant à dompter sa respiration elle incarnait le plaisir et la beauté qui l'accompagnait.
Sergueï cessa brutalement ses caresses, retira sa main et une plainte se mit alors à retentir en guise de protestation.
— Oui, oui je le veux, s'empressa-t-elle de dire d'une voix impatiente et excitée.
Sergueï esquissa alors le premier sourire de la soirée, pressé d'ouvrir les portes de cette salle jamais encore utilisée...
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