Chapitre 23




Ce qu'elle était en train de découvrir était loin de ce qu'elle avait imaginé. Le manoir avait un style très contemporain, très loin de ce que renvoyait la façade extérieur. C'était silencieux, très agréable et paisible. Les pièces semblaient s'étendre sur plusieurs mètres et elle avait hâte de découvrir leur contenus. Au centre du salon il y avait un bel escalier en bois verni qui donnait sur l'étage supérieur. Ne sachant plus où donner de la tête Ivana décida alors de s'approcher des baies vitrées qui laissaient entrer une lumière froide à cause du mauvais temps. Fascinée elle en oublia presque le propriétaire des lieux resté en retrait juste derrière elle.

— Ça te plaît ?

— C'est grandiose et très vaste, tu n'as jamais éprouvé de la solitude ? Lui demanda-t-elle en se retournant.

Il baissa les yeux sur elle tout en retirant sa veste.

— Jamais bien au contraire, cet endroit m'apporte sérénité et la paix. Ceci est mon refuge, ici personne ne peut venir me déranger.

Ivana se pinça les lèvres en notant que ses traits s'étaient subitement durcis.

— Viens je vais te faire visiter le premier étage.

— Parce qu'il y en a d'autre ? S'enquit Ivana avec étonnement.

Il monta les larges marches en bois massif sans répondre tout de suite.

— Le deuxième est réservé à mon usage personnel, expliqua-t-il en lui barrant la route afin qu'elle assimile bien l'information.

Ce qu'il savait en revanche c'est qu'il venait de réveiller sa curiosité et très vite Ivana sollicita des yeux le second escalier.

— Armement, bureau privé, salle de réunion, je te passe les détails et je t'interdis d'y mettre un pied, compris ?

Il était très sérieux et intransigeant. Ivana comprit alors qu'il ne laisserait jamais passer cette erreur.

— Tu crains que...

— Que tu te blesses bêtement parce que tu auras voulu tenir une arme dans ta main sans savoir si celle-ci est chargée, la coupa-t-il fermement.

— Je te fais la promesse de ne pas m'y aventurer, murmura-t-elle solennellement.

Il inspira profondément avant de pivoter les talons pour emprunter un premier couloir. Celui-ci était si long qu'elle se demandait jusqu'où il s'arrêtait.

Enfin il ouvrit deux portes et les écarta à son passage. Ivana ne put alors s'empêcher de jeter un coup d'œil au torse de l'homme fragilisé par cette étroite chemise.

— Ça, c'est ma chambre, déclara-t-il en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.

Il s'effaça légèrement pour la laisser entrer. Ivana le dépassa pour pénétrer dans cette chambre qui ressemblait plutôt à un appartement. Très boisé, la pièce était fragmenté en trois pièces ouvertes. Elle tourna la tête sur la gauche et découvrit deux marches à monter pour atteindre la partie chambre. Un frisson entama son échine alors qu'elle dévisageait son lit. Il était grand, très haut. Il s'agissait d'un avec baldaquins en acacia massif.

Le mobilier était dans le même ton de couleur très sombre. Les joues rouges elle déporta son regard sur la droite pour balayer d'un coup d'œil très attentif le grand bureau à l'autre extrémité de la pièce séparé par un petit salon armé d'une majestueuse bibliothèque.

— Tu es certain qu'il s'agit d'une chambre, plaisanta Ivana en osant à peine le regarder. Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un appartement.

— Eh bien disons que j'aime quand il y a beaucoup d'espace, répondit-il en s'approchant lentement dans sa direction.

Dos à lui, Ivana frissonna à son approche et ferma les yeux quand elle sentit ses mains sur poser sur ses épaules.

— Tu aimes ? Ajouta-t-il dans ses cheveux.

Ivana inspira profondément en ouvrant les yeux.

— Oui, murmura-t-elle en se retournant pour planter son regard dans le sien.

Il fit glisser ses doigts le long de son bras pour saisir sa main et l'entraîna sur le balcon.

— Ce que j'aime particulièrement c'est pouvoir admirer ceci chaque matin, lui confia-t-il.

Au loin, entourée par la nature spectaculaire il y avait une rivière, un lit silencieux encadré d'arbres et de verdure incroyable. Maintenant elle comprenait mieux pour quelle raison le manoir était perché en hauteur.

— C'est magnifique, c'est si paisible, lui dit-elle en inspirant l'air pur tout en savourant la caresse du vent.

— Tu as encore d'autre pièce à découvrir, je te laisse quelques minutes pendant que je passe un coup de fil assez urgent.

— Urgent à quel point ? S'enquit Ivana en le suivant à l'intérieur.

Il rompit sa marche pour se retourner.

Ses traits étaient durs mais il faisait preuve d'un calme assez inquiétant.

— J'ai récemment appris que mon poulain avait fait deux ou trois bêtises qui aurait pu mettre en danger une amie. Je dois régler ça.

Ivana s'efforça de rester impassible pour ne pas lui montrer ses interrogations sur cette prétendue amie, seulement très vite...le mafieux esquissa un sourire en coin.

— Elle se nomme Nikky et elle aime les femmes...

Cette information la prit par surprise. Gênée elle cligna des yeux en ouvrant la bouche pour mieux la refermer.

— Je suis sûr que tu vas l'aimer, ajouta l'homme avant de s'éloigner.

Ivana le regarda partir en soufflant puis se passa une main dans les cheveux ne sachant plus où se mettre.

Si elle continuait dans cette direction il allait finir par croire qu'elle était jalouse de tout et de n'importe qui. Néanmoins pouvait-elle s'en vouloir d'avoir des doutes et des interrogations ?

Elle décida d'éteindre toutes ces ondes négatives qui la rendaient nerveuse et monta les deux marches qui donnaient en direction du lit. La respiration assez lourde elle effleura avec la naissance de ses doigts le bois massif ainsi que la texture très soyeuse du couvre-lit. Elle ressentit des petits picotement dans les doigts et s'empressa de serrer sa main en se reculant légèrement d'un pas.

Le cœur battant à la chamade elle quitta la chambre du mafieux et se glissa dans le couloir pour rejoindre l'escalier principal. En retournant au rez-de-chaussée elle pensait retrouver Sergueï mais ne le trouva pas. Alors elle s'installa sur le canapé du vaste salon et attendit patiemment son retour. Ce petit moment de solitude l'aida à réaliser qu'elle était à des milliers de kilomètres de son père. Pour la première fois de sa vie elle avait pris une décision radicale tout en ignorant quelles seraient les conséquences.

— Alors ? Lança la voix du mafieux émergeant de nulle part. Qu'as-tu trouvé d'intéressant à l'étage ?

— Rien, je suis descendue quelques minutes après ton départ, je n'aime pas fouiner même si je suis curieuse.

Il posa son téléphone sur la grande table et traversa le salon pour la rejoindre.

— Tu as réglé ton problème ? Lui demanda-t-elle en se levant du canapé.

— Nikky est légèrement blessée, je pense que ça ira. Revenons plutôt à toi et seulement toi.

— Est-ce que...est-ce qu'ils sont au courant pour moi ? Ne put s'empêcher de demander Ivana nerveusement.

D'un regard soutenu il prit son coude pour qu'elle se rapproche de lui.

— Oui, ils sont au courant que j'ai attrapé dans mes filets une jeune étudiante, répondit-il en plissant son regard dont les lueurs mystérieuses s'employaient à merveille pour lui faire perdre la tête.

— Et ? Insista-t-elle en se mordillant la lèvre.

Il soupira longuement tout en frottant ses bras comme s'il voulait la réchauffer.

— Et ils se demandent comment c'est possible que j'ai pu déroger à l'une de mes règles aussi facilement. Ça c'est parce qu'il ne t'ont pas encore vu.

— Je n'ai rien de spécial Sergueï, je me demande même comment c'est possible que tu t'intéresses à moi. Enfin m'as-tu bien regardé ?

Ça y est...elle venait de lâcher ce qu'elle avait sur le cœur et le moins que l'on puisse dire c'est que sa réaction fut sans appel. Ses yeux devinrent noir, ses mâchoires volontaires tendues à l'extrême.

— Nous voilà enfin au cœur du problème, dit-il gravement. C'est donc ça qui te tracasse depuis des heures. Ivana je déteste me répéter.

Elle s'écarta pour se retourner en se passant les mains dans les cheveux.

— Je suis désolée mais je ne peux pas m'en empêcher. Je n'ai plus confiance en moi depuis bien longtemps. Je me sens inférieure à toutes ces femmes qui...

— Assez ! Aboya le mafieux en saisissant son bras pour l'obliger à se retourner. Tu as de la chance que je ne t'ai pas encore demandé de te pencher pour recevoir une fessée.

Ivana déglutit péniblement en soutenant son regard noyé dans la colère.

— As-tu au moins une idée de ce que je traverse en ce moment même ?

— Non je l'ignore et je regrette de ne pas comprendre je suis...je n'arrive pas à comprendre Sergueï parce que j'ai l'impression d'être...

— Morte par la faute d'un certain docteur dont je ne prononcerai pas le nom ! La coupa-t-il froidement. Bon sang ! Quand pour la dernière fois as-tu pris le temps de te regarder dans la glace ? Comment peux-tu dire une chose pareille ?

Il se pencha en avant pour atteindre son visage.

— Je suis en passe de perdre tout contrôle chaque seconde de chaque minute passé avec toi. Jamais une telle chose m'était arrivé avant de te rencontrer.

Ivana baissa la tête envahie par une sorte de regret inavouable. Il parlait avec tant de férocité qu'il était difficile de ne pas le croire.

— Voilà la raison pour laquelle je m'efforce d'être prudent avec toi parce que tu n'es pas encore libérée de cette voix qui tente sans cesse de t'atteindre, reprit-il les traits durs. Je me fais la promesse de t'en libérer.

Sans attendre une réponse de sa part il la souleva pour la hisser sur son épaule et remonta l'escalier.

Ivana ravala un hoquet lorsqu'il la déposa au centre d'une pièce méconnue dont le seul mobilier qui composait cette pièce était un grand très grand miroir et un canapé. Le sol était recouvert d'une moquette duveteuse et les murs étaient de couleur pourpre.

Le mafieux se plia sur ses genoux pour lui retirer ses chaussures puis attrapa ses chevilles pour l'obliger à écarter très légèrement ses jambes.

— Je veux que tu fixes ce miroir et que tu ne lâches pas des yeux.

C'était un ordre auquel elle se plia la respiration saccadée.

Il se releva et se dressa derrière elle. À cet instant précis Ivana put enfin réalisé à quel point sa silhouette comparé à la sienne était infime, minuscule. Ses larges et puissantes hanches percutèrent son dos fin et sans la quitter des yeux il plaça ses mains sur son ventre puis sur sa taille qu'il se mit à serrer entre ses doigts fermes.

Ce contact suffit à lui faire perdre l'esprit. Une chaleur étouffante commença à s'étendre le long de sa colonne vertébrale.

Grandement attentive à chacun de ses gestes Ivana en oublia de se concentrer sur le reflet que lui renvoyait le miroir.

— Regarde-toi Ivana, chuchota-t-il avant de défaire la tresse qui retenait ses cheveux.

— Que vois-tu en moi que je ne vois pas Sergueï, murmura-t-elle en cherchant son regard dans le miroir.

Il arrima son regard au sien sur l'instant et ses yeux devinrent l'arme redoutable de son désir violent.

— Tu veux vraiment que je te montre Ivana ? S'enquit-il d'une voix rauque.

— Oui, s'empressa-t-elle de dire des fourmillement sur le visage.

Il se redressa de toute sa hauteur, le regard ravagé par des flammes identiques à celles qui l'avaient possédés deux jours plus tôt.

Il fit courir ses doigts le long de ses bras puis agrippa les replis de son chemisier.

— Dans ce cas cette fin de journée sera encore plus longue que je l'avais déjà imaginé, chuchota-t-il d'une voix gutturale.

Il marqua une pause dans laquelle le reflet de son regard devint insondable puis il rajouta :

— Et je compte bien savourer chaque centième de chaque seconde jusqu'à épuisement...

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