Chapitre 19




— Plus sérieusement, où étais-tu ? Insista Ivana sans bouger de l'endroit où elle se tenait abasourdie de le voir ici après toute une journée de silence.

— J'avais besoin d'être seul pour réfléchir, répondit le mafieux en retirant ses lunettes de soleil, laissant entrevoir son regard sérieux.

Ivana déglutit la bouche sèche car sa réponse ne semblait pas très honnête.

— Et toi, que fais-tu ici alors que tu devrais être en cours ? Demanda-t-il en s'approchant d'un pas prudent.

— J'ai décidé de prendre ma vie en main.

Sa voix lui avait semblé plus sèche qu'elle l'aurait voulu. Seulement elle était en colère qu'il puisse se montrer à la fois si présent et distant à la fois.

— Tu me sembles bien en colère pour une jeune fille d'ordinaire si calme, remarqua-t-il en comblant les derniers mètres qui les séparaient.

— Parce que je le suis, avoua-t-elle en lui tenant tête. Tu caches quelque chose et j'ai l'impression d'être prise dans une spirale que je ne contrôle pas. J'ai compris que tu voulais m'aider mais s'il s'agit seulement de ça alors je t'annonce que je vais mieux merci pour ton aide.

Ivana se retourna pour lancer sa main en direction de la portière de sa camionnette pour l'ouvrir mais son bras fut saisit vivement.

— Je suis loin d'en avoir fini avec toi ma belle, déclara le mafieux ayant perdu le goût à rire. Tu veux savoir pour quelle raison j'étais sur le point de retourner au pays ? Tu veux comprendre pour quelle raison je me comporte étrangement avec toi ? Si tu désires avoir des réponses alors viens avec moi.

Il relâcha son bras et s'éloigna en direction de sa voiture dans une démarche froide et menaçante. Ivana resta immobile, incapable de concevoir qu'il puisse la ruser une seconde fois. Allait-il vraiment lui dire la vérité ou étais-ce un stratagème pour la faire venir à lui ?

Le mafieux ne tarda pas à lui répondre de la façon la plus implacable. Il démarra la voiture sans attendre et remit ses lunettes pour masquer son expression sombre et fermée. Ivana récupéra son sac laissé sur en plein milieu du parking et s'avança en direction de la voiture.

Il accéléra sèchement sans même attendre qu'elle ait mis sa ceinture de sécurité.

— Je suis un homme de patience quand les situations l'exigent seulement hier soir a été le moment de trop pour un homme comme moi. Je suis en train de perdre le contrôle, un contrôle que j'ai mis des années à acquérir. Tu n'as pas idée à quel point c'est compliqué pour moi. Tu es officiellement mon talon d'Achille et ça ne m'est jamais arrivé d'être confronté à une faiblesse telle que celle-ci, expliqua-t-il d'une voix dure en se faufilant entre les voitures.

— Donc je suis un problème pour toi ?

Ivana aperçut ses doigts serrer violemment le volant.

— Parce que tu ignores où je veux en venir, mais dans peu de temps tu comprendras.

Un frisson glacial et d'appréhension courut le long de son échine. Tout ce mystère autour de cet homme commençait à lui faire tourner la tête si bien qu'elle avait presque hâte d'être arrivée à la destination qu'il avait choisi pour enfin connaître son secret.

Lorsqu'il s'engagea dans un parking sous-terrain et privé Ivana n'eut aucun mal à deviner qu'il l'emmenait dans son appartement perché au plus haut de la tour.

— Tu devrais prévenir...

— Mon père est parti ce matin chez l'un de ses amis à Seattle pour deux semaines.

Il leva un sourcil étonné.

— En te laissant seule ?

— Oui, parce qu'aux dernières nouvelles je suis en âge de me garder seule, répondit Ivana sans masquer son agacement.

Il prit note de l'information avec réserve puis quitta la voiture ce qui l'incita à le suivre.

En arrivant à l'intérieur de son appartement cette fois-ci éclairé par le soleil vif de cette fin d'après-midi, Ivana en eut le souffle coupé. Elle avait l'impression qu'il ne s'agissait pas de l'appartement qu'elle avait découvert des jours auparavant.

— Met-toi à l'aise, lui dit-il en retirant sa veste qui jetant sur le haut du canapé en L.

Ivana retira sa veste bleu marine qu'elle posa sur la sienne. Attirée par le piano, Ivana s'avança vers celui-ci pour glisser son index sur les touches sans presser ses doigts dessus.

— Tu veux quelque chose à boire ? J'ai crû comprendre que tu étais en âge légal pour boire tout ce que tu désires, lança-t-il pour la taquiner.

Ivana se mordit l'intérieur de la joue en hésitant à le rejoindre près du bar. Distinguant son hésitation il reprit :

— J'ai du vin si tu veux, proposa-t-il doucement.

— Va pour du vin, dit-elle après avoir pris une forte inspiration.

— Arrête de me regarder comme si j'allais te tuer, lui conseilla-t-il d'une voix grave et douce à la fois.

— Tu as l'impression que je te regarde comme ça ? S'enquit Ivana en se rapprochant du bar pour saisir le verre qu'il lui tendait.

Au contacte de ses doigts contre les siens, Ivana ressentit alors une chaleur étouffante s'emparer d'elle. Le regard du mafieux lui était creusé par une lueur implacable...un soulèvement de domination qui faisait virevolter autour de lui un parfum d'autorité sans odeur mais bien présente.

Les joues brûlantes Ivana porta le verre à ses lèvres pour boire une petite gorgée qui lui chauffa la gorge.

— J'ai l'impression que tu me regardes comme si j'étais un mythe des temps anciens et si complexe que je représente un danger pour tout et n'importe quoi.

— C'est à peu près ça, confirma-t-elle sans baisser le regard. Après tout je pensais que tu étais un professeur ordinaire.

Il émit un faible rire avant de boire à son tour dans son verre de bourbon.

— Dis-moi ce que tu désires savoir ma douce Ivana.

Ivana se pourlécha les lèvres pour les humidifier alors que son cœur tambourinait à toute vitesse.

— Je veux savoir qui tu es véritablement et surtout pour quelle raison tu as voulu t'enfuir hier soir.

Les mâchoires volontaires du mafieux se serrèrent comme un étau de fer indestructible. Sa main libre le long de sa hanche se ferma en poing.

— Viens, je vais te montrer ma galerie d'art, je suis certain qu'elle te plaira.

Ivana fronça des sourcils en le suivant des yeux alors qu'il se dirigeait dans les profondeurs de son spacieux appartement pour emprunter un couloir plus ou moins sombre et mystérieux.

Elle aimait l'art et elle était ravie à l'idée qu'il veuille bien lui partager les tableaux qu'il conservait précautionneusement. Cependant ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait.

Serrant entre sa main son verre de vin elle le suivit en silence. En traversant le long couloir Ivana ne put s'empêcher de jeter quelques coups d'œil aux autres portes fermées.

Le cœur battant à la chamade elle pénétra dans cette fameuse pièce où il conservait ses tableaux et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle était impressionnante.

Émerveillée, elle s'approcha avec hésitation vers ces œuvres d'art absolument magnifique.

— C'est...mon dieu c'est grandiose, murmura-t-elle en détaillant les deux premiers tableaux.

— Oh oui ça l'est, confirma-t-il en restant à l'écart.

Ivana esquissa un petit sourire en coin tout en poursuivant son chemin en direction des autres tableaux.

Fascinée, elle s'arrêta devant l'un d'entre eux et une étrange chaleur couvrit ses joues. Il s'agissait d'une toile différente des précédentes. Ici, il s'agissait plutôt d'un tableau érotique. Très érotique même. Cela représentait un homme nu, les doigts enfermés dans les cheveux d'une femme aux courbes effilées, les yeux profondément ancré dans le regard de l'homme qui se tenait debout devant elle.

Ivana se pinça les lèvres et ne fit aucun commentaire même si elle brûlait de lui poser quelques questions.

En passant au prochain tableau cette fois-ci la chaleur ne se contenta plus de couvrir ses joues, elle se propagea en elle avec une allure fulgurante.

— Tu aimes ? Lança-t-il depuis l'endroit où il se tenait.

Ivana se tourna lentement pour l'affronter. Installé dans un majestueux fauteuil en cuir noir il avait croisé ses jambes musclés, les avant-bras allongés sur les accoudoirs.

— C'est particulier et mystérieux, lui dit-elle alors qu'elle tentait de combattre une redoutable chaleur dans son bas-ventre.

Il ne répondit pas, soulevant son menton légèrement faisant alors de ses yeux deux fentes impénétrables.

— Et toi ? Je suppose que tu aimes puisqu'ils sont ici, lança-t-elle un peu nerveusement.

— En effet, ce sont mes préférés parce qu'ils me représentent assez bien.

Le cœur battant à la chamade Ivana sentit un frisson courir sur son échine.

— Vraiment ? S'enquit-elle en se raclant la gorge.

— Oui ma douce, affirma le mafieux sans quitter son fauteuil guettant sa réaction avec prudence. Tu voulais savoir qui je suis, je te le montre à toi de te faire ta propre idée sur le sujet.

Ivana déglutit en faisant un pas dans sa direction. Si elle comprenait bien le sens des tableaux il s'agissait de toiles qui laissaient entrevoir l'esquisse de scènes sexuelles, prononcés et à l'évidence hors du commun.

— Moi et d'autres membres de la mafia nous possédons un club réputé pour être assez...différent des autres, commença-t-il d'une voix prudente.

Oui prudente...comme s'il essayait de ne pas l'effrayer.

— Différent ? Répéta-t-elle alors que son visage commençait à devenir rouge.

Ivana n'était pas stupide contrairement à ce qu'elle voulait lui montrer. Peu à peu elle comprit qui il était, du moins qui il était d'un point de vue sexuel.

— Je suis un dominant ma douce, autant la nuit que le jour.

Cette révélation tomba comme un couperet. Ivana tenta de recevoir l'information sans rougir mais il était trop tard. D'autant plus que le mafieux s'employait pour lui donner l'un de ses regards les plus possessif.

Se plonger dans un roman, laissant son imagination la guider à chaque page, Ivana adorait le faire. Aujourd'hui c'est avec les toiles affichées qu'elle laissa son imagination faire le travail.

— Voilà la raison pour laquelle je suis si distant avec toi, reprit-il d'une voix rauque. Tu es l'inverse des femmes que je fréquentes.

— L'inverse ?

Sergueï fut surpris par sa question. Il s'attendait à ce qu'elle prenne la fuite et pourtant elle était là, debout à quelques mètres de lui, les yeux brillants d'interrogations et de peur mêlées.

— As-tu peur de moi maintenant ? Demanda-t-il en contournant sa question.

— Non, j'essaye de comprendre ce qu'il y a de différent entre toi et un homme normal.

— J'aime avoir le contrôle, j'aime la possession et le plaisir qu'il m'apporte.

— Donc tu aimes soumettre des femmes à ta volonté ? Combien sont-elles ? Est-ce que tu en as qu'une ?

— En général elles viennent me voir pour diverses raisons, certaines on besoin de se soumettre après avoir dominé toute la journée sur leur lieu de travail. D'autres veulent simplement rentrer dans ce monde bien trop longtemps critiqués pour essayer, et pour la plupart elles finissent par rester.

Ivana sentit sa gorge se nouer mais pas pour les raisons qu'il venait d'évoquer. Elle ressentait une certaine irritation que tant de femmes soient passées entre ses mains. Était-elle jalouse ? Oui.

Avait-elle l'impression de se sentir ridicule comparé à ses femmes d'expériences ? Encore oui.

— Donc...donc tu es leur professeur, conclut-elle sans pouvoir s'empêcher de rire à cette petite référence qui maintenant prenait un peu plus de sens.

— En quelque sorte oui.

Ivana se pinça les lèvres puis posa son verre sur une étagère incapable de le tenir plus longtemps à cause de sa main moite.

— Et toi, qu'est-ce que sa t'apporte en tant que dominant ?

Cette fois-ci Sergueï se leva car en creusant dans les pensées ouvertes de la jeune femme il comprit qu'elle se sentait ridicule, inexpérimentée, déboussolée voire honteuse pour une raison qu'il ne comprenait pas. Après des années d'expérience dans ce domaine étant même passé professeur dans l'art de soumettre et réputé pour ses maîtrises, Sergueï ne s'était jamais senti aussi proche d'être insensible à tout son parcours qui à mesure du temps ne lui procurait plus de plaisir particulier. Seulement à cet instant, il ressentit que sa nature était en train de renaître plus forte avec pour seul désir l'offrir à une seule femme.

— Des choses que tu n'oserais pas soupçonner, murmura-t-il en dévisageant ses yeux se perdre dans les siens.

Elle frissonna et il pouvait le sentir.

— Tu as peur ?

— Non, je suis secouée, troublée, je me sens idiote et j'ai l'impression d'être tout sauf à ma place contrairement à ces femmes que tu viens de décrire.

Sergueï serra les dents et glissa ses doigts dans ses cheveux dans lesquels il resserra ses doigts.

— Tu as raison, tu n'es pas ces femmes, tu es leur contraire, et tu possèdes ce qu'elles n'ont pas et n'auront jamais.

Sergueï saisit dans son autre main son menton sur lequel il referma ses doigts.

— Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle d'un souffle tremblant.

— Moi, chuchota-t-il avant de s'emparer enfin de ses lèvres...

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