Chapitre 12
Ivana détourna d'abord les yeux sur le sol, trop embarrassée. Même s'il venait de lui révéler sa véritable identité il n'en demeurait pas moins son professeur et le directeur de son université ! Si jamais quelqu'un venait à apprendre qu'elle s'était un jour retrouvée dans cette situation très délicate elle serait sans doute renvoyée ! Enfin...techniquement non puisque celui qui en avait le pouvoir se tenait debout à quelques mètres d'elle, à moitié nu. Malgré sa détermination à détourner le regard sa curiosité prit le dessus et lentement...très lentement, Ivana glissa son regard sur le russe. Bardé de muscles saillants, son corps se révélait bien plus sculptural qu'elle s'était surprise à l'imaginer. Nourri d'une virilité indiscutable sa peau semblait dure alors que celle-ci était recouvert à quelques endroits d'un tatouage représentant l'étendu de tiges de roses aux épines aiguisées. Ces tatouages à l'aspect glacial lui donnèrent des frissons qu'elle parvenait difficilement à contrôler. Fascinée malgré elle, Ivana remarqua une cicatrice au niveau de son épaule qui ressemblait à l'impact d'une balle.
— Avez-vous perdue vôtre langue ? Demanda-t-il en s'avançant vers elle, d'un pas nonchalant.
Les yeux rivés sur les roulements de ses muscles, Ivana sentit une chaleur étouffante s'emparer de son visage. Il le remarqua et s'en délecta à sa manière.
— Très beau tatouage, nota-t-elle en se raclant la gorge.
— Vraiment ? S'enquit-il en se penchant en avant pour passer un bras au-dessus d'elle.
Ivana se pencha en arrière et crut finir allongée sur la table avant qu'il se redresse tout en portant son verre à ses lèvres.
Désorientée par le menace de cette proximité sans le vouloir Ivana darda son regard sur son torse massif exposé là, devant ses yeux à quelques centimètre d'elle.
— Toutes les femmes qui ont eu la joie de finir dans mon lit les trouvent effrayant. Donc soit vous mentez soit ces femmes n'avaient aucun goût en matière de tatouage, ajouta-t-il en se détournant.
Ivana retint sa respiration en fixant son dos lui aussi marqué par des ronces très sombres et fascinantes. C'étaient comme si elles représentaient la mort ou le danger qu'il pouvait représenter. Comme s'il voulait que le mal s'imprègne de lui pour faire reculer quiconque oserait le défier.
— Il est terrifiant, admit-elle enfin au bout d'un long silence.
Dos à elle, le mafieux fit craquer sa nuque en soupirant bruyamment. Était-ce un soupir d'irritation ou bien était-il tout simplement résigné à l'entendre à nouveau ?
Ivana retint une grimace en remarquant sur son omoplate un autre impact.
— C'est un miracle que vous soyez en vie, lui fit-elle remarquer.
— La mort ne veut toujours pas de moi, répondit le mafieux en se tournant vers elle.
Ses yeux reflétaient un mélange d'ironie et de vérité comme si par le passé il s'était souvent résigné à mourir.
— Parce que vous l'attendez ? Osa-t-elle lui demander les yeux ancrés dans les siens.
— Disons que je me suis préparé à la possibilité que ma fin soit tragique et mieux on l'accepte plus la vie vous paraît plus belle.
Il l'observa derrière son regard énigmatique puis rajouta :
— Je n'ai pas peur de la mort.
Ivana pâlit subitement quand il se rapprocha de nouveau mais cette fois-ci sans nonchalance. Ses pas étaient déterminés et lorsqu'il arriva à sa hauteur, découpant sa silhouette dans l'ombre, Ivana agrippa de nouveau les rebords de la table.
— Vous voulez peut-être que je me rhabille ? Lança-t-il avec un sourire enjôleur.
— Oui, s'il vous plaît, bredouilla Ivana en refusant de céder aux rougeurs qui lui montaient aux joues.
Il esquissa une moue déçue.
— Vous êtes certaine ? Parce que vos yeux semblent me dire le contraire, dit-il avec un sourire diabolique.
Ivana s'aperçut trop tard qu'elle continuait de darder ses yeux sur son torse sans vergogne.
— Vilaine coquine, ajouta-t-il en feignant de la punir du regard.
Il s'éloigna pour récupérer sa chemise alors qu'elle se liquéfiait comme une ado le long de la table. Ce comportement ne lui ressemblait pas. Imperceptiblement elle secoua de la tête et se passa une main dans ses cheveux.
— Maintenant que vous connaissez mon identité, il est temps pour nous de reprendre un autre départ.
— Un autre départ ? Répéta-t-elle incapable de lâcher ses mains du regard alors qu'il boutonnaient sa chemise.
— Oui, un autre départ. Je n'ai plus besoin de me cacher maintenant, ni feindre un comportement qui ne me ressemble pas.
Il se posta devant elle en lâchant un long soupir puis posa ses mains sur ses épaules. Ce contacte la fit frissonner jusqu'à l'échine.
— Arrêtez de me regarder comme si j'allais vous tuer Ivana, lui dit-il sur un ton presque agacé. Je n'ai pas encore tué de femmes ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer.
— Je suis rassurée maintenant, marmonna-t-elle en grimaçant.
Sa main gauche se déplaça vers son cou. Ivana demeura interdite, alors qu'elle sentait ses doigts caresser la base de sa nuque.
— Vous êtes définitivement un spécimen très particulier mademoiselle Koskov, déclara-t-il en la dévisageant pensivement.
Inconsciemment elle se mordit la lèvre et nota dans les yeux du russe qu'une nuance chaude et mystérieuse venait de s'y former.
— Depuis toute petite en réalité, tout le monde me trouve étrange, sans doute parce que c'est le cas.
— Cela vous rend différente, spéciale, et il me tarde de découvrir ce qu'il se cache derrière tout ça, dit-il d'une voix dont le timbre avait subitement changé.
Il détacha ses doigts de sa nuque délicatement puis s'écarta de façon à la regarder sous un angle différent.
— À vous écouter je suis un sujet d'étude.
— Disons que vous êtes mon sujet d'étude, répliqua l'homme en crispant ses mâchoires comme s'il essayait de combattre quelque chose en lui.
Il se fendit d'un sourire amusé puis reprit :
— Je plaisante et je viens de me rendre compte que vous n'avez rien manger.
— Par votre faute, lui précisa Ivana en levant le menton pour le défier. Vous n'avez pas cessé de parler.
Sa petit réparti semblait lui plaire puisqu'il esquissa un faible rire qui s'estompa pour laisser place à un visage impassible...comme s'il essayait de masquer le cours de ses pensées.
— Je tâcherai de me faire pardonner, soyez en sûre, répondit-il sur un ton mystérieux.
Ivana lâcha enfin les rebords de la table car elle sentait que l'heure de la fin était proche.
Il plongea son regard dans le sien, et la lueur qui persistait dans ses yeux était de plus en plus chaude.
— En fait je crois que je voulais à tout prix me débarrasser de ce détail qui dorénavant me permet d'être enfin moi-même, ajouta-t-il en inclinant légèrement la tête.
— Comment va-t-on faire ? Enfin je veux dire, à l'université, il est évident que je ne vous verrais plus comme un...
— Bien sûr qui si, la coupa-t-il d'une voix sérieuse. Vous aimez mes cours, et j'aime jouer au professeur. La seule différence qu'il y aura c'est que vous serez la seule à être au courant de mon petit secret, termina-t-il en chuchotant.
Une bouffée de chaleur gagna Ivana en imaginant à quoi pourrait ressembler ses prochains cours maintenant qu'elle savait que derrière le professeur se cachait un membre de la mafia probablement armé jusqu'aux dents. Mais le pire c'est qu'il ne cachait plus l'intérêt qu'il avait pour elle. Était-ce pour la sauver de cette douleur qui ne la quittait pas ? Est-ce tout autre chose ? Ivana était si perdue qu'elle crut que sa tête allait exploser.
— Je brûle de savoir ce qu'il y a dans cette jolie petite tête.
Pour la première fois depuis sa révélation, Ivana s'avança vers lui. Même si la peur était tenace elle s'approcha vers cet homme enveloppé dans les ténèbres.
— J'ai l'impression d'être dans une autre dimension pour être honnête. J'ai énormément de mal à comprendre pourquoi vous m'avez révélé votre véritable identité alors que cela pourrait potentiellement me mettre en danger.
— Le seul danger qui vous risquez c'est moi jeune et délicate Ivana, répondit-il d'une voix rauque.
— Et c'est bien ça qui me fait peur, murmura-t-elle d'une voix tremblante.
Pour toute réponse il leva sa main vers son visage et d'un revers de main caressa furtivement sa joue avant de la faire retomber lourdement.
— Venez, je vais vous ramener avant que votre père alerte l'armée.
Il avait brusquement changé de ton et elle se plia à sa décision même si dans son for intérieur Ivana brûlait de connaître les pensées mystérieuses de cet homme qui à ce seul contact sur sa joue l'avait littéralement électrifiée.
Durant le trajet Sergueï avait volontairement gardé le silence dans l'espoir qu'elle s'endorme et ce fut le cas. Le front contre la vitre, mal installée sur le siège la jeune femme venait de sombrer dans les bras de Morphée ce qui lui avait permis de faire un point global sur la situation. Apeurée certes, la jeune femme n'avait pas pris la fuite bien au contraire. Quelque chose dans ses yeux caramels s'était allumé ce soir...comme une lueur d'espoir. En lui révélant ses tatouage Sergueï était maintenant certain que rien ne pourrait la faire fuir. À ses yeux maintenant il n'était plus son professeur mais un mafieux et secrètement Sergueï se sentait soulagé de l'avoir mise dans la confidence. À présent les choses sérieuses allaient enfin commencer. Il allait pouvoir agir selon sa volonté et il brûlait d'être à demain pour pouvoir débuter. Mais avant cela, il allait devoir régler deux ou trois détails qui n'étaient pas sans le rendre furieux. Bien qu'elle s'était montrée moins craintive qu'il l'aurait pensé et bien qu'il avait noté de l'espoir dans son regard, quelque chose n'allait pas, Sergueï le sentait...
Il la souleva dans ses bras quand ils furent devant chez elle. Bien sûr son père ouvrit la porte comme un chien de garde prêt à mordre seulement il ignorait à qui il s'adressait. Sans autorisation Sergueï força l'entrée en serrant la jeune femme contre lui, imposant ainsi son droit sur elle sans prendre en compte l'état effaré de son père.
Il monta à l'étage et ouvrit une porte au fond du couloir. Il tomba directement sur sa chambre. Celle-ci n'était composée que d'un petit lit et d'une rangée d'étagères remplies de livres. Sergueï résista aux réactions que provoquaient les effluves de son parfum et la déposa sur son lit.
— À demain malen'kaya ptitsa, murmura-t-il avant de refermer la porte.
— Il va falloir que l'on parle vous et moi, annonça-t-il gravement alors qu'il descendait l'escalier sans faire de bruit.
— De quel droit vous...
— Je m'impose les droits que je désire monsieur Koskov, le coupa-t-il en se dressant devant lui l'air menaçant. J'espère que vous avez conscience que votre fille va très mal.
— Bien sûr que oui ! Gronda-t-il offusqué le visage rouge de colère.
— Je peux savoir qui est ce charlatan de psy qui est censé l'aider à guérir ? Je voudrais lui rendre une petite visite très sympathique.
— En quoi tout ceci vous regarde ?
— À partir de maintenant ça me regarde, Ivana n'est qu'une âme morte qui vit parce qu'il faut vivre et plus les jours passent pire c'est ! Grogna Sergueï conscient que sa colère devenait incontrôlable.
Igor perdit ses traits de colère et pâlit comme s'il venait de recevoir un gifle.
— Je l'ai envoyé de le meilleur centre pour qu'il puisse l'aider et je...
— Ah oui lequel ? Parce que je ne sais pas si vous avez bien regarder votre fille mais tout ce que je vois c'est une jeune femme en grande souffrance et qui semble avoir été mise dans un état comateux. Comment s'appelle cet établissement ! Est-ce qu'elle est sous médicaments ?
Igor marmonna le nom de la clinique avant de se laisser tomber sur la chaise visiblement choqué et abasourdi.
— Elle prend dans anxiolytiques chaque matin, la boîte se trouve sur la table là-bas.
Sergueï s'avança d'un pas bourru jusqu'à celle-ci et rafla la boîte avec humeur avant de la fourrer dans sa poche.
— Tout ce que je veux c'est son bonheur vous savez, je veux qu'elle aille mieux.
Sergueï serra les dents, ravalant sa colère tant bien que mal et déclara sans se préoccuper des conséquences qu'il pourrait y avoir dans l'avenir :
— Je compte bien m'y employer monsieur Koskov, mais avant cela, une petite visite dans cette clinique s'impose...
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