Chapitre 11



Ivana crispa ses doigts autour de la fourchette sans quitter des yeux le regard de défi que lui lançait le russe en bout de table. Elle remarqua dans ses yeux une noirceur couvrit le bleu de ses yeux ainsi que ses mâchoires crispées. Le silence installé dans la pièce alors que l'air de musique venait de s'achever rendait le moment aussi glacial que l'était l'homme qui détenait le pouvoir de couvrir ce silence. Il la dévisageait comme s'il essayait de percer ses pensées. Ivana craignait de connaître la véritable identité de cet homme qui jusqu'ici avait encore une part d'inconnu à ses yeux. Et pourtant elle était assise en face de lui, dans son appartement. Elle avait dû faire face à son dégoût affiché pour les " Midinettes " comme il aimait tant les appeler. Mal à l'aise elle avait dû également faire face à ses exigences en matières de femmes plus adultes et sûres d'elles, personnifiées à l'image de femmes d'affaires accomplies qu'il semblait adorer contrôler...

" Contrôler "

Ce terme très mystérieux le rendait encore plus difficile à cerner.

Alors que pouvait-il dire de plus qui puisse la rendre encore plus embarrassée qu'elle l'était déjà ?

Pour quelle raison sa vie devrait changer ? Où voulait-il en venir ?

Ivana sentit son estomac se retourner car il y avait bien plus grave.

Cet impacte colossal qu'il avait sur elle. Elle avait l'impression d'être happée par son charme glacial mais parfois aussi brûlant qu'un volcan en éruption.

— Êtes-vous vraiment certaine de vouloir le découvrir ? Insista-t-il d'une voix grave.

Ivana retint une grimace car elle n'était plus très sûre à présent.

— Qu'est-ce que je risque ? Parvint-elle à dire en haussant des épaules.

— Beaucoup, avoua-t-il en serrant furtivement des mâchoires.

Elle déglutit péniblement en abaissant son regard sur sa grande main posée à plat sur la nappe.

Puis soudain son autre main apparut sur la table dans laquelle une arme reposait dans sa paume.

Ivana se figea, le cœur cognant dans ses tempes. Livide elle crut d'abord que sa dernière heure soit arrivée puis leva ses yeux vers les siens.

Masqué de fer, impénétrable, il se contentait de la regarder sans mot dire. Un frisson glacial courut sur son visage. Ivana sentit ses mains trembler et dut les cacher sous la table pour les contrôler.

— Avez-vous peur ? Demanda-t-il sur le même ton grave.

Ivana acquiesça en silence incapable de prononcer un traître mot.

— C'est inutile de courir jusqu'à la sortie elle est condamnée, je suis le seul à pouvoir déverrouiller les ascenseurs, précisa-t-il en se redressant.

Puis soudain son regard devint quelque peu plus doux.

— Je ne vais pas vous faire du mal, soyez sans crainte. Vous vouliez savoir qui je suis et cette arme fait partie de ma réponse.

Il se leva lentement et elle ne put s'empêcher de faire un léger bond sur sa chaise. Alors qu'elle était pétrifiée lui commença à arpenter le grand salon, silencieux, mains dans les poches.

— Je suis venu ici pour venger la fille d'un ami qui a subi un triste sort comme vous, commença-t-il en tournant autour de la table comme un animal sauvage essayant de piéger sa proie. Au début mon plan était plutôt jouissif jusqu'à ce que je rencontre votre père.

Ivana inspira profondément sans bouger les yeux rivés sur l'arme qui reposait au bout de la table.

— Puis lorsque je vous ai vu, assise seule, perdue, le regard ravagé de douleur j'ai décidé d'accélérer mon plan pour en finir.

Soudain il plaqua ses mains sur la table ce qui la fit sursauter.

— Je voulais que cette vengeance soit lente et savoureuse. J'avais prévu de me servir de vous pour retrouver les personnes impliqués mais lorsque je vous ai vu, je n'ai pas pu.

Ivana déglutit en rejetant la tête en arrière. Les yeux du russe étaient rivés sur elle avec une lueur dangereuse dans le regard.

— Alors vous êtes un flic ?

Il lâcha un rire amer puis grimaça.

— Je déteste les flics, mauvaise réponse jeune et délicate Ivana.

Le cœur battant à la chamade elle baissa la tête dardant sa langue sur ses lèvres sèches.

— Alors qui êtes-vous ? Murmura-t-elle d'un souffle tremblant.

Les yeux fermés elle sentit un doigt se glisser sous son menton l'obligeant à relever la tête. Un frisson la parcourut lorsqu'elle rouvrit les yeux.

Il joignit son pouce à son index pour crocheter son menton fermement.

— Je suis un membre de la mafia russe, lâcha-t-il brutalement sans la quitter les yeux.

La première réaction d'Ivana fut de froncer des sourcils puis elle eut l'impression que son sang quittait lentement son visage. Le sérieux de l'homme rejetait l'hypothèse d'une blague. Il lâcha son menton et se redressa de toute sa hauteur. Ivana crut lire dans ses yeux un éclat de satisfaction. Impossible ! Ivana n'y croyait pas un seul instant pour une bonne raison c'est qu'elle avait lu assez d'articles sur ce monde dangereux pour être sûre qu'il n'avait pas le profil.

— Je peine à vous croire, lui dit-elle avec un élan de courage. Vous n'avez pas le profil.

Un rire de gorge profondément sexy s'ensuivit.

— Ah oui ? S'enquit-il d'une chuchotement délectable. De quel profil parlez-vous ?

Ivana déglutit en repoussant légèrement sa chaise pour gagner de l'espace.

— Eh bien d'après ce que j'ai lu auparavant ce sont des hommes assez vieux avec des chapeaux et généralement accompagnés de cigares.

Sa réponse le fit éclater de rire.

Gênée elle rougit violemment tandis qu'il se glissait vers sa chaise pour reprendre sa place.

— Décidemment vous m'impressionnez Ivana, dit-il sincèrement sans se départir de son sourire. Des personnes plus raisonnables auraient tenté de s'enfuir depuis bien longtemps.

— L'ascenseur est bloqué, où pourrais-je fuir ?

— Bon point, répondit-il en levant son verre dans sa direction. Quant à l'image que vous avez de la mafia elle est erronée jeune fille. Ce que vous avez lu n'est qu'une image tirée de l'imagination des journalistes car en générale la mafia sait se montrer discrète.

Ivana crut tomber de sa chaise alors qu'elle était foudroyée par la réalité. Livide elle dévisagea l'homme qui se disait membre de la mafia et la peur se réveilla brutalement.

— N'ayez pas peur, s'enquit-il rapidement comme s'il avait senti la peur qui progressait en elle rapidement. Je n'ai pas l'intention de vous faire du mal.

— Pourquoi me l'avoir dit ?

— N'est-ce pas ce que vous vouliez Ivana, déclara-t-il en levant un sourcil. N'est-ce pas pour cette raison que vous êtes ici ? Depuis le début votre instinct vous a soufflé que je n'étais pas ce que je prétend être.

Oui certes ! Seulement Ivana était de loin de la vérité ! Et cette vérité faisait froid dans le dos...

— Donc vous n'êtes pas professeur ?

— Ma mère m'a enseigné tout ce que je devais savoir pour avoir envie de continuer d'apprendre encore et encore. Ceci m'a permis d'obtenir toutes les qualités requises pour exercer.

— Et vous avez décidé...

— J'ai décidé de passer par un chemin nettement plus agréable pour me venger plutôt que d'arriver en trombe arme à la main.

Il se pencha, posant ses avant-bras sur la table.

— Dites-moi à quoi vous pensez ? Je brûle de connaître votre...point de vue sur cette révélation.

— Je suis paniquée mais je tente de le dissimuler tant bien que mal.

Il ébaucha un sourire en coin puis hocha doucement de la tête.

— Vous vous en sortez formidablement bien, reconnut le mafieux en la regardant avec douceur.

— Donc votre métier c'est de tuer ?

— Quiconque se dresse sur mon chemin, confirma-t-il sans la quitter des yeux.

Ivana exhala un long soupir tremblant puis se passa les mains dans ses cheveux, se rappelant le cœur battant à la chamade qu'il les avait tressées quelques minutes plus tôt.

— Vous vouliez vous servir de moi si j'ai bien tout suivi ? Demanda-t-elle au bout d'un long silence.

— Et je l'ai regretté, précisa-t-il gravement.

Ivana lut de la sincérité dans son regard qui lui serra le cœur. En fait elle avait énormément de la mal à croire que cet homme impeccablement habillé en homme d'affaires puisse être un mafieux sanguinaire et le pire c'est qu'elle peinait à comprendre pour quelle raison elle était encore assise sur cette chaise à le regarder comme si la situation était totalement normale.

— Vous êtes en train de vous demander pourquoi vous êtes encore là n'est-ce pas ?

Choquée qu'il ait pu lire si facilement en elle, Ivana mit un moment avant de reprendre ses esprits.

— Oui, vous avez raison c'est ce que je suis en train de me demander.

Il enfonça sa paire d'yeux bleue dans la sienne avant la baisser sur sa bouche.

— Vous êtes encore là parce qu'une partie de vous le veut Ivana.

Conscient de son magnétisme naturel, il semblait en faire usage ce soir pour garder l'avantage sur elle et le pire c'est que c'était en train de marcher. Il avait raison. Une partie d'elle voulait être au plus proche de cet homme qu'elle avait deviné dangereux au premier regard et elle ne s'était pas trompée. Seulement un détail continuait de lui échapper.

— Pourquoi moi ? Pourquoi me l'avez-vous dit ?

— Je vous l'ai dit Ivana, quelque chose en vous m'attire dangereusement et bien plus que je le voudrais. Vous êtes morte à l'intérieur et cette détresse que je peux déceler dans votre regard me pousse vers vous.

— Je ne suis pas...

— La dernière chose que je veux entendre ce soir c'est que c'est faux, la coupa-t-il sur un ton plus dur. Mentir ne résoudra rien. Je l'ai vu dès le premier jour et cette détresse demeure toujours intacte.

Ivana sentit ses lèvres trembler alors qu'elle résistait difficilement aux larmes qui lui montaient aux yeux.

— De ma vie entière jamais je n'avais vu une âme brisée telle que la vôtre et qui demande de l'aide silencieusement.

Il se leva lentement, fit le tour de la table pour se glisser derrière elle.

Ivana se leva à son tour pour le défier, la respiration erratique. Elle posa ses mains sur les rebords de la table pour se maintenir debout alors qu'il s'était doucement avancé pour détruire les derniers centimètres qui les séparaient.

— Vous ne pouvez pas m'aider et d'ailleurs personne le peut, je n'arrive plus à retrouver la fille que j'étais avant et je crois qu'elle...n'est plus là.

— Tant mieux parce que ce n'est pas elle que je veux, articula-t-il d'une voix de gorge qui la fit frissonner. Je veux celle qui n'est pas encore née et je compte tout faire pour qu'elle apparaisse derrière ce visage si triste.

Hypnotisée malgré elle, Ivana se mit à respirer de plus en plus fort. Le mafieux sanguinaire avait l'air si déterminé qu'elle se demandait s'il réalisait l'impact qu'avaient ses mots sur elle.

— Ce qu'il se passe en ce moment n'est pas...je veux dire...

Il plaqua sa main sur sa bouche et glissa l'autre à l'arrière de sa tête.

— Ce qu'il se passe en ce moment n'est pas contrôlable et je n'ai pas la moindre intention de l'arrêter, commença-t-il d'une voix rauque et implacable. Comme je vous l'ai dit, votre vie va basculer entre mes mains.

Des frissons électriques parcouraient sa bouche couverte par la main du mafieux. Une sensation galvanisa son bas-ventre alors que le regard du russe devenait féroce.

Lentement il retira sa main de sa bouche alors que l'autre était toujours agrippée dans ses cheveux.

Sergueï faisait de son mieux pour ne pas goûter ses lèvres. Jamais de sa vie il n'avait eu affaire à ce genre de spécimen. La douleur, la peur, le besoin d'être aimée, le dégoût de la vie, la perte de bonheur, voilà tout ce qu'il pouvait voir en elle. Cette jeune femme demandait à être sauvée. Son corps à être libéré. Sergueï savait au tréfonds de lui que c'était mal seulement c'était plus fort que lui. Son sang brûla dans ses veines quand elle lui lança un regard suppliant. Un appel à l'aide. Doucement il relâcha ses cheveux pour glisser deux doigts sur son menton délicat.

Elle ferma les yeux à ce contact, comme si elle l'appréciait plus qu'elle le laissait croire. Sa respiration d'ordinaire délicate se transforma et devint de plus en plus rapide. Sergueï sentit son sexe réagir à son souffle tiède émanant de ses lèvres entrouvertes.

Il se surprit à l'imaginer sourire irradiée d'orgasmes qui pourraient enfin lui faire ressentir des sensations qu'elle semblait ignorer jusqu'ici. Sergueï n'avait pas mis longtemps à le deviner et cela ne faisait que renforcer ce redoutable désir qui pulsait dans ses veines.

— Mon père va vous tuer si jamais il découvre votre identité, murmura-t-elle en battant lentement des cils.

Sergueï ne put s'empêcher d'esquisser un sourire diabolique en relâchant son menton.

— Je prends ce risque, après tout ça fait un moment que je suis à l'épreuve des balles, je ne risque pas grand chose.

Sergueï se recula de deux pas en arrière pour défaire les boutons de sa chemise, savourant les belles rougeurs qui dévoraient le visage de l'étudiante

— Mais...que faites-vous ? Oh mon dieu ! S'écria-t-elle en se cachant les yeux.

— Doucement ma belle, ricana Sergueï un sourire ravageur aux lèvres. Je veux juste vous montrer quelque chose, bien que je l'avoue, je suis tenté à l'idée de faire de vilaines choses pas vous ?

Elle rougit violemment en reculant contre la table faisant vaciller les couverts.

Sergueï réprima les secousses qui irradiaient son sexe et du serrer les mâchoires pour se faire violence.

Il marqua un temps d'arrêt dans lequel il sonda son regard lorsqu'elle fit retomber sa main avec hésitation puis il retira sa chemise pour lui révéler les racines du mal...

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