Chapitre 12


Grace s'était éclipsée pour enfiler un legging à la place de son short, et refaire sa natte. Quand elle revint avec la boule au ventre il quitta des yeux ce qu'il faisait pour détailler et une expression de mécontentement apparut sur son visage.
— Vous voulez de l'aide ? Proposa-t-elle mal à l'aise.
— Non j'ai presque fini, mais vous pouvez mettre la table.
Grace s'exécuta en remettant une mèche inexistante derrière son oreille.
Elle mit la table en jetant des coups d'œil vers lui à la dérobé.
Il se rapprocha de la table avec les fameux Gyros. L'odeur était alléchante, ses papilles gustatives se réveillèrent quand il posa la spécialité grecque dans son assiette puis déboucha une bouteille de vin.
Grace observa tous ses gestes sans piper.
— Goûtez et dites-moi ce que vous en pensez.
Elle ne se fit pas prier.
Sous les yeux impatients de l'homme, Grace prit une bouchée et posa ses doigts contre ses lèvres pour se retenir de gémir tant c'était délicieux.
— Alors mademoiselle Lynnshe votre verdict ?
Il savait parfaitement qu'elle était conquise, il prenait seulement plaisir à savourer sa victoire.
— C'est la meilleure chose que j'aie jamais mangé de toute ma vie. Avoua-t-elle en mastiquant.
Il esquissa un large sourire, un sourire si large qu'elle crut s'étouffer avec la pita.
— Parfait....
Grace se saisit de son verre pour humecter ses lèvres soudainement sèches. Le vin était délicieux, il avait transformé son modeste appartement en un territoire chaleureux, chic par sa seule présence.
Elle tentait de se dire qu'en aucun cas, ce dîner prenait des allures romantiques, même si ça en avait tout l'air.
— J'ai toujours aimé manger des Gyros et ça depuis des années, un jour prochain, je vous ferais une moussaka.
Un jour prochain ?
Grace reposa son verre en masquant son trouble.
Il avait prévu de la revoir sans même savoir si elle était d'accord.
— Grace ? Vous êtes avec moi ?
Elle releva les yeux et récupéra toute sa tête.
— Oui...Pardonnez-moi j'étais ailleurs.
Suspicieux, il plissa des yeux.
— Puis-je savoir où vous étiez ?
— En Grèce...c'est tellement bon.
Voilà le seul et piètre mensonge qu'elle avait trouvé à dire, même si le savoureux Gyros l'avait transporté.
Il n'était pas convaincu de sa réponse, mais s'en contenta.
Du moins pour l'instant.
Elle termina le Gyros en savourant chaque bouchée.
— La Grèce est un pays magnifique vous savez. Lança-t-il en essuyant les contours de sa bouche.
— Alors pourquoi l'avoir quitté ?
— Je ne l'ai pas réellement quitté, j'y retourne très souvent, jamais je ne quitterais mes racines.
Il paraissait ému, l'esprit ailleurs.

— Pardon si je me montre indiscrète.
— Non au contraire n'ayez pas peur c'est agréable.
Grace plissa du front.
— Pourquoi ? D'habitude les femmes ne vous posent pas de questions ?
Il demeura silencieux un court instant.
— Si mais je n'aime pas y répondre. Avoua-t-il d'une voix profonde avec un mouvement de tête en avant.
Cette petite confidence eut l'effet d'une bombe en elle. Était-elle naïve ? De penser qu'il se confiait qu'à elle ?
Grace se racla la gorge et prit les assiettes pour les ramener dans la cuisine qui trônait quasi au milieu de son salon.
Pourtant, aucunes remarques désobligeantes étaient sortit de la bouche de l'homme.
— Laissez-moi vous aider. Dit-il en se levant à la hâte.
— Non je vous en prie, vous avez fait à manger donc je fais la vaisselle
Elle les glissa dans l'évier avant qu'une main se saisisse de son poignet.
Elle vibra et releva les yeux.
Le moment semblait suspendu, plus rien ne semblait exister, seulement la présence de l'homme.
Grace ne cilla pas cette fois-ci, persuadée qu'il allait la relâcher et exclamer son refus de la laisser débarrasser seule.
Mais il se pencha dangereusement en avant, son souffle se déposa sur son visage, il n'était plus qu'à quelques centimètres de ses lèvres. La pression de sa main se crispa contre son poignet.
Elle aperçut sa gorge déglutir.
Grace fixait sa bouche se rapprocher, à son tour elle déglutit lentement.
Leurs bouches à deux doigts de s'effleurer furent coupées par les gloussements aigu de Savana qui entra en trombe dans l'appartement.
Le milliardaire se redressa, Grace fit un pas en arrière et se détourna pour masquer son trouble. Karl le fameux professeur manqua de renverser la table.
Le premier geste de Grace fut de relever le regard vers Roderik Graïyos qui avait les yeux braqués sur eux.
Savana cessa de rire quand elle le vit et poussa Karl d'une main.
Un silence gênant s'installa.
— Oh mon dieu monsieur Graïyos je...vous. Bafouilla Savana en rougissant.
Grace ne savait pas comment réagir, Savana semblait un peu pompette, Karl n'était pas mieux non plus.
— Vous devez être Savana ? Demanda-t-il en reprenant son étourdissant self contrôle.
— Oh oui c'est un honneur de faire votre connaissance !
Elle lui tendit sa main et l'observa une seconde avant de s'en saisir.
Quand il la relâcha, cette dernière se mit à regarder sa main avec un sourire béat aux lèvres.
— Voici Karl mon petit ami.
Le milliardaire se contenta de le saluer d'un mouvement de tête.
Grace décida de reprendre les choses en main.
— Savana ? Je ne pensais pas que tu rentrerais si tôt ?
Elle papillonna des cils en quittant l'homme des yeux.
— Oh mais c'est parce qu'on sortait du bar et Karl a eu l'idée d'aller en boîte, on voulait savoir si tu voulais venir ?
— Non...elle ne veut pas. Lança l'homme à sa place d'un ton ferme et instable.
Puis il se retourna vers elle.
— Mademoiselle Lynnshe je peux vous parler en privé...toute suite ?
— Ou..oui bien sûr.
Il attrapa sa veste noire et la suivit dans sa chambre.
Il referma la porte sans délicatesse et enfila sa veste sans la quitter des yeux.
— Vous n'allez pas y aller ? N'est-ce pas ?
— Où ça ? En boite de nuit ? Non enfin pourquoi ?
Ses deux mains se posèrent sur le mur derrière elle.
— Puis-je avoir votre parole ? Demanda-t-il sérieusement.
Grace le dévisagea un instant incrédule et cessa de respirer.
— Oui monsieur Graïyos. Dit-elle enfin.
Il expira par le nez, songeur.
— Demain, venez à mon bureau avec votre appareil photos, j'ai un travail à vous proposer.
Telle fut la surprise, qu'elle fronça des sourcils.
— Quel genre de travail ? Questionna-t-elle loin d'être insensible devant sa proposition.
Il ne dit rien, ses lèvres austères prirent une ride, Grace préféra garder le silence.
— Helios passera vous chercher vers dix heures.
Elle se contenta de hocher de la tête, la situation était assez tendue comme ça.
Il se redressa, réajusta sa veste et rouvrit la porte.
Grace le précéda en silence.
— Laissez-moi vous accompagner à cette fameuse boite de nuit Mademoiselle James. Déclara-t-il avec courtoisie à l'adresse de Savana.
Grace plissa du front et se glissa vers le couple éméché.
— Oh non je...
— J'y tiens fermement, coupa ce dernier les mains dans les poches en lui glissant l'un de ses regards énigmatiques, puis reprit :
— Je ne tiens pas à apprendre demain qu'ils vous aient arrivé quelque chose, en sachant que j'aurais pu l'éviter.
Savana se retint difficilement de sourire et acquiesça devant la mine désabusée de Karl.
Ils quittèrent les lieux, l'homme au regard presque inquiétant se retourna vers elle.
— Bonne nuit Grace.
— Bonne nuit monsieur Graïyos. Murmura Grace en refermant lentement la porte jusqu'à ce que cette ombre noire disparaisse.


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