fracassante

Edwige maifild

8 heure


Un mal de crâne tambourine dans mon crâne, et étire mes yeux.

__ Bon sang de bois tu bouges oui ? dis-je agacée en secouant rudement l'importun, dans ce lit qui n'ai pas mien. Peu importe.

Mais en retour je n'ai que grognements et flatulences... charmant. Apparemment il s'est transformé pendant la nuit en ours mal léché, c'est pas grave.

Je me suis levé tôt, pris une douche, le petit déjeuner un simple café et une aspirine le tout avec une viennoiserie. Pareil pour lui… Ah ! Et un jus d'orange qu'on nous a apporté bien sûr à ses frais... non mais que j’ai évidement expédié rapidement.

Mais je perds vite patience voyant que l'autre crétin ne se réveille pas, mieux encore il se roule en boule, s’étale comme une étoile et ronfle. Un vrai  rêve, les bras le long du corps. Tant pis je me casse qu'il se démerde avec la facture. Si cette idiot c'était réveillé on aurait pu partager. Sans attendre une minute de plus, j'attrape le reste de mes affaires et quitte la chambre à grands pas, seule vers l'ascenseur. J’appuie sur le bouton d'appel et en attendant l’arrivée de l’ascenseur, j’en profite pour envoyer un message à Clara.

A Clara: Coucou sale nuit je rentre chez moi, prends une douche et j'arrive au bureau.

J'appuie sur le bouton d’envoi du message juste au moment où les portes s'ouvrent devant moi. Un type en sort se fige en me voyant mais se reprend bien vite pour fuir le couloir aux pas de charge. Vu que je ne suis pas du matin, je ne calcule rien enregistrant juste les traits de son visage particulièrement beau, dommage je n’ai pas eu le temps pour le reste vu comment il a détalé. Je hausse les épaules fataliste en me disant que c'est sûrement ma tronche qui a dû lui faire peur, j'ai bien remarqué l'expression de son regard quand il était face à moi.

Pas grave... dans une autre vie peut-être.

Je rentre dans l'ascenseur sans plus de questions, mon esprit chamboulé depuis hier soir en boite, car même torchée j'ai oublié. Mais justement je l'étais je me dit que j'ai du rêver, même si tout mon moi intérieur me hurle le contraire, je me focalise sur Marjorie ma secrétaire me disant que mon rendez-vous de 10h a été quelque peu avancé de 35 minutes, ce qui quelque part franchement m'arrange bien et mets de côté toutes ce qui m'emmerde profondément. Pareil pour celui qui ronfle encore dans la chambre.

Arrivée à l'accueil on me tend ma facture, que je décale en offrande à mon coup pourri d'un soir, mais comme je ne suis pas une garce, je paie le petit déjeuner.

Finalement il aura gagné, pourtant il a été une prestation de merde mais pas des pires heureusement, malgré ça je commence à me demander si je ne les récolte pas à force, bien qu'il y en ait pas eu des masses dans ma vie depuis… lui.

Je secoue ma tête et chasse cette pensée, trop souvent présente à mon goût et sourit à l'hôtesse avant de partir en lui donnant par la même un généreux pourboire pour m’avoir réservé un taxi.

Je quitte enfin les lieux en m'engouffrant à l’arrière du taxi pendant que le chauffeur me tient la porte, puis rejoint sa place. Aussitôt il note l'adresse de mon domicile que je lui fournie sur son GPS et part sans perdre de temps en enclenchant le compteur.

Et c'est parti pour une nouvelle journée.

8h45

Devant chez moi je ne perds pas de temps dès que j’ai payé le chauffeur et lui souhaite une bonne journée. En sors de l'habitacle et cours maladroitement jusqu’à ma porte en farfouillant rapidement dans ma pochette ma clé et rentre comme une bombe. Je me déchausse en balançant mes talons hauts et cours dans ma salle de bain en passant par ma chambre. Face au miroir je grimace quand je vois ma tenue, je me dit «plus jamais de robe aussi courte et voyante de ma vie» je m'en la promesse en la retirant.

Je règle l'eau et me glisse sous l'eau chaude avec délectation en me traitant de gourdasse d'avoir oublié de prendre une tenue de travail propre.  Bon, déjà ma tête va mieux c'est déjà ça.

Après la douche, je me frotte vite fait retourne dans ma chambre direction le dressing et choisi une tenue classe et détendue.Un pantalon à pince taille basse beige, un caraco couleur caramel et talons plats de la même couleur. Un coup de brosse et un chignon bas plus tard, je me maquille pour cacher ma mine pâle et le tour est joué.

Ensuite je file vers la cuisine, mes chaussures à la main pour me préparer un grand café au lait bien sucré avec une touche de noisettes en poudre « Mmm, mon préféré». J’envoie deux messages :

À Clara : J'arrive bientôt

À Marjorie : Mon client est arrivé ?

Le temps que j'avale rapidement ma tasse, je reçois les deux réponses en même temps.

De Marjorie : Pas encore.

Bien

De Clara: Oui pour le moment je t'attends.

Cool

Je mets ma tasse dans le lave vaisselle et m’avance rapidement vers la porte d'entrée avec mon sac. J’enfile mon blouson, mes chaussures et sors en courant vers ma voiture.

Je m'installe rapidement derrière le volant et démarre sans perdre de temps pour rejoindre mon entreprise. Zut ! j’évite de justesse un cycliste qui peine à avancer à la vitesse d'une tortue tout en zigzagant.

Arrivée devant les bureaux en catastrophe, je me gare à l’arrache et sors en me demandant si j'ai bien fermé la porte de chez moi. Bah, c'est pas grave, j'appellerais ma voisine.

À peine arrivée je suis accueillie par Carla et ma secrétaire. Quand l’une ne dit rien m'offrant un sourire timide, l'autre fait le contraire. Pendant qu'elles me suivent jusqu'au bureau au petit trot et ayant du mal à me suivre, je vais vite afin de faire le point de la commande du client dont nos gars s'occupent avant que celui-ci n’arrive.

__ Alors ? Hier c'était comment ? me demande Clara la petite curieuse.

Elle aime bien les potins depuis qu'elle est en couple, surtout les positions jamais tentées qu'elle s’empresse de mettre en pratique le soir venu. Elle et son mec apprécient. C’est un peu gênant pourtant, car je n'ai pas eu beaucoup de prétendant.

__ Bof ! dis-je en allant m'asseoir sur mon fauteuil de bureau

Les mains sur les hanches elle se rapproche en veillant à ce que personne n'écoute en refermant la porte derrière elle

__ Tu es sur Ed, il avait l'air bien pourtant… dit-elle déçue

__ M'ouais si on parle de cachalot et étoiles de mer scintillants sous la lune oui, sinon bof !

__ Mmh je vois un frileux, un fils à sa maman rigole t-elle

Je la regarde en pinçant mes lèvres en me remémorant les scènes.

__ Je dirais un fragile, pas confiant et froussard.

__ Aïe ! Bon au moins t’as pas dormi seule.

__ Ouais bah merci bien ça aurait peut-être été mieux

__ Outch rigole t-elle À ce point ?

__ Oui. Dis-je en me pinçant le nez et me cachant une oreille pour lui faire comprendre.

__ Euhhherk dit-elle écœurée

__ Que veux-tu il faut de tout pour faire un monde.

__ Euh non. dit-elle Il a intérêt à changer s'il veut pas finir tout seul.

__ Ça c'est son problème pas le mien

__ T'as payé quelque chose ? me demande-t-elle

Ah là...

__ Oui le petit déj'.

__ C'est le Minimum rit-elle, Bon je te laisse te préparer pour recevoir ton client

__ Oui merci lui dis-je rassurée que son inspection soit de courte durée, en la voyant retourner à son bureau qui est en face du mien.

Je replonge dans ma paperasse et prépare le dossier en attendant l'arrivée du Monsieur qui ne devrait plus tarder.

Je regarde l'heure sur mon ordinateur qui traîne à gauche .

9h45


Je soupire en voyant que j'ai encore un bon quart d'heure et m'autorise au relâchement de mon corps. Mon esprit part, divaguant en rembobinant toute ma vie en me montrant l'essentiel, le plus important auquel je tiens.

De ma vie avant lui et après lui. Mon coup de cœur évolutif, mon amour, mon désenchantement quand il est parti sans un regard, trop pressé d'évoluer dans sa vie pro. Toutes les fois où il m'a repoussée même si au début il prenait le temps pour moi. Petit à petit ça c'est dégradé. Je connaissais tous ses meilleurs potes, surtout ceux qui ont invariablement gardé contact avec lui une fois les études terminées.

Tout ces souvenirs me broient le cœur autant qu’ils le réchauffent car il y a quand même eu de bons moments entre nous et avec nos amis de cette époque dont je n'ai gardé aucun en contact hors mis Clara.

Clara est la seule à m’avoir suivie malgré la tempête et elle est restée après.

C’est pas que les autres l'aient choisi lui, hein ? Mais les voir me rappelait trop Aaron. Alors j'ai dû couper les ponts pour ne plus souffrir ni rester dans ce passé Je devais avancer droit devant et c'est mieux ainsi.

__ Madame Maifild ?

Je sursaute et reviens à moi.

__ Oui,

__ Votre client, Monsieur Kurtis est là, Madame Maifild.

__ Bien faites entrer Marjorie.

Elle acquiesce et s'incline succinctement puis s'écarte pour laisser passer un homme de bel stature. Ce qui me choque n'est pas son physique irréprochable, non… cet homme je le connais, trop bien même… mon cœur bat fort à en déborder de ma poitrine qui souffre sous les coups répétés.

Mes yeux ne le quittent pas, j’ai la gorge sèche et des larmes s'amoncellent au bord de mes cils qui papillonnent. Les réminiscences du passé viennent par flashs dans ma tête tandis que le soit disant «client» s'avance à pas lents.

Sourire affable aux lèvres, il vient s’asseoir sur le fauteuil face à mon bureau en prenant un air doux et décontracté.

__ Bonjour Edwige, toujours aussi belle, bien plus encore maintenant, en vérité.

__ Mais qu'est-ce que tu fais ici, je grogne désarçonnée.

Oui je sais c'est mon défaut, quand je me sens piéger j'attaque, mais pouvant pas me permettre de crier, sans risquer d’ameuter du monde.

__ Chuuut ! je vais tout t'expliquer alors calme toi, et laisse moi te parler de la raison de ma venue ici et après, si ça te convient pas on en restera là.

Aux bords de la crise de nerfs, je tente de me calmer en me calant au dossier de mon fauteuil, les bras croisés. Je sais, j’ai l'air peu aimable.

__ Je t'écoute vas-y.

__ Bien. Tout d'abord parlons business, car je ne suis pas venu seulement pour discuter de l'avenir.

Je lui fais signe de continuer d'un signe de la main, ce qu'il fait sans attendre ragaillardi par le fait que je ne l'ai pas jeté dehors plus vite qu'il n’est arrivé.

__ J'ai suivis ton parcours professionnel depuis que je suis tombé sur ton site internet et je doit dire que tu es très douée Edwige. Maintenant j'ai besoin de tes services pour fêter l'anniversaire de mon entreprise.

Je lève une main pour lui demander car un truc me chiffonne, non deux en fait pour être exacte, bien que la deuxième question soit difficile à énoncer.

__ Depuis quand tu es patron ? Et… et tu le vois toujours ? Dis-je hésitante.

Je le savais me dis-je en voyant un sourire en coin, mais il répond sur un ton affable

__ Depuis que j'ai quitté les bancs de l'université… et oui. Mais pour ça nous y reviendrons plus tard tu veux bien.

__ OK, je t'écoute concernant ton projet.

Il sourit et commence à m'expliquer son futur projet dont la date butoir est prévue le 15 janvier.

À croire que c'est fait exprès. Je râle tout seule dans ma tête mais ne dis rien ni ne montre rien . Tandis qu'il m'explique ses souhaits pour ce jour particulier pour son entreprise de rénovation pendant 2 heures.

Nous discutons des possibilités, des choix des matériaux et de ce qu'il souhaite véhiculer comme atmosphère pour les gens qui seront présents.

Puis soudain je sursaute regarde l'horloge sur mon téléphone et m'empresse d'appeler ma secrétaire par l'intercom sous les yeux curieux et espiègle de l'homme en face de moi, ce qui me fait tiquer car il est presque 12h et je suis en retard.

__ Excuses moi un instant je viens de me rappeler d'une chose importante.

Il secoue la main d'un air mystérieux

__ Fait donc.

__ Oui Madame. me répond Marjorie

__ Je n'avais pas un entretien dans le restaurant que vous avez réservé pour moi et mon client ?

__ Oui avec celui là même qui est avec vous.

Surprise je le regarde de nouveau et lui qui ne m'a pas quitter des yeux a un air franchement narquois .

Cette fois je ne me cache plus et grogne, mais avant de m'expliquer avec lui :

__ Merci Marjorie, vous pouvez disposer de votre journée.

__ Merci Madame.

Bah après ces deux entretiens, je devais rejoindre mon équipe et Clara pour les aider à finaliser le projet, mais apparemment changement plan.

Clara a dû lire mes pensées à distance car elle m'envoie un message en me rassurant très brièvement en faisant vibré mon portable personnel posé à côté de mon ordinateur sous le regard du casse-pieds en face de moi.

De Clara : Tout va bien, ça avance super vite et bien. Pas besoin de toi maintenant, viens plus tard dès que tu pourras, nous serons là. À toute’ ma biche.

Qu'est ce que vous voulez que je réponde à ça ? Quand tout est contre moi aujourd'hui.

À Clara : OK, à tout à l'heure.

__ Bien, nous mangeons ensemble ? demande t-il alors qu'il connaît déjà la réponse.

__ Faut croire mais t'inquiètes, tu auras un retour haut en couleur si ce que tu as à me dire ne me convient pas dis-je grognon.

J'aime pas être prise pour une conne et il va vite le découvrir.

Il rit doucement face à mine renfrognée et se lève en tendant sa main m'invitant à faire pareil.

Mais je ne suis pas une lâche enfin plus maintenant, alors je m'arrête net. Il me regarde redevenu sérieux et je lui dis, mon corps dégoulinant d'angoisse.

__ Excuse-moi d'avoir interrompu tes explications pour ta commande.

Il affiche une décontraction pour me détendre, me faisant comprendre qu'il ne m'en veut pas.

_T'en fais pas on aura le temps d'en discuter. Allez viens je t'emmène dit-il en sortant de mon bureau.

__ Oui .  Répondis-je alors que je recommence à marcher vers la sortie et le rejoignant vers l'ascenseur.

Plongée dans pensées, je vois à peine mes employées féminines glousser quand elles passent non loin de lui, par contre ce que je remarque clairement, c'est qu'il n'en a rien foutre .

Quand nous rentrons dans l'ascenseur, au moment où les portes se referment sur les regards féminins langoureux, je tique quand je le vois se regarder les pieds.

Mmh Mmh intéressante réaction.

__ Dis-moi où ta secrétaire a réservé ? demande t-il en me regardant cette fois

__ Ah euh... dis-je gênée alors que j'envoie un rapide message à ma secrétaire Attends. 

Il rit tout bas et attend les bras croisés devant lui, dans une attitude de dominant.

À Marjorie : Où avez vous réservé ?

Sa venue m'a perturbé, mais je gère.

À peine 2 secondes et j'ai une réponse, alors que l'ascenseur descend doucement.

Oui il est long, mais de façon cela me laisse le temps d'avoir une réponse.

De Marjorie : J'ai réservé à votre nom au «Lounge» ce qui m’a semblé approprié aux vues de votre rendez-vous. Cela vous convient-il ? me demande t-elle.

Je réfléchis rapidement, lLounge est un endroit sélecte mais discret et cosy.

À Marjorie : Parfait merci. Bonne journée

__ ALounge lui dis-je

__ Mmh répond t-il

Je relève mes yeux de l'écran et le vois concentré l'esprit ailleurs, alors je m'amuse pour voir sa réaction. Je sais c'est gamin, mais c'est plus fort que moi et puis ça a le don de me détendre.

__ Tu verras cet endroit te plaira, il y a plein de canon à moitié nus, dans un aquarium géant et des cracheurs de flammes. Dis-je tout à fait sérieusement.

Sa tête se tourne vers moi ahuri, je me retiens de pouffer de rire

__ Hein tu déconnes ?

__ Non !

__ Si !

__ Tu es sûr ?

__ Oui.

__ Menteuse, je sais ce que tu essaies de faire et je ne t'en veux pas.

__ Merci trop aimable.

Il lève les yeux au ciel et quitte l'ascenseur. Je lui emboîte le pas jusqu'au dehors tout en souhaitant une bonne journée à la nana de l'accueil, qui elle aussi semble sous son charme.

C'est un fait, il a toujours été beau. Déjà à l'époque, il faisait tourner les petites culottes et brisait des cœurs. Mais l'homme qui se tient devant moi en me tenant la porte de la voiture du côté passager est d'un autre univers... d’un autre temps.

Ce n'ai plus le gamin que j'ai côtoyé, celui qui m'a consolée quand Aaron ne me répondait plus. Non… c'est maintenant un homme, un vrai mais bizarrement je ne ressens rien de plus pour lui. Juste un souvenir d'amitié et je sais pas ce qu'il en reste, car lui et moi aussi on s'est perdus.

Une fois dans la magnifique corvette bleue nuit, assise et attachée avec la ceinture de sécurité et le moteur ronronnant de ses 300 chevaux, il se tourne vers moi et comme s’il avait deviné :

__ Malgré tout ces années tu resteras et tu seras toujours mon amie.

Mes poumons libres de fonctionner relâchent tout l'air que j'avais emmagasiné. Quand il le voit, il pose délicatement une main sur la mienne.

__ Une fois là-bas, on aura tout le temps de s'expliquer tu verras.

La gorge nouée, je lui fais signe de la tête que j'ai compris. Il repose sa main sur le volant et nous gardons le silence jusqu'au restaurant.

...🎄...

Eh eh, qui es t-il ?


☆☆☆

Corriger par

Marie-Laure LELONG


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