Prologue

Métro. Boulot. Dodo.

Telle est ma devise.

L'enfer de New-York, même au mois de décembre. Les gens devraient préparer la venue de cette si belle fête. Mais non. Ils sont engouffrés dans ce métro, l'air passible. Ne serait-ce pas la fête qui réchauffe les cœurs sous cette tombée de neige que retrouve la ville de la pomme chaque hiver ? Pourtant, je les remarque tous leurs visages fermés, les yeux rivés sur leurs téléphones tapotant l'écran machinalement.

Je suis dans cette rame de métro, seule avec mon cœur qui s'échauffe au fil des jours qui me sépare du vingt-cinq décembre. Cette fête représente beaucoup pour moi, à la fois une sensation de joie. Je vais revoir mes parents. Habitant de Carleton Palace dans l'Ontario, ce n'est pas souvent que j'ai la chance de les retrouver. Je suis une bourrue du travail, et celui-ci me prend l'intégralité de mon temps. J'ai toujours voulu être journaliste, même si cela impliqué de me retrouver à New-York, à 1 450 km d'eux. J'enchaîne des journées de neuf heures de boulot, mais ce n'est pas pour me déplaire, bien au contraire. J'aime mon travail. Qu'en déplaise à mes collègues de travail qui me traite de « la folle du service », je ne peux partir de mon travail si mes objectifs du jour ne sont pas terminés. Quitte à y rester jusqu'à 21h, voir 22h... dans le pire des situations. Combien de fois, Delphine, la femme de ménage m'a gentiment demandé de déguerpir de mon bureau pour rentrer chez moi. Alors, quand j'arrive dans celui-ci situé dans L'Upper East Side, je ne peux m'empêcher de me positionner derrière mon bureau et continuer mon travail inachevé.

Comment puis-je laisser la place à un homme dans ma vie ? C'est la question de Ludovica, une très bonne collègue de travail qui s'interroge sur cette banalité. À vrai dire, pour moi, ce n'est qu'un plus. Aujourd'hui mon travail passe avant une amourette, mais peut-être pourrais-je changer d'avis sur cela si je trouvais quelqu'un de bien et avec qui construire quelque chose. Malheureusement, je ne suis pas tombé sur le couteau le plus aiguisé du tiroir jusqu'à présent. Il y a eu Jackson, le type qui a joué sur deux tableaux afin d'avoir toujours une option à la fin. Si ça préférer ne lui succombait pas, alors il a choisi, par dépit, moi. La seconde roue du carrosse. Autrement dit, le second choix. Et puis, il y a eu ce fameux Caleb, ah lui... l'homme perdu émotionnellement. Il m'en a fait baver, jusqu'à me demander si le problème venait de moi. Alors qu'il cherchait simplement une amourette d'été. Décidément, je ne sais pas si les astres s'alignent véritablement pour me proposer des relations de ce genre. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui je ne cherche pas le prince charmant. Franchement, je n'y crois vraiment plus. Les romances de Noël, ou Kate et William s'embrassent sous le gui et on cinq merveilleux enfants c'est beau, mais c'est purement fictif.

— Putain ! grogne une voix masculine, faite attention ou vous allez !

Je regarde l'individu surprise. Ses yeux se posent un instant sur la tâche se formant sur mon pull en cachemire blanc. Mon café vient tout juste de se renverser sur celui-ci alors que l'inconnu s'évapore par les portes du métro.

— C'est toi regarde ou tu vas, connard ! m'exclamais-je alors qu'il avait déjà disparu sur le quai. C'est du cachemire !

La rame sembla tout à coup bien trop calme, tous les yeux s'étaient orientés en ma direction appréciant la scène s'y déroulant. Je refermai précipitamment ma veste pour cacher cette horreur avant de m'exclamer :

— Qu'est-ce que vous regardez tous ?

Parfois, je pouvais me montrer impulsive.

Mais je ne vous avais pas menti, le genre masculin ne m'était pas destiné.

—   Bah alors ! s'étonne Ludovica en entrant dans mon bureau. Ton pull à une drôle de tâche. Du café, peut-être ? se moque-t-elle.

Je roule des yeux devant son ton amusé. Ludovica est ma coéquipière dans la rubrique « fait divers et mondial » de nos nombreuses heures de travail. Comment dire ? Nous nous occupons autant bien du pompier qui va sauver un chien coincé dans un arbre que d'une bombe lancée dans un pays en guerre.

—   Début de journée difficile, lâché-je, un con a renversé son café sur moi. Il ne s'est même pas excusé !

—   Quel abrutit, lance-t-elle. D'ailleurs, reprend-t-elle, je suis là pour t'informer que la patronne nous donne rendez-vous dans 20 mn dans la salle de réunion.

Ce n'est jamais bon signe quand une réunion s'organise à la dernière minute par notre chère patronne. La dernière s'est terminée par la démission du rédacteur Guillaume. Pauvre type, il était là depuis quelques semaines seulement.

—   Ok, laisse-moi juste changé de haut et j'arrive.

Ludovica m'accorde un sourire avant de déguerpir de mon bureau, saluant au passage une employé dans le couloir. Je me précipite vers mon placard se situant à droite de mon bureau, espérant y dénicher un haut. J'attrape un tissu noir se trouvant sur l'étagère du haut. Je referme à la hâte le placard et m'approche de ma porte encore ouverte donnant un coup de pied pour la fermer. J'enfile rapidement le haut noir à manche longue, le rentrant dans ma jupe en suédine beige. Parfait ! Je sors aussi rapidement de mon bureau, choppant au passage mon téléphone. L'écran verrouiller m'indiquant de nombreux message de ma mère dont un appel. Je m'en occuperais ce soir, ne pas mélanger travail et vie perso, me rappelé-je.

J'arpente le couloir en moquette grise, de part et d'autre se trouvant des bureaux individuels. Rapidement j'arrive au fond de celui-ci m'offrant la vue sur une grande salle toute vitrée. De nombreuses personnes sont déjà présente. Je remarque au loin Ludovica me faire de grand signe vers la place libre à ses côtés. J'accélère le pas jusqu'à l'atteindre. Je salue en hochant de la tête les autres personnes présente. Mathilde la secrétaire de rédaction m'offre un sourire timide. Il y a également Peter, le chef d'édition. Autrement dit, celui à qui nous rendons nos écrits. Il s'occupe très souvent de reconstituer nos informations pour en faire l'article. Ils sont en duo avec Mathilde. Puis nous avons également de nombreux reporter, que ce soit web, sport, juridique, mode... Chacun à une place importante et évoque des sujets différents.

—   Tiens, un gobelet blanc se glisse devant moi, je t'ai pris un café au passage.

—   Merci, tu es un amour.

Travailler aux côtés de Ludovica est une bénédiction. Nous nous sommes très rapidement entendus. Un réel coup de cœur amical.

Je touille le liquide noir à l'aide du batônnet en bois, essayant de disperser le sucre que je viens de mettre. Au même moment, des bruits de talons s'entendent. Je lève les yeux vers la porte ou notre Cheffe, Rebecca, fait irruption.

—   Bien le bonjour à toutes et tous.

Elle pose délicatement son manteau en cuir sur le grand fauteuil situé à l'extrémité de la table ovale. Puis elle sort son ordinateur de la marque de la pomme et le dépose avant d'y raccorder la prise pour projeter son écran.

—   Ok, s'exprime-t-elle tout à coup. Je vais la faire courte.

Tout à coup un PowerPoint se lance. Nous exposant l'image de soldat armée dans la forêt. Est-ce une blague ? Le titre écrit en noir et en gras indiquant : « La mort mentale de nos soldats ? Découvrons-le ! ». As-t-elle trop bu de pinard durant son week-end ? Je ne vois en aucun cas en quoi ce sujet donnera sens à un article pertinent.

—   J'ai appris, commence-t-elle en nous regardant un par un, que l'armée canadienne est dans le tourmente.

Elle appuie brutalement sur la touche de son ordinateur, nous donnant la perception d'une nouvelle image accompagnée de chiffres.

—   Soixante-sept pourcent, c'est le nombre de soldat qui donne fin à leurs jours.

Je remarque du coin de l'œil, Ludovica sourire en biais, amusé par tout ce charabia.

—   Ludovica, s'exclame tout à coup la voix autoritaire de notre patronne, qui y a-t-il de drôle dans ce que je dis ?

Je ressens aussitôt ma binôme se tendre à mes côtés.

—   Rien madame, je suis désolé pour cette interruption.

—   Très bien, reprend-t-elle aussitôt sèchement.

J'échange un coup d'œil vers Ludovica qui croise ses mains sur la table.

—   Alyssia, m'interpelle tout à coup une voix, c'est vous qui seriez chargé de cette article.

Tous les visages se tournent vers moi. Tandis que je reste l'air béat.

—   Vous allez faire cette mission sous couverture, lâche Rebecca les traits de son visage serrés.

Le calme emplit la pièce, seule sa voix criarde s'entend.

—   J'ai entendu dire que vos parents, à l'entende de ce mot je me paralyse, possède une auberge et ses chalets pour les vacanciers dans la célèbre station de ski à Whistler dans le Canada, pas vrai ?

Je reste pétrifié sur ma chaise, tenant fermement les accoudoirs. Je me permets seulement de hocher de la tête.

—   Cela tombe très bien, se réjouit-elle, j'ai appris que nos chers soldats canadiens vont s'y reposer pendant les fêtes de fin d'année.

Je déglutis péniblement. Cela fait des années que je n'ai pas revu mes parents. Je triture machinalement mes doigts.

—   Ne vous inquiétez pas, s'empresse-t-elle en s'approchant de moi, je ne vous demande pas de vous occuper de tous ses dieux du sexe.

L'ensemble des personnes présente s'esclaffe de rire. Tandis que Rebecca reste de marbre.

—   Seulement Riley Foster m'intéresse. Je veux que vous le traquiez, que vous l'amadouer et s'il faut que vous créiez une complicité avec lui pour lui soutirer toutes les informations possibles. Nous avons besoin de connaître tout de cette armée Canadienne pour le bien de notre contrée Américaine.

Je reste bouche bée face à ses demandes. Jamais on ne m'avait demandé une-t-elle tâche. J'inspire un bon cou alors qu'elle reprend :

—   Vous ne devez pas le lâcher d'une semelle, vous devez donner le meilleur de vous. Prenez ça pour des « vacances sous couverture », il me semble que vous n'êtes pas rentré chez vous depuis un moment ? me questionne-t-elle.

—   Oui madame, lâchée-je instinctivement.

Elle s'éloigne retrouvant son fauteuil pour s'y assoir.

—   Vous êtes du pays, vous aurez des facilités pour vous rapprocher de M. Foster. Pourquoi lui pas vrai ?

Je remarque du coin de l'œil Peter se lever de son siège et prendre la parole :

—   C'est le cheff de cette brigade de terre, complète-t-il, il est le moteur de cette armée. C'est lui la clé du coffre. Il sait tout, nous avons besoin de ses informations.

Je reste de marbre face à ses dires.

—   Je te ferrais passer tous les points d'interrogation que nous aurons besoin. Tu travailleras à présent en collaboration rapproché avec moi.

Mon cœur se serre face à cette information. Je ne serais donc pas en binôme avec Ludovica.

—   Chaque semaines tu me ferra remonté les informations même peu pertinente. Je compte sur toi, tu as un mois.

Ma bouche est totalement pâteuse alors je m'empresse je boire une gorgée de mon café la main tremblante.

—   Bien sûr, le salaire suivra et tu seras rémunérée deux fois plus qu'actuellement.

Je repose le gobelet vide, l'ayant bu d'une traite. Pour la première fois depuis les quinze dernières minutes j'ose confronter le regarde ma patronne.

—   Tu es mon seul atout Alyssia, complète-t-elle.

Elle se lève à nouveau de son fauteuil et s'approche de moi un papier blanc en main. Je sens rapidement son parfum boisé me chatouiller les narines alors qu'elle s'abaisse à ma hauteur. Je remarque le doux sourire de ma coéquipière, essayant de me rassurer sur la situation.

—   Je ne pense pas avoir les épaules pour ce genre de mision, déclaré-je, je ne fais que de petite intervention sur des faits divers.

Aussitôt la feuille se pose devant mes yeux accompagnés d'un stylo. Le titre contenant « Contrat mission » me donne des frissons.

—   Tu en es capable.

Moi ? Réellement ? Devoir côtoyer un soldat et le pousser à me relever des secrets quitte à employer la manière forte et mentir.

—   Tu souhaites continuer à bosser sur des faits minables dont tout le monde s'en fout ? argument-elle, ou tu veux vraiment servir à la patrie ?

Je déglutis à nouveau, le stress s'emparant de moi. Je gratte aussitôt nerveusement la peau contournant mes ongles.

—   Notre armée a besoin de toi, Alyssia. Ton pays à besoin de toi.

Mon pays c'est l'Amérique mais également le Canada...

Elle attrape le stylo et me le présente sous les yeux. Je m'en appart la main tremblante.

—   Fait ton choix.

Je déplace maladroitement ma main vers le papier. Lissant rapidement la page de bas en haut. Les termes du contrat sont à peine illisibles. Mais je visualise quelques mots comme : « honneur ». Au pire des cas, qu'est-ce que j'y perd ? Cela serait plutôt une bonne chose. Je vais rentrer chez moi, voir mes parents et me reposser plus ou moins pendant un mois. Je dépose la mine du stylo sur la case en bas à droite. Et signe machinalement dans celle-ci.

Aussitôt j'entends de nombreux applaudissements alors que mes yeux restent verrouiller sur l'encre noir.

—   C'est une bonne décision, éclate la voix de la cheffe, tu commences dans une semaine.

Instinctivement mes yeux se posent sur Ludovica, un léger sourire orne son visage alors que sa main se pose sur mon épaule, la massant légèrement.

Comment vais-je faire sans elle ? Je ne serais jamais à la hauteur dans la mission qui m'est attribué.

Dans quel merdier je me suis foutu.

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