Chapitre 1
Riley
Hay River, Canada.
Un fois de plus, nous portons nos sacs pesants près de vingt kilos à travers ce désert. La charge est lourde mais pas autant que nos conditions physiques qui s'affaiblisse de jours en jours. Nous sommes ici depuis près de cent-soixante jours. Le soir en rentrant au camp, je creuse une barre de plus dans le bois de ma piaule. Je jette un coup d'œil à Aleck qui tiens fermement sont HK 416 F (1) . Il est concentré, délimitant minutieusement le périmètre à l'aide de la loupe de visé. Je regarde attentivement son corps, il s'est drôlement amaigri. Nous ne mangeons plus à notre faim. Les conserves à l'odeur nauséeuse et ses flageolets infecte n'aide pas mais nous tenons le cap. Il le faut. Rendre fier le pays est l'objectif premier. Mon frère d'arme, lui, tiens grâce à sa famille. Tous les soirs il regarde sa Dot Tag (2), passant ses doigts sur les initiales gravés. Nous sommes ensemble sur chaque combat depuis trois années maintenant et jamais je n'ai vu cet homme pleurer. Nous devons rester fort, c'est comme ça. C'est ainsi qu'on nous voit. Des hommes qui abatte de sang-froid des ennemis.
— Riley le champ est libre à cinquante mètres au nord.
Je me tourne vers Henry, son arme encore en joue vers le lieu indiqué.
— On attend tes ordres patron, continue Aleck.
J'attrape mes jumelles et scrute stipuleuse l'endroit indiqué par les deux soldats. Rien à signaler, la voie est libre.
— Ok, très bien. Bon boulot, déclaré-je, il se fait tard, on va rejoindre la base.
Le soleil commence à se coucher à l'horizon nous indiquant qu'il ne doit pas être loin de dix-huit heures. Nous avons la chance de pouvoir aujourd'hui n'être que de journée dans notre régiment. Les nuits se font de plus en plus fraîches avoisinant facilement le zéro degré et les multitudes de couches d'habit ne peine pas à réchauffer nos corps.
— Repli, annoncé-je d'une voix grave, en marche.
Chacun d'entre nous rabat nos armes près de nos torses. Très rapidement nous nous mettons en chemin face au nord, nos gaudasses s'enfonçant dans le sable. J'ai servi un peu dans toutes circonstances et le désert de cet endroit est de loin celui que je préfère. J'ai très rapidement rejoint les rangs de l'armée de terre, dès l'âge de dix-huit ans. J'étais intenable à l'école. Mes parents ne savaient plus quoi faire de mon cas. Je me battais très souvent avec mes camarades dès qu'une injustice m'étais faite. Alors, lors de ma majorité, pour calmer mes nerfs d'après mon père, celui-ci m'a envoyé à l'armée. D'après lui « cela me donnerai une bonne leçon de comportement. ». Or, depuis, je ne me suis jamais senti autant vivant. Je suis devenu une vraie machine de guerre. Aucunes émotions, aucuns sentiments, juste la rage de vaincre. Parfois Henry me questionne sur cet état d'esprit, qu'il serait peut-être bon de me laisser éprendre par des sentiments amoureux. Mais je n'en possède aucun depuis ce changement de vie si radicale.
Souvent le soir, je m'observe dans la minable glace qui tient sur un clou au niveau de notre espace de toilette. Je vois ce jeune homme, le visage tumultué par des coups lors de ses nombreux combats à mains nus. Mais également, la rage qui s'immisce dans mes yeux. Je voulais qu'ils soient fiers de moi, finalement il sont partis loin. Ne jugeant pas que j'allais redevenir l'enfant de leurs rêves.
— À couvert ! hurle la voix de mon frère d'arme, embuscade ! Je répète : embuscade.
Merde !
Immédiatement je cours avec difficulté vers un amas de sable et me couche derrière celui-ci tandis que je remarque Henry et Aleck prendre position sur l'autre bosquet se trouvant à ma gauche.
— On va les abattre, lance henry son fusil déjà en joue.
J'analyse la situation aves la jumelle de mon fusil. Au loin, environ trois cents mètre côté nord-ouest, deux US Military tire en notre direction. Les cons, ils ne savent pas de quel bois je me chauffe. Déjà six mois que cette guerre de territoire fait rage. D'autant plus que cela provient d'un conflit politique à la base. Mais il faut bien sûr que les soldats s'engagent sur le terrain. Celui qui aura fait le plus de victimes deviendra le king (3). Que des conneries ! Je rêve d'un monde où l'on vivrait tous en paix. Mais à cet instant présent me défouler sur mon arme ne me ferait pas de mal.
— Un de choppé ! S'exclame Aleck.
Je me concentre sur mon viseur repérant le deuxième homme près d'une cabane en bois. Ces cons construisent des abris de fortune alors que ce sont des proies faciles à cette endroit. L'homme reste de marbre derrière les palettes en bois. Je remarque aussitôt des séparations entre deux planches, laissant passer l'air. Si je vise à soixante-dix degrés je devrais pouvoir chopper ce connard. Mon index s'immisce dans la gâchette. Un léger vent frais me fait légèrement frissonner mais au même moment je presse la détente. La balle s'échappe du canon de l'arme à une vitesse fulgurante avant de se loger dans la tête de l'ennemi. Mission réussi.
— Waouh ! Beau travail colonel ! s'enquiert Henry tout pimpant.
— Repos, déclaré-je encore dans l'euphorie du moment.
Mes coéquipiers se relève similairement à moi de leurs emplacements avant d'à nouveau reprendre le chemin initial.
— Quel tir M. Riley, me lance Aleck.
Je me tourne en sa direction, ses lèves sont pincées en un sourire que je lui rends.
— Un jour tu dépasseras peut-être ton maître, dis-je avec amusement.
— C'est dans tes rêves cette théorie, non ?
— Beau travail, lance Henry qui nous rejoins.
Je le remarque donner un petit coup de coude à son camarade tandis que je rabats mon arme vers mon uniforme.
— Allons-y, déclaré-je, rentrons.
Le feu de joie s'organise tous les soirs avec les différentes équipes présente sur le camp. Nous sommes six équipes de trois au total, avec le même objectif : abattre l'ennemi et sortir le plus rapidement de ce trou à rat. Et dieu sait que j'ai hâte de foutre le camp de trou paumé. Nous sommes assis sur des chaises en plastiques près du grand feu. Certains jouent aux cartes comme d'habitude tandis que d'autres papote sur divers sujets que je n'arrive pas à bien distinguer. Le chef des groupes lui, entouré des deux sous-sergent, mangeant sa boîte de sardines sans grand engouement.
— Riley, m'appelle Aleck au loin avec de grand signes de mains.
Je le rejoins près de la porte de notre logement, il semble heureux. Faisant des allers-retours. Je m'arrête face à lui alors qu'un sourire prend place sur ses lèvres.
— J'ai eu une information, déclare-t-il, reste à prouver si elle s'avère vraie.
Je me contente de plisser de l'œil, ne semblant pas comprendre ce qu'il raconte.
— On va nous accorder un mois de repos pendant les fêtes de fin d'années.
Du repos ? maintenant ?
— Apriori, les ennemis sont de moins en moins nombreux dans ce périmètre et ils vont offrir la chance à certaines équipes de se reposer dans une station de ski.
Je ne peux de m'empêcher de rire devant cette information si incrédule.
— Une station de ski, prononcé-je cyniquement, sérieusement ?
Le sourire d'Aleck semble instinctivement s'effacer face à mon ton alors qu'il se gratte la tête.
— Tu n'es pas heureux de pouvoir prendre quelques semaines de repos ?
Il semble mal à l'aise tout à coup.
— Dans une station de ski, sérieusement ? On va faire quoi ? Donner des cours de ski ?
Mon humour ne semble pas donner l'avantage à l'état de mon camarade.
— On pourrait simplement prendre du repos, déclare-t-il l'air sérieux, on est exténué, tu le vois bien.
Il est vrai que nos muscles commencent à n'être plus que poussière. Le manque de sommeil n'aide effectivement pas également sur notre état psychologique. Mais nous pouvons tenir les uns sur les autres.
— Ne t'attend à rien, annoncé-je, nous n'aurons pas cette opportunité. Alors reste focus sur tes ambitions, le pourquoi tu es ici.
— Oui colonel, déclare-t-il la main en évidence au-dessus de son oreille, effectuant le salut militaire.
Son sourire à complètement disparut laissant place au désarroi. Je me contente seulement de hocher de la tête et franchir la porte de notre piaule, trop épuisé pour rester dans cette convivialité.
Je me passe un dernier coup d'eau sur la figure, la nuit a été difficile. Plus les jours passent et plus, les nuits son compliqué. Le sommeil ne vient pas, ou alors, les cauchemars sont la seule échappatoire. Des images plus atroces les unes des autres. Et ce putain de matelas, dur comme du fer. Je rêve d'un lit enveloppant, chaud et ressourçant. J'entends quelques râles dans la partie des couchages. Je m'y rends et remarque Henry essayant de lever Aleck encore dans la partie supérieure du lit en hauteur.
— Allez mec, l'encourage-t-il, le petit déj nous attend et on commence dans trente minutes.
— Ton petit déj a base graines, marmonne-t-il, non merci.
Henry souffle de lassitude. Je vois bien que la troupe semble de plus en plus épuisé et à court mentalement. Il faut que je fasse quelque chose pour mes hommes mais avant tout : mes amis.
— Aleck debout, dis-je simplement en passant devant les deux soldats. On a du pain sur la planche, on se rejoins à la salle de conférence dans vingt minutes.
Tous les soldats sont présents ainsi que chaque équipe bien repartie par groupe. Le sergent en chef nous a tous réunis ce matin, très tôt. Alors avant que celui-ci ne pointe le bout de son nez, c'est l'incompréhension total et le bruit qui se diffuse entre ses quatre murs le fait bien comprendre.
— Il va encore nous annoncer qu'on doit changer d'endroit et aller plus au front vers l'ennemi, déclare Henry penaud dans sa chaise à ma droite.
— J'ai entendu dire qu'une nouvelle armée de soldat américain s'est créer à cinq-cents kilomètre de notre base, intervient un mec derrière nous.
Je remarque du coin de l'œil, Aleck complètement renfloué sur lui-même. Il faudra que je lui touche deux mots. Combien de soldat demeure rapidement dans la dépression. Et le chiffre de suicide devient chaotique à la suite de cela. Je dois veiller à cet état psychologique de chacun de mes deux hommes et prendre les décisions nécessaires si mon bilan s'avère critique.
— Chers Soldats, s'élève une voix dans pièce, merci de votre présence. Cela ne durera pas longtemps.
Le calme demeure immédiatement à présent. Tous les yeux sont rivés vers l'homme d'une quarantaine d'année. Quelques cheveux grisonnants se mêle à sa chevelure brune tandis qu'une barbe vieillissante et abrute s'empare de son visage.
— J'ai une très bonne nouvelle à vous annoncer, déclare-t-il tandis que ses deux sous-sergent se décale légèrement du pupitre ou il se tient.
L'homme se décroche ses mains posées sur son écritoire, attrapant son micro pour finalement faire quelques pas vers le devant de la scène créer provisoirement.
— Nous avons appris que notre périmètre ne demandait plus autant d'hommes sur le terrain. Alors, commence-t-il d'une voix grave, j'ai décidé de laisser des hommes prendre congé pour leur réussite et leur boulot exceptionnel qu'ils ont fournis durant ses derniers mois.
Je remarque les chuchotements de mes deux hommes.
— Nous avons la chance de pouvoir donner du repos à une équipe parmi vous toutes, intervient un des sous-colonel.
— Oui en effet, reprend le colonel, une auberge dans une station de ski dans le Whistler, complète-t-il, et ça pour un mois.
La salle s'emplit de bruit, chacun de ses hommes en uniforme se questionne. Qui seront les heureux élus ? Qui auront ce droit de repos ? Je remarque l'œillade que me lance Aleck. Il avait raison. Je soutiens son regard accompagné d'un sourire timide. Il nous faut cette permission. Nous sommes exténuées. Bien sûr autant que les autres, mais je pense en priorité à moi et mes hommes. C'est ainsi : chacun pour soi.
— J'ai donc décidé messieurs de congédier l'équipe de M. Riley pour ce travail de qualité qu'il a exercé avec ses hommes depuis. Félicitations, déclare-t-il en me fixant.
La pièce s'emplit d'applaudissements. Mon regard se détourne instinctivement vers mes camarades d'armes, leurs sourires illumine leurs visages à présent rayonnants. Allons-nous réellement nous reposer ? Manger à notre faim ? Dormir dans des lits moelleux ? Des milliers de questions emplissent mon cerveau tandis que Aleck me lance :
— J'espère que vous savez skier colonel.
(1)Type de fusil utilisé dans l'armée.
(2)Collier militaire d'identification.
(3)Roi en anglais.
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