Concours d'écriture de @PetaleduSoir

(Image demandée en média)

Si vous aimez avoir une chanson en tête lorsque vous lisez un texte, je vous recommande «Breathin'» d'Ariana Grande pour celui-ci.

(Vous pourrez y retrouver certaines références.)

Enjoy~

Museau Cendré

  Une légère brise passait dans la forêt endormie, caressant les feuilles aux couleurs orangées qui menaçaient de tomber à chaque instant. Les fougères tremblaient. Quelques baies s'écrasaient mollement sur le sol couvert d'herbe, et les feuilles au sol dansaient une valse dont elles avaient le secret.
  La voute céleste — parfois cachée par des nuages nocturnes — brillait de milles feux dans le ciel indigo. Chacun des astres était différents; leurs formes et tailles changeaient, mais ils avaient la même lumière, la même intensité, cette même impression de bienveillance.
  La forêt protégeait ses habitants et les regardait dans un silence inquiétant. Un silence pesant, un silence étouffant. Seuls les ronflements et grognements donnait un peu de vie à l'endroit qui semblait inhabité aux premiers abords. Les prédateurs, comme les proies, étaient endormis dans leurs nids, blottis les uns contre les autres.

  Le camp, composé de plusieurs tanières aux différentes fonctions et de leurs habitants, était calme. Une seule féline se trouvait là, dehors, sa silhouette se perdant dans la noirceur de la nuit. Seule la Lune lui tenait compagnie éclairant sa fourrure de couleur ardoise. Son pelage — bien qu'il soit épais — laissait passer le vent frais, la faisant tressaillir de temps à autre. Ses yeux bleus céruléen trouvaient difficilement leurs chemins dans les nuages nocturnes. Ils reflétaient les discrètes étoiles, les faisant briller et lui donnant un air irréel. Oui, irréel. Mais elle était bien là, réelle jusqu'au bout des pattes — même blessées. Sa patte-arrière gauche était tordue, déchiquetée de toutes parts, couverte d'anciennes plaies devenues des cicatrices impressionnantes.
  Dire que la faute — de ses blessures et de leurs conséquences — revenait à la petite chatte ambitieuse et têtue qu'elle était. Se dire qu'il ne faut qu'une seconde d'inattention pour qu'une vie change du tout au tout, parait impossible et inimaginable mais pourtant...
  Elle voulait devenir une guerrière, chasser, trouver l'amour, peut-être même avoir des chatons. Elle voulait servir son clan. Elle n'en a pas eu le temps. Le destin lui a choisi une autre vie, une vie pleine de contraintes, détruisant ses rêves. Une partie de sa vie, de ses espoirs, s'était envolée en un battement de cils. Elle aurait pu enfreindre ce règlement, mais elle était fidèle et si elle ne pouvait pas réaliser ses rêves, alors soit. Ainsi, elle servait son clan, différemment certes, mais c'était déjà ça.
  Malheureusement, elle était déjà tombée amoureuse. De son ancien mentor, Cœur de Feu — un ancien chat domestique, désormais guerrier. La belle chatte avait déjà prévu de faire sa vie avec lui, il éloignait tout ses soucis, elle l'aimait. Mais elle était devenue guérisseuse et lui avait trouvé l'amour — avec son aide. Quant elle le voyait, elle se rappelait du temps où les choses n'étaient pas si compliquées. Tout ce dont elle avait besoin à cette époque, c'était de voir son visage.

  «Aujourd'hui a été une dure journée.» murmura-t-elle de sa douce voix, comme pour elle-même, sans quitter le dôme bleu nuit de ses yeux azurs «Je me sens exténuée. Parfois, j'ai l'impression que tout ça prend beaucoup trop de mon énergie. Le temps passe et je n'arrive plus à contrôler mon esprit.»

  Le matin même, beaucoup de chats sont venus lui demander son aide. Bien sûr, elle ne pouvait refuser, c'était sa fonction.
  En soignant tout ces félins, elle se souvint de ce qu'elle avait appris. De ce que Croc Jaune — son mentor — lui avait appris. Elle eut un pincement au cœur en y pensant, son mentor avait été comme une seconde mère. La féline ardoise se souvenait de tout ce qui la caractérisait, son odeur, sa langue bien pendue, sa compassion légendaire — sûrement due au fait qu'elle avait eu un enfant et qu'il était devenu quelqu'un de dangereux et cruel. La chatte aux orbes ambrées était devenue une seconde mère, sa seconde mère.
  Et elle avait été sa seconde fille. En y réfléchissant, elle ne serait pas contre le fait d'avoir une apprentie qu'elle pourrait considérer comme sa fille et qui pourrait l'aider lorsque les choses lui semblent impossibles, comme cette après-midi.
  En effet, alors que celle-ci s'occupait d'un blessé, un violent mal de crâne l'avait prise par surprise. La jeune chatte ne sentait plus son sang couler dans ses veines, et n'entendait qu'un bourdonnement très bruyant dans ses oreilles. Elle avait alors levé les yeux de la coupure du patient et avait lâché un hoquet de surprise en voyant toute sa tanière tourner autour d'elle. Elle avait du mal à respirer, elle avait besoin d'air. Elle s'était précipitée dehors — non sans tituber — et quand elle avait tenté de regarder le ciel, elle avait eu l'impression qu'il allait s'écrouler. Elle se souvint des paroles de la chatte au poil gris et ébouriffé qui lui disait de continuer de respirer, et elle continuait de respirer, elle devait le faire.

  «Allez Museau Cendré, tu peux le faire !» avait-elle répété inlassablement pour retrouver le contrôle de ses esprits «On inspire, et on expire... Encore une fois... On inspire, et on... Je n'y arrive pas !»

  Son corps était secoué de spasmes, et au coin de ses yeux perlaient des larmes argentées. Les bourdonnements s'intensifiaient, la lumière devenait aveuglante. Le mal de crâne ne cessait de croitre lui demandant un effort titanesque pour tenir sur ses pattes tremblantes. La guérisseuse avait du mal à respirer profondément, une force inconnue comprimait sa cage thoracique. Sa respiration était tremblante, irrégulière, et sifflante. Sa vision devint floue, ses muscles se raidirent, et sa tête s'alourdit. Les yeux fermés, elle attendit que sa tête heurte le sol avec violence, mais il ne vint jamais.

  Elle chassa les larmes qui obstruaient sa vue d'un clignement des yeux. Ses orbes mouillés n'avait pas quitté la voute étoilée. On pouvait y lire toute la peine, le désespoir et la peur qui rythmait chaque seconde de sa vie. Elle enfermait tous ces sentiments au plus profond de son âme et paraissait plus forte. Elle ne pouvait pas se montrer faible. Elle ne pouvait pas laisser toutes ces émotions prendre le contrôle de sa vie. Elle ne pouvait pas vivre comme ça.

  «Quand les souvenirs s'en mêlent, les larmes me viennent. Je ne sais pas quoi essayer d'autre, mais je continue de respirer

  Elle se releva lentement en poussant un soupir inaudible, et avança clopin-clopant en direction de sa tanière. Elle lança un dernier regard en direction du dôme parsemé de constellation, avant de s'engouffrer dans son gîte aux milles-et-unes senteurs.


~~~~~

 Et voilà ! J'espère que ça vous a plu. Laissez une étoile et un petit commentaire, afin que j'améliore mes écrits. Bon et bien, à la prochaine ! ^^

~Lynx ♥~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top