34 | Pomme
---あなたの不幸が見えます---
---あなたの不幸が見えます---
Shoto broya le minuscule papier indiquant la chambre d'hôpital de son amie avant d'enfin oser affronter le regard carmin d'Ophélia. Il ne lui fallut que quelques secondes pour qu'il détourne ses yeux. Ceux de la rousse qui était pourtant habituellement habitée d'une lueur de détermination ne reflétaient à présent qu'un vide infini.
Il se souvenait parfaitement des explications qui avaient été fourni par les médecins pour justifier son état. Le stress qu'elle avait accumulé au fils des mois ainsi que le traumatisme de la mort de Raion et celle d'Hine avait plongé sa conscience dans une sorte de transe. Tout était allé très vite, si bien que lorsqu'elle n'avait plus réagit quelques minutes après la disparition de Grief il n'avait tout simplement pas comprit.
Aujourd'hui, il était toujours plongé dans l'incompréhension. Cela lui paraissait irréel. Comment la situation avait-elle pu dégénérer au point qu'elle se retrouve internée dans un hôpital ? Il n'en savait rien, tout comme la date de la fin de sa convalescence n'était pas déterminé. Elle pouvait se réveiller dans quelques jours, semaines, mois voir même année. Tout était trop incertain pour le moment.
Alors, il fit la seule chose qu'il pouvait faire selon lui, parler, de tout et de rien, comme lui avait conseillé sa mère. Finalement, lorsqu'une infirmière vint lui demander de partir, il se résigna à sortir de ce lieu perturbant. Mais cela lui faisait mal de la voir ainsi.
---簡単な鉛筆のストローク---
---簡単な鉛筆のストローク---
Elle les voyait, tous sans exception. Que ce soient les nombreux soignants qui l'aidaient admirablement ou les médecins. Seulement, cela ne se produisait que pendant de brefs moments durant lesquels son corps refusait de bien analyser la situation. Parfois, quelques mots franchissaient son esprit tel que "manger" ou "dormir" et alors elle s'exécutait sans même se poser de question.
Lorsque son esprit était "éveillé" elle ne pouvait que se contenter d'observer le paysage qui s'offrait à elle, des murs blancs. Pourtant, elle n'avait jamais essayé de voir le reste, que ce soient les fleurs près de son lit qui étaient régulièrement changées ou bien les quelques dessins qui avaient été apportés par ses camarades de classe sans qu'elle ne le sache. Elle ne voulait pas tenter de bouger simplement parce que rien de nouveau ne se produisait.
Puis, tout revenait noir pendant un long moment, si bien qu'elle avait depuis longtemps perdu la notion du temps. Parfois, avant qu'elle ne perde le contrôle sur ses sens, elle discernait des présences. Elle avait compris au fur et à mesure qu'il ne s'agissait pas de soignant, tout simplement parce que contrairement à la couleur des murs elles ne semblaient pas vêtu de blanc.
Un jour, lors d'un de ses fameux réveils, elle avait eu la chance d'entendre une conversation, la première depuis longtemps. Alors, mentalement, elle avait fêté cela. C'était comme sa petite victoire, la seule différence, c'était qu'il n'y avait personne pour la féliciter ou l'encourager. Elle lutta seule pour ça "survit".
Pomme, c'était le mot qu'elle avait le mieux compris dans cette discussion. Elle s'était alors interrogée sur le sens de ce mot qui lui paraissait familier. Pourtant, elle n'était toujours pas parvenue à en trouver sa signification bien qu'elle passait tous ses moments où elle parvenait à réfléchir à étudier ce problème.
Son esprit s'était rapidement lassé de ce problème. Elle ne comptait pas abandonner l'idée de trouver cette signification, la rousse c'était juste dite que le mieux serait de demander à la soignante qui venait habituellement s'occuper d'elle.
Elle s'était donc fixée pour objectif de trouver la signification de ce petit mot qui lui torturait l'esprit. Curieusement, lorsqu'elle avait tenté de parler à la jeune femme aucun mot n'étaient sorti de sa bouche. Rien, pas même un minuscule son. Cela lui paraissait étonnant pour une raison qu'elle ne comprenait pas. Elle avait donc passé le reste de ce moment à vouloir produire un son, peu importe s'il était aigu, grave ou normal.
Lorsque sa vision s'était brouillée, elle avait étrangement constaté que le temps dans sa chambre avait semblé durer plus longtemps. Alors, elle avait recommencé encore et encore, juste pour qu'elle puisse enfin comprendre ce mot. Ophélia ne savait honnêtement pas pourquoi elle avait cette obsession, c'était presque comme si son esprit tentait de la pousser à faire quelque chose mais elle ne parvenait pas à comprendre quoi. Elle s'était donc docilement pliée à ses exigences. Après tout, elle ne pouvait faire que cela :
- Pomme.
Ce simple mot qui la préoccupait tant venait enfin de franchir les barrières de sa voix. Elle allait enfin avoir une réponse. Elle dirigea son regard, qui pour une fois n'était pas entièrement vide, en direction de la fameuse soignante. Celle-ci ne lui adressa même pas un regard. Alors, elle redit ce fameux mot aussi fort que sa voix lui permettait, soit presque rien.
La jeune femme trop concentrée n'avait pu entendre sa patiente parler. Pourtant, elle en aurait été fière puisqu'il s'agissait de la première fois qu'elle communiquait depuis son hospitalisation, qui remontait à un trois semaines.
Tout redevint noir et elle eut mal. Elle redécouvrit à nouveau cette étrange sensation qui lui serrait le cœur appelé douleur. Oui, elle avait eu mal lorsque cette soignante avait ruiné tous ses efforts sans le savoir. Ophélia elle-même ne savait pas pourquoi. Elle avait seulement mal. Alors, pour se protéger, elle arrêta d'essayer. Une partie de son esprit ne voulait plus souffrir d'une quelconque manière et il la fit replonger.
Elle ne su dire combien de temps c'était déroulé entre le précédent et son nouveau réveil. Sans doute le temps que la douleur s'estompe. Mais cela l'importait peu, quelque chose d'autre accaparait toute son attention. Une personne se tenait assise face à elle, il ne s'agissait pas d'un membre de l'hôpital. Elle en était certaine. Elle se surprit à envier les beaux cheveux ébène de cette personne qui lui était familière.
Alors, elle les fixa sans aucune discrétion et sans porter attention à son environnement. Ses cheveux étaient-ils aussi beaux que ceux de la jeune fille qui se tenait devant elle ? Elle tenta de s'en souvenir, mais elle ne trouva rien, pas même sa couleur naturelle. Comment se faisait-il qu'elle ne se rappelle plus de la couleur de ses cheveux ? Ce n'était pas normal. Le doute habita pendant un bref instant son esprit avant qu'il ne soit rapidement balayé. Tout va bien, c'est normal pensa-t-elle.
Elle sentit une main se poser sur le sommet de son crâne et Ophélia constata avec étonnement que la jeune fille avait disparu. Brusquement son angle de vue changea et elle rencontra son reflet. Ils étaient roux. Elle esquissa un faible sourire à son reflet, la rousse ne savait pas réellement pourquoi mais l'idée que ses cheveux porte une telle couleur l'enchantait :
- Si tu le veux bien, je vais te brosser les cheveux déclara d'une voix douce la jeune fille.
Plongée dans l'incompréhension, la rousse mit un certain temps avant d'agrandir faiblement son sourire pour signifier son accord. Elle ne savait pas réellement qui était la jeune fille qui s'occupait à présent de sa chevelure mais elle avait le sentiment qu'elles étaient très proches. Alors, bercée par les douces paroles de l'inconnue elle savoura ce moment.
Elle aurait voulu être capable d'exprimer sa gratitude d'une manière plus prononcée. Tout comme elle aurait voulu rester plus longtemps. Seulement, tout disparu très vite et une petite frustration prit place. Pourquoi l'arrachait-on à cet instant qui avait été agréable ? Elle ne comprenait plus rien. Mais elle abandonna vite, incapable de lutter contre son propre esprit.
Durant ses prochains réveils elle ne cessa d'espérer la venue de la jeune fille aux cheveux ébène. Pourtant, plus les jours avançaient plus Ophélia commençait à croire qu'elle ne reviendrait plus. Et cela lui fit mal, au point qu'elle voulu à nouveau tout abandonner.
Elle croisa soudainement des pupilles vairons, l'empêchant alors de retourner paisiblement dans le noir, dans son esprit, dans cet endroit si spécial où rien ne pourrait plus la blesser. Seulement, elle en fut incapable car il s'agissait d'une nouvelle personne. Spontanément, elle voulut lui demander où était passé la jeune fille mais elle se ravisa. Peut-être que lui aussi il lui ferait du mal ? Elle n'en savait rien, cependant elle constater que lui aussi étai un étranger. Et si les étrangers lui voulaient du mal ?
C'était peut-être pour ces raisons qu'elle ne les voyait que rarement. Sans doute que le personnel réussissait habituellement à les empêcher de l'approcher. Alors, elle ouvrit la bouche pour les appeler mais une force inconnue l'en dissuada. Méfiante, elle le fixa de son regard toujours vide. Il resta un long moment avant de partir. Elle en était certaine à présent, les personnes ne faisant pas partie du personnel soignant cherchaient à lui nuire.
Seulement, il revint, encore et encore. Souvent, elle le voyait au bout d'environ huit réveils, mais il lui semblait qu'elle l'apercevait de plus en plus alors que le temps passait. Était-ce parce qu'il venait plus souvent ? Alors qu'elle l'écoutait distraitement une idée se fraya dans son esprit. Peut-être qu'elle le voyait plus souvent car son esprit l'avait approuvé ? Après tout, il était souvent présent à ses réveils et il n'avait jamais cherché à la nuire.
Elle brisa ses incertitudes pour dire courageusement :
-Pomme
Elle l'observa à nouveau. Ophélia ne savait pas pourquoi son esprit se raccrochait désespérément à ce minuscule mot. Pourtant, sur le moment elle n'avait trouvé que celui-ci pour tester le jeune homme.
Elle le vit se crisper et plusieurs secondes passèrent avant qu'il ne soupire brusquement de désespoir. Il avait cru, pendant un instant entendre son amie parler mais il devait s'être trompé.
- Pomme, répéta la jeune fille.
Ophélia le vit se lever et disparaître de son champ de la pièce brusquement. Elle eut mal lorsqu'il l'abandonna comme l'avait fait la soignante selon elle. Instinctivement, ses yeux se brouillèrent et elle crut qu'elle allait de nouveau partir. Pourtant, un éclat de voix l'arrêta dans son initiative.
Elle vit deux silhouettes se rapprochait puis elle reconnu la jeune fille aux cheveux ébène et le jeune homme aux yeux vairons. Ils étaient donc revenus ? Finalement, ils n'étaient peut-être pas aussi mauvais qu'elle le croyait. Elle osa répéter :
- Pomme.
Elle vit instantanément un sourire éclatant se dessiner sur le visage des deux personnes. Alors, elle se fit la réflexion qu'ils devaient certainement tenir à elle pour exprimer une telle joie et un tel optimisme. Elle observa curieusement la jeune fille créer une sorte d'objet, avant que celle-ci ne la lui remette.
- Voici une pomme, déclara doucement l'apprentie-héroïne tandis qu'elle la posait dans la paume de son amie.
Ophélia sourit doucement, elle venait enfin de percer le mystère de la fameuse pomme. Malgré le fait qu'elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle n'avait pu se rappeler de la signification du mot pomme une petite fierté s'installa en elle. Il ne lui manquait plus qu'une chose à comprendre et enfin son esprit cesserait de la tourmenter.
- Pourquoi tu as disparu, demanda la rousse à la jeune fille.
Ophélia fut quelque peu perplexe face à la réaction de l'inconnue. Pourquoi semblait-elle surprise ? Après tout, elle avait bien disparu, elle l'aurai su si jamais elle était venu.
- Mais je n'ai jamais disparu, affirma la jeune fille, je suis toujours venu te voir chaque semaine. Certes c'est moins que Shoto mais je t'assure que je n'ai pas oublié une seule fois de venir.
Elle l'aurait su si la jeune fille était venu. Pourtant, le doute s'insinua en elle. Jusqu'à présent elle ne c'était jamais posé la question mais à présent qu'elle savait que des personnes tenaient à elle, Ophélia le faisait. Que se passait-il quand elle n'était pas réveillée ? Pourquoi ne pouvait-elle pas l'être tout le temps ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top