PROLOGUE
"Grow old with me
Let us share what we see
And oh the best it could be
Just you and I"
- Grow old with me, Tom Odell
Florence, 23 mai 2010.
— Comment ça se dit en italien déjà ?
— Girasoli.
La lettre « r » roula de façon séduisante à mes oreilles. Trop séduisante. Je laissai un courant d'air bienvenu caresser mes joues tandis que je répétais le mot dans ma tête. Girasoli. Je ne savais dire objectivement si l'italien était la plus jolie langue qui existait, mais dans sa bouche, rien au monde ne me semblait plus attirant.
Allongés sur la terre sèche d'un champ de tournesols fleuris, nous semblions retournés en enfance. Je ne cessais d'admirer le ciel à la recherche des plus beaux nuages. Il n'y en avait pas beaucoup ce jour-là, le soleil ayant décidé de jouer les égoïstes.
— Je ne veux pas te vexer, mais tu n'as fait aucun progrès, Erin.
Son ton joueur me fit quitter des yeux l'étendue bleue au-dessus de nous pour rencontrer deux prunelles d'un marron chaud éternellement réconfortant. La malice transpirait de ses traits fins et je ne pus m'empêcher de sourire. Cela faisait huit mois que j'étais en Italie pour mon Erasmus et l'italien était toujours aussi compliqué pour moi.
— Je suis nulle en langues.
Il sourit à son tour, dévoilant des dents presque parfaitement alignées. Mon regard s'accrocha à sa petite canine qui chevauchait légèrement sa voisine. Est-ce que cette imperfection contribuait à le rendre encore plus beau ? Oui.
— Pas toutes, répliqua-t-il en me faisant un clin d'œil.
Je lâchai un rire nerveux, sentant mes joues se réchauffer anormalement vite. Il savait comment me rendre folle, même si je l'étais déjà. De lui.
— D'ailleurs, je crois que j'ai besoin de pratiquer... murmura-t-il en se rapprochant de moi.
Je ris à nouveau et m'avançai à mon tour. D'une douceur sans pareille, Milo passa sa main dans ma nuque et m'attira contre lui. Nos lèvres se rencontrèrent et mon corps fut parcouru de longs frissons. Son pouce caressait machinalement la base de mon cou et faisait dresser mes petits cheveux de désir. Cet homme m'électrisait à chaque fois qu'il me touchait et son contact était devenu une drogue pour ma peau. La passion prenant possession de nos corps, je me retrouvai à califourchon sur lui. Nos langues s'enroulèrent en une danse effrénée et je ne répondis plus de rien. Nous étions, comme toujours, dans notre bulle, au milieu des fleurs du soleil. Nos lèvres se détachèrent au bout de quelques minutes et nous restâmes un instant à nous dévisager. Ses prunelles couleur chocolat étaient illuminées par les rayons de l'astre, renforçant ainsi la profondeur de son regard.
Je n'arrivais pas à croire que d'ici quelques heures, j'allais être dans un avion de retour pour la France. Ces derniers instants avec lui étaient aussi amers que merveilleux. Je caressai doucement sa joue rasée puis passai mon doigt sur ses lèvres charnues avant de réfugier ma main dans sa chevelure brune.
— Je ne veux pas partir, soufflai-je.
— Je ne veux pas que tu partes non plus.
Nos yeux ne se quittaient plus. Je ne voulais pas rompre le lien invisible qui soudait nos regards. Cela signifierait que c'était réellement la fin.
— Promets-moi qu'on se reverra, lâcha-t-il, contre toute attente.
Je n'avais pas osé le formuler, de peur de n'avoir été qu'un amour de passage. J'acquiesçai, soulagée que l'on soit sur la même longueur d'ondes. Il me serra fort contre lui, son odeur de terre chaude et d'herbes sauvages envahissant mes narines.
— Dernière révision : comment dit-on tournesol en italien ? me demanda-t-il avec un semblant de sérieux.
— Girasoli.
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