CHAPITRE 7 - Sono Milo...
"I'm ready for the fall
I'm ready for everything that I believed in to
Drift away
Ready for the leaves
Ready for the colors to burn to gold
And crumble away"
- The Fall, Imagine Dragons
Florence, 12 Septembre 2009.
Je manquai de faire un plat sur le bitume et poussai un juron. Ces saletés de chaussures ! Pourquoi avais-je choisi de les mettre pour mon premier jour à l'Université de Florence ? Je sentis que j'allais en baver toute la journée. Il faisait atrocement chaud et j'avais opté pour des sandales légèrement compensées que j'avais achetées la veille. J'étais fière de moi à ce moment-là, mais je commençais à regretter mon achat.
Je m'arrêtai un moment au milieu du trottoir pour faire le point. Je soufflai un long moment, calmant le rythme endiablé de mon cœur. J'étais toujours angoissée par mes rentrées scolaires et pour celle-là, je l'étais d'autant plus. Pour être honnête, je ne savais pas vraiment pourquoi j'avais choisi d'aller en Italie, et plus particulièrement à Florence. Je n'avais aucune notion d'italien alors que j'aurais pu me débrouiller en Angleterre. Le romantisme peut-être ? La nourriture ? Le shopping ? L'envie de partir et découvrir autre chose que Paris ? Probablement un mix de tout ça.
Je repris ma marche et arrivai au bout de seulement cinq minutes devant l'université. Je me pris une claque en me plantant devant ce magnifique bâtiment ancien fait de pierres blanches parfaitement taillées. Je vis de nombreux étudiants parler entre eux, visiblement heureux de se retrouver. Je ne connaissais malheureusement personne. J'entrai dans l'édifice et me pris une seconde claque. L'intérieur était presque plus spectaculaire que l'extérieur. Le sol était couvert d'un carrelage ancien, peut-être même d'époque. Des colonnes blanches immenses habillaient le hall d'entrée. Je jetai un rapide coup d'œil au plafond et retins une expression de surprise. Des moulures somptueuses ornaient les murs de pierre et j'eus la vague sensation d'être dans un monument historique où il ne fallait rien toucher.
Je restai immobile un certain temps, admirant ce nouvel environnement que j'allai côtoyer pendant une année entière. On me bouscula et je repris immédiatement mes esprits, marmonnant un « scusa » même si je n'étais pas en tort. Je me mis alors à chercher une sorte d'accueil pour étudiants internationaux. J'errai pendant de nombreuses minutes dans ce hall gigantesque, mes yeux n'arrivant pas à faire le tri dans les nombreuses informations que je voyais partout. Je tombai alors sur une pancarte où un « Welcome ! » était inscrit. Bingo.
Je m'avançai vers le petit stand où trois étudiants attendaient patiemment que les personnes comme moi viennent à leur rencontre. L'un d'eux m'aperçut et me fit un signe de la main avec un sourire à m'en faire tomber par terre.
— Buongiorno ! Sono Milo...
Je n'écoutais rien. Sa voix résonnait dans mon esprit comme une douce mélodie. Je me contentais de l'observer, hypnotisée par ses lèvres charnues qui déblatéraient tout un tas d'informations que je ne saisissais pas. Ses cheveux bruns légèrement en bataille comportaient de légers reflets châtains qui faisaient concurrence à ses prunelles semblables au meilleur chocolat du monde. Sa mâchoire carrée était rasée de près. Chez certains jeunes hommes, cela leur conférait un air d'éternel petit garçon. Mais pour lui, ça ne faisait que renforcer la virilité qui dégoulinait de son corps. J'avais envie de le manger tout cru. Je déglutis difficilement. C'était vraiment un beau spécimen.
— Hello ? tenta-t-il en anglais, s'apercevant visiblement que j'étais à côté de la plaque.
— Euh, hello ! Sorry, I don't speak italian...
Il me fit un sourire craquant. Venait-il de réaliser que je l'avais laissé parler juste pour l'admirer ? Probablement.
— Where are you from ? continua-t-il, ses lèvres toujours étirées.
— France.
Bon, en fait, mon anglais n'était pas génial non plus. A ce stade-là, il n'y avait pas vraiment besoin de faire des phrases complètes pour être comprise, si ?
— Ah, super ! J'étudie le français et j'avais vraiment envie de pratiquer, s'exclama-t-il.
Son accent était presque parfait. J'eus envie de lui répondre que j'étais prête à pratiquer n'importe quoi avec lui, mais je me retins. Quelles étaient les chances pour que je tombe sur un italien qui sache parfaitement parler français ?
— Je serais ravie de t'aider, lui répondis-je avec un sourire timide.
Plus cordial, ça n'existait pas.
— Je te fais visiter ?
J'acquiesçai, ma langue s'étant absentée un moment. Il attrapa quelques papiers sur son stand, un stylo ainsi qu'un tee-shirt de l'université et m'entraîna à sa suite dans des couloirs interminables. Il parlait et je l'écoutais avec admiration. Il semblait si fier de ce lieu que je me sentis privilégiée. Lorsque nous croisions des étudiants, nous nous resserrions l'un vers l'autre et nos mains se frôlaient délicieusement. Mon corps s'habillait de frissons à chaque contact physique, me donnant l'impression que ce garçon allait finir par court-circuiter mon cœur.
Au bout d'un certain temps, il s'arrêta net et se tourna vers moi, un air surpris sur le visage.
— Je ne t'ai pas demandé ton prénom ! s'exclama-t-il.
— Erin, répondis-je en rougissant.
Il le répéta et fit délicieusement rouler le « r ». Voulait-il m'achever ?
— Je suis Milo, poursuivit-il.
— Oui, c'est la seule chose que j'ai comprise tout à l'heure, avouai-je, les joues toujours en feu.
Il rigola. Quelle douce mélodie. Nous poursuivîmes la visite quelques minutes de plus avant qu'il ne s'arrête à nouveau. Il se tourna vers moi, les yeux dans le vague.
— Ça te dit qu'on aille boire un verre tout à l'heure ? demanda-t-il de but en blanc.
Oui. Oh oui.
— Pourquoi pas !
Il ne dit rien. Ses yeux se posèrent sur moi et il m'observa un instant. J'eus l'impression qu'il me regardait vraiment pour la première fois. Son regard me brûlait la peau mais je ne pouvais m'empêcher de le fixer également. Nous sourîmes au même moment et j'eus l'impression qu'une évidence s'était installée entre nous. Je n'avais jamais cru aux coups de foudre mais la tempête qui envahissait mon cœur et mon esprit m'obligeait sérieusement à me remettre en question.
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