CHAPITRE 17 - Raviver les flammes
Like a river flows surely to the sea
Darling so it goes
Some things are meant to be
Take my hand, take my whole life too
For I can't help falling in love with you
- Can't help falling in love, Kina Grannis
26 Février 2020, Montepulciano
Le trajet du retour a été plutôt rapide. Nous sommes chacun monté dans notre voiture respective et n'avons pas perdu de temps pour regagner Montepulciano. Arrivés chez Milo, nous avons tous les deux garé nos véhicules et sommes rentrés dans la maison en silence. Je digérais toujours ce que je venais d'apprendre et je voyais sous un nouvel œil ce domaine qui représentait tout l'héritage familial de Milo.
Ce dernier ne souhaitait visiblement pas me brusquer puisqu'il me laissa m'installer dans le canapé du salon et perdre mon regard dans les quelques braises survivantes du feu. J'étais touchée et pleine d'espoir qu'il m'ait demandé de revenir, mais je ne savais toujours pas à quoi m'attendre.
Au bout de quelques minutes, Milo vient s'asseoir à côté de moi, une tasse de thé fumante entre les mains. Il me la tend et, pendant que je sers ma paume autour de la porcelaine brûlante, ravive les braises sous mes yeux hypnotisés. Parviendra-t-il à raviver les flammes de nos cœurs ? Pourra-t-il rallumer notre passion en un clin d'œil, comme il vient de le faire avec le feu dansant dans la cheminée ?
Déboussolée, je ne remarque pas tout de suite ses yeux qui me cherchent. Mais, dès que je les aperçois, je m'y accroche comme à une bouée de sauvetage et me jette, à corps perdu, dans les abysses chocolatés dont j'ai tant rêvé pendant dix ans. Je le sens prendre la tasse de mes mains et me libérer de cette chaleur devenue insupportable. Il saisit ma paume et la caresse, remarquant sûrement qu'elle est rouge et brûlante.
J'aperçois un sourire naître sur son visage, rivalisant avec la beauté de ses iris. Mon corps entier palpite sous son regard et son toucher et, pendant un instant, je suis projetée dans un champ de tournesols.
Sa voix coupe court à mes souvenirs envahissants.
— Il y a tant de choses que je voudrais te dire, murmure-t-il presque pour lui-même.
Je ne bouge pas et me contente de déglutir, ses doigts caressant toujours ma paume.
— J'aurais pu t'envoyer une autre lettre, ou même te contacter par téléphone, c'est vrai, admet-il en fermant doucement les yeux. Mais je n'en avais pas la force.
Cet aveu me bouleverse et je me retiens de lui dire que j'aurais pu faire la même chose, surtout par rapport à la situation dans laquelle j'étais. Moi non plus, je n'en ai pas eu la force.
— Quand mes parents sont morts, je n'arrivais pas à penser à quoi que ce soit d'autre. Et les problèmes par rapport au domaine viticole sont vite arrivés.
J'acquiesce, lui montrant que je comprends ses raisons. Si je l'avais su, j'aurais tout fait pour reprendre contact avec lui et ne pas le laisser couler sous le chagrin de cette perte et le stress de ces nouvelles responsabilités. Malheureusement, on ne peut pas changer ce qui a déjà été fait.
— Je n'ai jamais cessé de t'avoir dans un coin de mon esprit, Erin, sourit-il, presque nostalgique. Mais, j'ai mis de côté tout ce qui appartenait à mon passé, toi y compris, afin de me protéger. Je fonctionne comme ça depuis dix ans et... c'est compliqué de changer.
Bien que ses paroles me vexent légèrement, je le comprends. Comment lui en vouloir ? J'ai moi-même refoulé de tristes souvenirs que je ne souhaite pas encore voir ressurgir à la surface de l'eau troublée qu'est ma vie.
Je sers sa main dans la mienne et lui fais un sourire.
— Je vois déjà que tu as changé en à peine deux semaines. Je suis contente que tu t'ouvres ainsi.
Il étire lui aussi ses lèvres et s'approche de moi.
— Ce n'est que quand tu es repartie hier que je me suis rendu compte à quel point tu m'avais manqué, pendant toutes ces années.
Cet aveu me touche en plein cœur et me remplit de joie. Une timidité familière m'envahit et je baisse les yeux, rompant la connexion visuelle que nous partageons depuis un petit moment. C'est indéniable, chacune de ses paroles, chacun de ses doigts au contact de ma peau et chacun de ses regards aussi profonds qu'un trou noir, me replongent dans des souvenirs vieux de dix ans. Je n'ai jamais été timide avec Ben, notre relation ne reposait pas sur ce genre de sentiments. Cette douce séduction qui chamboule mes entrailles, je ne l'ai ressentie qu'avec Milo, et je la sens légèrement ressurgir aujourd'hui.
Évènement aussi surprenant que de la neige en plein été, Milo s'avance un peu plus vers moi et pose sa main sur ma joue brûlante et probablement rouge. Je frissonne, électrisée par ce contact dont je suis avide depuis des semaines, et même des années.
— Je crois que tu es encore plus belle qu'il y a dix ans, murmure l'homme responsable de chaque battement de mon cœur.
Une seule phrase, choisie avec attention et remplie d'émotions et d'honnêteté, renverse toutes les inquiétudes et les complexes qui m'envahissent depuis mon retour en Italie. Ma peur de ne plus lui plaire, de ne plus être à son goût, s'envole en un instant. Je soupire d'aise. Qu'il est bon de se sentir désirée !
Milo rompt notre contact physique bien trop rapidement et s'éloigne. Je me replonge dans ses iris, le suppliant presque de me toucher à nouveau. Les sensations qu'il me procure sont telle une drogue dont je suis indéniablement accro.
— Je veux vraiment faire les choses bien, Erin. Je veux vraiment qu'on se donne une nouvelle chance.
Je ne peux empêcher un sourire d'envahir mes lèvres et je vois son visage s'illuminer.
— Tu m'en vois ravie, lâché-je avec un semblant de flegme.
Milo lâche un petit rire et saisit à nouveau ma main avant de s'enfoncer dans le canapé. Je vois les muscles de son corps se détendre et les traits de son visage se décrisper alors qu'il admire le feu crépitant dans la cheminée. Il semble beaucoup plus apaisé qu'il y a deux semaines et j'ai l'impression qu'en réalité, il n'a pas du tout vieilli.
Mon Milo est tout proche, je le sens, je le sais.
___
Bonjour !
C'est un tout petit chapitre que je vous mets aujourd'hui, mais parfois, les petits plaisirs sont les meilleurs, non ?
Les chapitres suivants seront un peu plus longs, mais j'espère que vous apprécierez celui d'aujourd'hui !
Notre petit Milo fait de gros efforts, n'est-ce pas ? Allez, on le pardonne ?
Comment imaginez-vous la suite ? J'avoue que je vous offre un petit moment de douceur ici où le drama a été banni, mais... vous me connaissez, depuis le temps, non ? ;)
Je vais essayer de poster un chapitre chaque dimanche pour avoir un rythme sympa pour vous !
Profitez bien de ce long weekend !
- Clara
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