CHAPITRE 16 - La vita é bella


23 Janvier 2010, Florence.


Cela faisait à présent deux semaines que j'étais rentrée de France après une période de Noël loin de Milo. Pour la première fois de ma vie, j'avais eu hâte que ces semaines de fêtes se terminent. Je n'avais qu'une envie : retrouver mon bel italien à Florence pour poursuivre notre idylle.

Pourtant, ce temps passé avec ma famille m'avait ouvert les yeux sur de nombreuses choses. Chaque jour, j'imaginais Milo à mes côtés et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'un Noël avec lui serait le plus beau de ma vie. Je me projetais avec lui, à l'image de ce que le couple de mes parents était. Leur amour et leur complicité traversaient les années et mon seul souhait était de vivre la même chose.

Je m'imaginais réellement ce cliché de la vie parfaite : mariée avec mon amour de jeunesse, des enfants, une belle maison, un chien... Je m'étais persuadée que c'était ce qui me rendrait la femme la plus heureuse de la planète, mais mon couple avec Milo était loin d'en être à ce stade. Nous n'en étions qu'au début.

Pourtant, quand nous nous retrouvâmes après ces deux semaines de séparation, j'eus l'impression que nous étions ensemble depuis des années et que ma place avait toujours été entre ses bras. Cela ne faisait même pas encore quatre mois que nous étions ensemble, et nos vies contenaient encore des zones de mystère l'un pour l'autre, mais j'étais convaincue qu'il était l'homme de ma vie.

Tandis que ces pensées utopiques se baladaient tranquillement dans mon esprit, Milo me ramena à la réalité.

— Alors ? Ça te dit ce film ?

Le DVD entre les mains, il était prêt à armer le lecteur CD pour me montrer ce qu'il avait qualifié de « meilleur film de tous les temps ». Bien entendu, je m'étais montrée plus que perplexe, cette notion étant purement subjective, mais j'étais curieuse de découvrir ses goûts. Il avait vraiment pris cette petite séance de cinéma improvisée au sérieux et avait fermé tous les rideaux de son appartement afin que nous soyons plongés dans le noir.

Je m'enfonçai un peu plus dans le canapé moelleux qui me soutenait depuis déjà de longues minutes et, replaçant un coussin derrière ma nuque, décidai de l'embêter un peu.

— Comment ça s'appelle déjà ? J'espère que ce n'est pas trop long, je n'aimerais pas m'endormir devant...

L'agacement qui envahit son visage me confirma qu'il ne fallait pas trop blaguer sur les choses qu'il appréciait. Je ne pus empêcher un sourire d'étirer mes lèvres.

La vita é bella! Je te l'ai répété dix fois ! Et si tu t'endors devant un film comme ça...

Il ne finit pas sa phrase, l'exaspération prenant le dessus tandis qu'il se passait une main sur le visage en soupirant. Je lâchai un rire et fis mine de me cacher derrière le plaid qui était, jusque-là, parfaitement plié à mes côtés.

— C'est bon, c'est bon ! Je rigole, Milo, ne t'inquiète pas.

Mon petit-ami fit de son mieux pour ne pas sourire, voulant me montrer qu'il ne trouvait pas ça très drôle. Son attitude m'amusa et je le trouvai attendrissant. J'avais l'impression d'avoir devant moi un petit garçon qui voulait absolument regarder son film préféré et qui croyait dur comme fer que c'était le meilleur au monde.

Milo inséra le CD dans le lecteur et, attrapant la télécommande au passage, se laissa tomber sur le canapé à côté de moi. Je me blottis immédiatement contre lui, plaçant mes jambes sur ses genoux et mon visage sur son épaule. Il lâcha un soupir d'aise et lança le film.

Alors que je découvrais le long-métrage pour la première fois, Milo murmurait les répliques, connaissant les dialogues par cœur. Le film étant italien, les sous-titres me permettaient de suivre et je me retrouvai donc très concentrée. Loin de me déranger, je me rendis rapidement compte que je me laissais porter avec plaisir par l'histoire, aussi drôle que touchante, de ce père de famille nommé Guido. Au bout d'une heure, Milo brisa le silence qui régnait dans son petit appartement sombre.

— Il me fait tellement penser à mon père.

Je sursautai presque, surprise de l'entendre dire ça. C'était la première fois qu'il me parlait de sa famille. Nous n'avions jamais abordé ce sujet, bien qu'il ne soit pas du tout tabou.

— Ah bon ? me contentai-je de répondre.

— Oui. Être un enfant unique, ça a ses bons comme ses mauvais côtés. Alors, quand je m'ennuyais ou que j'étais triste de n'avoir personne avec qui m'amuser, mon père faisait tout pour me divertir et les vignes devenaient un immense terrain de jeu.

Un sourire envahit ses lèvres à l'évocation de ces souvenirs. Je le fixai, avide d'en savoir plus.

— J'ai grandi, maintenant, donc ce n'est plus pareil. Mais nous avons réussi à garder une relation assez fusionnelle.

— C'est pareil pour ma mère et moi, acquiesçai-je. À certains moments, je la considère plus comme une amie.

Milo se tourna vers moi en souriant et me caressa doucement le bras.

— Grandir dans une famille aimante, c'est le plus beau luxe qui puisse exister sur terre, à mon humble avis.

Je souris, heureuse de remarquer que nous avions le même avis sur la question.

— La famille est la chose la plus importante pour moi, et ce sera pareil dans le futur. Même si le travail représente beaucoup, ce n'est pas primordial. Du moins, c'est ma vision des choses, confiai-je.

Je sentis mes joues rougir doucement à mesure que je lui dévoilais, à demi-mot, mes plans de vie. Nous n'avions jamais vraiment parlé de notre futur, qu'il soit individuel ou à deux, et j'éprouvais une certaine pudeur à lui ouvrir les portes de mes pensées.

Le soulagement m'envahit quand je le vis acquiescer.

— Nous sommes bien d'accord là-dessus.

Je ne pus m'empêcher de sourire à nouveau, heureuse de voir que de ce point de vue là, nous étions compatibles et possédions les mêmes envies. Puis, sans ajouter un mot, nous reportâmes notre attention sur le film.

Des larmes m'échappèrent à la fin et mon cœur était rempli d'émotions allant de l'admiration à la profonde tristesse. J'aperçus une perle couler le long de la joue de Milo alors que je me blottissais contre lui et la recueillis du bout du doigt. Ses yeux embués se posèrent sur moi.

— Je ne peux jamais m'empêcher de pleurer devant ce film, dit-il avec un petit sourire.

— Je comprends, murmurai-je, la voix rauque.

J'étais d'autant plus touchée qu'il se sente à l'aise avec moi et qu'il laisse ses émotions prendre le dessus sur son supposé égo italien. Il me serra fort contre lui et sa douce odeur de café envahit mes narines. Milo déposa un doux baiser sur mon front et je sentis mon corps se relaxer.

C'est blottie contre Milo que j'eus la confirmation de ce que je souhaitais le plus au monde : ressentir un amour aussi fort que Guido éprouvait pour sa femme et son fils. 

___

Et bonsoir ! 

Un petit flashback ! ça faisait longtemps, non ? ;)

Un petit moment plutôt calme entre nos deux tourtereaux qui se découvrent... À l'aide d'un superbe film ! 

Vraiment, je vous conseille de regarder ce film. Tapez "La vie est belle" sur Google et vous devriez le trouver. C'est un très beau film italien qui, bien entendu, m'a fait pleurer comme une madeleine. Mais il m'a aussi fait rire, et c'est ce qui fait toute la beauté de ce film ! Est-ce que certains d'entre vous l'ont déjà vu ? Je n'ai pas voulu donner trop d'informations sur l'intrigue pour ne pas vous "spoiler" si jamais ça vous intéresse ! :)

Sinon, que pensez-vous de ce moment ? On a quelques petites informations sur leurs vies, leurs parents... :)

Je suis désolée pour le temps que je mets à publier la suite, je suis plus prise qu'avant mais je fais au mieux ! :)

Merci de votre fidélité <3

- Clara

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