CHAPITRE 13 - Une quelconque once de bonheur

Feeling used, but I'm
Still missing you and I can't
See the end of this just wanna feel your kiss
Against my lips and now all this time
Is passing by, but I still can't seem to tell you why
It hurts me every time I see you 
Realize how much I need you

- Hate u Love u, Olivia O'Brien


« T'es où ? »

Voilà le message qui m'a réveillée ce matin. Ce n'est pas un secret de dire que ces trois ridicules petits mots m'ont mise d'une humeur de chien. Benjamin, dans toute sa splendeur, a toujours su comment me mettre hors de moi. Le regret de lui avoir envoyé un sms hier soir se fait encore plus ressentir. Je m'abaisse et m'excuse et ne reçois que ce genre de réponse. Ça ne m'arrive que très rarement de faire cela avec lui et ce résultat me rappelle pourquoi. Pourquoi l'ai-je contacté ? Pourquoi ai-je cédé face à la déception ?

Mon téléphone vibre à nouveau alors que je suis en train de m'habiller. Je jette un coup d'œil au nouveau message que Ben vient de m'envoyer. Bien sûr, un seul ne suffit pas.

« Pourquoi tu réponds plus ? »

Je souffle longuement, trop longuement. Une boule s'installe dans mon ventre et j'ai une soudaine envie de vomir. J'ai fait la bêtise de reprendre contact avec lui, bien que je lui doive des explications, et il se comporte déjà comme un gamin impatient. Comment lui expliquer que je ne pensais pas un seul mot de ce que je lui ai envoyé hier soir ?

« Arrête de jouer avec moi, Erin. Tu me recontactes et maintenant c'est silence radio ? »

Ce dernier message m'achève. Dans ma colère, je ne peux m'empêcher de réaliser qu'il a raison. La boule pèse de plus en plus lourd sur mon estomac. Quand vais-je arrêter d'agir sous l'impulsion ? Je m'exaspère moi-même. Prenant mon semblant de courage en main, je tapote une réponse et l'envoie rapidement avant de changer d'avis.

« Je t'appelle dans dix minutes. »

Que je le veuille ou non, cette confrontation doit avoir lieu. Je laisse mon téléphone sur le lit et sors de la chambre, espérant calmer mes esprits sans distraction. Je remonte le long couloir et me dirige vers la cuisine illuminée par le soleil levant, presque impatiente de prendre mon petit-déjeuner seule. Avec surprise, je vois Milo en train de boire un café, assis devant la table vide et nettoyée que j'avais pourtant laissée en plan la veille. Je m'arrête et l'observe. L'ambiance glaciale d'hier soir se fait toujours douloureusement ressentir. Où que j'aille, peu importe avec qui je parle, les déceptions s'enchaînent et je suis une spectatrice impuissante de mes illusions se brisant doucement en morceaux. Je déglutis difficilement et m'assois en face de Milo après avoir saisi un bol et la boite de céréales.

Je sens son regard brûler la peau de mon visage mais je ne lève pas les yeux. Je ne veux pas l'affronter, pas maintenant. J'ai presque honte d'avoir pensé que nous pouvions avoir un moment de complicité autour d'un dîner hier soir. J'ai sûrement mal interprété les signes, pourtant je sens encore ses doigts contre ma joue. Les sensations qu'il m'a transmises à travers ce simple geste sont, j'en suis certaine, réelles. J'inspire un grand coup et mange en silence.

— Tu veux un thé ?

Sans les contrôler, mes yeux se posent sur lui. Il me fixe bizarrement, ne comprenant visiblement pas mon attitude. Ne lui ai-je pas assez montré mes intentions ? J'acquiesce, l'air absent, et me remets à mâcher. Il s'attarde quelques secondes de plus, m'observant toujours, puis me prépare la boisson chaude. Pendant que l'eau chauffe, il se rassoit en face de moi.

— Je vais faire un tour dans mon bâtiment de stockage en ville aujourd'hui, m'informe-t-il.

Je lève à nouveau mon regard vers lui, intriguée. Aujourd'hui, il m'informe de ses activités alors qu'hier soir, je n'ai pas su où il était parti pendant des heures.

— Tu veux que je t'accompagne ? demandé-je dans une ultime tentative d'approche.

Nous nous regardons dans le blanc des yeux. Le temps qu'il met à répondre me fait tout de suite comprendre quelle réponse il s'apprête à me donner. Je lâche un sourire résigné et me reconcentre sur mon petit-déjeuner.

— C'est gentil mais je vais me débrouiller, se contente-t-il de répondre.

J'acquiesce, ma mâchoire se contractant de nervosité. Bien sûr, ma compagnie n'est, encore une fois, pas la bienvenue. Où est passé le Milo de la semaine dernière qui était ravi que je l'aide à tailler ses vignes ? Les cloques sur mes mains témoignent encore de mon acharnement pour être proche de lui. Ses méthodes pour me repousser semblent s'accumuler et je ne sais pas combien de temps encore mon cœur pourra le supporter.

Quelques minutes plus tard, Milo dépose une tasse fumante devant moi avant de s'éclipser sans un « au revoir ». Je l'entends monter dans sa voiture et partir. La boule présente depuis le début de la matinée me coupe l'appétit. J'attrape la tasse brûlante et retourne dans ma chambre afin d'affronter le deuxième homme qui me tape sur les nerfs. Je m'assois sur le lit et lâche un long soupir. Je mets du temps à composer son numéro, la peur de la confrontation me freinant. Une fois décidée, je n'attends que cinq secondes avant que Ben ne décroche.

— C'est pas trop tôt ! s'exclame-t-il.

Ma mâchoire se contracte à nouveau et mes dents se serrent. Continuez comme ça et je n'aurais plus d'émail !

— Quel accueil ! répliqué-je, déjà énervée par son attitude enfantine.

Je l'entends soupirer. Il a l'air aussi blasé que moi, ça promet.

— Est-ce que tu vas répondre à ma question ? demande-t-il d'un ton impatient.

— Quelle question ?

— T'es où ?

Je me retiens de pousser un grognement. Qu'est-ce que ça peut leur faire, à tous ?

— Non, je ne répondrai pas.

— Arrête de te foutre de moi, Erin. Tu te casses sans un mot après une dispute et maintenant que tu me réponds enfin, tu veux pas me dire où t'es ? Tu crois vraiment que j'ai que ça à faire, de te courir après ?

Je retiens un rire nerveux. C'est vrai que j'ai mal géré la situation et que je l'ai fait tourner en rond, mais j'avais besoin de silence. Aujourd'hui, auprès de Milo, j'en ai beaucoup trop et je ne le supporte plus. Peut-être est-ce ce qui m'a poussé à recontacter Ben, ce besoin de confrontation que je n'ose pas avoir avec l'italien ?

— Je suis désolée d'avoir agi comme ça, Ben, sincèrement. Mais j'avais besoin de me retrouver, tu comprends ?

Mon ton conciliant et diplomatique m'étonne, effaçant un instant la colère qui me ronge les entrailles.

— Arrête un peu, tu as tout pour être heureuse ! Ta mère m'a dit que tu cherchais ton bonheur, ou je sais pas quoi. C'est quoi ces conneries encore ?

Sans me contrôler, j'éclate de rire. La boule de nervosité s'allège et je ne peux me retenir de sentir un sacré soulagement. J'ai essayé, j'ai vraiment essayé d'arranger les choses, d'arrondir les angles, mais je ne supporte plus son attitude. Comment ai-je pu considérer épouser cet homme qui n'a aucun respect pour moi et qui ne remarque même pas que je suis malheureuse comme des pierres depuis des années ?

— Tu trouves ça drôle, en plus ? s'impatiente Ben.

Mon fou rire redouble d'intensité. Quelques larmes s'échappent de mes yeux et je les essuie, tentant de me calmer pour lui dire ses quatre vérités. La colère s'insinue légèrement dans ma voix et me donne un courage que je n'ai pas eu depuis des années.

— Ce qui est drôle, Ben, c'est que tu ne me connais pas, en fait. Tu ne connais rien de mes envies, de mon caractère, de ce qui peut me rendre heureuse. Tu ne sais pas tout ça parce que tu n'as jamais essayé de m'amener une quelconque once de bonheur. Voilà pourquoi je suis partie. Je m'éloigne de toi et de ce boulot parce que vous ne m'apportez que du malheur. J'ai essayé de limiter les dégâts avec toi, de faire mon mea culpa mais... soyons honnêtes, tu ne le mérites pas.

Le silence s'invite dans notre conversation, à mon plus grand bonheur pour une fois. Il semble ne rien avoir à dire, probablement parce qu'il sait que j'ai raison.

— Continuons dans l'honnêteté, Ben ! renchéris-je. Nos fiançailles n'ont aucun sens quand on considère tout ça. À quoi bon nous marier si c'est pour divorcer dans un an ? Et les enfants ? Avons-nous un jour parler de ce sujet ? Non. Nous ne nous connaissons pas et je ne comprends pas comment notre relation a pu être aussi longue.

Toujours aucune réponse. Je souris, fière de moi. C'est bien la première fois que j'arrive à le laisser sans mot.

— Au revoir, Ben. Porte toi bien.

Je raccroche et réprime un nouveau rire. Cette conversation était intensément libératrice. Je m'allonge sur le lit, un sourire plaqué sur les lèvres. Ma mauvaise humeur s'évanouit peu à peu et je me convaincs qu'il faut réellement que je parle à Milo, que je lui avoue tout s'il le faut. À quoi bon clamer partout que je cherche mon bonheur si je ne fais rien pour le trouver ? Ce soir, il n'y échappera pas. Ce soir, je tenterai le tout pour le tout pour, je l'espère, accueillir la joie dans ma vie.  

___

Hello ! 

C'est le retour de Ben (que vous détestez unanimement) ! Mais... après tout, c'est un mal pour un bien non ? ;)

On ne voit pas beaucoup Milo dans ce chapitre... vous le boudez toujours ? 

Est-ce que vous pensez que cette fois, Erin et Milo auront réellement une conversation ? 

Au fait, j'ai changé la couverture... J'ai essayé de faire quelque chose de plus "propre", comment la trouvez-vous ? Et est-ce que vous pensez qu'elle correspond à l'esprit de l'histoire ? :)

Je vous souhaite une belle soirée ! 

- Clara

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