TOME UN - Chapitre 4.


- CHAPITRE 4 -

Repère chronologique : 6 novembre 1981.

La nouvelle avait paru dès le lendemain dans tous les journaux magiques anglais. Et la peur avait saisi sorciers et sorcières, chacun se demandant jusqu'où le mage noir était prêt à aller. Bien sûr, Dumbledore avait réussi à éloigner les journalistes de la vérité et les spéculations allaient bon train, tous se demandant pourquoi le Seigneur des Ténèbres en personne avait attaqué un couple aussi tranquille que les Potter ? La nouvelle de l'attaque des Londubat avait fuité peu après, et c'est ainsi qu'Heilen avait appris le malheur qui frappait son cousin.

Franck et elle avaient pratiquement grandi ensemble. Creon Prince et Edgar Londubat avaient fréquenté Poudlard ensemble et étaient devenus si inséparables qu'à l'époque, tous les prenaient pour deux vrais frères. Leur complicité avait su faire face aux années, et les deux familles avaient partagé de très nombreux moments ensemble. Bien que Franck ait eu deux ans de plus qu'elle, Heilen l'avait toujours considéré comme un membre à part entière de sa famille et avait su nouer une belle amitié avec lui. Elle avait été présente lors de leur mariage, à Alice et lui, ainsi que lors de la naissance de leur petit Neville.

Neville qui avait été pris en charge par sa grand-mère Augusta. Car le diagnostic était tombé, lourd, pesant. Les dommages subis étaient plus conséquents que ne le craignaient les soignants et jamais plus, Franck et Alice ne pourraient s'occuper de leur petit garçon. Ils finiraient leur vie dans une chambre d'hôpital, où Augusta pourrait leur rendre visite quotidiennement.

Personne n'avait encore su déterminer avec certitude quels mangemorts avaient attaqué le couple Londubat, mais une chose était certaine : au moins trois sorciers les avaient torturés. Et ils s'en étaient donnés à cœur joie, lançant doloris sur doloris pendant un temps bien conséquent, selon les Aurors.

Depuis, ils vivaient avec cette peur constante de subir une nouvelle attaque. De voir Voldemort et ses sbires venir finir ce qu'ils avaient commencé. Harry restait constamment sous protection, chacun se relayant auprès de lui pour soulager Lily au maximum. Avec la destruction du manoir devenu inhabitable, la jeune femme et son fils avaient aménagé dans l'appartement de Sirius et Heilen, s'installant dans la deuxième chambre. Cette situation permettait à Lily d'aller voir son mari tous les jours, laissant le petit garçon entre de bonnes mains, Heilen ayant proposé de veiller sur lui durant l'absence de sa mère. Quand Sirius accompagnait Lily à l'hôpital, Remus venait la seconder.

C'est ainsi qu'elle fit plus ample connaissance avec le jeune homme. Elle le connaissait depuis plusieurs mois, mais jamais encore ils n'avaient eu l'occasion de se découvrir vraiment. Certes, ils avaient partagé de nombreux souvenirs, mais c'était avec Lily qu'elle avait noué le plus de liens. Lien qui s'était renforcé quand la rouquine était tombée enceinte et avait eu à cœur de partager tous les moments de sa grossesse avec elle, étant la seule autre femme du groupe.

Bien entendu, elle connaissait le lourd fardeau qui pesait sur les épaules de Remus. Sirius lui avait avoué la vérité, quelques semaines après qu'il eut décidé de la présenter au couple Potter. La pleine lune avait eu lieu la veille et elle s'était étonnée de le trouver si affaibli, alors qu'il n'y avait aucune raison pour qu'il soit dans un tel état. Mais jamais elle n'avait eu peur de lui. Elle savait qu'il prenait chaque mois une potion qui l'aidait à rester lucide pendant ses transformations. Certaines pleines lunes, Sirius l'avait même accompagné, sous sa forme de loup, capacité que James et lui avaient développé durant leur scolarité pour soutenir leur ami durant ces moments qu'il redoutait tant.

Une semaine après l'attaque, les médecins décidèrent d'administrer une potion de réveil à James. La plupart de ses blessures externes avaient cicatrisé et ils souhaitaient à présent connaître l'étendu des séquelles internes. Sirius avait donc accompagné Lily pour cette dure épreuve et Heilen veillait sur Harry.

Le petit garçon faisait une sieste, alors elle avait décidé de reprendre la couture qu'elle avait commencé, quelques jours avant l'attaque. Elle travaillait occasionnellement chez Mrs Guipure, la couturière du Chemin de Traverse, depuis que sa mère, Ellen, bonne amie de la gérante, lui avait confié son désir de créer ses propres vêtements. La commerçante avait accepté qu'elle vende quelques-unes des robes qu'elle avait confectionnées et face au succès que les vêtements avaient eu, elle lui en commandait régulièrement, lui permettant de se tirer un petit salaire.

Mais son esprit était accaparé par ce qu'il se passait à l'hôpital. Son cœur souhaitait que James puisse s'en sortir sans trop de séquelles, car elle savait combien ce serait difficile pour Lily de devoir tout gérer, avec un enfant encore en bas âge. Harry était un adorable petit garçon, mais encore trop jeune pour ne pas quémander une attention constante.

Les semaines à venir seraient encore longues et elle pria pour que les fêtes de fin d'année leur apportent la paix qu'ils méritaient tous tant. Certes, leur combat ne faisait que commencer, car tant que Voldemort serait en vie, Harry courait un grand danger. Neville aussi, songea-t-elle. La tristesse l'envahit et elle reposa son ouvrage.

Dans une caisse en bois sous son lit se trouvait un album photos qu'elle avait débuté quand elle était plus jeune. Un sourire nostalgique naquit sur ses lèvres lorsqu'elle s'installa sur l'édredon, l'album ouvert devant elle, la représentant, toute bébé, dans les bras d'un Franck à peine plus âgé que Harry. Puis, ce fut elle, quelques années plus tard, qui tenait sa petite sœur Erin dans ses bras.

Elle le feuilleta un long moment, observant chaque cliché avec attention, se remémorant des moments de son enfance passés auprès de son cousin et d'Erin. Ils grandissaient de photos en photos. Heilen se revit, le matin de sa rentrée à Poudlard, portant fièrement son uniforme. Elle avait même pu récupérer la lettre qu'elle avait envoyé le soir-même de son arrivée à ses parents, pour leur annoncer fièrement son admission dans la maison Serdaigle, où sa sœur la rejoignit trois ans plus tard. Il y eut également son retour à la maison, après sept longues années d'études. Son entrée chez la couturière de Pré-au-Lard, chez qui elle avait travaillé deux années durant avant d'entreprendre un long voyage à travers l'Afrique. C'était le soir de son retour, que ses amies avaient tenu à célébrer en allant boire un verre, qu'elle avait fait la connaissance de Sirius.

Bien sûr, elle le connaissait de réputation. Il était le charmeur de Poudlard, ayant fait des ravages parmi les élèves de leur année. Mais elle n'avait jamais vraiment prêté attention à lui. Durant sa sixième année d'études, elle avait fait la connaissance d'un garçon et leur relation avait duré quelques années, jusqu'à qu'elle décide de voyager. Emmett avait refusé de la suivre dans ce projet fou, alors elle avait mis un terme à leur relation. Elle savait pertinemment qu'ils ne pourraient se contenter d'une relation longue distance. Ça avait été une décision difficile à prendre, mais quand elle était revenue neuf mois plus tard, son cœur était prêt à en aimer un autre.

Le coup de foudre avait été immédiat. Leurs regards s'étaient croisés, il lui avait offert son éternel sourire, mais quand elle avait répondu, elle avait vu le doute dans ses yeux sombres. Pourtant, c'était lui qui avait fait le premier pas en proposant de lui offrir un verre. Elle avait accepté et ils avaient passé la soirée à discuter, elle lui racontant en détails le voyage qu'elle venait de faire.

Ils s'étaient revus plusieurs fois par la suite. Un mois après, elle rencontrait les Potter, Remus et Peter. Trois semaines après ça, ils prenaient leur premier appartement ensemble. Et une nuit, quelques mois plus tard, Sirius avait assuré qu'elle était la seule. Et qu'elle serait la seule. Et cela avait suffi à la convaincre qu'il avait changé et ses réticences d'autrefois s'en étaient allés.

Depuis, ils filaient le parfait amour. Bien sûr, il y avait des hauts et des bas, mais rien d'insurmontable, chacun connaissant parfaitement le caractère de l'autre. Le plus souvent leurs disputes se terminaient par la résignation de l'autre et ils prenaient le temps de discuter, de dire ce qu'ils avaient sur le cœur. Puis ils passaient à autre chose, profitant généralement d'un moment en amoureux en extérieur pour se retrouver.

Heilen avait intégré l'Ordre peu de temps après la naissance de Harry et assistait depuis à toutes les réunions. Elle avait déjà effectué quelques missions pour le compte de Dumbledore, profitant de son lien avec Mrs Guipure pour interroger les commerçants, savoir lesquels avaient déjà été contactés par le Seigneur des Ténèbres et lesquels étaient prêts à aider l'Ordre. Certains avaient sauté le pas, et ils avaient désormais des yeux et des oreilles dans l'allée la plus célèbre d'Angleterre.

Elle faisait partie intégrante de tous les aspects de la vie de son amoureux et se réjouissait de la confiance que Lily lui témoignait en lui laissant la garde de son fils. Bien entendu, une part d'elle aurait voulu être auprès de son amie, mais ce moment-là n'appartenait qu'à Lily. Et à Sirius.

Remus n'allait pas tarder à venir l'épauler. Il donnait quelques cours particuliers à de petits sorciers et travaillait à mi-temps pour Fleury & Bott, la librairie du Chemin de Traverse. Depuis la nomination de la ministre à la tête du pays, un plan d'insertion avait été lancé pour aider les créatures magiques, dont les lycanthropes, à s'intégrer dans la société. C'était grâce à cet organisme que Remus avait pu trouver ces boulots, et les cours qu'il donnait étaient destinés à une petite fille louve elle aussi, mordue l'année précédente.

La jeune femme savait combien cela lui tenait à cœur, lui qui avait été si longtemps mis à l'écart du fait de sa condition. Être utile à quelqu'un, sans avoir cette désagréable sensation d'être jugé pour une nature profonde qu'il n'avait jamais demandé. Mais le sort en avait décidé autrement. Et Remus avait fini par l'accepter, notamment grâce au soutien sans faille de ses amis.

Quelques coups contre la porte d'entrée la sortirent de sa torpeur.

—C'est moi, fit justement la voix du jeune homme. Il y a quelqu'un... est-ce que je peux entrer ?

—Oui, répondit-elle en refermant l'album photos.

Elle le rejoignit dans le salon et sourit à sa vue. Remus lui répondit, bien que les traits tirés de son visage indiquassent combien il était soucieux. Et il y avait de quoi. Heilen le comprenait parfaitement, elle-même s'inquiétant de savoir dans quel état James allait se réveiller.

—Le petit dort ?

Heilen acquiesça, avant de s'engouffrer dans la cuisine. Elle leur prépara deux tasses de thé et ils s'installèrent dans le salon. Remus poussa un profond soupir de soulagement lorsqu'il avala une gorgée de liquide.

—Des nouvelles de James ? demanda-t-il.

—Pas la moindre, soupira-t-elle.

—J'aurais tant voulu être avec eux, fit-il.

—Je sais, moi aussi. Mais Sirius est avec Lily.

Remus acquiesça et avala une nouvelle gorgée de thé. Pour des raisons évidentes de sécurité, le docteur Gidéon leur avait annoncé que seules deux personnes pourraient être présentes pour le réveil de James... Du moins si réveil il y avait...

—Et toi ? reprit-il. Pas trop fatiguée ? Harry ne t'en fait pas voir des vertes et des pas mûres ?

La jeune femme rit quelques secondes avant de secouer la tête.

—Non, c'est un amour, assura-t-elle. Il n'a même pas pleuré quand Sirius et Lily sont partis tout à l'heure.

—C'est vrai que c'est un gentil petit garçon, approuva Remus d'un hochement de tête. Dommage que...

Il n'acheva pas sa phrase, mais la jeune femme comprit. Elle opina à son tour, ne pouvant s'empêcher de jeter un œil en direction du couloir, vers la porte entrebâillée donnant accès à la chambre d'amis dans laquelle le petit faisait sa sieste.

—J'ai encore du mal à y croire, avoua-t-elle en serrant sa tasse entre ses deux mains pour se réchauffer. Pourquoi lui ? Enfin, je veux dire... Pourquoi un enfant ?

—Je ne sais pas, admit sincèrement Remus en lâchant un soupir. J'ai toujours cru aux capacités divinatoires du professeur Trelawney, même si, je dois admettre que son côté excentrique ne la rendait pas crédible, mais une fois que nous sommes concernés... je ne sais pas. Le destin a parfois une drôle de façon de se manifester.

—Mais tu penses sincèrement qu'un enfant puisse être capable de vaincre le plus terrifiant mage noir qu'on ait jamais connu ? insista Heilen en fronçant les sourcils.

—Un enfant de l'âge de Harry non, reconnut-il. Mais peut-être que plus tard... en grandissant... qui sait ? Je ne souhaite pas que ce soit lui, évidemment, ajouta-t-il précipitamment en voyant son amie écarquiller les yeux. Mais qui que ce sera, pas avant de très longues années.

—En tout cas, Dumbledore avait raison, fit-elle après quelques secondes de réflexion. Harry et Neville sont les seuls enfants sorciers à être nés à la fin de juillet.

—Comment tu le sais ?

—Une de mes anciennes camarades travaille pour Ste Mangouste et a effectué quelques recherches pour moi. Je lui ai dit que je cherchais des nouvelles d'une cousine éloignée qui devait accoucher à la fin du mois de juillet et dont j'étais sans nouvelles depuis quelques temps, expliqua-t-elle.

—Ce qui explique l'attaque simultanée chez Franck, commenta Remus. Le Seigneur des Ténèbres n'a pas su précisément quel enfant était concerné par la prophétie alors il s'en est pris aux Potter et aux Londubat en même temps, espérant sans doute que l'une des deux familles finirait par lui donner leur fils.

Heilen acquiesça, sentant une boule se former dans sa gorge. Sirius et elle étaient parvenus aux mêmes conclusions le jour où ils avaient appris ce qui était arrivé à Franck et à sa femme.

—Tu penses que cela veut dire que l'on doit s'attendre à de nouvelles attaques du genre ? s'inquiéta-t-elle.

—Je le crains, confirma Remus d'un ton grave. Il faut que Dumbledore mette le sortilège du Fidelitas en place le plus vite possible.

—Oui, mais rappelle-toi, il a dit que ce ne serait pas possible dans un lieu densément peuplé, fit-elle. C'est pour cela qu'il voulait que James et Lily quittent leur appartement.

—Alors ils vont devoir trouver une nouvelle maison où habiter, répondit le jeune homme. Et le plus vite sera le mieux pour Harry.

—Il faudra protéger toutes les maisons où Harry sera susceptible de se rendre en grandissant, réfléchit-elle en posant sa tasse. Sinon Lily refusera de lui faire quitter leur maison.

—Tu as raison, approuva Remus. Et je pense que nous allons devoir nous atteler à la tâche ensemble. Au moins le temps que James reste hospitalisé.

Heilen acquiesça avant de se lever.

—Je reviens, dit-elle.

Elle s'engouffra dans le couloir et poussa doucement la porte de la chambre d'amis. Par chance, Harry dormait comme un bien heureux, serrant fermement sa peluche préférée entre ses petites mains potelées. Un sourire éclaira le visage de la jeune femme à cette vue et elle l'observa une longue seconde, écoutant sa respiration apaisée avant de s'approcher de la commode, dont elle tira le tiroir du bas pour en sortir un épais rouleau de parchemin.

—Qu'est-ce que c'est ? demanda Remus lorsqu'elle revint dans le salon.

—Quand Sirius et moi avons décidé de nous installer ensemble, je me suis abonnée à un journal immobilier, expliqua-t-elle tout en dénouant la ficelle qui retenait le rouleau. Depuis, tous les mois, je reçois des propositions de locations et de ventes immobilières. Sirius voulait que je me désabonne, mais j'ai oublié.

—Et on dirait que tu as bien fait, sourit le lycanthrope. Bravo, c'est une super idée !

La jeune femme le remercia, tout en rougissant de plaisir.

—Celui-ci date du mois dernier, commenta-t-elle en déroulant le parchemin pour qu'ils puissent l'observer tous les deux. Mais il est fort probable que toutes les maisons n'aient pas été vendues.

—Dis-donc, il y en a un paquet, s'étonna le jeune homme en parcourant la dizaine d'annonces qui s'étendaient devant ses yeux.

—L'agent immobilier nous avait dit qu'avec les temps qui courent les sorciers préfèrent partir pour s'installer dans des pays plus apaisés, dit-elle.

—Et je les comprends, souffla Remus.

Elle aussi. Evidemment, pour rien au monde elle n'aurait voulu quitter son pays, ses proches et tout ce qu'elle connaissait, mais quand c'était une question de sécurité pour protéger sa famille... Oui, elle en serait sûrement capable. Espérons que cela n'arrive jamais, se dit-elle.

Ils lurent silencieusement les annonces qui s'étalaient devant les yeux et prirent même la décision d'en mettre une ou deux de côté, estimant qu'elles pourraient correspondre aux besoins de leurs amis. Ils décidèrent qu'ils en parleraient le soir-même à Lily, selon l'état dans lequel leur amie reviendrait de l'hôpital.

Heilen imaginait déjà son amie leur dire que c'était gentil et généreux de leur part, mais qu'elle pouvait s'en occuper. Et la jeune femme se voyait lui répondre que non, elle avait des choses bien plus importantes à gérer dans l'immédiat. Et que ses amis étaient là pour ça, la soutenir à leur façon, pour la décharger au maximum du poids qui pesait sur ses épaules.

Harry finit par se réveiller et Remus était en train de lui donner son goûter lorsque Sirius revint. Son expression alerta aussitôt Heilen qui se précipita pour l'étreindre.

Mais son amoureux se contenta de l'enlacer en poussant un profond soupir de soulagement.

—Sirius ? s'enquit Remus.

Les deux hommes échangèrent un regard avant que Sirius ne se mette à sourire.

—James est réveillé, leur annonça-t-il. Il est conscient et parle.

—Par Merlin, s'exclama Heilen en plaquant une main sur sa bouche.

—Merci, souffla Remus en se laissant tomber sur sa chaise.

—Les médecins avaient prévu de lui faire passer des examens complémentaires quand je suis parti, ajouta Sirius. Ils veulent mesurer l'étendue des séquelles internes.

James s'en était sorti.

Enfin.

[...]

Lily observa sans un mot les éclats lumineux qui s'entremêlaient au-dessus du torse et de la tête de son mari. Les médecins agitaient leurs baguettes dans un ballet envoûtant, murmurant des paroles à peine audibles, mais qui ressortaient telle une douce mélodie. Rassurante et réconfortante.

Et c'était ce dont elle avait cruellement besoin en cet instant. De faire disparaître cette peur, cette angoisse de connaître le résultat. Et si les séquelles étaient plus importantes que le pensaient les soignants ? James avait parlé, avait su se situer, signifiant que ces facultés cognitives étaient intactes, mais les médecins s'inquiétaient plus pour ses capacités motrices.

Et si... s'il n'était plus capable de marcher ? Que se passerait-il ? Serait-elle seulement capable de gérer un enfant en bas âge et un mari handicapé ? Elle aimait James de tout son cœur et serait pour toujours à ses côtés, mais comment faire ? Harry finirait par grandir, mais son père resterait à jamais cloué dans une chaise, incapable de partager avec lui tous les bons moments qui se profilaient. Et elle connaissait suffisamment son mari pour savoir qu'il ne supporterait jamais une telle situation.

Un soupir lui échappa et elle s'appuya fermement contre le dossier de la chaise, cherchant le soutien nécessaire pour ne pas défaillir d'angoisse. L'attente lui paraissait insurmontable, les minutes s'égrainant avec lenteur. Depuis combien de temps les médecins examinaient-ils James ? Il lui semblait que Sirius était parti depuis des heures, pour annoncer la nouvelle du réveil de leur ami à Heilen et Remus. Le docteur Gidéon l'avait autorisé à rester, lui demandant simplement de se tenir à l'écart durant toute la durée de l'analyse.

Mais attendre était difficile. Car elle ne faisait que cela, attendre, depuis plusieurs jours. Elle attendait, que James se réveille, que ses blessures se résorbent, que l'Ordre trouve une solution pour les protéger, pour mettre Harry en sécurité. Que Peter soit retrouvé et qu'il pourrisse en prison pour son crime. Qu'il avoue. Qu'il...

Sirius était persuadé qu'il avait toujours agi de son plein gré. Lily espérait qu'il avait été forcé ou manipulé. Ainsi, la trahison paraissait moins violente. L'amertume de ne pas avoir su voir moins amère. Mais les faits restaient les mêmes, quoi qu'il advienne : Peter les avait trahis, les avait vendus au Seigneur des Ténèbres et c'était entièrement sa faute si James se trouvait à l'hôpital.

Pourtant, une question la taraudait : comment aurait-il pu savoir ? À la manière dont les mangemorts avaient assiégé le manoir, leur coup avait été préparé à l'avance. Or, Peter avait appris l'existence de la prophétie en même temps que les autres, soit le matin-même. Jamais elle ni James ne l'avaient divulgué, attendant plutôt le bon moment et l'aval du professeur Dumbledore pour le faire. Alors comment aurait-il pu connaître son existence ? Savoir qu'il fallait prévenir... son maître ?

À moins que...

Un mangemort l'ait entendu. Le jour où le professeur Trelawney avait énoncé la prophétie devant le directeur de Poudlard, une troisième personne avait dû l'entendre. Et cela ne pouvait être qu'un disciple du Seigneur des Ténèbres. Sinon, cela aurait signifié que c'était Dumbledore lui-même qui l'avait rapportée à Voldemort et cette hypothèse était tout simplement impossible. Non, quelqu'un d'autre l'avait fait.

Une personne qui avait la possibilité de se trouver à Poudlard ce jour-là.

Une personne qui savait plus de choses que Dumbledore ne le croyait sûrement.

Une personne qui travaillait en réalité pour l'ennemi.

Le nom de Rogue lui vint aussitôt en mémoire, mais Lily le chassa aussitôt de son esprit. Elle ne voulait pas penser à son ancien ami, dont elle n'avait plus eu la moindre nouvelle depuis la fin de leur scolarité. Elle se souvint que plus jeune il avait évoqué l'intention de faire le tour du monde, pour fuir la misère de sa condition, et peut-être avait-il exaucé ce souhait. Elle n'avait plus eu le moindre contact avec lui et c'était mieux ainsi.

—Nous avons terminé, annonça le docteur Gidéon.

Lily sursauta et se précipita aussitôt au chevet de son mari. James ouvrit les yeux, croisa son regard et prit délicatement sa main. Tous deux se tournèrent vers le soignant, qui les observait, une expression indéchiffrable sur le visage.

—Comme nous le pensions, commença-t-il, la zone de votre cerveau qui gère votre mobilité a été sérieusement touchée lors de votre torture. Certains neurones sont atrophiés.

—Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda James.

—Il semblerait que la paralysie dont vous souffrez aux jambes ne soit que temporaire et que vous puissiez remarcher de nouveau. Avec une canne, précisa le soignant. Certainement pour le reste de votre vie. Nous mettrons en place des séances de rééducation dès la semaine prochaine.

—Mais... ? souffla Lily.

—Mais, soupira le médecin, les dommages sont profonds. Il est peu probable que vous soyez capable de recourir un jour, ni même de monter sur un balai. Sinon cela ne ferait qu'abîmer définitivement les dernières cellules encore intactes et vous perdriez définitivement l'usage de vos jambes.

Lily encaissa le coup.

James lâcha un soupir.

Et leur monde s'écroula de nouveau.

Quand les mauvaises nouvelles allaient-elles cesser de leur tomber dessus ? 


Note de l'auteur : Je tenais à vous informer que j'allais passer à une publication toutes les deux semaines à partir de maintenant, avec ma reprise du travail prochainement, j'aurais un peu moins de temps pour écrire et ça me permettra de prendre un peu d'avance. Merci de votre compréhension et j'espère que ce nouveau chapitre vous aura plu !

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