🌺 Chapitre 28 : Entre colère et attirance
Je me regarde dans le miroir et je finis de me coiffer alors que ma soeur entre dans ma chambre.
— Ça te va très bien les cheveux comme ça, me signale-t-elle.
Je jette encore un coup d'œil dans le miroir et effectivement, en deux semaines, j'ai radicalement changé.
Pour commencer, je ne suis plus avec Ace et je le vis bien pour le moment. Même si à chaque fois que je le vois, j'ai un trou béant dans le cœur, le reste du temps, quand je suis avec mes parents, ma soeur, mes amis, je pense à autre chose et mon esprit est plutôt tranquille.
Ensuite, je ne suis plus blonde... Je n'arrivais plus à me regarder dans le miroir. Mes cheveux me définissait beaucoup, ils étaient une cascade dorée qui caressait délicatement mes épaules. Ils étaient comme des rayons de soleil capturés dans mes mèches, illuminant mon visage d'une lueur chaleureuse et éclatante.
Leur couleur douce et lumineuse est un reflet de ma personnalité pétillante et optimiste. Ils étaient le reflet de ma joie de vivre, de ma passion pour l'aventure et de ma nature enjouée. Ils brillaient avec une intensité particulière lorsqu'ils capturaient les rayons du soleil, créant un halo radieux autour de moi.
Mais aujourd'hui, et ce depuis ce matin, ils arborent une tout autre couleur, j'ai décidé que le châtain foncé serait une très bonne alternative. Ce n'est de toute façon que temporaire. Quand je serai de retour en France, la couleur aura déjà commencé à s'atténuer pour que je retrouve mes cheveux naturels.
Il ne me reste plus qu'un mois à vivre ici.
Un mois et mon semestre d'échange prend fin.
Quatre petites semaines avant que mes amis et moi soyons séparés par presque 10 000 kilomètres.
Trente-et-un jours avant de ne jamais revoir Ace.
Sept cent quarante-quatre heures avant de ne plus jamais revoir son sourire.
Quarante-quatre mille six cent quarante minutes avant... avant rien du tout. Ace et moi ne sommes plus ensemble, il faut que je me le rentre dans le crâne.
Nous n'avons aucun compte à nous rendre et je devrais profiter des derniers moments qui me restent ici de manière intelligente et pas seule dans ma chambre à déprimer.
Ce que je fais depuis maintenant deux semaines, en me rendant quand même à l'université, en voyant mes amis et ma famille, mais une fois seule, enfin avec ma sœur, dans ma chambre, rien ne peut arrêter les pensées qui hantent mes nuits, m'empêchant de dormir convenablement.
— Prune, tu es là ? me demande Cerise, inquiète.
— Oui, désolée, j'étais ailleurs...
Elle me regarde et ses yeux se remplissent de larmes.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demandé-je en me levant pour aller vers elle.
— J'ai peur Prune, j'ai peur de te perdre à nouveau... Je ne veux pas que ça recommence, tu ne mérites pas ça, tu es une personne forte.
Je prends ma sœur dans mes bras et nous pleurons l'une dans les bras de l'autre.
— Je ne laisserais pas cette maladie remettre le grappin sur moi Cerise, je t'en fais la promesse.
Je lui montre mon petit doigt qu'elle accroche au sien en me disant :
— Tu me le promets Prune ?
J'essaie de me convaincre du mieux que je peux en lui répondant :
— Je te le promet Cerise, et tu seras là, avec moi pour me le rappeler.
Elle sourit à travers les larmes et je la reprends dans mes bras. Et faut dire qu'après l'accident, la perte d'Émilie et Mathéo, ma période très compliquée m'a rendue malade, pas physiquement, mais mentalement. J'ai fait une dépression qui m'a emmené bien bas et ma soeur a tout vécu de A à Z à côté de moi en essayant chaque jour de me redonner le goût de la vie que j'avais perdu et tout gérer toute seule s'est avéré très compliqué, même si je donnais de ma personne pour m'en sortir. Je n'étais pas à la hauteur, je n'y arrivais pas et maintenant, en me voyant dans cet état lamentable, sa seule peur est de me voir lui filer entre les mains et me perdre pour de bon cette fois...
Dernier jour de cours pour moi : validé !
Effectivement, je reste à L.A jusqu'à mi-Janvier, mais mes cours s'arrêtent juste avant le break de Noël qui démarre là, maintenant, tout de suite.
Je rejoins donc le parking où doit se trouver ma famille, mais je ne les vois pas et attrape alors mon téléphone dans ma poche.
Cerise : Coucou, on a eu un léger contretemps, tu rentres avec Ace, ça ira ?
Je relève la tête et voit sa voiture avec lui à côté qui me fait signe en souriant.
J'ai envie de lui crever les yeux... et de l'embrasser. Ce sont deux choses radicalement opposées et pourtant c'est le yoyo que je ressens.
Je prends donc mon courage à deux mains et m'avance vers la voiture en placardant un faux sourire sur mon visage.
— Salut, lance-t-il une fois que j'arrive à sa hauteur.
— Salut, on peut y aller ? J'aimerais passer le moins de temps possible avec toi.
J'ouvre la porte du côté passager et monte alors qu'il tente une énième discussion.
— Prune, j'aurais aimé que tout se passe différemment...
— Mais ce n'est pas le cas Ace, le coupé-je. Je t'ai ouvert mon coeur, raconté mes faiblesses, tu sais tout de moi et tu me caches un truc qui te pourris la vie et qui t'a apparemment obligé à me larguer. Parce que la distance est un problème avec une solution et je sais que tu le sais.
Il ne dit rien et démarre la voiture alors que je me tourne vers le paysage.
Lenny : Soirée tous ensemble ce soir pour fêter le début du break ?
Prune : Sans moi, je dîne avec mes parents et je vais commencer à ranger quelques affaires je pense, mais une prochaine fois avec grand plaisir !
Lenny : Comme tu veux ! De toute façon tu seras dans l'obligation de venir à notre super méga soirée de réveillon du nouvel an qui se passera sous ton toit.
Je lui réponds que ça me semble plutôt évident puis on se souhaite une bonne soirée quand la voiture de mon bourreau se gare dans l'allée.
Mais au moment où j'essaie d'ouvrir la porte, elle ne s'ouvre pas.
— Ouvre la voiture, dis-je en me tournant vers lui.
— Écoute moi d'abord.
Une notification apparaît sur son écran et quand je vois le nom, je pose la question qui me travaille depuis un moment :
— Est-ce qu'elle le sait ? Est-ce que Jennifer est au courant de ce que je ne sais pas ?
Il ne me répond pas, baisse les yeux et je lâche énervé :
— Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Tu ne me fais toujours pas confiance ?
— Prune... je...
— Oublie-moi Ace, ce n'était qu'une erreur.
Il m'attrape la main et lance :
— Je ne peux pas te laisser dire une telle chose Prune, nous deux ce n'est pas une erreur, c'est une évidence.
— Excuse-moi, mais ce n'est pas moi qui mens et qui dit : "Alors, peut-être que le mieux c'est qu'il n'y ait plus de "nous"." Tu n'as pas le droit de changer d'avis aussi brusquement, je ne suis pas un jouet que tu prends et que tu lâches quand tu n'en as plus besoin Ace !
Il me regarde droit dans les yeux et mon regard se perd dans ses yeux.
Je ne peux pas le laisser me piétiner de cette manière, je ne peux pas le laisser jouer avec moi.
— Je t'aime Prune, je n'aime que toi.
— N'utilise pas ces mots avec moi Ace, pour moi dire je t'aime c'est important, c'est sincère.
— Pour moi aussi.
Je fulmine, je n'en peux plus.
— Ouvre la voiture.
— Écoute-moi Prune, je ne te mens pas là-dessus, je te le promets.
— Je ne te crois plus, je n'ai plus envie de te croire, j'ai l'impression que tu joues avec moi, tu as perdu ma confiance Ace et bonne chance pour la retrouver. Maintenant ouvre cette putain de porte !
Il s'exécute et je sors en trombe de la voiture. J'ouvre la porte d'entrée et m'engouffre dans le couloir en criant bonjour à Margaret et Claude qui sont dans le salon. Je m'enferme dans ma chambre et envoie un message à Cerise :
Prune : Plus jamais tu me fais un coup comme ça Cerise où je te le ferais payer très cher.
Je m'allonge sur le lit et je repense à tous les moments que j'ai passé avec Ace au début et comme nous étions complices.
En commençant par notre première rencontre IRL à mon arrivée à Los Angeles...
C'est Ace qui s'approche de moi, me prend dans ses bras et me soulève de terre. Je rigole avec lui avant qu'il me repose :
— Enfin je vois ta sale tête, dit-il en rigolant et en ébouriffant mes cheveux.
— À ce que je vois, tu as enfin pu te dessoûler ?
— Il doit me rester le minimum acceptable d'alcool dans le sang.
Suivie de la première soirée à la maison où il était complètement arraché, je rigole légèrement en repensant à ça.
— Ace ! crié-je dans la maison.
— Prune ! L'amour de ma vie ! crie-t-il en s'avançant vers moi complètement torché.
— Est-ce que tu pourrais baisser le son de la musique et dire à tes cons de potes d'arrêter de jeter des cailloux sur ma fenêtre ?
— Tu n'aimes pas Roméo et Juliette ?
Je descends d'une marche pour être à sa hauteur et le regarde droit dans les yeux.
— Les Roméo désespérés, c'est pas mon truc. Tu pourrais faire ça pour moi ?
— Tout ce que tu veux Frenchie.
Quand je l'ai attendu alors qu'il jouait à la princesse sous la douche en toute détente.
— Ace ! T'es pire qu'une fille sous la douche ! Je peux savoir ce que tu fais ?
— Je pense que même la partie la plus tordue de ton esprit ne peut pas l'imaginer, répond-il.
Aaargh, il m'énerve quand il commence à se foutre de moi comme ça !
En même temps, c'est drôle, c'est notre humour, c'est nos petites piques qui font que notre quotidien est aussi fun.
— C'est pas le moment pour faire ça Ace ! Je t'attends !
— Tu m'attends pour le faire à ma place Frenchie ? C'est si gentil de ta part.
Je vais le frapper, c'est pas possible ! Il me désespère...
— Ferme-là et magne-toi !
Je l'entends rire de l'autre côté de la porte et je me fais la promesse de lui faire payer un jour ou l'autre cette insolence.
— Tout ce que vous voudrez, votre altesse.
Retenez-moi d'enfoncer cette porte !
Le matin de la rentrée avec un réveil plus que drôle.
— Pruuuuuuuuune ! s'écrit Ace derrière ma porte. Aujourd'hui est un grand jour, je t'ai préparé ton petit sac à dos Hello Kitty et ton petit goûter, continue-t-il en entrant dans ma chambre.
Il arrive face à moi, un grand sourire aux lèvres et je lui lance mon coussin dans la figure.
— Dégage de là où je te fais manger ton petit-déjeuner par le cul !
La première pseudo-déclaration d'amour que l'on s'est fait, le moment était triste mais les paroles étaient sincères.
— Si tu savais combien j'aurais aimé que tu sois dans mes bras, combien je rêvais de t'embrasser quand je t'ai vu dans ma veste.
Je rougis et lui réponds dans son oreille :
— Qui t'a interdit de le faire ?
Il se recule légèrement et me demande :
— Et ton français ?
— Il s'appelle Célestin, mais je n'aime pas le manque de respect dont il fait preuve sur certains sujets, ça ne me correspond pas alors, j'ai tout arrêté. De toute façon, depuis le début, Ace, il n'y a que toi dans ma tête. T'as beau être un emmerdeur de première classe et me tenir loin, tout, absolument tout me ramène à toi.
Le moment où je l'ai retrouvé alors que je pensais l'avoir perdu à jamais.
— Qu'est-ce que je ferais sans toi Prune ?
— Tu serais un abruti fini, rigolé-je.
On se regarde droit dans les yeux et il me dit :
— Tu devrais arrêter de me regarder de cette manière Prune.
Je me rapproche un peu de lui sans le quitter des yeux et souffle :
— Pourquoi ? J'adore te voir perdre tes moyens face à moi.
Je lui souris en coin et je ne cesse de le regarder. J'ai eu si peur de le perdre, de le voir me glisser des mains sans rien pouvoir faire que je refuse de regarder ailleurs. Tout ça me semble si irréel...
Sans un mot, nos lèvres se rejoignent dans un baiser qui transcende les mots. C'est un baiser empreint de tristesse, mais aussi d'amour, de compréhension et de pardon. Nos lèvres se caressent doucement, cherchant le réconfort et la connexion mutuelle.
Et plein d'autres moments formidables ponctués par des imprévus, des non-dits, des disputes, mais finalement, est-ce que je ne serais pas amoureuse de lui depuis notre première vraie rencontre ?
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