🌺 Chapitre 20 : Ne nous quitte pas
L'hôpital se dresse majestueusement devant moi, une imposante structure de béton et de verre qui évoque à la fois la guérison et la souffrance. Ses murs blancs reflètent les rayons du soleil, créant une aura de sérénité et d'espoir mêlée d'une pointe d'appréhension.
Alors que je m'approche de l'entrée, mes pas résonnent sur le sol froid et poli. Les portes automatiques s'ouvrent devant moi, me laissant pénétrer dans un monde où la vie et la mort se côtoient chaque jour. L'air est imprégné d'une odeur familière, mélange d'antiseptique et d'anxiété contenue.
Malgré le fait que je me trouve dans un pays étranger, l'hôpital évoque des souvenirs douloureux, ravivant en moi les images de l'accident de bus qui a bouleversé ma vie il y a quatre ans. Les couloirs blancs et aseptisés semblent familiers, mais aussi porteurs de souffrance et de chagrin.
Je lutte contre les émotions contradictoires qui m'assaillent, déterminée à me rendre auprès d'Ace malgré les souvenirs pénibles qui menacent de m'envahir. Je me rappelle que cet endroit est aussi un lieu de guérison, un lieu où des vies sont sauvées et des miracles se produisent parfois.
En franchissant les couloirs silencieux, j'observe les visages préoccupés du personnel médical, vaquant à leurs tâches avec professionnalisme et dévouement
J'arrive enfin à la chambre d'Ace, mon cœur battant à tout rompre. Je ne sais pas ce qui l'a conduit ici, je ne connais pas l'état dans lequel je vais le trouver. L'inconnu m'envahit, mêlé d'une lueur d'espoir qui brûle encore en moi.
En poussant doucement la porte, je pénètre dans un espace empreint de calme et de tension. Ace repose dans son lit, entouré d'appareils médicaux et de moniteurs qui veillent sur sa santé. Son visage paisible contraste avec les fils et les tubes qui le maintiennent connecté à la vie.
Je m'approche avec précaution, m'efforçant de cacher mes émotions. La peur, l'inquiétude et l'amour se mêlent dans mon cœur, créant une tempête d'émotions qui menacent de me submerger. Je prends sa main dans la mienne, cherchant une connexion, un lien qui transcende les mots.
Alors que je contemple son visage endormi, j'essaie de puiser la force nécessaire pour affronter l'incertitude et les souvenirs douloureux qui se réveillent en moi.
Joshua qui se trouvait dans un coin de la pièce s'approche de moi et me prend dans ses bras. Les parents d'Ace, Margaret et Claude entrent dans la chambre. Le visage de sa mère est baigné de larmes et son père s'efforce de garder la face, mais on peut lire qu'il ne va pas bien.
— Lenny n'est pas venu ? demandé-je doucement à Joshua.
— Il était avec Paloma, il passait la poser chez elle et il arrive, vous avez dû vous croiser.
Je m'approche ensuite de Margaret et Claude et pose la question que me travaille depuis les messages de Joshua :
— Qu'est-ce qu'il a fait ?
Ils se regardent et Margaret vient me prendre dans ses bras.
— Sache avant tout que tu nous manques beaucoup Prune, si tu as besoin de quoi que ce soit, nous serons là pour toi.
— Merci, c'est gentil.
— Ensuite, reprend-elle, Ace a... il a...
Voyant qu'elle n'arrive pas à finir sa phrase, Claude la complète :
— Il a essayé de mettre fin à ses jours.
Le choc et l'incompréhension s'emparent de moi alors que les mots des parents d'Ace résonnent dans mes oreilles. Le sol semble se dérober sous mes pieds, laissant un abîme béant s'ouvrir devant moi. Le poids de la nouvelle s'écrase sur mon cœur, une douleur aiguë qui me coupe le souffle.
Comment est-il possible que la personne que j'aime le plus ait été submergée par une telle détresse qu'il en est venu à vouloir mettre fin à ses jours ? Les larmes montent irrépressibles, brouillant ma vision, alors que je lutte pour comprendre ce qui a pu le pousser à de telles extrémités.
Une multitude d'émotions se bousculent en moi. La peur, la tristesse, l'impuissance. Je me sens déchirée entre l'amour que je ressens pour Ace et la réalité brutale qui se dévoile devant moi. J'aurais tant aimé être là pour le soutenir, pour l'aider à porter le fardeau de sa douleur, mais j'ignorais tout de ses démons intérieurs et je l'ai laissé tomber pour mes petits problèmes au moment où il avait le plus besoin d'aide, d'écoute, d'entourage. Je l'ai laissé seul, seul face à ses démons.
Une vague de culpabilité m'envahit. Ai-je manqué des signes ? Aurais-je pu faire quelque chose pour l'empêcher d'en arriver là ? Les questions tourbillonnent dans ma tête, sans réponses claires, et je me sens submergée par un sentiment d'impuissance accablant.
Les souvenirs de notre histoire commune, de nos moments partagés, se mêlent à la réalité de ce que je viens d'apprendre. Je me rappelle les rires, les moments de tendresse et je refuse de les voir réduits à néant par cette sombre période de sa vie.
Dans cette nouvelle épreuve que m'offre la vie, je puise ma force dans l'espoir. L'espoir que l'amour et le soutien inconditionnel peuvent être des remèdes pour l'âme blessée. L'espoir que nous pourrons traverser cette tempête ensemble, en émergeant plus forts et plus unis.
Alors que je me tiens là, devant le lit d'hôpital qui abrite la souffrance d'Ace, je sais que ce sera un chemin difficile. Les larmes roulent seules sur mes joues et quand Joshua vient pour me prendre dans ses bras, je ne le repousse pas. Au contraire, je m'y réfugie et je pleure, je pleure ma tristesse, ma colère, ma culpabilité.
Alors que je suis toujours dans les bras de Joshua, que Claude et Margaret parlent à un médecin dans le couloir, la porte de la chambre s'ouvre dans un grand fracas et nous apercevons Lenny qui entre dans la chambre totalement bouleversé.
On se redresse tous les deux et je me précipite vers lui pour le prendre dans mes bras, tout comme Joshua. Nous sommes ensemble tous les trois, et je sais qu'à cet instant précis, peu importe ce qui va arriver dans les prochaines secondes, minutes, heures ou même jours, nous serons là, ensemble, prêts à se battre avec lui, à lutter pour sa survie.
— Est-ce que quelqu'un connaît la raison de son acte ? questionné-je.
Les deux me répondent que non et nous nous tournons vers le lit d'Ace, ne sachant pas quoi faire.
Je déteste les hôpitaux. Je ne les aimais pas avant et rien n'a changé depuis.
Le médecin entre alors et nous demande de sortir quelques instants.
Nous rejoignons les parents d'Ace et ils nous expliquent ce que leur a dit le médecin.
— Ace a pris une plaquette entière de médicament qu'il a trouvé à la maison... on a eu de la chance de rentrer tôt à la maison, à quelques minutes près, on... on l'avait définitivement perdu, déclare Claude alors que Margaret ne cesse de pleurer.
— Anissa est au courant ? demandé-je.
— Elle arrive dans très peu de temps.
Je regarde Lenny et Joshua, ils ne l'aiment apparemment pas plus que moi vu leur regard ou alors, ils savent quelque-chose que j'ignore.
On s'assoit sur les chaises dans le couloir quand je vois la fameuse soeur arriver, je ne me lève pas et ne la regarde pas, mais elle lance :
— Toi ! Prune, tu viens avec moi. Maintenant !
Je me lève et la rejoint, on se met un peu plus loin dans le couloir et elle me dit :
— Tu as le culot de te pointer ici après ce que tu lui as fait !
— Je n'ai rien fait, Anissa. Mais toi, qu'est-ce que tu fais ici ? La dernière personne qu'il a réellement vu ses derniers jours, c'est toi.
— Tu me remets la faute dessus alors que tu es la seule fautive de son mal-être ? Tu l'as rejeté Prune !
Je serre mon poing et ne me laisse pas abattre face à ses paroles plus que dégueulasse.
— Ce n'est pas à cause de moi qu'il a essayé de mourir ! hurlé-je hors de moi. Je peux savoir ce que tu lui as dit exactement pour qu'il finisse dans cet état ? la confronté-je, un doigt posé au-dessus de sa poitrine alors que Lenny et Joshua m'entourent.
Elle s'approche de moi et murmure dans mon oreille en français pour par que mes deux amis comprennent :
— Mon frère n'est pas la personne que tu penses Prune, alors casse-toi d'ici et laisse-nous vivre comme on le faisait avant toi.
Je la regarde droit dans les yeux et lui réponds dans la même langue :
— Écoute-moi bien Anissa, parce que je n'aime pas me répéter, je n'ai rien fait à ton frère et je ne risque pas de l'abandonner maintenant. Par contre toi, tu n'es pas nette dans l'histoire et il nous dira la vérité à son réveil alors, je serais toi, je n'ouvrirais pas ma grande gueule.
Furieuse, elle part vers sa mère, le visage déconfit en faisant semblant de pleurer.
Je sais reconnaître les vrais pleurs des faux, j'ai passé trop de temps dans un hôpital à accepter la mort que j'ai vu défiler des gens vraiment tristes et d'autres qui faisaient semblant.
Soudain, des alarmes retentissent en provenance de la chambre d'Ace et des médecins et infirmières accourent alors que je serre le bras de Lenny d'un côté et celui de Joshua de l'autre et que nous prions en silence pour que ça ne soit pas ce que l'on pense.
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