⚾️ Chapitre 11 : Excuses et chagrin
Elle me fuit comme la peste.
Elle ne m'adresse plus la parole.
Elle est meilleure amie avec Lenny et Joshua.
Elle sort tout le temps avec Paloma et Dennis.
Elle fait comme si je n'existais pas.
Elle voit un garçon dont j'ignore tout à son sujet.
Elle me fait vriller.
Je descends prendre mon petit-déjeuner comme tous les matins et elle est déjà là, assise sur un des tabourets de la cuisine, elle regarde son téléphone et envoie des SMS sans me calculer. Comme si je n'existais pas. Je suis un fantôme, pire que Casper parce que lui au moins, il a des personnes qui savent qu'il existe.
Alors évidemment, je vois toujours Joshua et Lenny, je parle toujours avec eux, on rigole ensemble, je m'entends aussi très bien avec Paloma et Dennis, mais le fait que Prune ne me calcule pas me tape violemment sur les nerfs.
En plus de ça, je suis dans la même majeure qu'elle : algèbre.
Elle s'installe au premier rang, prend des notes, pose des questions à notre prof alors que je suis presque au fond à la regarder et à écouter le prof, même si ça devient compliqué parce que je ne peux pas me la sortir de la tête.
— Salut...essayé-je.
— Salut ! me répond-elle en se tournant vers moi de bonne humeur. Comment tu vas ?
Alors celle-là, je ne m'y attendais pas. Me serais-je trompé depuis le début ?
— Ça va plutôt bien et toi ?
— Ça va. Tu as compris l'exercice douze qu'il y avait à faire ?
Je prends le temps de réfléchir.
Il n'y avait pas d'exercice à faire. Il n'y en a jamais.
Je m'approche d'elle et regarde ses yeux : ils sont rouges.
Elle est sortie et elle n'a pas fini de décuver, d'où le fait qu'elle m'adresse la parole...
— Tu es sortie hier soir ?
— Ouais, on est allé au même bar que d'habitude avec Paloma. Il n'y avait pas les garçons cette fois.
— Tu es encore saoule ?
Elle me regarde droit dans les yeux et je reconnais la Prune que j'ai l'habitude de voir.
— Tu dis ça à cause de mes yeux ? C'est une simple allergie à mon maquillage, je sais que j'ai l'impression d'être droguée, mais quand même, je le prends super mal ! Il me semblait que tu savais parler aux femmes le ricain.
Mon cœur s'emballe à l'entente de ce surnom. Elle me parle de son plein gré et ça c'est beau. Mais qu'est-ce que ça signifie ?
— Non, je dis ça parce que tu me parles enfin après presque deux semaines de silence radio.
— J'avais besoin de prendre du recul sur la situation et j'ai pas mal réfléchi. Notre amitié me manque terriblement... On est jeune et une attirance physique entre nous a failli tout gâcher. Je le savais, depuis le premier jour où je te parle, que tu es beau, mais je tiens tellement à notre amitié, à nos piques, nos surnoms, nos crêpages de chignons. J'ai la flemme de continuer à être une enfant, il faut que je grandisse, j'ai vingt ans on a dépassé le stade des gamineries.
Quelqu'un a compris quelque-chose ?
Elle vient de faire sa longue tirade en français et j'avoue que je ne sais pas ce qu'elle vient de dire.
— Tu pourrais me redire tout ça en anglais ? questionné-je timidement.
— Oh yes, sorry! I needed to take a step back from the situation and I did a lot of thinking. I miss our friendship terribly... We are young and a physical attraction between us almost ruined everything. I knew it, from the first day I spoke to you, that you are beautiful, but I care so much about our friendship, our spades, our nicknames, our buns. I'm too lazy to continue being a child, I have to grow up, I'm twenty, we've passed the stage of childishness.
Je pense que j'aurais préféré ne pas comprendre.
Je viens de me faire friendzoné d'une force... je ne savais pas que c'était possible.
C'est ce que l'on appelle l'arroseur arrosé...
— Tu as raison Frenchie. Je tiens beaucoup trop à nos fou-rires, nos blagues, nos moments passés ensemble. On a été jeunes et cons, maintenant on peut être juste jeune.
Elle me tend la main et je la lui serre.
Finalement, ça sera peut-être la meilleure des décisions que l'on aurait pu prendre ?
Elle se lève pour aller se doucher et laisse son téléphone en évidence sur la table.
Je m'assois à côté pour déjeuner et il s'éclaire affichant des nouveaux messages et je ne peux m'empêcher de regarder et lire...
Célestin : Rendez-vous devant l'auditorium à 7h50 ?
Célestin : J'ai hâte de te voir Prune.
Malheureusement pour moi, les messages qu'ils s'échangent sont en français et je ne comprends pas un mot. Mise à part auditorium, ce qui signifie que comme elle, c'est un français natif qui fait des études ici.
Le prénom Célestin me dit un truc, mais j'ai des doutes, mettons mes meilleurs détectives sur le coup :
An evening without us? Impossible
7h20
Ace : Vous connaissez un Célestin par hasard ?
Oui, c'est vrai, dire que Lenny et Joshua sont les meilleurs détectives, ça peut sembler étrange, mais, ils sont capables de retrouver quelqu'un en un clin d'œil.
Joshua : Le capitaine de l'équipe de basketball s'appelle comme ça il me semble. Pourquoi ?
Ace : Il est en quelle année et quelle spécialisation ?
Joshua : Mec, tu fais peur, pourquoi tu veux ces informations.
Joshua : Tu es amoureux de lui ?
Lenny : T'es complètement à côté de la plaque Josh', il est amoureux de Prune notre petit Ace, mais Prune parle beaucoup à ce Célestin, il est français comme elle.
Lenny : Ace a dû le découvrir, il est très jaloux et cherche à savoir en quoi il est mieux que lui.
Ace : Je ne suis pas amoureux de Prune, je ne tombe pas amoureux des filles (ni des mecs je te vois venir Joshua). Je m'inquiète juste pour elle comme un ami le ferait. Mais puisque tu as l'air au courant Lenny, tu pourrais répondre à mes questions, non ?
Lenny : Célestin Richard, français d'origine, de la Côte d'Azur même, si je comprends bien ce qu'elle m'a dit.
Lenny : Il a vingt-et-un ans, il est en dernière année de droit, ils se sont rencontrés dans un bar à Santa Monica, il est plutôt gentil avec elle.
Je sais qu'il sait d'autre chose, mais il ne veut pas me les dire et ça m'énerve au plus haut point.
Ace : Et ? Ils sortent ensemble ?
Lenny : Officiellement non, mais officieusement, je pense que tu ne veux pas savoir.
Joshua : Ah ouais... elle se met bien notre lilliputienne, le capitaine de basket, français qui fait des études de droit, c'est un bon parti.
Ace : Lenny, dis-moi tout, absolument tout.
Lenny : Ils se sont embrassés plusieurs fois.
Lenny : À chaque fois qu'ils se voient pour être plus précis. Et je n'en sais pas plus, je n'ai pas demandé plus, mais puisque tu n'es pas amoureux d'elle, tu peux librement parler de ce sujet avec elle n'est-ce pas ?
Je ne réponds pas.
Je n'ai pas deux ans, je ne suis pas obligé de répondre à toutes ses piques de gamins.
Elle revient dans la pièce et récupère son téléphone sans un mot pour moi.
— Et du coup, tu fais quoi ce soir ? osé-je demander.
— Je pense que je vais réviser un peu l'algèbre et aller dormir, j'ai un peu abusé sur les soirées. Et toi, une petite soirée de prévue ?
— Non, il faut que je révise aussi. Ça te dit qu'on le fasse ensemble ?
Je prends un risque en posant cette question, parce que faire la paix ne veut pas dire que l'on soit meilleurs amis et collègues de travail pour autant.
Elle relève le nez de son téléphone et me regarde droit dans les yeux comme si elle cherchait où était la blague dans ce que j'ai dit.
— Tu penses qu'on pourra travailler ensemble, alors qu'on a absolument pas les mêmes méthodes de travail, sans s'égorger ?
— Oui, je pense qu'on peut même apprendre des méthodes de l'autre, ça ne peut être que bénéfique.
Elle me regarde dans les yeux puis rigole avant d'attraper son sac, de déposer un baiser sur ma joue et de sortir de la maison.
Elle ne m'embrasse jamais sur la joue, mais ça doit faire partie des nouveaux codes de comportement entre nous...
Je vais jeter un œil à la fenêtre et je vois le fameux Célestin dans une voiture flambant neuve embrasser Prune, ma Prune...
Je serre le poing, contracte la mâchoire et ma mère entre dans la pièce, elle regarde ma main, puis la fenêtre avant de fixer mon profil.
— Mon fils serait-il enfin tombé sous le charme d'une fille ?
— Non, j'ai juste peur pour elle comme un ami a peur pour une amie.
— Alors, décrispe-toi mon chéri, parce que tout le monde pourrait penser le contraire.
Elle me tape sur l'épaule et se dirige vers la cuisine alors que je rejoins ma chambre pour me préparer à retourner à l'école.
J'ai la boule au ventre. Je ne devrais pas, mais je l'ai.
Je suis retourné en cours depuis la mort de James, tous les jours et j'ai "affronté la chose", mais aujourd'hui c'est différent. C'est l'hommage, ça a mis plus de temps que prévu donc c'est aujourd'hui que sa photo va être afficher en grand au stade que toute l'équipe portera le maillot noir et les gradins seront remplis de gens qui ne le connaissent pas ou très peu.
Alors que je cherche les mains tremblantes une tenue à me mettre, mon téléphone sonne :
Jennifer : Maintenant qu'il est décédé, tu comptes dire la vérité ?
Jennifer : Je peux toujours le faire si tu ne t'en sens pas capable.
Jennifer : Ou alors, toi et moi on se remet ensemble et j'omet ce magnifique détail concernant l'accident qui a tué ton pote.
J'attrape mon téléphone et le jette à l'autre bout de ma chambre avant de m'effondrer en pleurs au pied de mon lit.
Alarmé par le bruit que ma chute et celle de mon téléphone ont dû faire, ma mère entre dans ma chambre et me voit dans cet état minable.
— Ace... je sais que c'est difficile pour toi et j'aimerais tellement t'aider...
Maman...
Ça me crève le cœur de te voir comme ça alors que si tu connaissais la vérité tu dirais tellement pas la même chose.
— Je voudrais juste remonter le temps, que rien ne soit arrivé et que tout aille mieux, qu'il revienne... qu'il réalise son rêve de jouer avec moi en pro. Qu'on aille dans la même équipe, qu'on habite la même ville, que nos enfants soient amis... que l'on vive la vie que l'on s'imagine depuis des années.
Je n'arrête pas de pleurer et ma mère d'essayer de me consoler. Mais ça ne fait rien, rien ne passe, ne change, je suis vide. Je ne suis plus qu'une coquille qui cherche une émotion pour la combler parce qu'actuellement je suis incapable de reprendre une vie normale.Quand il était dans le coma, il était encore là, j'allais lui parler, je le voyais, j'avais espoir.Aujourd'hui tout mon monde s'est effondré et la seule personne qui pouvait m'aider à le soutenir un peu et à me reconstruire à filer avec un français parce que j'ai été la pire personne dont elle pouvait rêver.
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