Jace marche à grands pas vers un lieu qui m'est encore inconnu et il ne m'a toujours pas posé à terre. Nous avons eu droit à de nombreuses réactions de la part des passants, mais la plus drôle fut quand même la vieille dame qui a frappé Jace avec son sac à main, lui ordonnant de s'éloigner de moi. En effet, mes cris d'indignation envers Jace pour qu'il me repose à terre lui ont fait penser qu'il m'avait emmené contre mon gré. J'ai du intervenir, rassurant la vieille dame et elle est repartie en jurant, provoquant un fou rire incontrôlable entre moi et Jace, qui n'a pas perdu le Nord puisqu'il m'a immédiatement repris sur son épaule tel un sac à patates.

- Jace, est ce que tu peux me reposer ? Je vais finir par avoir mal au coeur à force de garder la tête en bas. 

Il s'arrête et s'accroupit pour me poser au sol. Je ferme les yeux quelques secondes car la tête me tourne et je chancèle un peu. Jace pose ses deux mains sur mes épaules pour me stabiliser.

- Hey... ça va ? Il me demande doucement.

Je rouvre les yeux et m'aperçois que le trottoir ne tourne plus. Je lui donne un coup dans l'épaule mais il ne bouge pas un poil.

- Tu as essayé de faire quoi exactement ? Il me demande avec un ton moqueur.

- Je... je t'ai levé une poussière sur ta veste, je mens.

- Mouais... dis plutôt que tu as essayé, en vain, de me bousculer. 

- Bon d'accord mais c'était pour te punir de m'avoir donner le tournis, je me défends.

- Oh je vois... mes méthodes ne t'ont pas plu ? Il demande sur un ton joueur.

- Pas tellement. Disons qu'il y a mieux... 

Un sourire en coin s'affiche sur son visage alors qu'il arque un sourcil. Oh... je connais cet air et ça ne présage rien de bon pour moi.

- Jace qu'est ce que...  Il ne me laisse pas finir ma phrase et me porte dans ses bras comme une princesse.

- C'est mieux comme ça ? 

Je soupire m'avouant vaincue. 

- Est ce que j'ai le choix ?  Je demande.

- Non. 

- Bien... alors marche ! Je lui ordonne.

Il rit à gorge déployée ce qui m'arrache un sourire que je m'efforce de cacher.

***

Après un long moment de marche, Jace s'arrête devant le théâtre. Il me pose enfin au sol et entrelace nos doigts.

- Jace qu'est ce qu'on fait ici ? 

- Eh bien... j'ai pensé que danser te ferrai du bien, me dit-il jaugeant ma réaction.

Je lui souris ce qui fait réapparaitre son sourire. 

- Tu sais... je... je voudrai t'expliquer pourquoi... j'ai du mal à... danser mais...  Il me coupe. 

- Je sais... quand tu seras prête d'accord ? 

- Merci... 

Il se penche pour m'embrasser mais nous sommes interrompus par un raclement de gorge. Je tourne la tête et aperçois Mason. Je sens Jace se tendre à côté de moi et sa prise sur ma main se ressere. Je baisse la tête et m'aperçoit que sa main libre forme un poing. Il sert si fort que ses jointures sont blanches. Il me fait aussi mal à la main.

- Jace tu me fais mal, il baisse la tête et relâche un peu sa prise, qu'est ce qu'il se passe ?  Je demande surprise par son changement de comportement soudain.

- C'est vrai ça Jace, on dirait que tu es stressé. Détends-toi un peu. 

Il ne répond pas et se contente de serrer les dents. Mason lui le défie du regard. Je ne comprend pas cette tension soudaine entre les deux hommes. Je décide de prendre les devants pour mettre fin à cet affrontement silencieux.

- Bon Mason, on va te laisser. Jace et moi aimerions répéter notre duo. 

- Oh... ton patron ne te l'a pas dit ? Ils font des travaux dans la salle de spectacles et elle est interdite d'accès. Tu ne devrai plus pouvoir travailler avant au moins une semaine. 

- Oh... dans ce cas, je vais aller le voir pour m'arranger avec lui. 

J'avance en tirant Jace par la main pour aller me renseigner à propos de ces travaux.

- À bientôt Tessa ! me lance Mason.

- À bientôt Mason. 

Il s'en va et Jace m'entraine dans le théâtre l'air toujours aussi furieux. Il n'a pas dit un mot depuis que nous avons vu Mason et je me décide à rompre ce silence pesant.

- Jace, qu'est ce qu'il se passe ? Je demande en me plaçant devant lui une main sur son torse.

- Rien, c'est juste que... je ne veux pas que Mason... enfin... il a l'air de t'apprécier et ça ne me plaît pas... 

Oh... c'est donc ça ! Il est jaloux !

- Seriez-vous jaloux M.Mayers ? Je demande un sourire joueur aux lèvres.

Il affiche alors un sourire en coin qui veut dire bien des choses.

- Absolument, il dit d'une voix suave.

Je me penche et l'embrasse pour lui faire comprendre qu'il n'a rien à craindre puis je me détache de lui et nous nous dirigeons vers le bureau de ce cher M.Olsen. Rien que de penser a son prénom, me donne envie de vomir. Jace se tient derrière moi lorsque je frappe à la porte du bureau de ce qui me sert de patron. Sa voix grasse me demande de patienter. Après quelques minutes, la porte s'ouvre sur M.Olsen, reboutonnant son pantalon. Mais quelle horreur ! Je ne veux même pas imaginer ce que ce pervers faisait dans son bureau.

- Tessa, ma belle, que me vaut une si belle surprise ? Il me demande en posant sa main sur mon épaule.

Jace apparait à mes côtés et tend sa main vers M.Olsen. 

- Je suis Jace, le petit-ami de Tessa.  Il insiste bien sur le mot petit-ami et son ton est froid, je devrai même dire glacial.

M.Olsen perd son sourire et retire sa main de mon épaule pour serrer celle de Jace. Je le vois déglutir car même si ils font à peu près la même taille, Jace est beaucoup plus musclé et le gros lard en face de moi n'aurait aucune chance contre lui. Je décide de rompre leur échange qui, soit dit en passant, terrorise M.Olsen si j'en crois les gouttes de sueur qui perlent sur son front.

- Je suis venue vous parler des travaux qui sont fait dans la salle de spectacles. 

- Ah oui ! Je voulais te convoquer pour t'en parler mais tu m'as devancé. Et bien, tu as ta semaine puisque tu ne travaille que dans cette salle, il me dit en se grattant nerveusement le crâne.

- Est ce qu'il serait possible que je travaille dans les autres salles ? Je pourrai remplacer une des filles, je suggère.

J'ai vraiment besoin d'argent ce mois-ci après la faible paie qu'il m'a accordée. Et si pour ça je dois travailler plus de jours au théâtre et  croiser cet homme répugnant plus souvent, je le ferai.

- Je suis désolé Tessa mais ça ne va pas être possible. Les autres filles se sont déjà arrangées dans leur planning et je ne peux pas tout changer juste pour toi. Tu comprends ? 

- Oui bien sûr. Et bien nous nous verrons la semaine prochaine alors, passez une bonne semaine. Je dis avec un sourire forcé.

- Oui bien sûr ! Au revoir Tessa. Jace. 

Après cet échange de politesse, M.Olsen retourne dans son bureau sans demander son reste sûrement trop perturbé par Jace qui ne s'est pas arrêté de le fixer durant toute la durée de notre échange.

- Tu l'as terrorisé, je dis en riant.

- Je sais, c'était le but. Ce gros pervers était un peu trop familier. Il convoite ce qui est à moi, me dit-il son regard encré au mien.

Je lui souris et l'embrasse. Il répond à mon baiser et lorsqu'il se détache me lance : 

- Bon c'est pas tout ça mais maintenant il faut qu'on trouve un autre endroit où danser. 

- Tu as une idée de l'endroit où on pourrait aller ? Il réfléchit quelques secondes avant de prendre ma main et de m'entrainer vers la sortie.

- Je sais où on va aller. 

Alors que nous marchons main dans la main, il s'arrête et se tourne vers moi une lueur de malice dans les yeux .

- Qu'est ce qu'il y a ? Je demande méfiante.

À peine ais-je finie ma phrase qu'il me soulève dans ses bras.

- Tu croyais pouvoir y échapper ? Il me demande en riant.

- Jace tu ne vas pas me porter à chaque fois que nous marcherons dans la rue quand même ? Je m'indigne.

- Si pourquoi c'est mal ? Personnellement je pense que c'est ce qui fait mon charme. Je suis un vrai gentleman ! Il bombe le torse pour appuyer ses paroles.

Je lève les yeux au ciel et il reprend son chemin. Je suis toujours dans ses bras et même si je le taquine, j'aimerai y rester pendant des heures encore.