Je reste figée face à Jace. Sa demande me surprend mais je ne compte pas lui faire voir. Je me redresse un peu, inspire grandement et au moment où je vais ouvrir la bouche, Peter prend la parole, me coupant net dans mon élan.

- Non, elle ne te suivra nulle part.

Super Peter ! Vraiment merci ! Je suis en train de faire tout ce que je peux pour ne pas me laisser démonter et lui se met à parler à ma place, comme si je n'avais que huit ans.

- Je pense que ce n'est plus une gamine et qu'elle peut me répondre toute seule, renchérit Jace en fusillant Peter du regard.

- Elle... Peter commence à parler mais je le coupe.

- Eh ! Oh ! Je suis là et j'ai une langue ! Merci de vouloir m'aider Peter mais je peux me débrouiller toute seule ! Quant à toi, Jace, je ne pense pas que tu sois en position de me donner des ordres. Je ne suis pas ton amie et ça tu me l'as bien fait comprendre ! je m'exclame.

Peter a la bouche ouverte et sa mâchoire est prête à se décrocher alors que Jace affiche un sourire en coin. Il sourit ! Non mais je vais lui faire ravaler son...

- Enfin ! J'attendais que tu me tiennes tête ! Maintenant est ce que tu veux bien, s'il te plait, me suivre pour que nous puissions parler ? Il me demande ça en prenant un air snob.

Je retiens un gloussement et... Un gloussement ? Non mais je ne vais pas bien moi ou quoi ? Pourquoi je ris ? Je suis censée le détester !

- Tessa... s'il te plaît... me redemande-t-il plus doucement.

Je suis surprise par son changement de ton et hoche la tête. Je viens peut être de faire quelque chose que je n'aurai pas du mais maintenant c'est trop tard.

- Tessa tu es sûre que tu veux aller avec lui ? me demande Peter inquiet.

- Je ne veux pas l'enlever, je veux seulement lui parler, se moque Jace.

- Si tu veux vraiment que je viennes avec toi, tu ne sors plus un mot à partir de maintenant, je lui dis.

Il acquiesce silencieusement en mimant une fermeture éclair au niveau de sa bouche. Je souris et me retourne vers Peter.

- Oui je suis sûre et ça va aller. Si le patron demande...

- Je lui dirai que tu ne te sentais pas bien et que tu es rentrée chez toi.

Je lui souris et le serre dans mes bras. Jace se racle la gorge et nous nous séparons. Mon ami dépose un baiser sur mon front et je suis Jace qui est déjà en train de partir. Nous arrivons devant un pick-up noir et il m'aide à monter. Je ne sais pas ce qui lui prend tout à coup mais je préfère lorsqu'il est comme ça. Le trajet se déroule dans un silence plutôt gênant. Le seul bruit provient des doigts de Jace qui tapotent le volant. Après vingt minutes de trajet, il se range sur un trottoir et sors de la voiture sans même m'adresser un mot. Je souffle et sors à mon tour pour le rejoindre; seulement il ne m'a pas attendu et je dois courrir pour le rattraper.

- Jace ! Jace ! Tu peux ralentir s'il te plaît ? je crie essouflée.

Il s'arrête et se retourne vers moi. Son visage est froid, dénudé de toute expression et ses yeux sont devenus plus foncés. Je suis presque sûre qu'il m'en veut mais je ne sais pas pourquoi, comme à chaque fois. Ce qui me surprend c'est que, contrairement aux fois précédentes, il ne me laisse pas et s'approche de moi rapidement. Alors qu'il n'est qu'à quelques centimètres de moi, mon coeur se met à battre plus rapidement et mes mains deviennent moites. Il me fixe de ses yeux verts émeraudes et ne cille pas une seule fois. Il cherche à m'intimider mais je ne compte pas lui donner la satisfaction de détourner les yeux la première. Notre échange de regards dure quelques secondes jusqu'à ce que Jace se mette à sourire et prenne ma main pour m'entrainer à sa suite.

Je regarde autour de moi et remarque que nous n'avons pas quitté le centre-ville. Jace se dirige vers une ruelle plutôt étroite et assez sombre. La panique commence à m'envahir et je me dis que c'était peut être une mauvaise idée de le suivre. Après tout, il n'a fait que me montrer qu'il me méprisait depuis que nous nous sommes rencontrés et moi la seule chose que je trouve à faire c'est de partir avec lui, seuls, pour "discuter". Je ralentis un peu le pas et il s'en rend compte. Il s'arrête, ma main toujours dans la sienne, ce qui étrangement ne me dérange pas.

- Tessa ? Pourquoi tu ralentis ? me demande-t-il calmement.

- Je...est ce que tu m'as emmené ici pour me... tu sais... me découper en morceaux ? je demande hésitante.

Il me fixe quelques secondes avant d'éclater de rire. Ah ben d'accord ! Je vois que je suis hilarante aux yeux de monsieur !

- Tu crois vraiment que... tu ne crois pas que si j'avais voulu te tuer, j'aurai déjà eu des opportunités de le faire ? Et puis pourquoi on parle de ça ? me demande-t-il plus sérieusement.

- Je...je ne sais pas... Tu me détestes et soudainement tu demandes à me parler seul à seul dans une ruelle qui fout la trouille. Tu ne crois pas que j'ai le droit d'avoir des doutes ? je dis ironiquement.

- Tu crois que je te détestes ?

De tout ce que j'ai dit, c'est ça qu'il a retenu ? Je soupire et il recommence à marcher en tenant fermement ma main dans la sienne. Nous pénétrons à l'intérieur d'un bâtiment en briques rouges qui n'a pas l'air en très bon état. Jace nous fait monter des escaliers et il s'arrête lorsque nous arrivons devant une porte. Il lâche ma main et ouvre la porte. Il entre en premier et se décale sur le côté pour me laisser passer.

Je me retrouve dans un appartement ou plutôt un studio. À ma gauche se trouve une cuisine américaine toute équipée. À ma droite, trois canapés sont disposés de façons à ce que tous soient face à une petite télévision noire. En face de moi, se trouve un couloir avec deux portes donnant sûrement accès à une chambre et une salle de bains. Tout est bien rangé et la décoration est assez simple.

- Où est ce qu'on est ? je demande en me tournant vers lui.

- Tessa... bienvenue chez moi.