Chapitre XXXV

•| J'ai reconnu le bonheur au bruit qu'il a fait en partant.

Jacques Prévert |•

[multimédia: Souleyman]

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~ Jade ~

Tu verras son importance...

Tu verras son importance...

Je bondis du lit en arrachant carrément mon peignoir de chambre posé sur le bureau, courant directement vers la sortie.

"_ JADE ! Hurla-ma mère, on y va tous ensemble, il est cinq heures du matin....

_ L'hôpital ! La coupais-je, c'est lequel ?

_ *******************

Sans plus tarder je descendis en chaussons et en pyjama. J'avais rien. Que mes pieds pour marcher jusqu'à l'hôpital. Courir, voilà c'que j'faisais.

Je brûlais les feux, je courrais comme si c'était une question de vie ou de mort .Le pire c'était qu'elle était posé.

< Uthman a fait un accident >

En y repensant je courrais d'autant plus vite, le cœur tellement compressé qu'il avait la possibilité de s'exploser d'une seconde à l'autre. Je pleurais, mon mari, mon mari. J'veux mon mari.

Je connaissais par cœur l'hôpital et on me connaissait.

Je passais l'immense porte tourniquet en verre et couru encore jusqu'à l'accueil toute essoufflée.

"_ Bonsoir ? Demanda la secrétaire, surprise.

_ Bonsoir, pleurais-je, mon... Mon mari est arrivé je sais pas quand mais ici ! M'exclamais-je en tapant du pied sur le sol.

Une femme, qui m'était connaissable apparu. Maria.

_ Jade ? Tu vas bien ma belle ?

Je secoue la tête en pinçant mes lèvres.

_ Mon mari, mon mari il est là....

_ Stacy laisse la moi.

_ D'accord, répondit la jeune femme en s'en allant.

_ Quand est-ce qu'il est arrivé ?

_ Je sais pas mais y'a pas longtemps... Il a fait un accident de voiture.

_ Ahh si merde, souffla-t-elle, putain j'espère que ton mari s'en sortira parce que l'état dont ils sont arrivés.

Si mon mari meurt, je mourrai après lui.

Me demander de vivre sans lui c'est comme marcher sans yeux !

C'était impossible.

Mes larmes se décuplait au fil des secondes qui passaient.

_ C'est Hunt (susu Grey's Anatomy ma série quoi !) qui les a prit en post-traumatique avec Sarah.

_ T'as pas plus d'info. S'il te plait Maria.

_ Je sais qu'ils étaient six, et qu'ils sont tous dans le bloc opératoire...

J'arrivais plus à rester debout, mes jambes ne supportaient plus cette charge de malheurs...

_ Oh mon Dieu...

Je l'ai pas laissé finir que je courrais déjà avec la minime force qu'il me restait vers le deuxième étage, le larmes inondant mes joues.Lorsque j'ai croisé la orde de personnes d'origine maghrébine j'ai su que c'était ici...J'ai étudié chaque personne pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un de la famille d'Uthman, mais personne...Seule, désemparé je partis me creuser dans un petit coin en me rendant compte juste maintenant que je mourrais de froid...

Je tremblait en claquant des dents...Et, au lieu de penser à ma frigidité, j'invoquais Allah en lui demandant d'alléger cette peine qui s'abattait encore sur moi.

Le tous pour un n'était pas équitable.

Uthman tu ne peut pas partir toi aussi.

Mon amour ne part pas, je t'en supplie.

Allah laisse le moi s'il te plait, ne me l'enlève pas.

_ Hagouna, je lève la tête, toute débarbouillé.Omar était debout devant moi, il me releva et me prit dans ses bras, t'inquiète il va s'en sortir.

Nayla me l'a dit...j'allais comprendre son importance et je la comprenait à gros coup de massue sur la tête...Tous ce qui venait d'Allah je l'accueillais à bras ouvert, mais là c'est mon mari ! Ma vie ! Mon âme ! Ma lumière.

Puis où était-il pendant tout ce temps ? Que faisait-il à quatre heures du matin sur la route ?

Uthman qu'as-tu fais ?

_ Y'a pas d'place.

Il ne manquait plus que lui...Souleyman.

_ Attend on va en trouver...

_ Y'a ta mif qu'est arrivé.Ils sont avec les gens à côté.

Omar m'observe en embrassant mon front.Il prit ma main et me traîna délicatement derrière lui avec à ses côtés son meilleur ami.

On trouva deux places, Souleyman sur l'une et Omar sur l'autre.Je m'apprêtais à m'assoir sur le sol mais mon grand frère me tira sur ses cuisses en me blottissant contre lui.

_ Tu veux quelque chose ? Me demanda-t-il en me câlinant.

_ J'ai froid.

Il bougea un peu puis déposa sa doudoune chaude sur moi.Je me sentais tellement bien dans le bras de mon frère, on était pas du genre chacun seul, j'suis ton grand frère on met des barrières.Au contraire, nous étions solidaires et soudés même si parfois ça dérapait, ils nous respectaient avant tout.

Je sentais son parfum, les yeux fermés, il me réchauffait dans ses bras en baladant l'une de ses mains sur mon bras tandis que l'autre m'entourait...C'est comme ça que je m'endormis malgré moi...

**

Je me réveille doucement.Pendant une seconde j'ai cru que tout ce qui s'était passé n'était qu'un cauchemar mais lorsque je croisais du regard ces murs blancs trop pâle et les chariots de matériels au milieu du couloir j'ai compris que la vie n'allait pas m'épargner facilement.

_ Ca va la miss ?

Où est Omar ?

_ Il est où Omar ?

_ Chaud, j'te pose une question mais tu m'rep avec une autre question...Il revient...

_ D'accord.

Il m'lance une bouteille que j'attrape par reflex.

_ J't'ai pris ça.

Je regarde la bouteille.

_ J'aime pas le Coca.

_ Tu veux quoi ?

_ Rien.

_ T'es obligé.

_ Je sais pas.

Il soupire.

_ T'aime quoi ?

_ Ice Tea.

_ Bah voilà, c'est pas compliqué.

Il me laissa et s'éloigna avec sa démarche de banlieusard et ses cicatrices sur le visage.

Je le fixais jusqu'à ce qu'il disparaisse au fond du couloir.

Il était très mystérieux, que ce soit dans son regard ou dans sa manière de parler peu.

Il revient quelques minutes plus tard avec une bouteille d'Ice Tea et il s'assit sur la chaise collé à la mienne en me la tendant.

Je la pris de ses mains en le remerciant.Il hocha simplement la tête, en ouvrant son Tropico.

_ Ca va ?

Il me dit ça en posant ses avant-bras sur ses genoux.

_ Oui et toi ?

_ El hamdûlillah, première fois qu'tu jacte sans m'agresser dis-donc.

_ La dernière fois que j't'ai vus t'avais ma sœur sur les genoux et j't'avais jamais vue...

_ J'm'intéresse qu'aux grande, il me fixa du coin des yeux, ouais j'suis pas du genre à m'montrer.

Je bois une gorgée de ma boisson.

_ C'est ton shab qu'est hospitalisé ? Demande-t-il.

Je secoue la tête.

_ C'est mon mari.

Il fit les gros yeux à s'en étouffer avec le Tropico.

_ Ton...Mari ?

J'hoche la tête.

_ Ah ouais...

_ Ca choque ? Souris-je.

Il esquisse un très maigre sourire en coin en me regardant.

_ Ouais...On dirait encore un p'tit bébé.

Je souris en regardant le plafond.

_ Toi, je dirai que t'as trois enfants...

Il baissa la tête en souriant.

_ Nan nan....J'suis pas marié et j'ai pas d'enfants.

_ Pourtant on dirait.

_ Dehka...Toi t'as des enfants ?

_ Non j'en ai pas.

_ T'as quel âge ?

_ 20 et toi ?

_ 26.

Et il n'est pas marié !

_ Wow...

_ Pas encore trouvé la bonne...T'inquiète ton mari il va s'réveiller.

_ J'espère...

Au même moment le docteur Hunt, qui était aussi mon prof à la fac sortit du bloc en se dirigeant de l'autre côté du couloir.Je me lève en courant avec la Canada Goose de mon frère puis le rattrapa.

Il se mit en face de nous tous.

_ Bonjour tout le monde, il pose ses yeux sur moi, bonjour Jade.

Toutes les personnes portent leur attention sur moi.

_ L'accident a eu un impact grave sur les passagers...Nous avons deux décès, il baisse la tête, nous avons fait ce qu'on a pu, je voudrai qu'un membre de chaque famille ici-présente me suive pour identifier les corps...

J'avale difficilement ma salive les yeux grands ouverts.Les parents d'Uthman arrivaient....Omar se proposa pour aller...Les larmes me montaient aux yeux...

Ca devenait insupportable, l'attente pesait sur ma tête.

Toujours fidèle, le chagrin était là entrain de m'épier...

_ T'inquiète, me dit Souleyman.

Oui je m'inquiète...Ma vie ne tiens qu'à quelques secondes.

Omar réapparu alors tête baissée.Ma bouche s'entrouvrit, l'oxygène commença à diminuer...

_ Alors ? Demandais-je en le suppliant du regard.

_ C'est pas lui....Mais wesh depuis quand Karim Allah Y Rahmo le connait ?

_ Karim est mort ?

_ Oui avec un gars qui s'appelle Mohammed.

Allah Y Rhamhom...

W'Allah une vague de soulagement m'avait traversée.Maintenant il fallait savoir c'qu'il avait.

_ J'y vais, j'vais prendre des nouvelles.

Comme par hasard le chirurgien venait vers moi.

_ Comment allez-vous Jade ? Vous n'avez perdu personne ?

_ Non je n'ai perdu personne, sauf que mon mari est là...

_ Uthman Ibn Khalifa Al Akbar ?

J'hochai la tête.

_ Alors...C'est très délicat...Votre mari a subit une très forte collision, seulement c'est pas plus grave que c'qu'on pensait même si le traumatisme est important...Il est définitivement paralysé des jambes...

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