Chapitre LXIV
•| Il y a des silences qui en disent long comme il y a des paroles qui ne signifient rien.
Edith Piaf |•
**
~Jade~
Uthman était sous la douche et moi, je tournais en rond dans la maison. Je sais pas, j'aimais pas, je me sentais plus chez moi... Je décide quand même de me changer mais dans le dressing. Short rose aux bordures bleu Pumas, un haut de la même couleur que le short et le gilet de stresse que je trimbale sur mon dos depuis tout à l'heure.
Je vais alors dans la cuisine boire un verre d'eau pour me rafraîchir puis retourne dans la chambre m'allonger au bord du lit en m'engloutissant sous la couverture.
< Calmes toi... Calmes toi.>
Non, non.
Je me relève et pars vérifier si la porte était bien fermée. Je la déverrouille, l'ouvre, puis la ferme et la verrouille.
< Y'a rien, pas de panique.>
Ma main recommençait à trembler. Je retourne dans la cuisine et me sert encore à boire avant d'avaler mes anti-dépresseurs.
Je me sentais pas bien.
Vraiment pas.
J'aimais pas le salon, pas le couloir, pas la chambre. Je ne supportais pas ces, pièces...
<<_ Jade ?
Je me retourne, Uthman se trouvait au bout du couloir.
_ Tu dors pas ?
_ Ah euh... Je voulais boire c'est tout.
Il lève la tête.
_ Ok. Tu viens dormir ?
_ Oui ? Oui...>>
Je laisse le verre dans l'évier et passe devant lui pour rejoindre la chambre. Je me rallonge précisément comme tout à l'heure et fixe sans relâche le point invisible devant moi.
Uthman s'installe à son tour, assez loin de moi vue l'inclinaison du matelas.
C'est bon faut dormir.
<<_ Bonne nuit sous La Protection d'Allah.
_ Merci, bonne nuit à toi aussi.>> soufflais-je en bougeant.
Non non, je peut pas dormir là. Je me redresse encore une fois et prend mon oreiller.
<<_ Oh tu fais quoi ?
_ Je... Je vais dormir dans la chambre d'ami.
_ Pourquoi ?
_ Comme ça.>>
Il se lève sur son coude et me regarde à travers la nuit.
<<_ Ca va ou quoi ?
_ Oui c'est bon.
Il se tut un moment.
_ Pourquoi ta main tremble ?
Il bondit du lit en me rejoignant devant la porte.
_ C'est rien.
_ La dernière fois aussi quand t'as servis le café ta main tremblait.
_ C'est rien j'ai dis.>> le persuadais-je
Il essaya de la prendre dans sa main mais instinctivement je l'ai retirée brutalement, même beaucoup trop...
<<_ Waa... Du calme, dit-il.
_ Je veux juste dormir dans la chambre d'ami j'ai rien demandé de plus.
Il fronce les sourcils.
_ Ok... D'accord.>>
Je le laisse et m'enferme dans la chambre, après quelques longues minutes d'invocations, je m'endormis comme une souche...
**
Le lendemain
9h30
Je me réveille tranquillement en constatant que j'étais plus chez mes parents mais chez moi. Je pose mes pieds sur le sol et me levai en direction de la salle de bain pour faire mes ablutions. Je prie puis je vais dans la cuisine où Uthman petit-déjeunait déjà.
Il resta muet alors je fis de même.
Je prépare un verre de café, des gaufres et m'installe en face de lui, qui dénia à me regarder en se concentrant plutôt sur son assiette.
<<_ J'ai pas fais exprès Othman.
Il posa enfin ses yeux sur moi.
_ Pourquoi tu m'as repoussée ?
_ C'est comme ça.
_ J'comprend pas les "c'est comme ça".
_ C'est instinctif...
_ Je voulais juste t'aider.>> soupira-t-il en quittant la table et en posant ses couverts dans l'évier.
Je le regarde s'éloigner et pour un peu rattraper le truc je dis :
<<_ Merci pour les cadeaux.>>
Il se retourna.
<<_ C'est rien habibti.>>
Habibti oui mais tu m'as bien trompé hein.... J'osais même plus le regarder, j'avais l'impression qu'il ne m'appartenait plus, que cette femme me l'avait volée.
<<_ Faut qu'on mette les choses au clair, souffle-t-il en grattant sa nuque.
Il se rassit face à moi.
_ Faut qu'on en discute, on peut pas vivre comme ça.
_ J'ai pas envie d'en parler Uthman.
_ Justement faut que t'en parle. Je suis ton mari et c'est mon rôle.
Je ris de sarcasme plus fort que moi.
_ Nan, tu peux pas comprendre, tu peux pas venir du jour au lendemain refaire ton rôle de mari alors que ça fait plus de onze mois que tu t'es barré.
_ Pourquoi t'a accepté ce mariage alors.
_ Pour ne pas foutre ma vie encore plus. Tu crois que je voudrai que mes parents me regardent avec peine, qu'ils pensent que je suis un boulet ? Non.
Tous les signes d'énervements apparaissèrent petit à petit sur son visage et ses bras... Mais franchement, ces mois je les avaient toujours au travers de la gorge.
_ Donc enfaîte t'es là juste pour être là.
_ J'ai pas envie d'en parler.
_ AH PARCE QUE T'AS CRU QUE C'ETAIT PAS DUR POUR MOI ? QUE J'EN AI PAS BAVÉ ?
_ Baisse d'un ton.
Il rit.
_ Calmes toi, calmes toi Uthman, chuchote-t-il en se levant et en tournant en rond. Parce que tu penses que moi je le regrette pas ce moment ? Que j'ai pas assez de truc sur la conscience ?
_ Je sais pas, je suis pas dans ta tête Uthman, répliquai-je froidement.
_ Mais pourquoi tu joues à l'inaccessible ?
Ok...
_ Quel inaccessible Uthman ? QUEL INACCESSIBILITÉ QUAND J'AI VIS PENDANT 11 MOIS SEULE SANS SAVOIR OÙ SE TROUVAIT MON MARI ! QUE J'AI PERDU MON ENFANT ET MON MARI EN PLUS QUE... QUE JE LE RETROUVE QUELQUES MOIS PLUS TARD DANS LE MÊME LIT QU'UNE AUTRE ! COMMENT TU VEUX QUE JE VIVE ICI ALORS... ALORS QUE CA ME RÉPUGNE !
_ Je comprend. Je sais mais tu crois que moi dans ma tête c'était la fête ? Que j'étais vraiment conscient quand j'ai fais du hram avec cette fille ? Que j'avais pas de la peine quand j'ai perdu notre enfant ? Que j'avais pas envie de tout péter parce qu'un autre a touché ma femme ? Écoutes bien bent el ness, il pose ses mains sur la table, je te propose qu'on recommence dès le début qu'on oublie tout pour repartir sur de bases saines d'accord ? Je sais que t'aimes plus cette appart' moi je supporte plus de vivre carrément ici donc je te propose qu'on aille vivre en Arabie Saoudite, ensemble pour recommencer bien comme il faut. On s'est marié pour compléter l'autre moitié de notre dîne avec le but du paradis. Moi je suis prêt, on oublie tout, vraiment Jade on doit continuer ensemble. Je t'aime. Est-ce que t'es prêtes toi ?
Je reste muette durant plusieurs minutes. C'était totalement hors-sujet mais je devais assimiler toutes ces information parce que là...
_ Je sais pas Uthman. Je dois réfléchir.>> murmurais-je en me levant.
**
23h30
<<_ Ca t'dis de sortir ?>>
Je tourne mon regard sur Uthman planté devant moi.
<<_ Maintenant ?
_ Oui, on va marcher un peu dans Paris.
_ Paris ? Ris-je, c'est à 45 minutes d'ici.
_ Pas grave. Je sais pas... Ca s'rait cool.>>
Je le fixe sans donner de réponse puis approuve en riant. Je me suis levée et je suis partie m'habiller avant de sortir et de prendre la voiture direction Paris.
Ok. Uthman et ses envies soudaines.
On arrive dans un quartier que je ne connaissais pas trop. Il gara la voiture dans tout ce silence et nous descendons dans le froid.
<<_ Tu connais la place ? Souris-je amusé, parce que c'est chaud si on se perd.
_ Laisses faire le GPS.
_ Justement j'ai peur du "GPS".
_ Nan t'inquiètes j'vais pas te perdre, j'avais l'habitude de marcher sur Paris la nuit. C'est super.
_ Pourquoi pas.>> dis-je.
J'avance à côté de lui. Au début c'était vraiment silencieux, puis au fil des minutes l'atmosphère se détendit et c'était comme si rien ne s'était passé. Qu'il a toujours été là.
<<_ Il est une deux heures du matin là ! Arrêtes de faire ton cirque Uthman.
_ OH C'EST PAS FINI CE BOUCAN !?
On se mit à rire en silence. On marchait vers la sortie de la rue sur la pointe des pieds. Comment on s'était lâché sur le boulevard, de vrai enfants.
<<_ Ohhhh regardes y'a une boulangerie ouverte ! M'émerveillais-je.
_ Tu veux quelque chose ?
_ Des pâtisseries !
_ Bah vas-y on va en acheté.
_ Ouaiiiiis.>>
Il enroule son bras autour de mes épaules et on arrive à la boulangerie après avoir franchit quelques mètres. Le client devant nous finit et moi, en total admiration devant la vitrine je n'arrivais pas à me décider.
<<_ Oui bonsoir.
_ Bonsoir, souris-je, on voudrait des pâtisseries.
Je me retourne vers Uthman.
_ Tu vas prendre quelque chose ?
_ Oui mais choisis toi.
_ Merciiii, je redonnais donc mon attention au pâtissier, je veux ça, je pointe du doigt une tartelette aux fraises, et ça, en pointant un Paris-Brest.
_ Ce sera tout ?
_ Euh non, moi je vais prendre ça, dit Uthman en pointant une Religieuse au café.
_ Et c'est tout ?
_ Oui.>>
Il paie et on ressort main dans la main. On a continué à se balader en s'amusant sans voir le temps passer. Six heures trente, on arrive devant les marches menant en haut de la colline du Sacré-Cœur.
Uthman n'en pouvait déjà plus.
<<_ J'suis fatigué ! Souffle-t-il, c'est la muraille de Chine ça.
_ Allez allez on accélère Uthman ! Regardes moi, je suis à un palier de plus que toi.
_ Sah j'm'en contrefiche vu qu'je suis pire qu'un cadavre là.
_ Ololo !!! Aller Uthman ! >>
Nous sommes arrivés sur la colline une quinzaine de minutes plus tard. La vue était splendide, on voyait tout Paris en panoramique. C'était sublime avec les lumières et le ciel encore violet qui annonçait la venue du jour.
<<_ Uthman j'arrive pas à voir la Tour Eiffel à cause de l'arbre là !
_ Viens, montes sur mes épaules.
_ Ah je peux ?!
_ Vas-y viens.>>
Je pose sur le banc en face la boite et me redirige sur Uthman qui était maintenant accroupi. Je passe une jambe sur son épaule gauche puis l'autre sur le droit en tenant sa tête. Il bougea d'un millimètre et un cris de stupeur s'échappa de mes lèves.
<<_ UTHMAN J'VAIS TOMBER !
_ Bouges pas sinon c'est moi qui tombe avec toi.
_ Uthman hiiiii arrêtes de bouger comme une puce !
_ Mdrrr c'est bon tu la vois la Tour Eiffel ?
_ Oui c'est bon, j'vois même la Picardie, ris-je.
_ Attends j'vais marcher accroches toi bien.
_ Fais attention.
Il fait un pas.
_ J'VEUX DESCENDRE !
_ ARRÊTES DE BOUGER ! >>
Je m'accroche d'avantage à lui.
<<_ J'ai l'impression que j'vais me casser la gueule.>>
Je redescend pour m'épargner une chute mémorable. On a reprit nos pâtisseries et nous sommes enfin rentré à la maison. Il était sept heures lorsque nous avons franchit la porte. On était maintenant assit dans le salon devant la table basse, entrain de manger nos gâteaux.
<<_ Tiens, dis-je en lui faisant manger un morceau de mon Paris-Brest.
Il lèche la crème sur mes doigts, il en avait encore un peu sur les commissures des lèvres, je passe mon pouce dessus et il sourit en continuant à mâcher sa Religieuse.
Je le fixe, et je fais un remake de tout nos moments depuis le mariage jusqu'ici, à sept heures et quelques dans notre appartement à manger comme des goinfres.
<<_Il est pour quand le départ ?>>
Oui j'étais prête à m'engager avec mon mari, à le suivre dans un pays que je ne connaissais pas. À commencer une nouvelle vie, parce qu'avant tout, ce n'est pas moi qui nous a uni mais ce Rêve d'Allah.
Comme me l'a souvent dit ma mère :
" Quand la flèche de la destinée a été lancée, ce n'est pas le bouclier de la prudence qui garantit de ses coups. "
**
As-Salamû aleykûm les filles,
Alors voilà, c'est la fin
De ce premier tome.
Je voulez notamment vous remercier pour tout vos votes, vos commentaires et votre participation à la lecture. Sérieux, ça m'fais super plaisir.
Comment vous voyez la suite ? J'aimerai bien voir ce que vous imaginez vous ☺️
Si vous avez des questions, posez les moi et je répondrai bien-sur sur cette partie 😉
BarakAllah U Fikûm et au prochain tome In Shâ Allah.
____________________
Espace pub :
grace171198 -> Une dernière fois.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top