Chapitre LX
<< La patience est comme son nom, son goût est amer, son résultat est plus sucré que le miel.
Ibn Al Qayyim >>
**
~ Jade ~
Frontières Syriennes, Turquie.
Une semaine après avoir signé mon testament nous étions partit le docteur Gülsuk et moi vers Ankara. C'était mon choix, un combat que je devais livrer pour m'endurcir, une opportunité d'aider les opprimés palestiniens et syriens qui traversait par centaines la frontière turc chaque jour. Nous, notre mission, c'était de leur fournir tous les soins possibles pour qu'ils puissent continuer leur route. J'ai tout vus, de nourrissons saignant au personnes âgés qui n'arrivait plus à prendre leur souffle correctement à cause de toute la poussière de terres sèches qu'ils ont respirés. J'avais même eu un petit garçon de 13 ans, et lui je m'en rappèlerai toute ma vie. Il s'appelait Nafel et il était mutilé de la jambe gauche, il avait perdu toute sa famille dans les bombardements et il continuait la route seul avec une famille qu'il avait rencontré sur la route. Il était tellement mature et fort mentalement Ma Shâ Allah. Je me suis occupé moi même de son cas.
L'humanitaire pour moi c'était une vocation. Il fallait que je vois avec mes yeux tout ce qui se passe réellement et je crois que, je ne mesurait pas l'ampleur de la chose avant mon arrivé.
Aujourd'hui ça faisait trois mois que j'étais implantée ici. J'avais quelques nouvelles de ma famille en France et ils allaient tous bien el hamdûlillah. Au début c'était très dur, c'était plus le même paysage, la même température, le même air. J'avais le mal du pays mais el hamdûlillah tout ça s'est dissipé au fil du temps.
<<_ Jade on doit commencer, y'a un train qui arrive, me prévient Ali le chirurgien qui m'avait recruté.
_ Oui.>>
J'arrange mon hijeb et je retourne sur place avec lui. Le train arriva, les gens avaient l'air très heureux, on lisait ce soulagement sur leur visage quand ils posaient les pieds ici.
Les gendarmes ouvrèrent les portes et une foule descendit de toute les portes.
<<_ Si vous voulez consulter des médecins c'est par là ! Hurla Tolga, un humanitaire comme moi, en montrant nos tentes du doigt.
Une minute plus tard on avait une file devant nos tantes. Heureusement qu'on était une cinquantaine ici. Alors je prenais mon premier patient accompagné de sa petite fille et de son fils inerte dans ses bras.
<<_ As-Salamû Aleikûm, dis-je en lui montrant le brancard où il déposa son fils qui paraissait mort, il avait le regard dans les airs, la bouche entre ouverte l'aire haletant et les membre de son corps paralysés. C'était un squelette.
_ Wa aleikûm salam, sa3dini y'a benti (aide moi ma fille).
_ Eh khâli, comment s'appel-t-il ?
_ Esmo Rachid (il s'appel Rachid).
Je regarde le petit.
_ As-Salamû aleykûm Rachid.
_ Ma be yet kalem (il ne parle pas).
La Ilaha Ila Llah.
Je porte le petit dans mes bras, il faisait une dizaine de kilos, pas plus.
_ Il a quel âge ?
_ 12 ans.>>
J'imaginais si j'avais un cousin à la place, mon cœur se brisa à l'idée même. Je caresse les cheveux du petit.
<<_ Il ne mange pas ? Demandais-je.
_ Non.
Je soupire.
_ Il est en mal nutrition.>>
Je l'ai perfusé en vitamines nécessaire à la vie. Je voyais son père au bord des larmes qui tenait sa fille dans ses bras.
<<_ Je vais vous faire un contrôle à vous et votre fille aussi.
En attendant je leur fis une consultation, la petite avait un début se bronchite alors je lui donnais les médicaments nécessaires avec l'aide d'un autre médecin. Par Allah cet homme me brisait le cœur... Vraiment. C'était plus intense qu'avec les autres familles. Le pauvre son fils il le porte dans ses bras en marchant jour et nuit, il ne l'a pas laissé pour autant... Je passe ma main sur ma poignée et retire ma gourmette en or.
<<_ Prenez ça, vous avez besoin d'argent pour continuer avec Rachid, dis-je en la lui tendant.
_ Non ma fille je peut pas.
_ WAllah vous allez la prendre khali.
Il se mit à pleurer.
_ Qu'Allah te Protèges ma fille, qu'Allah te Préserve et Te donne le Paradis et une belle vie dans ce bas-monde, qu'Allah Te garde.
Je prend sa main en lui souriant.
_ BarakAllah û Fik, vous ressemblez énormément à mon père qu'Allah vous Facilite vous et vos enfants.
_ Amîn benti, il m'embrasse les mains.
Wow.
_ Merci, merci beaucoup.
Je regarde Rachid une dernière fois avant qu'un bénévole vienne les chercher pour leur donner à boire et à manger.
Une vingtaine de familles suivirent chez moi tout au long de la matinée et l'après midi. J'étais épuisée mais je continuais à sourire et à tenir au maximum.
Personne suivante. Je la connaissais, même très bien depuis le début de ma formation. Un grand baraqué, au cœur doux comme le miel.
<<_ Zyad, souris-je remotivée.
_ As-Salamû aleykûm, répond-t-il, t'as besoin de quelques chose ?
_ Euh des compresses s'il te plait.
Il part m'en chercher dans la réserve et revient en arrangeant sa sacoche.
_ Tiens, il m'embrasse la tempe.
_ T'es revenu quand ?
_ Je viens d'arriver, j'ai passé la nuit dans un village à côté en sécurité.
_ Fait attention Zyad hein.
_ T'inquiètes en tout cas tout est volonté d'Allah... Ce soir exceptionnellement on va diner avec les frères, ça t'dirais de venir ?
_ Oui mais fait attention tout de même. Euh... Oui In Shâ Allah, souris-je, tu viens me chercher ?
_ Vas-y à dix-neuf heures.
_ Super.
Il m'embrasse le front.
_ Fait attention à toi, soufflais-je.
_ Toi aussi d'accord ?>>
J'hoche la tête et le laisse partir avec ses coéquipiers en me remettant au travail avec cette fois une femme avec une balle logée dans la cheville.
**
20h30.
Comme prévu nous étions dans un petit restaurant avec Zyad. Il était face à moi et on parlait. Je ne vous ait pas dit mais Zyad part chaque jours dans les maisons en Syrie pour distribuer de quoi manger et boire vue que tout est détruit. J'avoue que c'est risqué avec les bombes à côté, il m'a même raconter qu'un jour il y avait une bombe qui s'était écrasée sur un immeuble à quelques rues d'où ils étaient. Ca faisait flipper.
<<_ On rentre bientôt en France In Shâ Allah, rétorqua-t-il.
_ Oui, je finis dans pas longtemps, répondis-je en fixant mon assiette.>>
Un silence s'installa et un bruit de glissement le brisa. Je dérivais le regard vers le bruit et vit une petite boîte rouge venir à moi, je levai la tête sur Zyad qui la poussait.
<<_ Je l'ai acheté aujourd'hui, souffle-t-il en l'ouvrant.
Une bague de fiançailles en argent apparu toute jolie et brillante de mille feux.
Un sourire se dessina sur mes lèvres.
_ Tu pouvais la garder et me la donner en tant que bague officielle après, souris-je attendris.
_ T'auras ta bague officielle mais pour l'instant la seule officialisation c'est nos fiançailles.
_ Arrête, rougis-je.
Il prend ma main droite et enfile la bague à mon annuaire.
_ On entre et on se mari Jade. On fait le hlel puis on fait le mariage qu'entre famille comme il se doit... J'attend impatiemment le jour où tu sera madame Zyad.
_ In Shâ Allah bientôt.>>
Après chaque malheur vient le bonheur, et je met ma confiance en Allah en ce qu'il s'agit de Zyad.
**
Quelques jours plus tard.
Je préparais ma valise. C'est bon, le retour en France, près de la famille, les amies et avant tout pour commencer les préparatifs de mon mariage. Il faut pas croire, j'ai demandé conseil auprès d'imams et eux tous m'ont dit qu'une séparation de plus de quatre mois était considérée comme un divorce en Islam.
<<_ Jade, c'est le docteur Hunt.
Ali entra dans ma chambre avec le portable en main. Je le prend et répond.
_ Oui bonjour.
_ Oui bonjour Jade. J'espère que tout s'est bien passé là-bas.
_ C'était l'expérience d'une vie, comme on le dit.
_ Je suis d'accord... Enfaîte je vous appel à propos de vos recherches, les collaborateurs m'ont recontacter et il faut que vous soyez demain en Arabie Saoudite au Ritz de Ryadh.
_ Vraiment ?!
_ Oui, c'est rare que des collaborateurs reviennent sur leur décisions alors soyez au maximum. Vous pourrez le décrocher aisément.
_ Très bien merci.>>
On se salut puis je coupe la ligne. Wow Subhan'Allah, tout devenait plus clair dans ma vie. Je ne pouvais que remercier Allah pour ce bienfait moral.
C'est pas grave le mariage allait attendre. La médecine avant le mariage...
**
Le lendemain.
Arabie Saoudite.
14h30.
Quitter la douleur et la tristesse pour arriver dans un milieu riche et luxueux. J'allais pas m'y habituer. Je marchais avec ma valise vers la sortie de l'aéroport où les taxi faisaient la queue pour prendre les clients.
J'en prend un pour le Ritz. Je me maquille légèrement, refait mon hijab comme les traditions ici puis patiente jusqu'à l'hôtel. Le taxi me déposa. Je sors de la voiture avec ma valise après l'avoir payé et me dirige vers l'entrée de l'immense hôtel.
Il faisait sacrément chaud.
<<_ As-Salamû Aleikûm, j'ai un rendez-vous ici, je voudrai savoir où c'est.
_ Votre nom.
_ Ibn Khalifa El Abkar.
_ Mmm effectivement, nous allons vous accompagner, m'informe l'asiatique.>>
Une femme m'accompagna alors jusqu'à un grand salon arabe qui faisait deux immenses salles. Il y avait pas beaucoup de gens, et les seules chuchotaient. Ca avait l'aire d'un endroit spécialement conçus pour les gens dans le business.
En tout cas, les tapisseries rouge nous mettait déjà très à l'aise.
<<_ C'est là-bas, sourit-elle en me montrant avec la main un coin où un homme était assit de dos.
_ Merci.>>
Elle me quitta et moi je me conduisais vers cette personne. J'espérais décrocher cette collaboration, une fois mais pas deux. Il fallait que je fasse un sans faute.
<<_ As-Salamû Aleikûm.
La personne se retourna...
Le choc, j'ai tellement été choqué qu'un vertige me prit. Oh mon Dieu.
J'arrivais pas à le croire.
_ Wa aleykûm salam Jade.
Les larmes me montèrent aux yeux, à une vitesse folle. Les souvenirs se remémorèrent, il tenta de m'attraper mais je l'esquivais méchamment.
_ Me touches pas.
_ Jade.
_ Non non... Laisses moi.
_ Je veux juste parler.
_ Après 11 mois d'absence ?
_ Il faut un début à tout.
_ On a plus rien à se dire.
_ S'il te plait.
Pourquoi ? Pourquoi il revenait comme ça ? Moi je l'avais oublié...
_ Assied toi, impose-t-il.
Je m'assieds lentement en face de lui. Je n'osais pas le regarder, je ne voulais pas. Il me paraissait tellement irréel, tellement lointain que je n'arrivais pas à m'habituer.
_ Il faut bien en parler un jour au l'autre tu ne crois pas ?
_ J'ai des choses à faire... Je n'ai pas tout mon temps, répliquais-je sèche.
Il me fixe en souriant.
_ Tu vas bien ?
_ Oui.
_ T'a grave maigrie.
_ Oui.
_ Jade s'il te plait faut que tu m'écoutes.
_ Je t'écoute depuis tout à l'heure Uthman.
_ Attentivement.
J'hoche la tête, ailleurs.
_ Je suis désolé... Je suis désolé pour ce que je t'ai fait subir. Même si c'est lâche, ou que c'est trop tard, j'peut pas vivre en ayant la conscience tranquille surtout à cause de tout c'que je t'ai fais. Je m'en suis rendu compte trop tard, beaucoup trop tard parce que j'étais aveuglé. Sache que je t'ai toujours aimé même loin de toi et que je t'aime toujours Jade.
Je ris nerveusement.
_ Arrête de mentir. C'est pas écrit conne ou bouche trou sur mon front.
_ Starfurlillah. N'importe quoi c'est en aucun cas ça. T'es ma femme et je t'aime.
_ Oui bien-sûr, ris-je, continu à te foutre de ma gueule. Je n'oublierai jamais ces photos que j'ai reçu de toi et cette femme dans le lit. Jamais.
_ Quoi !?
_ Ne fait pas le surpris.
_ Quelle femme ?
_ Arrête Uthman, ris-je en pleurant, faut pas me prendre pour une imbécile. Tu crois que la vie c'est facile ? Qu'il faut que tu partes comme tu le souhaites pour revenir comme une fleur ? Tu crois que... Que ça a été facile pour moi ? J'ai perdu mon enfant puis j'ai vu mon mari partir ! J'étais persuadé que c'était de ma faute ! Puis... puis du jour au lendemain tu ne rentres plus à la maison et j'reçois juste après des photos où tu me trompes ! Fallait me le dire si tu voulais plus de moi où que tu n'étais pas satisfait de moi....
_ C'est faux ! On m'a drogué ! Jamais j'aurai fais ça en étant conscient Jade. WAllah jamais ! J'ai trop peur d'Allah.
Je secoue la tête.
_ C'est bon Uthman, t'en a assez dit.
_ Jade j'te promet que je t'ai toujours aimé. T'es parfaite. C'est simplement ces gars qui m'ont tiré avec eux... Je t'aime, j'peut pas m'imaginer sans toi.
Il se mit à caresser ma joue mais je retire sa main en ayant cette tristesse qui me bouffait de l'intérieur.
_ Tu n'a pas le droit de me toucher, tu n'es plus mon mari, je tapote gentiment sa main et amèrement je dis, je te pardonne Uthman, c'est bon. C'est le passé, c'est révolu.>>
Il regarda ma main droite persistent, tellement que j'ai dû la retirer.
<<_ C'est quoi ça ? Balbutia-t-il.
Et la fourrais dans ma poche en me levant.
_ Je vais me marier.>>
**
As-Salamû Aleykum.
Désolé pour la publication aussi tardive du chapitre, je me suis endormie comme une bagra en l'écrivant.
Bref bref ! Désolé aussi pour la qualité de ce chapitre et les fautes peut-être logées quelques part.
Bonne Nuit sous la Protection d'Allah.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top