59 - Kara
PDV Lil
"Lil.."
"Tais toi, je.ne.veux.pas.te.parler." répondé-je à Théo, en colère.
Je tremble, je pleure, j'ai mal au ventre, je suis énervée, c'est le bordel dans mon cœur et dans ma tête.
"Lil, s'il te plaît.." me supplie-t-il du regard, il s'agenouille devant moi, ses yeux noisettes me regardent tristement, il pleure, Théo ne pleure presque jamais. Je ne peux m'empêcher de repenser à tout ce qu'on a traversé ensemble, si je le lâche aujourd'hui, quelque part, je trahis ma promesse que j'ai faîte à Kara, toujours rester soudés, promesse que je me suis aussi faîte à la naissance d'Ethan. Je le regarde puis finis par lâcher "Viens".
Il me prend dans ses bras, son contact est réconfortant, j'ai de la compassion pour lui, mais je ne lui pardonnerai jamais d'avoir laissé notre enfant à sa mère.
L'attente est pesante, nous sommes tous les quatre angoissés, nous attendons le médecin, une infirmière passe nous voir pour revoir avec nous la déclaration faîte par la mère de Théo. Elle a donc dit au médecin, qu'il était monté dans un arbre seul, qu'elle lui l'avait interdit, mais que mal élevé comme il est, il n'a pas écouté, puis il a glissé et est tombé. Elle l'a donc amené ici. Je suis hors de moi, elle n'a pas appelé les secours, elle l'a bougé, mais on ne bouge pas la personne quand il y a une chute comme ça.
Je pleure à chaudes larmes, j'ai tellement peur. Théo est dégoûté, il se confond en excuses, me dit plusieurs fois qu'il est un mauvais père, qu'il faut qu'il consulte un psychiatre à cause de sa mère, de tout ce qu'elle nous a fait, et qu'elle continue à lui faire faire même quand elle n'est pas là. Ma mère elle, tourne en rond dans la pièce, en poussant des jurons, elle a prévenu mon frère et ma sœur, ils vont arriver d'ici quelques jours. Andy sort de la pièce pour nous chercher des cafés.
Je suis dans mes pensées, je repense à Kara, je pense à mon petit Ethan qui est au bloc, j'ai failli dans mon rôle, je m'étais jurée de protéger Ethan, et j'n'ai pas réussi. Je l'ai abandonné comme j'ai abandonné Kara le jour où j'ai laissé la mère de Théo intervenir dans notre vie.
Flashback fin d'année 2013
J'avais mal allongée, debout ou assise, la douleur se propageait de mon ventre vers mon dos. C'était insoutenable, je n'arrivais pas à parler, j'essayais de respirer calmement, mais j'angoissais tellement.
Théo était près de moi, il ne savait pas quoi faire, il essayait de me rassurer. "Pense à tous les prénoms qu'on pourra lui donner" "Respire" "ça va aller, je suis là"
J'avais vu ma sage-femme le matin même, elle m'avait dit de me reposer allongée jusqu'à la fin de la grossesse. C'était tout. Je m'en souviens comme si c'était hier "elle est un peu basse, elle appuie sur le col mais il est court mais ça va. Plus d'efforts et repos allongé. Et puis prenez du spasfon. " Elle n'était pas alarmée plus que ça, elle m'a même laissée rentrer en voiture.
6h après j'étais aux urgences...
Théo appela sa mère, j'aurai préféré que ce soit la mienne mais elle était en réunion et Andy était au travail. Sa mère qui avait accouché dix mois plus tôt, lui conseilla de me mettre sous la douche, lui assurant que ce n'était que des contractions de stress.. que ce n'était rien et que ce n'était pas la peine d'aller consulter.
Moi j'avais trop mal, la douleur me paralysait, je pleurais, la sage femme m'avait dit de me reposer ce que j'avais fait en rentrant.. Je n'arrivais pas à parler, j'aurais voulu que Théo appelle les urgences, mais la douleur était trop importante. J'essayais de me lever... Difficilement.. Quand je sentis du liquide couler entre mes jambes.. Je regarda la couleur, c'était du sang. Je blêmis, je savais en tant qu'infirmière, que du sang ce n'était pas bon.
Je me précipita malgré la douleur vers Théo et lui demanda de m'amener aux urgences.
Dans la voiture, j'avais mal, c'était insupportable, j'essayais de nous rassurer Théo et moi, en disant que ça arrivait, mais que ça irait. Il était inquiet, son visage était crispé, il roulait le plus vite qu'il pouvait compte tenue de mes douleurs.
Enfin, nous arrivâmes, j'ordonna à Théo d'aller chercher un fauteuil roulant.. Je ne pouvais plus marcher.
Le gynécologue m'installa, j'écoutais, je cherchais à entendre et là, je n'entendis que de faibles battements. Mais l'espoir était toujours là, le médecin allait arrêter ces contractions et sauver ma fille.. Elle n'avait que 22 semaines, ce n'était pas pour aujourd'hui, elle était trop petite, il allait trouver une solution.
La sage femme m'examina, ses mots raisonnent encore en moi "c'est trop tard, elle est complètement ouverte, le travail a commencé..."
Le monde s'effondrait, ce n'était pas possible. Je criais, je me débattais, je leur disais que "NON, CE N'EST PAS POUR AUJOURD'HUI, JE NE VEUX PAS".
Tout s'est passé si vite, Théo a appris que c'était terminé, ils m'ont installée pour accoucher. Ils ont viré Théo de la salle, et je me retrouvais seule à devoir pousser un bébé que je voulais garder, un bébé qui n'était pas censé arriver aujourd'hui, mon bébé, notre bébé, notre petite fille.
Je n'arrivais pas à pousser, je serrais la main de la brune près de moi, elle me regardait avec compassion. Je voulais garder ma fille, je ne voulais pas qu'elle sorte. Ils me disaient de pousser, j'essayais, mais rien n'y faisait, j'avais tellement mal. Le gynécologue et la sage-femme appuyaient fortement sur mon abdomen pour aider le bébé à sortir.. Je leur criais que j'avais mal, trop mal, ils s'arrêtèrent. Les larmes noyaient mes joues. Je regardais autour de moi, tout le monde s'agitait, ma tension était à huit, je savais que c'était trop peu, j'avais envie de mourir, donner ma vie en échange de la sienne, mais ce n'était pas possible.
J'entendis les mots " Envoyez le chariot, appelez l'anesth, vite ! faut qu'on le sorte" L'anesthésiste arriva et puis plus rien.
Je me suis réveillée, j'étais allongée, perfusée, et Théo était à mes côtés. Je souleva précipitamment le drap blanc qui me recouvrait, mon ventre était plus plat, elle était partie. Théo et moi éclatèrent en sanglots.
***
"Lil ? Lil ?" me fait sursauter ma mère, elle a l'air inquiète en me regardant.
"Oui ?" j'essuie mes larmes, elle s'assoie près de moi et me serre contre elle.
"Tu pensais à quoi ?"
"à Kara"
On a choisi ce prénom, car dans une de nos séries préférées l'héroïne se prénomme ainsi, le jour de la fausse couche, j'ai su que c'était Kara, car Kara est un ange.
"Tu sais que ce n'est pas de ta faute ein ? comme aujourd'hui ? "
"Hmmm"
"Lil.. Tu ne pouvais pas savoir pour Kara, tu as fait ce que tu pouvais, tu sais très bien mon avis là dessus"
"Et aujourd'hui ?"
La porte de la salle s'ouvre sur un grand homme, les cheveux gris, il doit avoir une cinquantaine d'années, il porte des vêtements verts, couleur du chirurgien, je me lève aussitôt, suivis par ma mère et Théo.
"Vous êtes les parents ?"
"Oui.." disons-nous ensemble, les visages paralysaient par l'angoisse de ce qu'il s'apprête à nous annoncer.
"Alors le petit Ethan va bien, il s'est protégé avec ses bras, donc il a seulement une légère entaille au niveau de la tête mais rien de grave. Par contre, on a du lui mettre des broches au niveau de l'épaule droite. Il a également une fracture du fémur droit, voilà. Il est en salle de réveil, il va être content de vous voir je pense."
Un sentiment de soulagement s'empare de moi, il va bien, il va bien. Nous remercions mille fois le chirurgien et nous nous rasseyons.
Je répète tout haut : "il va bien, il va bien, il va bien".
PDV Tobias
Nous sommes dans une boîte branchée, murs laqués blancs et noirs, miroirs partout, la décoration est très design. Lee a commandé des vodkas, je me laisse aller à mon deuxième verre. Je regarde de temps à temps mon téléphone, mais aucunes nouvelles. Je lui ai ramené un autre message, mais sans succès. Est ce qu'elle a laissé tomber pour nous deux ? Elle m'en veut encore c'est sûr, mais bon.
Deux filles asiatiques viennent vers nous, elles sont jolies, toutes deux brunes aux yeux noirs, elles sont supers bien foutues. Lee les invite à notre table, nous discutons tous les quatre, elles ont un accent particulier, mais j'arrive quand même à les comprendre. Une travaille comme gymnaste, l'autre est esthéticienne. Très vite, Lee se met à draguer Jia, Li-Ming s'éloigne de sa copine pour venir me parler, ou plutôt me draguer.
"Dance with me" me dit-elle, en prenant une pose très suggestive, elle me met ses seins littéralement sous les yeux. Je déglutis, j'ai mal au crâne avec la vodka, faut que je dégage d'ici, je n'ai rien à faire là. Je lui explique que j'ai ma copine en France, elle me répond "She's not here...", quel culot, elle pose sa main sur une de mes cuisses. Lee s'approche de moi "Alors, elle est mignonne, ein ?", je lui répond assez bas "Oui, mais moi j'ai déjà quelqu'un", "Oh tu penses à ta bretonne, elle ne te parle plus, tu devrais profiter..". Il s'éloigne et rejoint Jia. Lil est peut être moins présente dans ma vie, j'ai quand même de l'espoir de la retrouver, et je l'aime. J'explique à la jeune femme que je m'en vais, là elle comprend, je fais signe à Lee, puis je prend le chemin de la sortie.
La musique plus l'alcool ne font pas bon ménage, mon cerveau est sur le point d'exploser. Je sors mon téléphone une fois dehors pour appeler un taxi. J'en profite pour également envoyer un sms à Lil puis un second à Andy. Tant pis, je préfère faire mon gros jaloux, je veux juste savoir si Lil va bien.
Je regarde les passants défilés, certaines filles sont habillées avec des robes très courtes à paillettes et accompagnent des mecs en costard, ça fait très callgirl. Ici, paraît-il que pas mal de malaisiennes et de chinoises cherchent des "Blancs" pour se caser, car les ex-patriés pour elles représentent l'argent.
Mon téléphone sonne, je suis surpris de voir un appel entrant d'Andy, je décroche aussitôt.
"ouais ?", j'essaie de paraître moins bourré que je ne le suis.
"Salut Tobias, j'ai vu ton sms, je fais vite parce que Lil m'attend"
"ok, elle va bien ?"
"Pas trop.. Ethan est à l'hôpital"
"Oh MERDE. Il a quoi le petit ?"
" *Il vient de passer au bloc, il est tombé d'un arbre et s'est cogné la tête et a quelques fractures;."
"Putain"
"Il est en salle de réveil là.."
"Oh.. Pauvre petit gars, pauvre Lil.. "
"Je raccroche, je te tiens au courant si tu veux ?"
"Oui bien sûr, embrasse Lil pour moi"
Je reste comme un con sur le trottoir, elle est entrain de vivre un moment difficile de sa vie et je suis encore absent. Le pauvre Ethan.. J'imagine très bien le visage de Lil, les traits tirés, des larmes coulant sur ses joues, sa détresse. Le taxi arrive, je m'engouffre à l'intérieur et indique au chauffeur le nom de ma rue. Je pense à Lil et Ethan, je suis inquiet, elle a besoin de moi disponible, juste si besoin, une idée me vient à l'esprit, et si je rentrais maintenant ? Tant pis, j'écrirais un mail à mon chef, de toutes façons ce n'est qu'avancer mon retour de quelques jours.
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Voilà :) la suite, chapitre difficile à écrire, avec la fausse couche de Lil. Le retour de Tobias se profile. Théo se dévoile un peu plus. Qu'en pensez vous ? J'espère que la fiction vous plaît toujours.... bisous
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