Chapitre 13 : succession
Un conseil pour rendre votre lecture meilleure : mettez des écouteurs et écoutez les musiques que je vais proposer
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(pdv Em)
- RENGOKU !!!
J'entendis à peine Tanjiro hurler. Par contre, mon propre cri résonna dans mes oreilles comme une atroce symphonie des enfers. Je ne reconnu même pas ma voix. Je ne me pensais même pas capable de ressentir autant de haine pour un seul être. Tout mon être me hurle de me jeter sur Akaza, de lui trancher la tête, de tirer Kyojuro de là, mais je ne bouge pas. Sans doute à cause de l'ordre muet du Pilier : ne bouge pas. Mais je lutte. Je me bats pour ne pas bouger. Je me bats pour regarder le duel silencieux entre Akaza et Kyojuro. Un duel sans merci. Au corps à corps. Akaza n'a pas enlevé son bras du ventre de Kyojuro. Je plisse mes yeux pour en chasser les larmes, et analyse le combat. Non. Ce n'est pas qu'Akaza n'a pas arraché son bras ; Il n'y arrive pas.
En réalisant ça, je hurle à Tanjiro avant même de m'en rendre compte :
- ATTAQUE-LE ! ATTAQUE LE DÉMON !!
Réagissant au quart de tour, il se lève en ignorant sa blessure et sprint vers la forêt, là où git son sabre, dont la lame noire d'obsidienne reflète les rayons de la lune.
Mon sabre, pensé-je.
Je regarde mes mains : l'arme n'y est plus. Je regarde autour de moi.
Dans la panique, j'ai bougé sans m'en rendre compte et me retrouve maintenant à plusieurs mètres de mon katana.
Je fonce et, une fraction de seconde après, je suis devant Akaza et mon sabre vient scier son cou à l'opposer de celui de Kyojuro. Des larmes de rage me brouillent la vue, mais je n'y prête pas attention. Je ne peux pas. Pas encore. Pas avant d'en avoir terminé. Pas avant de lui avoir coupé la tête une bonne fois pour toutes.
Je hurle en même temps que Kyojuro. Je pousse de toutes mes forces, mais ça ne suffit pas. Ma lame ne s'enfonce que de quelques millimètres par seconde. C'est peu, trop peu. Que fait Tanjiro ? Et Inosuke ? Il était là lui aussi. Pourquoi ne sont-ils toujours pas là ?
Je vois le poing gauche d'Akaza me foncer dessus. Je l'esquive, et Kyojuro le bloque. Le démon écarquille les yeux, et se débat de plus en plus. Pourquoi se débat-il ? Il devrait se contenter de nous attaquer. Ses mouvements semblent désespérés. Il veut nous échapper. À tout prix. Mais pourquoi ?
Un reflet lumineux m'aveugle. Mon sabre reflète les premiers rayons du soleil.
Le soleil.
Il est mortel pour les démons. Si on arrive à le retenir encore ici ne serait-ce que quelques minutes de plus, le soleil se chargera de lui.
Dynasty - Miia
Mais au moment même où j'ai cette pensée, Akaza poussa un hurlement. Un hurlement déchirant, inhumain. Un hurlement de bête sauvage. Dans un ultime espoir, je mets toute ma force restante dans ma main, et j'envoie tout dans mon sabre. Celui-ci progresse alors de plusieurs centimètres sans s'arrêter, mais avant qu'il ne rencontre celui de Kyojuro, un craquement ignoble retentit, et je sens ma lame s'échapper de mes mains.
Akaza a disparu. Où est-il ? Où est-il ?
Je lève la tête. Il a sauté. Akaza s'est arraché volontairement les bras et il a bondit dans les airs. Hors de notre portée.
Inosuke et Tanjiro sont arrivés une demi-seconde trop tard, et Akaza fonçe vers la forêt. À l'ombre. À l'abris des rayons du soleil.
Tanjiro s'élance derrière lui, s'arrête à la lisière de la forêt. Puis, armé du souffle de concentration intégral, il lançe son sabre comme un javelot dans le sillon du démon en hurlant :
- NE T'ENFUIS PAS, LÂCHE ! NE T'ENFUIS PAAAAS !
Il prend une grande inspiration, et continue de plus belle :
- NE FUIS PAS ESPÈCE D'IMBÉCILE ! SALE LÂCHE ! Comparé à toi... Rengoku est bien plus fort ! Il n'a pas perdu. Il n'a laissé personne mourir. Il a combattu jusqu'au bout ! Il a protégé tout le monde ! C'EST TOI QUI A PERDU !! RENGOKU A GAGNÉ !!
Il se laisse alors gagner par les larmes et continue de hurler après Akaza, la voix ponctuée de tremblement.
Debout à côté de Kyojuro, je n'ose pas le regarder. J'ai peur. J'ai bien trop peur de voir dans quel état il est. J'ai peur de savoir qu'il n'y a aucun moyen de le sauver.
Mais j'entends alors un bruit à côté de moi. Je me tourne lentement. Kyojuro est tombé. À genoux sur le sol, il est tombé. Il ne sourit plus. Son visage n'est que souffrance. Il est crispé de douleur.
Un grand vide envahit alors ma tête. Je n'arrive plus à penser. Je n'arrive plus à respirer. Je n'arrive pas à crier.
Mes jambes me lâchent. Je tombe au sol. À genoux. Mes mains se détendent, et mon katana tombe à côté de moi dans un son métallique, mais j'en ai à peine conscience. Maintenant que le combat est terminé, qu'Akaza s'est enfuit, l'adrénaline retombe, et la réalité s'impose. Kyojuro ne s'en sortira pas. C'est impossible. Son plexus solaire a été transpercé. C'est fini.
- Em.
Kyojuro prononce mon nom. De sa voix grave, rassurante, même à l'agonie. Ce simple mot a l'effet d'un déclencheur sur moi et les larmes me montent au yeux. Je laisse couler. De toute façon je suis incapable de les arrêter. Je ne contrôle plus rien.
- Kyojuro...
Ma voix tremble horriblement. Elle est rauque. Elle laisse transparaitre une tristesse infinie. La mienne.
- Ne pleure pas, reprend Kyojuro.
- Impossible.
Il sourit doucement, ce qui ne me fait que pleurer encore plus, et dit à l'adresse de Tanjiro :
- Ce n'est plus la peine de crier, maintenant. Ta blessure au ventre va se rouvrir. Jeune Kamado, si tu meurs, c'est moi qui aurais perdu.
Il inspire difficilement, et je tends une main vers lui, avant de me raviser. C'est à Tanjiro qu'il doit parler.
- Vient par ici. Je dois te parler avant la fin.
Je n'écoute plus. Je n'entends plus. Je regarde le visage de Kyojuro. Je le dévore du regard avant la fin. Mes larmes ont cessé de couler, mais elles n'ont pas séché, et mes joues sont toujours humides. De toute façon, elle vont se remettre à couler dès qu'elles auront rechargé les batteries.
Je pense à Kyojuro. Je pense à notre enfant. Nous devions décider de son nom ensemble. Nous devions fonder une famille. Nous devions vivre heureux, tous les trois.
Mais tout ça ne sont que des rêves. Ça n'arrivera jamais. Ça m'a été arraché, par un démon. Ces monstres nous prennent toujours tout. À cette simple pensée,une fureur bouillante monte en moi, et s'extirpe de mon corps par mes yeux. C'est ce que j'avais dit : mes larmes se sont arrêtées pour mieux revenir.
Mais Kyojuro a fini de parler à Tanjiro. Il me regarde, et je tends la main vers son visage. Je lui caresse la joue, et mon visage se tord de tristesse. Il sourit, encore et toujours, ce sourire si chaleureux, si réconfortant.
- Em, vit ta vie. Mets au monde notre enfant, chéris-le pour nous deux. Apporte-lui l'amour d'une mère, apprends-lui la vie. Je ne pars pas vraiment. Je serai toujours là. À tes côtés. Je regarderai notre enfant grandir avec toi. Ne soit pas accablée de tristesse. Continue d'aller de l'avant, même si c'est difficile. Je ne te demande pas de m'oublier. Je suis tellement heureux d'avoir pu passer autant de temps avec toi.
Sa main glisse vers mon visage, me caresse la joue. Elle descend jusque sur mon ventre, déjà arrondi par la croissance du bébé.
Je mets ma main sur la sienne, et colle mon front contre le sien. Je voudrais tant parler, mais je n'y arrive pas. Ma gorge est si nouée qu'elle me fait mal.
- Je t'aime, Em. Je t'aime tellement.
J'ai à peine conscience du regard accablé de tristesse de Tanjiro, posé sur nous, et au prix d'un effort surhumain, je parvins à murmurer :
- Je t'aime aussi. Mon coeur t'appartient, Kyojuro. Il a toujours été tien.
- Vivez la tête haute, reprend Kyojuro d'une voix de plus en plus faible, qui me brise le coeur. Si votre faiblesse ou votre manque de courage vous met à terre, enflammez votre coeur, serrez les dents et avancez. Tout le monde meurs un jour, ne vous attristez pas pour si peu. Jeune Kamado, Jeune sanglier, jeune garçon jaune, Em, je crois en vous,
À ces dernières paroles, une horrible envie de rire et de hurler me prend la gorge, et je m'approche encore un peu plus de Kyojuro. Je passe mes bras autour de son cou. Je le serre contre moi, doucement pour ne pas lui faire mal. J'enfouis mon visage dans son cou. Et quelques secondes plus tard, tout son corps se détendit, et sa main jusque-là posée sur mon ventre retomba à terre dans un petit bruit mat. Quant à moi, je pleure encore plus, et je le serre davantage dans mes bras.
* * *
Dis moi - Laety
Quelques semaines plus tard, je me présente à la résidence Ubuyashiki sur la demande du chef des pourfendeurs. J'ai presque complètement guéris de mes blessures, elles étaient toutes bénignes. Je suis seule dans le magnifique jardin de la résidence, et j'attends l'arrivée du seigneur.
La porte du perron s'ouvre alors, et je m'agenouille devant le visage rongé par la maladie du seigneur Ubuyashiki.
- Seigneur Ubuyashiki, salué-je respectueusement.
- Bonjour Em. J'espère que tu t'es bien remise de tes blessures ? répond le chef de sa voix calme et douce comme l'eau d'un ruisseau.
- Je vais très bien, merci.
- Et les blessures de ton coeur ? demande le maitre.
J'hésite un instant. Le souvenir de Kyojuro est encore beaucoup trop présent, les funérailles trop récentes.
- Elles ne guériront jamais...
- Mais il t'a demandé de perpétuer sa mémoire, n'est ce pas ? Avant de partir pour le train de l'infini, Kyojuro m'a parlé.
Je relève la tête, piquée.
- Que vous a-t-il dit, si je puis me permettre ?
- Il désire que tu prennes sa succession en tant que Pilier de la Flamme.
J'écarquille les yeux. Je les sens s'humidifier. Ce n'est pas le moment de craquer, je dois me reprendre !
- Comment... Pourquoi... Moi...? Mais je serai bientôt incapable de continuer à me battre. Et après, j'aurai perdu le niveau de devenir un Pilier. En supposant que je l'ai déjà eu...
- Je suis d'accord avec lui. Les temps changent de plus en plus, et les pourfendeurs ont besoin de Piliers solides pour continuer à avancer.
- Je suis désolée, mais c'est au-delà de mes forces, dis-je d'une voix tremblante, en fermant les yeux pour mieux contenir mes larmes.
- Je comprends que tu es besoin de temps pour te remettre, mais permets-moi d'insister. Je suis sûr que c'est ce que Kyojuro aurait voulu.
- Excusez-moi, seigneur... M'autorisez-vous à me retirez un instant ? J'ai besoin de réfléchir seule, dis-je en baissant la tête pour cacher mon visage.
- Je t'en prie, Em, répond Ubuyashiki en souriant doucement.
Je me lève donc, et marche vers quelques arbres. Je me réfugie derrière, et cesse de lutter. Les larmes coulent à nouveau, et je tente de réfléchir. Les dernières paroles de Kyojuro nous disent de continuer à avancer. D'enflamme notre coeur.
Enflamme ton coeur.
Il ne me faut pas longtemps pour changer d'avis, et quelques minutes à peine après avoir demander la permission de me retirer, je retourne voir le seigneur Ubuyashiki, décidée.
- Je change d'avis, et j'accepte votre proposition. Mais lorsque j'aurai accompli ma vengeance envers Akaza, je me retirerai du poste. Je voudrais pouvoir m'occuper de mon enfant et lui donner l'amour d'une mère, mais aussi d'un père. Je suis sûre que vous pouvez le comprendre.
Le seigneur hoche la tête, toujours son sourire réconfortant aux lèvres, et dit :
- Je t'en remercie. Maintenant, je te conseille de te rendre au Domaine des Papillons. Shinobu doit t'attendre pour un diagnostic.
- Merci beaucoup, Maitre.
Sur ces mots, je me relève, m'incline et quitte la résidence. Moi, Pilier de la Flamme. Je ne sais pas ce que vas penser Shinjuro. Acceptera-t-il la décision du maitre ? Acceptera-t-il qu'une extérieure de la famille Rengoku reprenne leur flambeau ? Et Senjuro ? C'est lui qui devait reprendre la succession. Qu'en pensera-t-il ?
Mais l'heure n'est pas encore à ces questions. Pour l'instant, Shinobu m'attend au Domaine des Papillons.
* * *
Quelques années plus tard. Mon bébé est né. C'est un garçon, qui possède les mêmes cheveux de flamme que son père, mes les yeux bleus de sa mère déteignent avec le reste. Il est en pleine santé. Il me comble de bonheur.
Le souvenir de Kyojuro ne s'est pas éteint. Il reste gravé dans mon coeur, pour toujours et à jamais.
C'est cette nuit que tout s'est terminé. Tous les Piliers ont été appelés à la résidence Ubuyashiki en urgence. J'ai confié mon fils à une amie, et je m'y suis rendue aussi. Mais aucun d'entre nous n'est arrivé avant quel la maison n'explose violemment, en emportant avec elle ses résidents, le Maitre, sa femme et ses deux filles ainées.
En arrivant sur place, un seul homme était là. En sale état, mais là.
Muzan Kibutsuji.
Il nous a précipité dans sa forteresse infinie, pour un dernier combat. Je suis tombée avec Tomioka et Tanjiro ; les lieux étaient emplis de démons, tous du niveau d'une lune inférieure ; les auras de toutes les lunes supérieures y étaient : y compris celle d'Akaza.
Ma haine jusque-là enfouie au fond de mon coeur s'est réveillée, et j'ai senti mon coeur s'enflammer lorsqu'enfin, au tournant d'un virage, nous l'avons vu.
Dans un cri de rage, Tanjiro et moi nous élancions vers lui, sabre en main, poussés par la main invisible de Kyojuro :
- AKAZAAAAAAA !!!
* * * * *
VOILÀÀÀÀ ! ça c'était la première fin ! Elle vous a plu ? Comme une sad end quoi ! Vous inquiétez pas la happy end arrive, et dans celle-là maybe je donnerai le nom du fils de Em et ce cher Kyo 👀
Sur ce je vais fantasmer sur Yoriichi, adios 🌝
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