Chapitre trente-sixième : Mais que fait le bébé narval?

Au milieu de la piste, un homme qui n'était ni Capriccioso ni Sir Barnabas (on aurait toujours pu espérer) se présenta avec un zèle exceptionnellement exagéré, tandis que la musique qui allait rythmer le spectacle tout le long commença à être jouée par des musiciens situés aux abords de la piste. Quelques danseurs apparurent uns par uns, surgissant de derrière le rideau à grand renfort de saltos, galipettes, cabrioles et autres envolées diverses, jusqu'à être réunis au nombre de dix pour commencer un numéro de gymnastique et d'acrobatie.

"Il faut que je me dépêche..." déclara simplement Violine en se pressant vers le rideau. Après une minute encore, elle entra sur la piste. On interdit cependant à Vertiline de s'approcher encore de la large tenture vermeille pour observer le numéro, lui convaincant qu'elle gênait. Notre héroïne conclut cependant que Violine devait être entrain de se contorsionner sur la piste, à en juger par les rires acerbes du public et les huées que l'on pouvait entendre depuis l'autre côté. Dire que c'était ce qui l'attendait d'ici quelques minutes... D'après ce que M. Fisherman avait dit à Vertiline lors de leur premier et unique échange, les spectateurs n'étaient que nouvellement habitués aux monstres de deuxième génération comme Violine, ce qui les rendaient cocasses, exotiques et...monstrueux. Mais qu'allait-il en être de Vertiline, considérée elle comme un bon vieux montre de la première génération? Les réponses n'allaient pas tarder à se faire savoir.

La musique s'estompa de plus en plus en quelques secondes pour faire place aux applaudissements chaleureux des spectateurs, accompagnés d'encore quelques rire mauvais sans aucun doute destinés à Violine. Le premier numéro venait de s'achever. Au moment même ou les acrobates et la contorsionnistes passèrent le rideau, Vertiline apperçut non sans stupeur toute une cohorte d'animaux mécaniques (les mêmes qui avaient été vus dans la petite ferme hier soir) chargeant à travers les coulisses pour foncer sur la piste, bousculant tout ce qui pouvait ce bousculer au passage (c'est à dire individus animés comme inanimés). Cette mise en scène pour le moins mouvementée aurait pu être assez impressionnante si elle avait été chorégraphiée. Néanmoins, à en juger par le personnel (parmis lesquels Louise et Brutus) qui courait après les bestiaux comme des dératés, cette entrée en scène pour le moins mouvementée perdit un peu de sa supposée grâce... Mais passons. Alors que les gymnastes et acrobates s'étaient rangés sur les côtés ou perchés sur des hauteurs, terrifiés à l'idée de se faire piétiner les orteils par une chèvre en aluminium ou un Terrifiant Taureau Mécanique, Violine avait quand à elle juste eu à se contorsionner un peu dans un coin (ce que tout le mode trouva monstrueux) pour être hors de danger.

Étant donné que le rideau n'avait cette fois-ci été refermé qu'à moitié et que Capriccioso n'était pour l'instant pas dans les parages, Vertiline ne pût alors s'empêcher de regarder discrètement le numéro suivant, elle qui était impressionné par les animaux mécaniques comme un enfant devant un magasin de confiseries multicolores. Cela lui rappelait par ailleurs qu'il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas vue le Capitaine Albert Alexander, son poisson mécanique offert par Babel du temps ou elle vivait encore chez lui. 

Ce fût un fameux désordre que celui sur la piste. Les animaux semblaient avoir été lâchés là sans objectif précis, si ce n'est pour montrer qu'ils étaient mécaniques et non organique. Enfin, une ribambelle de personnes toutes habillées dans la même tenue arrivèrent à leur tour sur piste, probablement pour ramener l'ordre parmis les bêtes (on éjecta d'ailleurs une otarie en bronze, qui se redirigea d'elle-même vers les coulisses, et traça son chemin jusqu'à la ferme sans demander son reste). De leur côté, les acrobates et gymnastes du numéro précédent quittèrent le coin où ils s'étaient tous recroquevillés (non sans avoir précisé à Violine -qui était celle qui prenait le moins de place- qu'elle gênait, et que sans elle, on en serait sans doute pas là). Alors davantage guidée par un sentiment indescriptible que par un réel désir d'engager la conversation, Vertiline suivit sa soeur, qui elle s'était assise en tailleurs dans un coin où on ne la remarquerai pas, pour le mieux.

A la vue de la femme poulpe, Violine détourna aussitôt le regard en soupirant significativement, se souvenant que son premier échange avec la dame qui venait vers elle n'avait pas été des plus engageante. 

"Quoi?" lâcha-t-elle froidement sans cacher son désintérêt.

"C-C'est vrai que ta soeur jumelle vient d'avoir un enfant?" répondit Vertiline en maudissant la stupidité de sa question immédiatement les mots échappés de sa bouche. Comme si, en tant que Victoria Prismall la femme poulpe, elle était sensée savoir quoi que ce soit de la famille de Violine Eunice March! La rouquine la dévisagea alors avec un air aussi glacial qu'inquisiteur.

"Qu'est-ce tu en sais?" articula-t-elle le plus froidement du monde, en la transperçant d'un regard noir. "Tu as lu mon courrier?!" renchérit-elle en se levant de sa position (bien que moins âgée que Vertiline, elle surpassait déjà sa grande soeur en taille).

"N-Non!" se défendit Vertiline, tandis que les tentacules d'Enoch la firent reculer de quelques centimètres.

"Alors quoi?" s'impatienta Violine, dont le visage commençait à prendre une teinte rosâtre sous son maquillage de clown, ce qui n'était pas bon signe.

"On m'a dit...que...

-Qui t'as dit quoi?!

-C-Capriccioso! Il...il..."

"ESPRESSIVO!" aboya une voix sonore qui s'était sans doute entendue de l'autre côté du rideau. Quand on parle du loup... Surgit soudain Capriccioso de nulle part, faisant sursauter Vertiline et Violine de concert. Il balança à celle aux cheveux vert un lourd objet qu'elle manqua de se prendre en pleine figure, puis un deuxième plus léger qui lui aussi manqua de heurter son visage : il s'agissait respectivement d'un accordéon et d'un tambourin.

"Qu'est-ce que tu fais encore ici? C'est à toi tout de suite! Fonce!" cria-t-il, le visage au moins aussi rouge que les étoiles de sa tenue (pour une fois qu'il mettait de l'émotion dans ce qu'il disait!). Ne cherchant pas à répondre de peur de s'opposer au terrible courroux de Capriccioso, Vertiline confia l'accordéon aux tentacules d'Enoch, saisit le tambourin sans broncher et se dirigea au pas de course vers la piste, ignorant complètement ce qu'on attendrait d'elle une fois dessus.

"Attends une seconde! Tu ne m'as pas répondu!" cingla Violine en la poursuivant à travers les coulisses. Vertiline regrettait maintenant amèrement d'avoir engagé la conversation avec elle, vu où cela l'avait menée... "Que sais-tu à propos de ma soeur?!" cria presque la rouquine au moment ou Vertiline s'apprêtait à franchir le rideau. Mais c'est fou ce qu'elle pouvait être insistante! Du temps ou notre héroïne devait s'occuper de ses soeurs; c'était Eulalia la plus têtue des deux! Enfin cela dit, elle les confondait tout le temps...

"Mais tu vas aller sur cette fichue piste, oui ou non?!" résonna la voix de stentor de Capriccioso dans le fond des coulisses.

"Alors?" insista lourdement Violine avec un ton de voix très peu avenant.

"-Je...Je suis ta soeur! Ta grande soeur Vertiline disparue depuis dix-sept ans! C'est moi! Au plaisir, Violine!" lâcha alors Vertiline d'un coup.

"ESPRESSIVO, EN PISTE!" cingla Capriccioso. Mais Vertiline avait déjà passé le rideau. Violine demeura sans rien dire, les bras ballants et le visage gravé d'une expression faciale curieuse.

C'est une très forte lumière rose éblouissante qui accueillit Vertiline lorsque les tentacules d'Enoch foulèrent le sable de la piste. Cette courte cécité passé, c'est alors le Cirque sous un tout nouvel angle qui se révéla aux yeux de Vertiline : remplit de gens bruyants et massés sur des sièges trop petits, le tout noyé sous des couleurs vives et criardes, l'endroit semblait plus...petit. Et étrangement dangereux. A la vue de Vertiline, le public entier la pointa du doigt en exclamant un "Ha ha!" unique et très coordonné, avant de se taire immédiatement, déjà lassés. Pourtant, il y avait de quoi être impressionné! Une femme poulpe accordéoniste ET tambouriniste à côté d'un...éléphant siamois! Comme si ça se voyait tous les jours! Absolument personne n'avait prévenu Vertiline qu'elle allait performer avec Bimbo et Kimbo. Et plus que tout, absolument personne ne semblait remarquer que ces deux là semblaient en proie à la plus terrible des peines! Comme si ils n'avaient aucunement envie de prendre part à ce spectacle... Comment les blâmer?

"Sinon, elle fait quelque chose la première génération, là?" hua un homme, complètement indifférent à la vue d'un hybride mi-femme mi-poulpe (un hybride qui n'en était pas un, mais l'illusion était quand même parfaite sur le moment).

"J'y viens!" lui cria presque Vertiline pour bien se faire entendre, une pointe de mépris dans la voix. A ce même moment, tous les spectateurs échangèrent quelques messes-basses, notamment des genres de "Hmm...bavarde, pour un monstre...". Pendant ce temps là, Bimbo et Kimbo remuaient très faiblement leurs trompes, un signe qui semblait dire, aussi étrange que cela puisse paraître, qu'ils étaient prêts à accompagner Vertiline, quoi qu'elle fasse. Compatissante avec les éléphants, la jeune femme chuchota quelque chose audible uniquement par Enoch et elle-même, et les deux commencèrent à jouer, tandis que Vertiline se mit à chanter d'abord timidement, puis à plein poumon; en tirant hors de son corsage une partition :

Éléphant (éléphant),
Grand et fort et doux et intelligent (intelligent).
Comment pourrais-je me sentir mal?
J'ai ma soeur à mes côtés
Et un éléphant à chevaucher!
Éléphant (éléphant),
Tu es triste et en cage
Mais c'est hors de propos (hors de propos).
Parce que tout le monde devient jaloux quand on me voit passer
Sur un ami de si grande taille.
D'autres enfants ont des vélos,
(C'est la vérité)
Ou les papas les ramassent à l'école.
Mais cela ne fera pas l'affaire pour moi, vous comprenez (comprenez).
D'autres enfants ont des chevaux.
D'autres enfants ont des chiens.
D'autres enfants ont des hamsters!
D'autres enfants ont des grenouilles!
Mais l'animal de compagnie idéal pour moi est quelque chose de beaucoup plus grand.
Et de bienveillant.
Et élégant.
Et, hum...
Et j'ai un...
Éléphant, éléphant!
Avec toi je suis dans mon élément (élément)!
C'est vrai et c'est un fait qu'il y a tant à apprendre
Quand on chevauche un pachyderme!
Oh, éléphant (éléphant),
Mes pensées sont si mauvaises
Pour me donner un tel ami.
Oh, éléphant (éléphant),
Je suis avec toi jusqu'au bout.
Éléphant, éléphant,
Je suis avec toi jusqu'au bout!

A l'écoute de cet hymne à un passé plus heureux, Bimbo et Kimbo furent comme soudainement pris d'une poussée d'allégresse, et se mirent à se dandiner gracieusement au rythme de l'accordéon et du tambourin; ce qui avait l'air de profondément ennuyer le public (mais enfin, qu'est-ce qu'il leur fallait pour qu'ils soient satisfaits?). Pour une fois depuis ce qui semblait être une éternité, les éléphants siamois paraissaient heureux, ce qui ne pût empêcher de mettre un peu de baume au coeur à Vertiline. Bien. Et maintenant?

Maintenant le public, qui s'impatientait sec, trouvait que non seulement Vertiline avait des manières trop humaines pour être un monstre, mais qu'en plus, les monstres de la première génération comme elle étaient diablement banals. Une femme poulpe, oui, c'est divertissant cinq minutes. Oui, c'est exotique, c'est peu commun, mais ça va bien au bout d'un temps. Par contre, quoi de plus monstrueux qu'un bossu ou qu'un ambidextre, je vous le demande? Car en ce qui concerne le public, il en avait assez des monstres de première génération. Qu'importe les éléphants siamois et la femme tentaculaire, ils voulaient de vrais monstres! Qu'on ramène la contorsionniste! Ça, c'était sensationnel!

Mais tout d'un coup, Bimbo et Kimbo s'effondrèrent au sol, et semblèrent vaciller de leur état guilleret à la profonde anémie qui les animaient encore hier. Étais-ce parce que la chanson était terminée? Vertiline hésita presque à la chanter une seconde fois, mais on ne lui accorda pas cette occasion. Aussitôt, trois membres du personnel arrivèrent pour dégager les siamois de la piste, n'hésitant pas à le malmener à grand renfort de pics et de fouet... Là encore, Vertiline voulut agir et surtout protester, mais...de nouveau, sa tentative se solda par un échec, échec qui se suivit lui-même par la plus vive des inquiétude qui commença à bondir dans le coeur de la jeune femme au moment ou deux membres de la troupe (des filles au visage maquillé en blanc et vêtues d'un costume dont la pièce maîtresse étaient de merveilleux collants rayés jaune et noir) la retinrent en plein milieu de la piste pour le prochain numéro. Un roulement de tambour résonna dans tout le chapiteau, et sous les yeux de Vertiline, complètement étrangère à la situation dont elle allait possiblement être la victime, se mit en place une bien étrange installation. Toujours retenue par les demoiselles qui paraissaient aussi expressives que des murs sur lesquels aurait été collé un grand sourire artificiel, Vertiline vit s'installer devant elle une sorte de barrage humain, fait entièrement de personnes arborant la même tenue que les filles-murs. Tous avaient les jambes écartées et les bras positionnés en croix sur le torse. Ce qui semblait jusque là être une plaisanterie de mauvais goût se révéla cependant être bien plus. Car finalement, ce n'était pas vraiment cette étrange barrière qui dérangea Vertiline. Plutôt...plutôt l'énorme canon qu'on pointa droit sur elle! Des chuchotements enthousiastes commencèrent pourtant à s'élever dans l'assemblée.

Alors que le roulement de tambour se poursuivait, toujours plus fort et véloce, le présentateur, qui était dans le dos de Vertiline, commença à annoncer avec la plus grande éloquence : 

"Et maintenant mesdames et messieurs, pour votre plus grand bonheur ce soir! Après cette très médiocre interprétation de notre tout nouveau monstre Espressivo la femme poulpe, j'ai l'honneur de vous présenter la sans conteste très géniale performance qui va suivre, exécutée par le très génial Capriccioso qui entre sur piste au moment ou je prononce ces mots *ovation passionnée de la part du public*. J'ai nommé : le boulet de canon humain!" La foule n'applaudit que plus fort encore, alors que Capriccioso envoyait des saluts garnis de sourires forcés à ses admirateurs et admiratrices, qui semblaient avoir achetés leurs tickets au Cirque Fisherman rien que pour lui. Le présentateur repris :

"Connu dans tout le compté de PinkSmith, mais aussi bien là où la noble discipline du Cirque n'a pas autant d'influence, je vous prééééésente...CA-PRI-CCIO-SO!" Ovation, ovations. Continuons.

"J'ai un très, très mauvais pressentiment..." murmura tout bas Vertiline, au moment ou elle vit Capriccioso s'équiper d'un casque et rentrer à la verticale dans le canon.

"Maintenant sous vos yeux ébahis!" s'extasia le présentateur "Capriccioso va tenter, grâce à l'incroyable force propulsive du canon, d'atteindre sa cible! Nul ne doute que même avec plusieurs secondes d'avances, personne ne pourrait lui échapper!" Alors que les tonitruants roulements de tambour devenaient maintenant de plus en plus assourdissants, le présentateur passa devant Vertiline (elle toujours retenue par les murs féminins en collant d'abeille), et, tout sourire, alluma grâce à une allumette sortie de nulle part la courte mèche du gigantesque canon, qui, rappelons-le, était maintenant pointé droit sur Vertiline! Le compte à rebours commença. Et avec lui, se mêla la voix de la barrière humaine, et même des spectateurs très, très (trop) enthousiastes! Au même moment, les femmes abeilles lâchèrent Vertiline pour se précipiter vers leurs semblables.

"DIX! NEUF! HUIT!" se mit à crier tout le monde. Étais-ce une plaisanterie?! Si Vertiline ne fuyait pas très vite, elle allait littéralement se faire percuter par un boulet de canon humain! Et vu son physique frêle et son ossature friable, elle doutait très fortement d'en ressortir indemne, peut-être même d'en ressortir vivante! Il fallait fuir! Mais où? La barrière humaine lui bloquait toutes les sorties! La seule qui...

"SEPT! SIX!" Ha, mais laissez-moi parler! Je disais donc : la seule sortie qui se présentait devant elle était celle vers le couloir par lequel Vertiline était arrivée la toute première fois. C'était tout du moins le seul passage qu'elle était en mesure d'emprunter. Le seul problème, c'était que quand bien même elle s'enfuyait par là, il s'agissait précisément de la direction vers laquelle pointait le canon... A touts les coups, on attendait de Vertiline qu'elle prenne ses jambes à son cou pour se faire mieux renverser par un projectile humain lancé à toute allure sur elle par la suite! Mais quel autre choix avait-elle? Il fallait tenter le tout pour le tout!

"CINQ! QUATRE!" Mais courir avec des tentacules...gênés l'un par l'autre, ni Vertiline ni Enoch n'auraient la possibilité d'atteindre une vitesse décente! Alors tant pis, là encore, il fallait tenter! Qu'importe ce qui allait ce passer par la suite!

"TROIS!" Vertiline claqua des doigts et frotta sa main contre sa jupe. Attentif au signal, Enoch sortit, soulagé d'être enfin à l'air libre. Mais ce n'était pas le temps de s'extasier! Alors que le présentateur venait de hurler "DEUX!",et que le public poussa un gigantesque "OOOOOOOH!" en voyant Vertiline et Enoch 'défusionner', la demoiselle s'écria à son tour : "Enoch! On fonce!" avant de détaler le plus vite possible à travers la seule sortie possible, immédiatement suivie par le céphalopode.

"UN!" Vertiline courait aussi vite qu'elle le pouvait à travers le long couloir vertical, maintenant dépassée de plusieurs mètres par Enoch et sa vitesse exceptionnelle. Elle apercevait maintenant un balcon au loin, peut-être allait-elle réussir à échapper à Capriccioso si elle l'atteignait?

"ZÉROOOO!" Un grand "BOUM!" résonna à travers le chapiteau, sous un "Aaaaaah!" enjoué et admiratif de la part des spectateurs. Le balcon était proche! Vite, vite! Vertiline ne prit même pas le risque de se retourner : elle savait que Capriccioso était propulsé derrière elle, et que d'ici quelques secondes à peine, il allait lui rentrer dedans! Plus qu'à un mètre du balcon! Où en était Capriccioso? Vite! Un demi-mètre! Capriccioso? IL EST LA! Ça y est! Le balcon! Vertiline y était enfin arrivé! Quel dommage qu'elle ne fusse pas dessus néanmoins... Car l'observer depuis le ciel dans lequel elle tombait maintenant en chute libre était aussi un concept, certes; un effrayant concept! Capriccioso était finalement parvenu à ses fins... Vertiline percutée par le boulet de canon humain, voilà qu'elle était tombée par dessus bord! Et maintenant, Vertiline chutait. Enoch était resté sur le balcon, il avait échappé à l'assaut de Capriccioso. "Oh, c'est un bien étrange moment pour admirer les nuages..." pensa notre héroïne. Tu ne crois pas si bien dire, Vertiline! Mystérieusement apaisée alors qu'elle était pourtant consciente qu'elle allait s'écraser quelque part dans d'atroces souffrances (peut-être étais-ce parce qu'elle venait de se prendre un humain propulsé à grande vitesse en plein dans le dos, chose face à laquelle n'importe qui se sentirait quelque peu assommé), Vertiline ferma les yeux un instant et laissa la gravité faire son travail...

Pendant ce temps, le bébé narval avait tout prédit!


Découvrez vite la suite au chapitre suivant : "Amoris Scientia Non Potest Explicare"!

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