Chapitre trente-quatrième : De manière discrète et furtive
Alors que le soleil dardait ses premiers rayons sur le Cirque volant de Sir Barnabas Newton Fisherman, Vertiline et Enoch attendaient patiemment que le monde ne s'éveille et reprenne ses activités quotidiennes en se promenant un peu dans les environs. Note de Vertiline : si possible toujours faire une visite du lieu où l'on s'apprête à voler quelque chose, cela s'avérera forcément utile au moment de l'inévitable course-poursuite avec les autorités ou les forains du coin, toujours prêts à offrir quelques bonnes patates bien senties. Au bout d'à peine vingt minutes, quelques têtes ensommeillées commencèrent à apparaître à l'extérieur des chambres, notamment celles du personnel d'entretien, partant déclarer la guerre de bon matin à la saleté et à la faim de ceux qui dormaient encore, armés respectivement de seaux et de balais, ou de louches et de couteaux de cuisine. Pour le coup, Vertiline et Enoch avaient à nouveau formés "Victoria la femme-poulpe", et la perspective de devoir tenir une journée entière dans un tel accoutrement leur était bien pénible... A peu près tout les gens qui croisaient Vertiline, aux jambes dissimulées par les tentacules d'Enoch, la dévisageaient au mieux avec surprise, au pire avec un dégoût aucunement dissimulé, lui faisant comprendre d'un simple regard qu'elle était la pire chose qu'ils n'aient jamais vus de leur vie. Voilà qui était agréable...
Une demi-heure seulement après le lever du soleil, l'activité commençait déjà à battre son plein au sein du Cirque. Alors que le personnel d'entretien balayait en dormant à moitié les allées, les couloirs, et changeaient le sable sur la piste, les artistes sortaient uns à uns de leur chambre, se dirigeant d'un pas traînant vers le réfectoire où était servi le petit-déjeuner. Remarquant qu'elle n'avait rien mangé depuis son arrivée au Cirque, Vertiline en fit de même et se dirigea elle-même vers le mess. A peine fût-elle arrivée devant la porte d'entrée qu'un couple d'acrobates (il était littéralement marqué 'couple d'acrobates' dans leur dos) la poussèrent en rugissant "Les monstres passent en dernier!" Vertiline tenta bien d'ignorer leurs propos et d'entrer de force, mais elle se ravisa lorsqu'elle aperçut une femme mesurant trois fois sa taille et aux biceps aussi gros que sa tête s'approcher près d'elle avec un air patibulaire. Tournant finalement les talons en grognant, Vertiline se dirigea vers la piste. Celle-ci venait de finir d'être nettoyée, et elle remarqua avec surprise que Louise, Alyosius, Garou et Violine s'y entraînaient déjà, alors qu'il devait être cinq heure et demie du matin à tout casser.
"Oh, bonjour mikrí." déclara Louise en souriant à la vue de Vertiline. "Tu est vraiment matinale, dis-moi! A cinq óres, tu n'étais déjà plus dans ton lit!
-J'ai eu un peu de mal à dormir." répondit simplement Vertiline.
"-Est-ce à cause de moi? J'ai trop ronflé?" demanda Garou d'un air inquiet.
"-Impossible, c'est Louise qui ronfle le plus fort!" objecta Alyosius.
"-Hé bien au moins, deux dans cette chambre ont le sommeil silencieux." fit remarquer Violine en désignant Alyosius et elle-même.
"Quoi qu'il en soit, qu'importe qui ronfle ou non, l'important est que nous soyons tous là." dit Louise en claquant ses mains l'une dans l'autre. "Alors entraînons-nous dur car ce soir, c'est le grand soir! Allons! Tous au travail!" Sur ce, tous se répartirent immédiatement sur la piste, chacun en possession de quelques objets les aidant à leur prestation. Louise avait évidemment Brutus à ses côtés (qui n'avait d'ailleurs pas lancé un seul mauvais regard à Vertiline depuis l'attaque de cette nuit), Alyosius avait un jeu de carte, Garou une sorte de fiole dont il versa quelques gouttes du liquide qu'elle contenait sur sa langue; et seule Violine avait quitté la piste, une trousse de maquillage à la main. Vertiline, elle, ne savait pas trop ce qu'elle était sensée faire... Voyant quelques accessoires laissés en plan sur la piste, elle tenta alors successivement de s'exercer aux cerceaux, aux assiettes chinoises, au jonglage, à l'équilibre (respectivement sur une gigantesque balle, puis un monocycle), à la magie, et bien d'autre, le tout pour des résultats...intéressants. Les cerceaux, mieux valait oublier avec des tentacules : c'était bien compliqué. Les assiettes chinoises, elle fût surprise de constater qu'elle n'y était pas trop mauvaises, mais les choses se compliquèrent quand Enoch voulut tester à son tour. Le jonglage, ça n'était...pas fameux. Concernant l'équilibre, mieux vaut ne pas en parler. Quant à la magie, ce fût aussi concluant que pour le reste, c'est à dire pas beaucoup.
Il était maintenant aux alentours de sept heures du matin, et le Cirque grouillait maintenant d'artistes et autres membres de l'équipe d'entretien, tous s'affairant avec une énergie admirable à une heure pourtant si matinale. Les quelques traînards au lit se dirigeaient au pas de course vers le mess, tandis que la plupart des autres artistes se massaient vers la piste (y compris les dresseurs d'animaux) pour y pratiquer leurs disciplines respectives, les 'monstres' étant quand à eux de plus en plus poussés vers un coin étriqué près de la sortie. Profitant que pour une fois personne ne fasse attention à elle, Vertiline s'éclipsa discrètement en direction des loges. Rasant les contours de la piste en faisant bien attention à ce que personne ne la remarque (tous étaient trop absorbés dans leur entraînement, et sans doute trop stressés en prévision du spectacle de ce soir), elle se dirigea alors en direction des loges. Passant devant l'entrée menant au couloir qui conduisait jusqu'aux loges, elle manqua de se faire bousculer par Violine, maquillée en clown, qui était quand à elle trop pressée de rejoindre la piste pour prêter attention à Vertiline. Enfin dans le couloir, la voie était libre!
Il n'y eut pas beaucoup de chemin à faire jusqu'aux portes respectives de Capriccioso et Sir Barnabas. Décidant de commencer par la loge de Sir Barnabas, Vertiline toqua par précaution à la porte, pour s'assurer que personne ne se trouvait de l'autre côté. Aucune réponse. Soit M.Fisherman était un sacré flemmard et dormait encore alors que tout le monde trimait dur, soit il était lui même à l'extérieur entrain de trimer dur, précisément. Se risquant à ouvrir la porte, Vertiline constata avec agacement que celle-ci était fermée. N'abandonnant pas pour autant, elle réitéra le coup du 'toc toc' à la porte de Capriccioso, pour un résultat similaire. Aucune réponse. Posant alors à nouveau sa main sur la poignée, Vertiline fût cette fois-ci heureuse de constater que la porte n'était pas verrouillée, et entra ainsi de manière discrète et furtive.
La loge de Capriccioso était de très loin bien plus confortable que celle des 'monstres', mais aussi plus spacieuse et propre. Très richement décorée et élégamment meublée, on se serait davantage crût dans la chambre d'un prince que dans la chambre d'un artiste de cirque! (A ce niveau là, la chambre de Barnabas devait être celle d'un roi!) Vertiline avait d'ailleurs bien du mal à comprendre, elle qui avait vécue une partie de sa vie dans la pauvreté et la misère, comment certains pouvaient apprécier tout ce luxe et cette futilité matérielle. De son point de vue, tant que l'on avait un toit et de quoi se remplir la panse, le reste n'était qu'accessoire. Certes, ce proverbe personnel ne l'avait pas empêchée de devenir voleuse à plein temps, mais comme j'aime personnellement le dire : ce n'est qu'un détail. Commençant à fouiller dans tous les tiroirs visibles et sous les meubles, Vertiline fût déçue de constater que sa recherche ne s'avérait guère fructifiante. La seule chose un tant soi peu intéressante qu'elle avait trouvé était, imaginez donc...un portrait la représentant (tentacules incluses), laissé au sol avec quelques crayons. Vertiline ne savait pas trop ce que lui valait l'honneur d'être représentée de la sorte au début, mais elle comprit finalement assez vite qu'il devait s'agir d'une affiche pour le Cirque, au vu du petit texte écrit juste à coté...
Étais-ce Capriccioso lui-même qui avait réalisé cette affiche, sans doute sous les ordres de M.Fisherman? En tout cas, il lui avait fait une sacré tête... Vertiline savait de son oncle qu'il lui arrivait parfois d'avoir l'air très aigrie visuellement parlant, mais là, c'était pire! Elle avait l'air de littéralement transpercer du regard l'âme du pauvre bougre qui poserai curieusement les yeux sur ce dessin! Ne cherchant pas à contempler davantage cette étrange représentation d'elle-même, Vertiline détourna le regard et se mit en quête d'indices. Elle farfouilla donc une seconde fois dans les tiroirs, n'y trouva que des papiers administratifs ayant tant de chiffres marqués en de si petits caractères que le simple fait de les regarder lui donnait mal à la tête, quelques photos personnelles, et rien d'intéressant... Soudain, alors que Vertiline s'apprêtait à abandonner sa visite, un grand trousseau de clé tomba d'un tiroir pile à ses pieds, comme c'est pratique! Pensant qu'avec un peu de chance, une des clés du trousseau pourrait ouvrir la porte de Sir Barnabas, Vertiline balaya une dernière fois la pièce du regard, hésita à subtiliser un peu d'argenterie qu'elle pourrait sûrement revendre pour un très bon prix quelque part, se ravisa, et sortit finalement.
Mais, alors que la porte était ouverte et qu'elle s'apprêtait à sortir dans le couloir, elle nota un bruit de pas s'approchant à vive allure dans le couloir. Refermant aussitôt la porte et tenant toujours le précieux trousseau entre ses mains, Vertiline recula quelque peu, jusqu'à s'asseoir nerveusement sur le lit de Capriccioso. Évidemment, ce qu'elle n'avait pas prévu, c'était que la personne à qui appartenaient les bruits de pas qu'elle avait entendu il y a peu était Capriccioso en personne, et qu'il revenait précisément dans le couloir pour entrer dans sa loge! A peine la poignée de la porte s'abaissa-t-elle que Enoch décida de prendre les choses en main : se ruant sur un mur, il fit ventouse sur celui-ci avec ses tentacules, et l'escalada ainsi jusqu'au plafond, tout en maintenant Vertiline de trois tentacules par les jambes pour qu'elle ne tombe pas. Visualisez-vous ainsi la scène : Capriccioso au sol entrain de chercher un trousseau de clé en maugréant, et Vertiline et Enoch suspendus au plafond en priant pour que Capriccioso ne lève pas la tête...
Finalement résigné, et non sans avoir poussé un long et significatif soupir d'exaspération, Capriccioso quitta finalement sa loge en claquant la porte, remarquant à peine que ses meubles avaient été minutieusement fouillés. C'était mois une... Descendant avec précaution du plafond, Enoch et Vertiline collèrent leurs oreilles respective à la porte, histoire d'être sûrs que le danger était bel et bien parti. Se décidant à sortir une seconde fois, les deux quittèrent la loge de Capriccioso dans le plus grand des silences, prenant bien garde à refermer derrière eux. Sortant alors le trousseau de clé dissimulé dans son corsage (où vouliez-vous qu'elle le mette autrement?), Vertiline s'attaqua alors à la serrure de la porte voisine, qui n'était autre que celle de la loge de Sir Barnabas Newton Fisherman en personne! Évidemment, la première clé n'était jamais la bonne, et à tout les coup, ça allait être la dernière du trousseau qui ouvrirait la porte. Voyant que la première clé était inefficace, Vertiline utilisa alors de suite la dernière pour un résultat identique. Et vous voulez savoir combien de clé possédait le trousseau en tout? Faux! Quarante deux! Et bien sûr, ce ne fût qu'après la quarante-deuxième tentative que la porte s'ouvrit enfin.
Contrairement à ce qu'avait imaginé Vertiline, la loge de Barnabas n'était en rien celle d'un roi, ni même celle d'un prince. En fait, elle était plutôt miteuse... Moins que celle des 'monstres', certes, mais c'était tout de même loin d'être le grand luxe. La pièce comprenait le minimum : un lit flanqué d'un gigantesque édredon, tellement énorme que c'était bien la première chose que l'on voyait en entrant, un grand poêle qui occupait à lui seul deux bons dixièmes de l'espace, une entière rangée de porte-manteaux tous encombrés de costumes et accessoires en tout genre, car la loge ne possédait pas d'armoire ou de coffre. Il y avait aussi un large bureau en bois de récupération, ou des zones colorées et de vieilles écritures bigarrées se mélangeaient au ton clair des planches vierges, couvert de documents en tout genre. N'écoutant que son instinct de fouineuse professionnelle, Vertiline s'empressa donc de feuilleter les documents en question.
Il y avait donc en vrac de multiples factures couvrant les frais du Cirque, quelques gros chèques bien gras obtenus on ne sait trop comment, des lettres d'admirateurs et admiratrices, d'autres lettres de mépriseurs et mépriseuses (moins nombreuses que les autres), des papiers de bonbons de chez Cyrrus, et Vertiline fût même surprise de trouver un petit gâteau encore dans son emballage d'origine : un muffin aux myrtilles de la marque Betty Crocker, une entreprise qui avait pourtant cessé toute activité depuis une bonne dizaine d'années, depuis que Cyrrus avait repris tous les droits sur la production et la vente de sucreries, de confiseries et de pâtisseries de tous les comptés. Vous verrez, vous n'aurez pas appris ces quelques informations en vain! Voyez ce clin d'oeil que je vous envoie? C'est un signe! Sachant qu'elle n'avait pas encore mangé, Vertiline loucha à la vue du muffin, mais elle se ravisa finalement par respect pour M.Fisherman, et aussi pour s'épargner de probables douleurs d'estomac. Continuant ses recherches, elle tomba sur quelques photos semblant vieilles, très vieilles, et constituaient une incroyable collection à laquelle Vertiline ne pût s'empêcher de s'intéresser.
Des photos de Sir Barnabas jeune, de divers membres du Cirque, mais aussi quelques curiosités comme d'authentiques -et extrêmement rares- clichés, vous n'allez pas le croire, de la Capitaine! Cette fois-ci, Vertiline ne pût pas résister. Ni une ni deux, elle attrapa un cliché de celle-ci, le plia en deux, et le rangea vous-savez-où. Et...comment ça vous n'avez aucune idée de qui est la Capitaine?! Vous me faîtes une mauvaise blague, c'est cela? ...Non? Oh, misère... Je ne vois pas comment vous le dire autrement, mais c'est tout de même étonnant que vous ne sachiez pas ça! Enfin! C'est de le culture générale! Bon... Reprends-toi, La Folia; respire un grand coup : ça va aller. Hhhhh...pfouuuu. Voilà qui est mieux! Je ne vous conterai pas présentement les histoires épiques de la Capitaine Cynthia Blakes. Nous avons déjà perdu assez de temps comme ça pour le moment. Mais croyez-moi, je n'ai aucunement l'intention de vous laisser en plan avec de telles informations. Profitez donc de ce chapitre, chères lectrices et chers lecteurs, et je vous promet une belle surprise au chapitre cinquante-deuxième. Il y avait donc de nombreux clichés datant pour certains d'avant la naissance de Vertiline, le plus vieux ayant été pris en 1829 selon la date indiquée au dos. Cependant, une photo intrigua davantage encore notre héroïne, et avait la particularité de représenter des visages plus ou moins familiers : les jumelles siamoises Evelyn et Evelyn Neville, juchées sur le dos de Bimbo et Kimbo, leur accordéon aux mains, et M. Fisherman (toujours aussi petit) au sol, posant une main sur la patte avant droite des éléphants tout en affichant un grand sourire. La photo datait de l'année dernière, soit 1881. Voilà pourquoi Bimbo et Kimbo paraissaient si tristes hier soir! A tous les coups, les jumelles devaient leur manquer, maintenant qu'elles travaillaient à la Galerie des Monstres de PinkSmith. Mais pourquoi Barnabas les avaient-elles renvoyées? A moins qu'elles ne soient parties de leur plein gré?
Les réponses aux questions de Vertiline ne se firent pas attendre : ayant reposées les photographies sur le bureau, la jeune femme s'attaqua au deuxième et dernier tiroir, qui contenait quand à lui un journal qui devait très probablement être intime, remplis à ras-bord de documents qui semblaient tous rédigés à la main dans une belle écriture propre et appliquée, et qui dépassaient de partout. Toute la vie du grand (symboliquement) Sir Barnabas Newton Fisherman était retracée sur un papier jauni par le temps, et noirci d'une encre qui était devenue difficilement lisible en ses premières pages. Par exemple, une entrée du deux juin 1874 faisait mention du désespoir de l'auteur face à son éternelle petite taille (il faut croire qu'il avait toujours eut l'apparence d'un garçonnet), que l'on pouvait qualifier de nanisme à ce stade. Une autre entrée du treize avril 1878 traitait de l'essor et de la popularité du commerce de Sir Barnabas, basé sur l'exhibition de personnes difformes communément appelés 'monstres'. S'en suivait d'ailleurs juste à côté une définition du mot monstre selon les principes de M. Fisherman :
'Monstre (n.m) : Individu humanoïde difforme de sexe masculin ou féminin et de toutes orientations disposant d'une malformation physique. Il ne peut s'agir dans le cas d'un monstre que de malformation exclusivement physique. En d'autres termes, les malformations mentales ne sont pas prises en compte dans le domaine des monstres; il a d'ailleurs été prouvé grâce aux travaux de l'éminent docteur Phineas Benjamin Guideon que la malformation mentale n'apparaît que chez les individus de sexe féminin, et est nominée sous la forme de "Démence" (on parle alors d'une femme Démente). Le monstre est indiscutablement et indubitablement inférieur par sa nature même aux autres êtres humains normaux. Le monstre, si vendu et acheté, a pour obligation de répondre au mieux aux moindres désirs de son maître ou sa maîtresse. De ce faire, le monstre est une propriété appartenant à un humain ou une humaine : il ou elle n'appartient aucunement à lui/elle même et ne dispose d'aucun libre arbitre. '
De l'autre côté de la page, toujours daté au treize avril 1878, était inscrite la liste des monstres présents au Cirque, de l'année 1859 à 1882, leur nom, leur appartenance, et leur numéro de piste, la génération à laquelle ils appartenaient, ainsi que leur année d'arrivée et de départ du Cirque.
Mais vous n'êtes pas sans savoir, et je m'adresse bien à vous, car vous êtes vifs d'esprits et attentifs, qu'un détail autre que ces dates en folie avait comme qui dirait...heurté l'attention de notre chère Vertiline Eunice March. Peut-être bien parce qu'une autre personne dont le prénom commençait également par un 'V ' portait aussi le deuxième prénom Eunice et le nom de famille March, et s'était avérée être rousse, comme notre héroïne dans sa jeunesse... Oh! Que de coïncidences, décidément! Le monde est petit, hein Vertiline?
-Ça va, ça va, je vois où tu veux en venir, narratrice!
-Ah, l'as-tu donc remarqué?
-Bien sûr que oui!
-Tu ne l'as pourtant pas manifesté.
-Je l'ai manifesté intérieurement.
-Enfin, comment veux-tu que l'on sache tout ce qui trame dans ta tête si tu ne l'exprime pas à voix haute?
-N'est-tu pas une narratrice omnisciente? Hé bien omniscie donc!
-Dois-je donc lire et faire part à nos chères lectrices et chers lecteurs de toutes tes pensées?
-E-En certains cas seulement! Ai la décence de me laisser un peu d'intimité psychologique.
-Bien évidemment. Nous disions donc, à propos de Violine...
-Je le sais, tu le sais, tes lecteurs et lectrices le savent probablement aussi!
-Et donc, veux-tu l'annoncer ou me laisse-tu accomplir cette tâche?
-Une tâche! Que de grands mots! Ne tournons pas davantage autour du pot, je t'en prie. Cole l'a dit mots pour mots quand nous étions aux Mines de GreySmith : une de mes petites soeurs, Violine Eunice March, travaille dans un cirque à PinkSmith d'après ses dires. Je ne vois pas qui cela pourrait être sinon la Violine se trouvant ici!
-Tu sais donc qu'un membre de ta famille que tu n'as pas vu depuis...
-Je sais que je n'ai vu personne de ma famille depuis presque deux décennies! Cole me l'a rappelé de long en large! Et rien qu'avec lui, tu as bien vu, La Folia : je n'ai pas eu le courage de lui dire que j'étais sa soeur. Comment pourrais-je le dire à Violine?
-Hé bien...
-Voilà! Comme je disais, impossible de trouver comment annoncer une telle nouvelle!
-Un peu de patience, enfin! Je n'ai même pas eu le temps d'y réfléchir proprement.
-De toute manière, je n'ai pas l'intention de lui dire.
-Comment?! Mais enfin Vertiline! Il s'agit de ta soeur! Ta petite soeur que tu as à moitié élevée à toi toute seule!
-Oui, hé bien, c'était quelque chose de commun dans ma famille. J'ai moi-même été élevée par mes grands frères bien plus que par mes propres parents.
-Mais n'est-tu pas heureuse de la revoir?
-Comment dire...
-A ce point là?!
-Ce n'est pas que je ne suis pas contente de la voir! C'est juste que...hé bien...comme avec Cole, je ne me sens en fait pas vraiment proche d'elle. Je l'ai connue quelques années, certes, et nous sommes liées par le sang, certes à nouveau.
-Mais c'est justement l'occasion de renouer des liens! Et te souviens-tu de ce qu'avait dit Cole? Lui, Violine et Eulalia s'écrivent régulièrement. Et comme Violine et Eulalia sont jumelles, en te dévoilant à l'une, tu pourrais rencontrer l'autre!
-Je ne sais pas...
-Hé! Savais-tu au passage que Eulalia était mariée?
-Comment?!
-Et récemment mère d'une adorable petite fille?
-COMMENT?!
-Au vu de ta réaction, je pense que tu ne savais pas...
-Mais-Mais qu'est-ce que c'est que cette façon de sauter du coq à l'âne ainsi?! Nous parlions de Violine, et voilà que tu me causes d'Eulalia! E-Et comment ça, elle est mariée?!
-Hé bien, voilà ce qui arrive quand on ne prends pas de nouvelle de sa famille!
-Oh, toi...
-Oui, elle est effectivement mariée depuis deux ans à un charmant jeune homme nommé Samson David Gunn. Et elle a il y a à peine quelques semaines de cela, lorsque tu étais encore à l'Asile il me semble, donné naissance à une adorable petite fille, répondant au doux nom de Maxine Octavia March.
-Mais si je ne me trompe pas, Eulalia et Violine n'ont que vingt-deux ans!
-Quand bien même! Si tel est le désir d'Eulalia, tu devrais plutôt te réjouir qu'elle soit heureuse.
-Oui, oui, je le suis...
-Et puis pense donc! Tu est tata, maintenant! Tata Vertiline!
-Oh bon sang de bonsoir... Mais comment sais-tu tout cela?!
-Hé bien, tu l'as dit toi même : je suis omnisciente. En toute logique, j'omniscie!
-Tu dis cela pour me déstabiliser, n'est-ce pas?
-Plutôt pour te forcer à renouer avec ta famille.
-Mais c'est que tu est sérieuse, en plus!
-Toujours, toujours.
-C'est non!
-N-Non? Mais...
-Je ne veux pas, un point c'est tout! Ma famille n'est pas prête à me revoir, autant pour moi! Tu as bien vu comment a tourné mon échange avec Cole!
-Raison de plus pour prendre un nouveau départ avec Violine! Tu n'a effectivement que peu connu Cole, mais tu as tout de même fréquenté Violine et Eulalia un peu plus longtemps. Vertiline, ce sont tes soeurs tout de même!
-Exactement! Ce sont mes soeurs, ma petite soeur qui m'est presque étrangère est dans ce Cirque, il est hors-de-question que je débarque avec un "Bien le bonjour mademoiselle March, je suis votre grande soeur que vous n'avez presque pas connue et que nos parents ont reniée. On s'fait la bise?"
-Peut-être que si tu enlève le 'On s'fait la bise?'...
-Non!
-Vertiline, ton oncle avait bien raison en disant que tu peux te montrer têtue pour un rien des fois... Allons, qu'est-ce qui peux te tracasser à ce point?
-De quoi aurais-je l'air? Nous tournons autour du pot, et je te répète la même chose : je ne ressens pas d'attachement particulier envers Violine, je ne lui dirai pas que nous sommes soeurs! A touts les coups, elle et les autres membres de ma famille doivent me croire morte, et honnêtement, c'est probablement pour le mieux.
-Oh! Martyr, va! Est-ce que tu t'entends?!
-Il suffit! Je coupe cette conversation!
-Mais! Reviens! Oh...voilà qu'elle me laisse seule... Hé! Mais la revoilà! A-Attends Vertiline, que fais-tu avec cette énorme paire de ciseaux?!
-Je viens de te le dire! Je coupe cette conversation! Littéralement!"
*Tchic tchic tchic tchic tchic*
M-Mais c'est qu'elle a vraiment coupé la conversation en plus! Oh, Vertiline... Des fois, il n'est vraiment pas aisé de la raisonner. Et c'est encore ce pauvre Tim qui va payer de notre échange! Aïe... Bon. Je vous prie de nous excuser pour cette interruption de votre lecture, chères lectrices et chers lecteurs... Mais continuons donc là où nous nous étions arrêtés, voulez-vous? Bien!
Au prochain chapitre, dans ce cas!
Vertiline parviendra-t-elle à retrouver le morceau de clé? Va-t-elle avouer son lien fraternel à Violine? Tant de questions dont les réponses vous attendent au chapitre suivant : "L'agréabilité de Capriccioso (haha...)"!
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