Chapitre quarante-et-unième : En guise d'interruption, nous vous proposons...

Très nobles étaient les idéaux de Richard, tout aussi ingénieux fût le plan concocté par Miss Elodie et mis en oeuvre par Vertiline pour le faire chuter. Mais cette histoire est pour le chapitre suivant. En attendant, penchons-nous sur...

TIM : Non, non, non! Il suffit, La Folia!

LA FOLIA : Hé là! Tim! Cela faisait longtemps, dis moi. Pourquoi donc? M'interdis-tu de raconter cette histoire comme elle se doit d'être racontée?

TIM : AH, ça me ferait une belle jambe!

LA FOLIA : Techniquement, c'est à dire que...

TIM : Ne joue pas sur les mots! Bref! Je te connais, je sais comment cela risque de se passer avec toi.

LA FOLIA : Exprime-toi donc, mon ami. 

TIM : Hé bien! Nous le faisons déjà! Nous tergiversons inutilement, tu fais monter un suspens qui pourtant se suffisait à lui-même au chapitre précédent, et nous voilà à discuter de tes choix narratifs douteux! Heureusement, j'ai mon armure pour me protéger de nos dangereuses tergiversations.

LA FOLIA : Oh, c'est vrai que tu est bien équipé pour me consulter, maintenant! 

TIM : Il faut dire que tu as gagné en espièglerie au fil de ces chapitres, chère Poupée Humaine Autonome.

LA FOLIA : Oh le flatteur! Voilà qu'il m'appelle par mon nom complet! *La Folia rougit, quand bien même on se demande comment il est possible qu'une jeune fille en porcelaine puisse répondre à un tel phénomène physique, le rougissement se traduisant après tout par l'afflux de sang au visage, et La Folia étant ce qu'elle est, son corps, à l'exception de son coeur et de son cerveau, est entièrement fait d'éléments non-organiques, à savoir cette fine céramique blanche nommée porcelaine* Et donc, cette nouvelle armure? Y a-t-il un moyen de la briser, ou bien est-elle infaillible?

TIM : Tout ira bien tant que personne ne dit...

LE NIEUR : Ni!

TIM : AH! Non! Pitié, p-pas ce mot!

LA FOLIA : ...Quoi donc, cher Tim? Le mot...'ni'?

TIM : Ah, ah, ah! Mon dieu! Mon dieu! 

LE NIEUR : Ni! Ni! Ni!

TIM : Ah! Arrière, mécréant! A-Arrière!

LE NIEUR : Ni! Ni! Héhéhé! Ninininininininini!

LA FOLIA : Mais enfin, arrêtez donc! N'avez-vous pas honte?! Dire 'Ni' comme ça à ce pauvre Tim...

LE NIEUR : C-Comment ce peut-ce? Mes mots semblent ne pas vous atteindre...! Vous...vous ne craignez pas la terrible puissance du mot 'ni'?

TIM : Allez-y ma chère! Remettez ce...ce nieur à sa place!

LE NIEUR : *Il se tourne successivement vers Tim, puis vers La Folia, puis à nouveau vers Tim, puis encore vers La Folia. Puis, il attrape un fameux torticoli et est dans l'incapacité de faire ou de dire quoi que ce soit durant deux secondes et quatres dixièmes, après quoi il se tourne vers Tim, puis vers La Folia, puis à nouveau vers Tim, puis à nouveau vers La Folia, et les mots sortant de sa bouche sont alors les plus distordus et les plus loufoques qu'il n'ait été donné à Tim d'entendre, bien que La Folia fusse habituée à ce que quelqu'un s'exprime dans le plus curieux des langages face à elle et ce en n'importe quelle situation sans qu'elle n'aille vous expliquer pourquoi cependant car ce serait faire abus de tergiversation, dont ce chapitre est déjà généreusement verni. * Vous allez voir ce que vous allez voir! Préparez-vous, celui-là va être terrible!

TIM : Oh, prenez garde La Folia! Je présage le pire!

LA FOLIA : Que ce nieur nie donc! Je m'en vais l'affronter!

LE NIEUR : *Inspire très fort, puis expire avec toute la férocité dont il puisse faire preuve* : NI!

TIM : Palsambleu! Quelle puissance!

LA FOLIA : Que ce méprisable nise autant qu'il le souhaite! Je m'en vais l'écarter de nos contrées dès à présent avec ce qui va suivre!

LE NIEUR : Ah, pauvre folle! Rien ni personne ne peut s'opposer à mon 'Ni'!

TIM : (Hé bien, ce n'est pas pour rien qu'elle se nomme La Folia...)

LE NIEUR : Approche donc, fille de porcelaine! Si quoi que tu aie en réserve puisse faire face à mon terrible 'Ni', alors je l'attends de pied ferme!

LA FOLIA : Ah! Vous allez en trembler dans vos bretelles, c'est moi qui vous le dit! Allons, nieur! Préparez-vous!

LE NIEUR : J'attends toujours de pied ferme!

LA FOLIA : *inspire très fort, puis expire avec toute la férocité dont elle puisse faire preuve* : NA!

LE NIEUR : N-Non! Impossible! P-pas le...le mot en 'N' et en 'A'! Ma seule faiblesse!

LA FOLIA : NA! NA! NA!

LE NIEUR : Ah! Au secours! Au secours! On m'agresse!

LA FOLIA : NA! NA! NA!

LE NIEUR : V-Vous ne m'aurez pas! N-N-Ni!

LA FOLIA : Aha! Votre Ni tremble face à mon terrible...NA!

LE NIEUR : Aaaaaaaaahhhhhhhhh!!!

TIM : Incroyable! Voilà qu'il s'est évanoui!

LA FOLIA : Conseil d'auteure, mon cher Tim : ne sous-estimez jamais la puissance des mots, même des plus insignifiants. Maintenant, chaque fois que l'on vous embêtera avec le mot en 'N' et en 'I', vous saurez quoi dire pour vous défendre.

TIM : Na!

LA FOLIA : Exactement!

TIM : Je te remercie, La Folia. Sans toi, qui sait ce que ce Nieur aurait pu me faire...

LA FOLIA : Mieux vaut ne pas se laisser aller à imaginer des choses si sombres. Par ailleurs, où en étions-nous avant l'arrivée de cet indésirable?

TIM : Nous étions, il me semble, entrain de converser sur le fait qu'il ne te fallait pas interrompre tes propres intrigues de manière impromptue.

LA FOLIA : Hé bien, voilà qui est quelque peu raté pour aujourd'hui...

TIM : Effectivement... Hé bien puisque nous en sommes là, que voulais-tu nous raconter avant l'arrivée du Nieur?

LA FOLIA : Hé bien, je pensais pourquoi pas raconter à ces très chères lectrices et très chers lecteurs les fameuses aventures de la Capitaine Cynthia Blakes, ou encore de Rhoda Jessamine Griswold, mais je pense que je vais finalement me raviser pour l'heure...

TIM : Ha. Une autre idée en tête?

LA FOLIA : Disons plutôt une...invitée imprévue.

TIM : Heu...c'est à dire.

NAOMI : Me voilà! *Elle surgit alors de nulle part, car admettez qu'il soit pour le moins complexe et difficilement compréhensible que celle étant intervenue si tôt dans l'histoire sans être réapparue jusque là, surgisse alors en plein milieu d'une conversation entre votre narratrice et le Quatrième mur , alias l'Illusion Narrative en personne*

LA FOLIA : La voilà.

TIM : Hé! Mais vous êtes...

NAOMI : Naomi Dorcas Sawyer, elle-même que vous n'avez plus prit la peine de faire apparaître depuis le chapitre seizième!

LA FOLIA : Tant que ça?! ...Non, tu dois bien être apparue un peu plus récemment...

NAOMI : Oui, si par 'récemment' tu entends 'présentement', très chère!

LA FOLIA : Bon, bon. Évitons de nous énerver dès notre première rencontre, et dites-moi plutôt la raison de votre venue ici, Naomi. Quoique, attendez, je pense pouvoir deviner... Vous venez sur ordre de Nat Craft?

NAOMI : Oh, à vous entendre, l'on penserait que je suis à son service! Il est vrai que ce cher Nat m'a suggéré de vous rendre visite, mais croyez bien que je suis ici de mon propre chef. Dans mon propre intérêt, qui plus est.

LA FOLIA : Seriez-vous très aise de nous expliquer cet intérêt? 

NAOMI : J'y compte bien! D'autant que cela concerne la personne à laquelle vous dédiez cet ouvrage.

LA FOLIA : Vous parlez de Vertiline?

NAOMI : Celle-là même! Je crois que la fille March marche de plus en plus vers, ce que l'on pourrait nommer, sans néanmoins vouloir faire de mauvaise surprises aux lecteurs et lectrices, avec néanmoins assurance et certitude, le tout remonté d'une pointe de suggestion, agrémenté de fatalisme; son inéluctable fin.

LA FOLIA : L'inéluctable fin de ses aventures? Oui, elle arrivera bien un jour ou l'autre, mais patientez encore au moins une quinzaine de chapitres. 

NAOMI : Ma chère La Folia : vous qui écrivez ceci, vous savez comment cela va se terminer pour elle.

LA FOLIA : Oui. Et donc? Ne gâchez pas la surprise aux autres! 

NAOMI : De Nat Craft, je le sais également.

LA FOLIA : Nat Craft sait tout.

TIM : C'est bien vrai.

NAOMI  : Oui.

LA FOLIA : Il n'est à ma connaissance rien qui ne soit pas à la connaissance de Nat Craft. 

NAOMI : Car Nat Craft sait tout.

TIM : C'est bien vrai.

LA FOLIA : Et si vous le fréquentez pour vos affaires, vous savez tout également, non?

NAOMI : Je sais tout ce qui est bon à savoir. En l'occurrence, peu sont au courant de l'importance que pourrait avoir la fin des aventures de mademoiselle March pour nous tous.

TIM : Excepté Nat Craft, vous-même La Folia, et moi.

LA FOLIA : Bien évidemment. 

NAOMI : Enfin bref. Et Miss Elodie qui lit le futur, a-t-elle prédit l'avenir de notre Miss March?

TIM : Mais sa vision du futur n'était-elle pas inactive depuis quelques temps? 

LA FOLIA : Si. Voilà qui ne l'a pas avertie de ce qui arrivera par la suite à notre pauvre...chère Vertiline.

NAOMI : *d'un air triomphant* Vous savez donc!

LA FOLIA : *explique la chose avec un grand calme, comme si c'était l'évidence même* Bien sûr! Autrement, pourquoi aurais-je un brouillon qui atteste de la fin de ce récit dans mes tiroirs? 

TIM : *fort surpris* : Et tu comptes ne rien lui dire?

LA FOLIA : Bien sûr que non! Bien que la destinée de Vertiline soit ce qu'elle soit, imaginez un peu l'état dans lequel ça la mettrait de savoir ce que nous savons!

NAOMI : Hé bien, elle serait sans doute amenée à réfléchir sur ses actes. D'autant qu'encore une fois, Nat Craft aura un rapport avec tout ça...

LA FOLIA : *énonçant de sorte à ce qu'elle approuve ses propres paroles* : Bien évidemment. Nat Craft a un rapport insoupçonné avec toute cette histoire.

TIM : *approuvant les dires de La Folia*: Nat Craft a un rapport avec un certain nombre de choses et d'individus.

NAOMI : *approuvant les dires de Tim* : Et c'est peu de le dire!

LA FOLIA : Va-t-il se pointer?

NAOMI : Hé! Ne me regardez pas! Je n'en sais pas plus que vous!

TIM : Mais Naomi, tu est bien la coursière de Nat Craft, non?

NAOMI : AH! Ça me ferait une belle jambe! Combien de me fois faudra-t-il dire que je ne suis aucunement au service de qui que ce soit si ce n'est de moi-même? Surtout de Nat Craft? Allons, allons! Certes, j'admet : je n'ai jamais connu meilleur joueur de banjo...

LA FOLIA : C'est un sujet à débat.

TIM : C'est un sujet à débat.

NAOMI : Je ne sais pas non plus qui de lui ou moi baigne dans le plus d'affaires illégales...

LA FOLIA : C'est un autre sujet à débat.

TIM : Ah bon?

NAOMI : Quoi qu'il en soit! Nat et moi sommes simplement en bon contacts. Je vous l'ai dit : c'est de lui et de son banjo que je tiens toute ces informations sur la fille March.

LA FOLIA : Ah, si elle savait!

TIM : La fin approche, mes amies. La fin de cette histoire approche.

LA FOLIA : Allons Tim, pas de défaitisme! Je vous ai dit d'attendre encore au moins une quinzaine de chapitres!

TIM : Certes, certes. Je m'excuse.

LA FOLIA : Par ailleurs, ça n'a pas de rapport, mais où est passée Naomi? Elle était encore là il y a peu.

TIM : Naomi? Elle est partie après sa dernière réplique. 

LA FOLIA : Ah. Alors, je suppose qu'il n'est plus de raison de parler ainsi.

TIM : Tu veux dire en dialogue théâtral?

LA FOLIA : Précisément. Repassons donc au dialogues classiques, si tu le veux bien. Après toi, Tim!

-Hop! J'y suis!

-Moi de même. Transition réussie!

-Oh! Parle-moi donc de ta transition!

-En voilà une question étrange posée de but en blanc! De quelle transition parles-tu?

-Oh...oh, suis-je bête! Il doit s'agir d'un sujet sensible pour toi! D'autant que tu as sans doute de meilleures choses à faire que de me raconter cela.

-Mais enfin, de quoi parles-tu? Mon corps de poupée féminine me convient parfaitement! Je ne souhaite nullement devenir une poupée masculine, si c'est ce que tu insinue.

-Non, non, tu n'y est pas. Un sujet encore plus sensible.

-Il n'est que peu de sujets sensibles pour moi; et à ma connaissance ceux-ci ne font pas mention d'une quelconque transition.

-Bon! Alors si je te demande de me parler de comment tu est passée de Sue Berry-Rattlebag l'humaine à La Folia la Poupée Humaine Autonome, cela ne devrait pas te poser de problèmes!

-H-Hé la! Depuis quand connais-tu mon nom d'humaine?!

-Tu me l'as dit toi même!

-Vraiment?

-Hum hum. Au chapitre quatorzième, si je ne m'abuse.

-Le chapitre quatorzième! Mais comment veux-tu que je me souvienne de quelque chose d'aussi lointain?!

-Je ne sais pas, je demande et constate simplement. 

-Humpf!

-Alors? Serais-tu d'accord?

-Je ne vois pas qui cela intéresserait...

-Voilà que tu détourne le regard.

-C'est un détail.

-A peine!

-C'est une bien triste histoire, Tim. 

-Je m'en doute. C'est pour cela que je prends la peine de te demander si tu veux bien nous la conter. 

-Je me répète : c'est une histoire bien triste. Jusque là, nous nous amusions bien, non?

-Heu...

-L'arrivée du Nieur? L'arrivée de Naomi? Bon, à défaut d'être drôle, c'était au moins divertissant et réjouissant. Je suis malheureusement au regret de vous annoncer, chères lectrices et chers lecteurs, que ce que j'ai enduré jusque là n'a été ni divertissant, ni réjouissant, mais peut-être l'avez-vous déjà deviné à la lecture de certains chapitres précédents. Ainsi, voilà ce que je vous propose : à celles et ceux qui le désirent, qui ne craignent ni les histoires qui se terminent mal, ni les tragédies successives, je m'en vais dès à présent faire un fameux monologue sur ce que fût ma...bien triste existence jusque là, et ce à une époque ou je n'existais même pas sous l'apparence ou nous avons appris à faire connaissance : je parle bel et bien du temps ou j'étais encore humaine. Au autres, ceux qui ne le désirent pas, craignent les histoires se terminant mal et les tragédies successives (ce qui est fort compréhensible), je vous invite dès à présent à vous défaire de ma compagnie qui, je l'espère, vous fût agréable; et... 

Je vous donne rendez-vous pour découvrir la suite au chapitre suivant : "Le rambobitiatonateur"


Bien. Je crois qu'il ne reste plus que celles et ceux désirant connaître une bien triste histoire avant d'aller se coucher...

-Allons, est-ce vraiment si horrible que ça?

-Ah! Tu ne crois pas si bien dire, Tim! Voyons voir...comment expliquer...

-Commence donc par le début.

-Le début...oui, c'est une idée qui se vaut. Dans ce cas, pourquoi ne pas commencer par parler un peu de mes parents du temps ou j'étais humaine?

-Si tel est ton souhait...

-Bon. Je suppose que le nom de Billie Berry-Rattlebag ne te dira rien. De toute façon, elle est morte. 

-S'agissait-il de ta mère?

-Humhum. Une charmante femme ayant pour particularité encore plus charmante d'être une cannibale, et d'avoir fait des avortements à la sauvette sa spécialité; si je m'en tiens aux dires de mon père. Nous partons donc sur de bonnes bases, comme tu peux le voir...

-E-Effectivement... Et ton père...? Qui étais-ce?

-Hé bien... Autant personne n'a retenu le nom de Billie Berry-Rattlebag, autant je crains que celui de mon père n'ait d'ors et déjà marqué l'Histoire...

-Ça n'a pas l'air de te réjouir.

-Pas vraiment, non. Le moins que l'on puisse dire, c'est que lui et moi n'étions pas en très bon termes...

-Puis-je te demander pourquoi?

-Hé bien... Il n'était jamais en très bon terme avec les femmes en général, excepté sa femme. Alors sa fille! Penses-tu!

-Hum...cela me rappelle quelqu'un.

-Ah oui? 

-Oui.

-Qui donc?

-J'ai presque peur de t'insulter en le disant.

-Alors...tu as deviné.

-Non...ce n'est tout de même pas...

-Si...

-Ne me dis pas que ton père était...

-Oui...

-Le docteur Guideon?!

-Malheureusement. 

-Oh...oh... Alors là, je ne sais pas quoi dire... L'affreux Phineas Benjamin Guideon est ton père?!

-C'est l'histoire de ma vie...! 

-Je te plains grandement... Et je présage le pire pour la suite... 

-Tu fais bien, car ce qui arrive ne va qu'aller de mal en pis. 

-Est-ce qu'il s'occupait bien de toi?

-Oh, ce serait mignon de le penser! Non...je ne veux pas parler de ces choses là. Elles ne sont pas importantes. La seule chose qu'il faut savoir, c'est que nous nous détestions réciproquement.  Au passage, chères lectrices et chers lecteurs, les choses vont vraiment devenir de plus en plus douloureuses à suivre après cette tirade. Je vous le dis une dernière fois : je ne vous en voudrais nullement de sauter ces quelques tristes péripéties pour vous réfugier dans l'histoire principale au chapitre suivant, plutôt que d'écouter ma complainte...

-Ah, j'en vois deux qui partent vers le chapitre suivant.

-En voilà deux qui ont bien fait! Vous êtes encore là? Hé bien soit. Alors poursuivons...

-Si tu t'entendais parler! On croirait que La Folia de tout à l'heure a été changée avec une autre tant ta voix se fait maintenant grave et sérieuse...

-Et pourtant, je suis bien la même... Enfin, reprenons.

-Que s'est-il passé par la suite?

-Hé bien, si être la fille du docteur Guideon fût mon premier grand malheur, le second fût d'être amoureuse; et j'en retient d'ailleurs pour triste leçon que l'amour ne mène à rien d'autre qu'aux pires tourments. Depuis, je préfère d'ailleurs m'en dispenser. 

-Vu le ton que tu emploie, je présage le pire...

-Tu fais bien, car cet amour n'a eu rien de réjouissant!

-Étais-ce un amour à sens unique?

-Oh, certes non! Mary Jane et moi...

-Ah, elle se nommait donc Mary Jane?

-...Oui.

-Est-ce que ça va? Personne ne t'oblige à continuer si...

-Ce n'est rien. Je disais donc... 

-Mary Jane et toi...

-Oui! Nous étions follement amoureuses l'une de l'autre, et rien n'aurait pu nous séparer...

-...Sauf...?

-Sauf mon père, évidemment! Lui, le grand médecin moderne et progressiste, ne pouvait certainement pas supporter que sa fille en embrasse une autre!

-...Alors là, je t'avoue que je ne comprends pas...  Pourquoi Guideon ne voulait-il pas que tu sois avec Mary Jane? Enfin, c'est aussi stupide que si il te refusait de sortir avec un homme!

-Oui...il n'y a bien qu'à PurpleSmith qu'on interdit aux femmes de sortir ensembles! Ce compté de vils arriérés!

-Tu est née à PurpleSmith? 

-En tant qu'humaine, oui.

-Mais pourtant, les relations entre hommes sont autant la norme que les relations entre hommes et femmes, là bas? Alors pourquoi seules les relations entre femmes sont-elles interdites?

-Va savoir! Je ne pense pas comme mon père, moi! Enfin bref...

-Je suppose que pour que tu en arrives là, Guideon a dû découvrir la relation que tu entretenais avec Mary Jane...

-...Oui.

-Et que c'est-il passé?

-Il...il...

-Dois-je...à nouveau supposer le pire? Oh, tu hoche la tête... Oh, je présage alors le pire...

-Il l'a...il l'a...

-N'en dis pas plus, j'ai saisis. Ne te tourmente pas plus, je t'en prie. Que s'est-il passé ensuite?

-Le pire des chagrins s'est emparé de moi, j'ai pensé milles fois à rejoindre Mary Jane Là où elle avait été envoyée, ma vie n'était plus qu'un gigantesque gouffre insipide, chaque seconde était plus insupportable à vivre que la précédente, et j'en ai complètement perdu la tête. J'ai manqué d'en mourir, et peut-être aurais-ce été mieux au vu de ce qui suivit...

-Oh...

-Et mon père...

-Qu'a-t-il encore fait?

-Il m'a mariée de force.

-Bon sang!!

-Hé oui...

-Ma pauvre La Folia...

-Doucement, nous sommes encore à l'époque ou je me nommais Sue.

-Ma pauvre Sue... Et pourquoi Guideon t'as-t-il mariée?

-Il voulait que...hé bien...que je lui donne une descendance, s'enrichir avec l'argent de ma dot, et accessoirement se débarrasser de moi. Voilà pourquoi j'ai dû épouser de force ce lad pas trop mal mis, financièrement parlant... J'avais à l'annonce de cette nouvelle avoir réagit plus ou moins comme ceci :

https://youtu.be/n1V6iMUCPtg

-Ah, c'est vrai que tu étais brune à l'époque... Hé! Attends! Ton époux traînait soixante-douze années derrière lui?!

-Ah non, ça c'était le père de l'époux. L'époux en soit, il avait bien la trentaine quand moi j'entrais doucement mais sûrement dans ma dix-huitième année d'existence. 

-Et qui était-il?

-Tino Cornélius Walter. Un crétin misogyne et violent. Pour être honnête, je ne sais même pas si il est encore en vie, et je m'en fiche bien! Notre mariage et notre vie de couple fût le pire des échecs! (Quoique, qu'attendre d'heureux dans une vie conjugale imposée?) Tino me traitait avec moins de respect qu'un animal et j'étais, oh, si malheureuse... Et Mary Jane...elle me manquait tant! Alors, j'ai continué de sombrer encore plus bas que je ne l'étais déjà...

-Tu m'en vois désolé... Et que c'est-il passé en suite?

-J'ai tenté de...de me... C'est du passé. Après quoi, Tino a jugé qu'il serait bon de me placer.

-Te placer?

-A St Gladys.

-Non!

-Si!

-En sachant que ton affreux père y travaillait lui-même?!

-Je t'avais dit que cette histoire n'était joyeuse en aucuns points...

-Et...qui était ton médecin traitant là bas?

-A ton avis?

-Non...

-Si...

-Guideon?!

-On m'a qualifiée de 'Démente'. Toutes les Démentes sont prises en charge par Guideon. J'étais le numéro G25D. 'G' pour Guideon, 25 car -ironie- je suis arrivée à l'Asile le 25 mars 1879, et 'D' pour Démente...

-Je n'ose même pas te demander ce qu'il t'est arrivé à l'Asile...je présage les horreurs les plus innommables...

-Tu présage bien, car c'est là que j'ai perdu...que j'ai perdu...la raison... Puis la vie... Je ne veux pas en dire davantage. Et non, je ne souhaite pas non plus dévoiler comment était la vie à St Gladys, dans ses sous-sols plus précisément...

-Tu as été dans les sous-sols?!

-A quoi bon le cacher...

-Oh non!

-Oh si...

-Je crois que je vais pleurer...!

-Allons, sèche tes larmes. C'est bientôt fini.

-Que c'est-il passé ensuite?

-Ensuite, hé bien, il y a eût la révolution.

-La fameuse révolution des patientes de l'Asile?

-Exact. Nous nous étions organisées, Clarisse, Miss Elodie, Grace et moi-même, avec le reste des patientes, pour prendre le dessus sur nos médecins (ou devrais-je dire nos tortionnaires?) et recouvrer notre liberté et notre honneur trop longtemps volés. Nous étions des jeunes filles et femme dont la vie avait été brusquement interrompue suite à notre internement dans ce sinistre lieu, et nous avions bien l'intention de la remettre en marche! Alors nous avons élaboré, analysé, observé, patienté... Le jour de l'Amical des Tasses à Thé, une sorte de tea party suggérée par Gladys qui était le seul jour dans l'année ou des semblants de droits et des fragments d'humanité nous étaient tolérés... Oh oui, je m'en souviens comme si c'était hier... Au signal de Clarisse, nous avons toutes de concert brisées nos tasses à thé, et plutôt que de les remplir d'eau chaude; c'est de sang frais que nous maculâmes leurs tessons! Tout du moins l'aurions-nous souhaité...? Tout du moins...l'aurais-je souhaité...? C'est un malheur que de mourir au champ d'honneur, l'arme à la main; en un jour de juillet qui se serait voulu radieux et ensoleillé suite à notre victoire, mais fût pour moi gris et pluvieux... En tous les sens du terme... 

-N-Nom de... J-Je ne sais que dire... Tu est... Tu est morte dans l'Asile...? 

-Ma tasse à thé ébréchée et ensanglantée à la main, sous les coups de celui qui m'y garda enfermée...

-Guideon!!!

-Ha...

-Bon sang... Bon sang de bonsoir de bon sang de bonsoir... J'ose à peine te le demander, mais... Et ensuite?

-Ensuite, hé bien, au vu de ce qui a été dit dans les chapitres précédents, tu est au fait des manigances de Guideon et d'Arthurus Rex McLogan...

-A-Attends! Ne me dis pas que tu as été...

-Hé si...

-Tu as été mise...dans le chariot?

-Oui. Mon corps sans vie a été jeté dans le chariot. Et j'ai été conduite à Arthurus...

-Et...après? J'ose à peine savoir...

-Arthurus...travaillait depuis longtemps sur un projet qui serait l'aboutissement de sa carrière. 

-Quel était ce projet?

-Il voulait créer un robot parfaitement fonctionnel à partir d'organes humains. Il avait déjà tenté par le passé de créer un hybride mi-humain mi-robot, et d'autres choses dans ce genre. Elodie et Grace, les pauvres filles, en sont la preuve...

-Et comment a-t-il fait pour...faire de toi ce que tu est aujourd'hui?

-Après mon éveil en tant que La Folia, j'ai appris en fouillant dans les plans d'Arthurus que celui-ci avait dépossédé mon corps humain de mon coeur et de mon cerveau. Je ne sais trop comment, mais il les as incorporés à ce corps mécanique. 

-Et depuis ce jour, tu est devenue La Folia?

-Oui. Je n'étais plus Sue Berry-Rattlebag, ni même la patiente G25D. J'étais dès lors La Folia, la Poupée Humaine Autonome. 

-Mais alors, tu as eu l'occasion de démarrer une toute nouvelle vie!

-...Mmmoui. C'est une manière de voir les choses...

-Quand bien même ton existence en tant qu'humaine a été horrible, tu est maintenant loin de tous les tourments de ta vie antérieure! Pense donc! Plus de Guideon, plus de Tino, plus d'Asile, plus d'Arthurus, et un tout nouveau corps!

-Et plus de Mary Jane, et pourtant de terribles souvenirs qui subsistent et me hantent...que jamais je ne pourrais oublier... Des gens et des actes que je ne pourrais simplement jamais pardonner... D'autres qui me manquent tant et que jamais je ne reverrai...

-Oh, ma pauvre La Folia... Je...je ne sais que dire! J'avoue que...ton histoire...ton histoire m'a mise les larmes aux yeux...!

-Oui, je vois ça. Comment peux-tu seulement pleurer, Tim, dis-je sarcastiquement? Tu est le Quatrième Mur! L'illusion narrative elle-même!

-Hé bien! Ton histoire est pour le moins très émouvante! Je suis sûr que les autres ayant entendu et lu ce que tu viens de confesser doivent avoir leur petit coeur tout serré, maintenant...

-Hum...

-Oh non! Tu a été attristé, tu a été sarcastique, tu a été sombre durant ton récit, et voilà que tu est maussade! Attends, j'ai une idée pour te remonter le moral. ll faut que tu sois en pleine forme pour que le chapitre suivant reprenne normalement.

-Je ne sais pas, Tim, je ne sais pas... Mais ça va passer. Il me faut juste un peu de temps pour me remettre. 

-Juste un instant!

-Mais que fabriques-tu donc? Le chapitre est fini! Cette histoire n'est pas la mienne, mais celle de Vertiline! Il faut que l'intrigue principale revienne!

-J'y suis presque!

-Tim, on va passer au chapitre suivant!

-Tiens La Folia, c'est pour toi!

https://youtu.be/X_-q9xeOgG4


Merci de votre attention, chères lectrices et chers lecteurs ayant poursuivis la lecture jusque là! En espérant que votre vie ne fût pas aussi triste que celle de La Folia, Tim et elle-même espèrent que cette charmante mélodie saura vous remonter le moral après ce que vous avez été ammenés à lire! Découvrez donc la suite des aventures de Vertiline au chapitre suivant : "Le rambobitiatonateur"!

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