Chapitre dixième : L'interrogatoire de Zelda Butler (la vraie cette fois-ci)
"Zelda je t'en prie, calme-toi...
-Me calmer? J'ai croupis trois jours en prison à cause d'un maudis quiproquo, et tu me demande de me CALMER, Hermione?! Tu est la Shérif, non? Fais quelque chose!
-Ton sort dépend autant du miens que de celui du juge, malheureusement... Évidemment, je témoignerai pour toi, mais si la justice n'est pas de cet avis...
-Hé bien tu vas t'arranger pour qu'elle le soit! Qui sera le procureur dans cette affaire?
-Heu... Si je ne me trompe pas, le Maréchal Potter.
-QUOI?! Mais en quoi ce vieux barbu voudrait témoigner contre moi, qui lui ait en majeure partie permis d'accéder à son titre officiel? Quelles raisons à-t-il à cela?" La Shérif poussa un pauvre soupir de dépit tout en baissant les bras, avant de reprendre d'une voix résolument désolée :
"-Aucunes. C'est juste que nous manquons de procureurs à GreenSmith...ça ne me dérange pas d'être ton avocate, mais le juge a fait savoir que le Maréchal serait le plus à même de tenir...hé bien...le rôle du méchant... Façon de parler.
-Par le Crésus..." Zelda passa une main sur son visage anguleux, d'un air plus consterné qu'abattu. Elle reprit : "Au fait, maintenant que j'y pense, ta rustre de partenaire n'est pas avec toi? Elle qui te colle toujours d'habitude... ou l'inverse...
-Vincent? Elle avait des dossiers à classer au bureau, et ça risque de lui prendre un certain temps..." dit Hermione en laissant son regard vaguer hors de la portée de celui de sa terrible cousine.
"-Bah, ce n'est pas plus mal. Je n'ai jamais réussi à la supporter, de toute façon!" répondit celle-ci dans un grincement de dents.
-Z-Zelda! Enfin! C-Ce ne sont pas des choses qui se disent à voix haute...
-Je suis simplement honnête avec moi, et avec toi, chère cousine. Je n'ai jamais arrêté de te dire que cette fille était une mauvaise fréquentation, mais tu n'en a évidemment fait qu'à ta tête!" Puis, en croisant les bras, l'air plus naturelle que jamais : "Je ne vois tout simplement pas comment tu peux travailler, et encore moins partager ton lit avec une telle femme!
-Z-ZELDA! C-Comment sais-tu que...?
-Personne n'est dupe, Hermione. La ville entière est au courant, le sais-tu?
-Non...? ... Mais... Est-ce vraiment... si évident que ça?" Zelda s'esclaffa :
-Veux-tu rire? Les relations entre Shérif et acolyte sont presque une tradition, qu'importe le compté! Va à YellowSmith, à PinkSmith, à RedSmith ou à GreySmith, peu importe, tu peux être sûre à au minimum quatre-vingts-dix pourcents que Shérif et acolyte ne se limitent pas à une simple relation platonique! Mais toi et Vincent! Penses-tu! Il n'y a pas plus évident! Même un étranger le remarquerai immédiatement!
-J-Je crois que j'ai besoin de m'asseoir...
-Toujours aussi naïve à ce que je vois, ma pauvre Hermione.
-Je t'en prie, ne remue pas le couteau dans la plaie! Est-ce que cela te gêne que j'aime une femme?" Zelda pouffa à nouveau, ce qui ne manqua pas de déconcerter sa cousine, tant il était rare de voir l'austère et froide dame Butler se permettre des familiarités aussi...allègres.
-Ne sois pas stupide!" répondit-elle au quart de tour. "Ce n'est pas que tu aimes les femmes ou les hommes (et franchement peu importe) qui me dérange. Ce que je n'apprécie pas, c'est que tu sois amoureuse de cette femme en particulier. Tu aurais pu te trouver quelqu'un de décent, mais non. Il a fallu que ce soit...elle.
-Mais tu sais, je crois ne pas vraiment être attirée par les femmes, en réalité.
-Ah oui? Et ta Vincent fait figure d'exception?
-Oui... Je crois que c'est ça. Je ne comprends pas, mais... c'est comme ça.
-Rah, pitié! Épargne-moi tes commentaires mielleux! Tu rougis comme une enfant qui parle de son premier baiser à dix ans! Ressaisis-toi, Hermione! Nous avons un procès à gagner, je te rappelle!" Des bruits de pas se firent soudain entendre dans le Couloir Des Accusés du Palais de Justice de GreenSmith, où attendaient Zelda et Hermione.
"Voilà sans doute le Maréchal." dit Zelda. Hermione plissa les yeux à l'écoute des pas.
"-Est-tu sûre? Cette démarche... elle me rappelle pourtant..." Les bruits se précisèrent davantage, laissant apparaître une silhouette familière.
"...Vincent?" s'étonna Hermione en marchant vers l'acolyte. "Mais que fais-tu ici?
-Bah, le Maréchal était sur une affaire urgente (une qu'il a déterrée dans la mer de dossiers, je crois). Enfin bref, il a dit que c'était trop important pour aller aujourd'hui à l'audience. Du coup, il m'a relégué la charge. Qu'est-ce que je suis sensée faire? Oh! Salut Zelda!" Vincent tendit sa main à celle-ci, qui la refusa avec un regard terriblement froid à la vue d'une main pareille.
-Puis-je savoir pourquoi... le Maréchal Potter a rejeté son devoir sur...vous?" articula Zelda d'une voix glaciale.
"-Hé bien, comme je l'ai dit! Des affaires urgentes à régler." déclara l'acolyte en haussant les épaules.
-Humpf. Et vous n'auriez pas pu vous laver les mains avant de venir? Ou bien même l'ensemble du visage?" Vincent observa rapidement ses mains.
"-Ah, vous parlez des traces noires? Pas de craintes à avoir mam'zelle Butler, c'est rien d'autre que du charbon. Vous voyez, un pauvre petit gars avait des problèmes à ramoner une cheminée (on ne devrait jamais faire travailler des enfants, je l'ai toujours dit), alors je lui ai donné un coup de main.
-Quel altruisme..." marmonna Zelda sur un ton morne.
"-Alors oui, forcément, j'aurais pu trouver un petit point d'eau, me débarbouiller un minimum, mais ça m'aurait pris trop de temps." Ainsi se justifia tranquillement l'acolyte avec un flegme notable. "Déjà que je pensais être en retard... Enfin bref. Je sais à peine ce que je suis sensée faire ici. Hermi', un indice?
-Alors..." Hermione chercha quelques papiers en désordres dans le dossier qui lui avait été confié. "Concernant l'affaire de Zelda Amaryllis Butler, prise pour et traitée comme la voleuse en cavale Vertiline Eunice March, j'ai été amenée à être son avocate. Le Maréchal devait, par manque d'effectif, s'acquitter du rôle de procureur. Mais étant donné qu'il t'a délégué cette responsabilité...
-Je me retrouve à faire la méchante, c'est ça? Intéressant!
-Tout ce qu'il te faut faire est de témoigner 'contre' Zelda, en sachant évidemment qu'elle est innocente dans cette affaire.
-Pas de problème. Je serai la moins convaincante possible!" Au même moment, un homme cria dans les couloirs à l'aide d'un amplificateur de voix défectueux :
"L'interrogatoire de Vertiline Eunice March débutera dans deux minutes et dix-neuf, dix-huit, dix-sept secondes dans la salle des Émeraudes! Toutes les personnes concernées sont priées de s'y rendre sans plus tarder! Quatorze, treize, douze secondes...
-Je crois que nous ferions bien d'y aller." dit Hermione.
"Ok! On se revoie à la barre, dans ce cas!" répliqua Vincent en partant la première. Alors qu'elle s'éloignait, le même type au micro cassé s'approcha de Zelda et de la Shérif, munis d'une paire de menottes. Il les brandit alors devant Zelda en esquissant un sourire satisfait. "Mademoiselle March, je vous conseille de vous laisser faire sans résister." Et tout aussi satisfait, il lui passa les menottes aux mains. La dame grimaça, et lança un regard terrifiant à son 'avocate ' qui voulait signifier tant de mots doux à lui seuls... Des mots doux comme 'Si tu ne gagne pas, je t'éviscère!', ou bien 'Tu as intérêt à faire correctement ton travail!', ou encore 'Si tu échoue, je te maudis sur beaucoup trop de générations pour qu'on puisse les nommer' (et encore, il s'agit là d'une sélection assez...tempérée comparé à ce que Zelda pouvait être capable de dire, dans un langage des plus châtiés).
La salle des Émeraudes, parmi les salles des Topazes, des Quartz, des Rubis, des Améthystes, des Aigues-Marines (et j'en passe), était celle réservée aux criminels pur souche originaires de GreenSmith, soit le pire de ce que ce compté avait engendré en matière d'humains (nous ne nous attarderons évidemment pas sur la pollution, ce serait un combat inéquitable). C'était là qu'étaient passés la crème de la crème des truands du compté, pour finir pour la plupart en prison pour une longue, très longue durée, et parfois même sur l'échafaud. C'était également au sein de cette même salle qu'avait été jugée la véritable Vertiline les quelques jours ayant suivis son arrestation par Hermione et Vincent il y a plusieurs mois de cela. Quand la Shérif arriva dans la salle, l'accusée, le Maître de Justice, et le 'procureur' étaient déjà en place. Zelda avait été installée selon la coutume, soit, encore une fois ce que l'on réservait aux pires forbans : elle fût attachée sur une chaise, celle-ci suspendue à trois mètres du sol par deux lourdes poulies auxquelles étaient attachés des poids. L'interrogatoire se déroulait généralement dans les conditions suivantes : l'accusé était harcelé de questions par le Maître de Justice, étant successivement défendu par son avocat, et mis à mal par le procureur. Si l'accusé refusait de répondre, se montrait réticent d'une quelconque manière, ou répondait quelque chose d'inapproprié, les quatres gardes chargés du bon maintien des poulies les délestaient petit à petit de leurs poids, de sorte à ce que l'accusé se voit tomber petit à petit dans la grande cuve pleine d'un liquide verdâtre très douteux émanant de la vapeur, posée juste en dessous de ses pieds. Autant vous dire que Zelda n'était pas spécialement rassurée!
Le Maître de Justice, un vieux tousseux du nom de Harcourt Josiah Corney à la longue barbe blanche qu'il se faisait tirer par tous les enfants du coin, racla alors sa tousseuse et s'égosilla doucement (il avait très mal à la toussotière) :
"L'interrogatoire de Vertiline Eunice March peut commencer. Scribe, scribez-moi ça!" Et le scribe scriba.
"La défense est prête, Maître." dit Hermione.
"-L'accusation est prête aussi, Maître." renchérit Vincent.
"Et l'accusée? -repris Harcourt- Est-elle prête?" Pas de réponse. La séance avait à peine commencé, et Zelda semblait déjà s'ennuyer ferme, là-haut au dessus de sa cuve. Sans plus attendre, les gardes qui virent cette non-réponse comme de la haute insubordination, délestèrent immédiatement les poulies de l'intégralité de leur poids, plongeant entièrement la pauvre dame dans la cuve (qui de près ressemblait en fait à une grosse marmite de sorcière, mais passons...). Elle cria sous la vitesse et l'imprévisibilité de la chute, mais les cris furent vite remplacés par de grands "glouglous", "gargloub", et autres "bloupbloup" lorsque sa tête, en plus de son corps, fût entièrement immergée dans l'étrange liquide... Hermione et Vincent échangèrent un regard effaré, tandis que le tousseux chuchota quelque chose qui se voulait audible par tous (ce qui ne fût vraiment pas le cas). A peines quelques secondes plus tard, les gardes rechargèrent quelques poids, faisant remonter le corps de la malheureuse à la surface.
Permettez-moi de m'immiscer un court instant dans le récit, mais voyez-vous, j'avais prévu en rédigeant mes brouillons de vous faire une description de la tête de Zelda Amaryllis Butler à ce moment précis. Et là... croyez-moi qu'il s'agissait de quelque chose de si...puissant, que des mots ne suffisaient pas à la définir. Le mieux est donc que vous fassiez travailler vos petites cellules grises, et imaginiez vous-même son expression faciale! Enfin... je suis sûre que vous faites en réalité peu cas du sort de Zelda, le chapitre précédent ayant après tout laissé un suspens beaucoup trop INSOUTENABLE concernant Vertiline! Allons allons, je lis en vous comme dans un livre ouvert! Héhé... Mais tout viens à point de qui sait attendre, chères lectrices, chers lecteurs! Prenez donc votre mal en patience, et poursuivons ce chapitre sans plus d'interruption. Souvenez vous simplement de la tête...de la tête tout bonnement épique (ce doit être le mot le plus approprié) de Zelda à cet instant! Oh oui, tellement épique...
"Mais qu'ais-je fait, au nom du Crésus?!" Gémit Zelda en recrachant plusieurs gorgées de liquide.
"Vous dites?" demanda Harcourt en tendant son oreille.
"JE NE VOUS -hic!-ENTENDS PAS!" hurla Zelda entre deux hauts-de-coeur.
"Que dit l'accusée?" murmura le tousseux.
"Ca commence à bien faire, votre cirque!" s'impatienta Vincent en quittant sa place. Elle se dirigea vers le Maître de Justice, se positionnant bien près de son oreille.
"Qu'est-ce que vous disiez?" lui demanda-t-elle bien fort. Cette fois-ci, Harcourt semblait avoir compris. Il marmonna quelque chose dans l'oreille de Vincent, bien qu'il crût que tout le monde l'avait entendu (ce qui ne fût, comme vous vous en doutez, pas le cas). L'acolyte mit ses mains en porte-voix et déclara, d'un ton aussi fort que son allure était imposante :
"LE TOUSSEUX TE DEMANDE SI TU EST PRÊTE POUR DÉBUTER L'INTERROGATOIRE, ZELDA!
-DITES AU TOUSSEUX QUE JE SUIS PRÊTE, ET QUE SES GARDES NE ME JETTENT PAS A L'EAU SANS RAISONS!
-MAITRE! L'ACCUSÉE EST PRÊTE! ET VOUS LES GARDES, SOYEZ TENDRES AVEC LA COUSINE DE LA SOEUR DE L'AMIE DE LA TANTE DE MA..." Vincent lança un regard furtif à Hermione, pour voir si elle avait bon dans la généalogie des Tinker et des Butler. La Shérif faisait de grands gestes de croix avec ses bras, apparemment en proie à une grande panique.
"Bin c'était pas ça?" demanda l'acolyte, surprise. Hermione porta symboliquement sa main à son visage en seule réponse.
"Puisque l'accusée est enfin, prête, que l'interrogatoire commence!" dit Harcout. Évidemment, personne ne l'avait entendu. Étant restée à ses côtés, Vincent reporta ses mots plus fort, que tout le monde entendit. "Il vaut mieux que je reste près du tou...du Maître." dit-elle. "Scribe, arrête donc de scriber et prends ma place!
-M-Moi?" bredouilla le jeune scribe (un certain Neville Maurice Compton). "M-Mais je ne sais pas si...
-Lis les papiers et tu y arrivera! Je ne suis pas plus procureur que toi, mon gars!
-Si vous le dites, madame-
-Mademoiselle!
-Si vous le dites, mademoiselle Archer..." Et le scribe quitta donc son scriborium pour s'élever à la place des procureurs. Le tousseux toussa quelques phrases, retranscrites haut et fort par l'acolyte :
"Il te demande pour quelle(s) raison(s) tu n'arrête pas de dire que tu est Zelda Amaryllis Butler!" reporta Vincent en direction de l'accusée.
"-Hé bien dites-lui que je suis la VRAIE Zelda Amaryllis Butler!" s'écria celle-ci. La rapporteuse rapporta ces paroles. Le tousseux fit à nouveau geindre sa douloureuse toussette dans des borborygmes incompréhensibles.
"Il ne te croit pas!
-Dites-lui que j'ai des preuves!
-Il veut savoir les preuves!
-Les preuves sont qu'il y a deux témoins oculaires à cette affaire!
-Il demande où sont les témoins!
-Dites que je suis moi-même une témoin, et que le deuxième attends dans le Palais de Justice!
-Il demande qu'on appelle le deuxième témoin!
-Ne peut-il donc pas écouter ma déposition avant?
-Il veut d'abord entendre le second témoin!" Alors le second témoin fut appelé à la barre. Deux gardes quittèrent la salle de l'Émeraude pour revenir à peine une minute plus tard accompagnés d'une petite femme rondouillarde richement vêtue, dont la pièce maîtresse de sa tenue était sans conteste son écharpe en renard véritable. Et alors, dans un miracle vocal inattendu, Harcourt Josiah Corney prononça une phrase parfaitement compréhensible, non sans avoir proprement travaillé sa toussine au préalable :
"Madame, bienvenue dans la salle de l'Émeraude. Vous êtes ici en tant que témoin dans l'affaire de l'évasion de la criminelle Vertiline Eunice March, n'est-ce pas?" La dame plissa des yeux.
"...Qu'a dit le Maître?" demanda-t-elle, un peu gênée, à la Shérif qui se trouvait près d'elle.
"Il vous souhaite la bienvenue." traduit Hermione.
"-Madame, veuillez pour commencer décliner votre nom et votre profession." dit Harcourt dans une phrase que personne n'entendit.
"Le tousseux demande son nom et sa profession!" retranscrit oralement Vincent.
"-Qu'a dit la jeune fille?" demanda le deuxième témoin.
"-Nom. Profession." simplifia Hermione au maximum. La dame eut un regard interloqué et compréhensif à la fois, et déclara dans une voix parfaitement claire et audible : "Je m'appelle Ellie Millicent Butler. Je suis femme de salon depuis ma jeunesse, ainsi que la grand-mère de l'accusée. D'ailleurs, où est l'accusée?" Hermione leva discrètement le doigt au ciel, en direction de la chaise aérienne où Zelda était attachée.
"Ah! Par le Crésus! Ma pauvre petite chérie!" s'exclama Ellie, horrifiée. Vincent cita l'essentiel au tousseux.
"Le tousseux veut savoir ce que vous faisiez le jour de l'évasion de Vertiline Eunice March." déclara-t-elle à l'attention d'Ellie.
"-Quoi? Une évasion? Qui? Où ça?!
-L'évasion de Vertiline Eunice March." articula distinctement Hermione.
"ELLE S'EST ÉVADÉE?!
-C'est précisément pour ça que vous êtes ici..." soupira la Shérif. "Changeons plutôt de question : quand avez-vous vue votre petite fille pour la dernière fois?
-Zelda?
-Oui, à moins que vous n'ayez d'autres petites filles, mais...
-Shérif, ne nous encombrons pas de détails inutiles!" la taquina Vincent en souriant. Hermione lui rendit son sourire en rougissant. Ellie, quand à elle, semblait débarquer d'une autre planète, tant la situation paraissait lui échapper. Elle parût effectuer un important effort de mémoire pour enfin parvenir déclarer :
"Voyons...c'était il y a...un...deux...trois jours? Approximativement? Aux alentours de deux heures du matin, je me promenais près de la prison de GreenSmith avec Zelda, et...
-Le tousseux vous interrompt pour savoir pourquoi vous vous promeniez près de la prison à une heure pareille!" La coupa Vincent. Hermione répéta l'essentiel à Ellie.
"Hé bien, je revenais d'une petite sauterie à laquelle Zelda et moi-même avions été conviées. Étant donné qu'elle s'était terminée un peu tard, nous avions décidées de couper par la rue du Mauvais Ferrailleur, qui nous menait plus rapidement chez nous.
-Où habitez-vous? (demande le tousseux).
-Moi, au numéro cent-cinquante-deux, rue de la Ruelle. Ma petite fille, elle, loge au deux-cent-cinquante, Place de la Grande Place.
-Et que c'est-il passé ensuite? (vous questionne-t-il).
-Nous avions dépassé la prison de seulement quelques mètres quand... SOUDAIN! -son élan de voix accompagné d'un vif mouvement de bras en l'air en fit sursauter plus d'un- Un monstre tentaculaire surgit de l'ombre, et se mit à me pourchasser! Cette vile créature en avait après ma vie, j'en suis persuadée! Elle me poursuivit encore et encore! Si bien que lorsque je parvins enfin à le semer, j'étais déjà arrivée chez moi!
-Et votre petite fille, dans tout ça?
-Heum...Comment dire... Enfin, elle n'a pas eu l'air de se faire courser par un monstre... J'en ai donc conclus qu'elle s'en sortirait bien seule.
-Intéressant! Qu'en pensez-vous, Maître Harcourt?" demanda Vincent. Il se trouvait alors que Harcourt Josiah Corney était entrain de piquer un somme. Alors à son tour, Vincent porta symboliquement sa main à son visage. "On pourra rien tirer de ce fossile, apparemment!" soupira-t-elle en le dégageant de son siège pour prendre sa place.
"M-Mais Vincent! Que fais-tu?!" s'inquiéta Hermione en voyant que son acolyte venait de prendre la place du grand Maître de Justice de GreenSmith.
"J'adapte les choses!" répondit-elle. "Scribe, scribe-moi tout ce qui viens de se passer!
-M-Mais mademoiselle Archer, vous m'avez fait prendre votre place, a-alors..." bredouilla le scribe, tout penaud qu'il était.
"Ah oui, c'est vrai... Hé bien dans ce cas, mademoiselle Tinker, venez scriber!
-M-Moi? Mais...qui va prendre la défense de l'accusée, dans ce cas?
-Madame Ellie Millicent Butler s'en chargera très bien, croyez-moi!
-Heu... En êtes-vous sûre?
-Bien sûr que je suis sûre d'être sûre! Enfin oh!" Et une fois que tout le monde eut pris sa nouvelle place, que madame Butler s'installa à la place d'Hermione, Hermione à la place du scribe, le scribe à la place de Vincent, et Vincent à la place du tousseux, l'interrogatoire repris.
"Bien. Maintenant, écoutons la déposition du premier témoin. Zelda Amaryllis Butler, que faisiez-vous le jour de l'évasion de Vertiline Eunice March?" Ravie qu'on la laisse enfin s'exprimer, Zelda s'éclaircit la voix et déclara avec force et clarté :
"-Je marchais accompagnée de ma grand-mère dans la rue du Mauvais Ferrailleur, au retour d'une fête. A peine quelques mètres après avoir passé la prison, mère-grand se fit attaquer par un poulpe des rues et s'enfuit en courant, me laissant seule. Je m'apprêtais à la rattraper quand soudain, quelque chose m'assomma... A mon réveil, j'avais été dépouillée de tous mes biens, et une jeune fille aux cheveux verts avait revêtit mes vêtements, et m'avait enfilée une robe de bagnarde! Elle m'a ensuite traînée dans la rue et a crié à tue-tête qu'elle venait de capturer Vertiline Eunice March, me subtilisant mon identité! Bien consciente de tout ce que cela allait engendrer, je me suis enfuie le plus vite possible, mais j'ai bien trop vite été rattrapée par une troupe de citadins que cette fille avait rameutés en parlant si fort! Et j'ai été jetée en prison, prétendument pour être cette fille qui, de toute évidence, sévit aujourd'hui en usurpant mon identité!
-Une déclaration ma foi très intéressante. Tout porte à croire que l'accusée est donc la véritable Zelda Amaryllis Butler, prise à tort pour Vertiline Eunice March. Que dit la défense à ce sujet?" La défense en question fixa la nouvelle Maître de Justice avec des yeux ronds, n'ayant rien entendu.
"La défense est donc d'accord avec le témoignage de l'accusée! L'accusation a-t-elle quelque chose à dire?" Le scribe bafouilla quelque chose tout en cherchant en toute hâte une quelconque information dans les documents incompréhensibles dont il disposait. "Heu...heu..." hésitait-il en transpirant à grosses gouttes.
-L'accusation n'a rien à redire! Le verdict est donc que cette femme suspendue au dessus de sa cuve, là -Vincent pointa Zelda du doigt-, est la véritable Zelda Amaryllis Butler, et que la fille en cavale ayant usurpé son identité n'est autre que la véritable Vertiline Eunice March! Bien! La séance est levée! Et en tant qu'acolyte de la Shérif de GreenSmith, je jure que nous mettrons ensembles un point d'honneur à ce que cette injustice soit réparée dans les plus brefs délais! Maintenant, scribe, ou quelque soit ton nom, fait-moi plaisir et ramène le Maître de Justice avec toi. Dit qu'il a fait de l'hypoglycémie, ou je ne sais quoi." Le scribe s'exécuta et quitta la salle des Émeraudes en emmenant dans ses bras Harcourt Josiah Corney le Tousseux, suivit par Ellie Millicent Butler et les quatre gardes.
"Alors Shérif, tu as correctement scribé?" demanda Vincent à Hermione sur un ton amusé quand la salle fût enfin vide.
"-Aussi bien que tu rends la justice, Maître!" répondit celle-ci d'un ton moqueur. L'acolyte croisa les bras derrière sa tête.
"-Si c'est comme ça, alors pas de risques à craindre.
-Est-tu sûre? Je crois qu'il en persiste pourtant un.
-Un risque? Si oui, lequel?
-Regarde bien les notes que j'ai prises.
-Humm... Ce sont de très belles notes, effectivement. Garnies de...mots...inappropriés au domaine de la justice... " Vincent tritura le papier dans tous les sens en riant sur quelques lignes qu'elle lisait par-ci par-là. "Très ingénieux, ce petit casse-tête fait avec la première lettre de chaque mots. Tu as une étrange manière de scriber, Hermione. Étrange, mais romantique!
-C'est bien dur de faire du bon travail à côté de toi.
-Ah oui? Et pourquoi donc?
-Admet que face à toi, il est difficile de se concentrer très longtemps.
-Ha! Je suis trop irrésistible, je l'ai toujours su! Ne sois pas jalouse ma belle, j'ai toujours eu ce genre de pouvoir sur les filles!
-Tu ne crois pas si bien dire!" Les deux commencèrent à s'embrasser. Elles auraient presque pris le risque de devenir un peu plus intimes si une certaine accusée ne les avaient pas interrompue...
"Vous vous dévergonderez plus tard! Venez vite me détacher!" cria Zelda dans son habituelle voix hautaine et désagréable. Hermione et Vincent la regardèrent, interloquées. Elles en avaient oublié Zelda! Si seulement les gardes l'avaient bâillonnée juste pour la durée de l'interrogatoire, seulement pour l'interrogatoire...
Découvrez vite la suite au chapitre suivant : "De l'éducation et des traitements des patientes de l'Asile"!
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