Chapitre cinquante-cinquième : Un voeu pour Jeffrey
Jamais de toute sa vie Vertiline n'avait ressentit de plus profond abattement. Elle en avait perdu tout son souffle ainsi que sa voix, comme si ses poumons et ses cordes vocales lui avaient été arrachés. Elle était incapable de dire quelle blessure était la plus douloureuse chez elle, entre son corps molesté qui semblait la brûler de l'intérieur au moindre mouvement, ou l'immense mal qui torturait son esprit à l'instant présent. Le visage en sang, les bras tordus, les côtes effritées, et les genoux dans la boue, Vertiline faisait face, en cette pluvieuse soirée, au mystérieux Nat Craft. Le grillon sourit, dévoilant sa mâchoire édentée.
"Mais nous pouvons trouver un terrain d'entente" dit-il d'une voix sombre. Il poursuivit : "Mé un sou dans mon chapeau, et lé banjo té..." Hola! Hé! Pas si vite! Non mais, vous ne pensez pas que quelques explications sont de rigueur? Ha! J'étais persuadée que vous alliez dire ça, j'ai appris à vous connaître, chères lectrices et chers lecteurs! Hum, bon! Je crains de n'avoir, sous l'emprise de l'impatience et de la tendinite, accéléré le récit des événements plus que nécessaire. Toutes mes excuses! Ainsi donc, permettez-moi de vous ramener une heure en arrière. Voilà. Nous revoici dans les Aquariums de GreenSmith. Et maintenant, en piste!
Vertiline ignorait totalement ce qu'il se passait derrière elle. Elle avait profité de l'intervention de Vincent pour s'échapper discrètement, aussi vite que son état le lui permit. Quoique, peut-être était-il un peu exagéré de parler de discrétion. Ayant parvenu par elle ne savait quel miracle à se mettre debout, Vertiline avançait lentement en traînant les pieds, son visage ensanglanté tordu d'une affreuse expression traduisant à elle seule toute la douleur qu'elle éprouvait en ce moment. Avec la plupart de ses côtes cassées, le moindre pas lui donnait l'impression qu'on lui assénait plusieurs coups de poignards simultanément dans la cage thoracique, ce qui lui arracha quelques cris et gémissements misérables et presque implorants. Quand à ses bras, que dire? Son bras gauche était fichu, sa chute de tout à l'heure ne lui avait prouvé qu'une nouvelle fois qu'il était cassé pour de bon. Quand à son bras droit, il se portait plutôt bien, mais c'était au niveau de son poignet que les choses se compliquaient. Celui-ci ayant été broyé par les grosses Rangers (ou tout du moins ce qui y ressemblait) d'Hermione, elle ne le sentait aucunement. Comme s'il n'était plus là. De ce faire, bien qu'elle parvint à bouger les doigts, elle fût complètement incapable de mouver sa main droite. Pour ce qui est du reste, et je veux parler de son état psychologique présentement, hé bien... Mieux vaut garder espoir!
Les cinquante mètres qui la séparèrent de son ultime obstacle lui semblèrent être les cinquante mètres les plus longs de sa vie. Il lui fallut lever la tête (chose qu'elle fit avec difficulté) plus haut que sa position distordue ne le lui permettait véritablement. Son visage d'une pâleur mortelle esquissa alors le sourire d'une expression de satisfaction la plus pure et la plus heureuse qu'elle n'ait jamais laissé paraître en un an et demi. Devant ses yeux émus, se dressait la porte. La porte. Celle-là même pour laquelle Vertiline s'était donnée tant de peine à récupérer deux fois les morceaux de clé de tout HighSmith pour enfin en assembler la clé! Elle la sortit. La clé était exactement là où elle l'avait laissée : bien à l'abri dans son corsage. C'était d'ailleurs pile en ce lieu, à cet endroit exact, que la maréchaussée l'avait arrêtée il y a huit mois. Elle s'en souvenait parfaitement. Si près du but, aussitôt toute une cohorte lui avait foncé dessus avec une désorganisation grandiose, mais le résultat fût quand même celui escompté : Vertiline avait été faite prisonnière, les morceaux de clé qu'elle avait si difficilement acquis lui avaient été arrachés aussi brusquement que sa liberté, et la suite, vous la connaissez. Mais aujourd'hui était un autre jour. Aujourd'hui, la maréchaussée n'était pour l'instant plus à sa poursuite, et voilà qu'elle se retrouvait seule; face à cette grande porte rouge garnie de multiples ornements et fioritures bien caractéristiques de ce que certains se risqueraient à nommer le 'steampunk'; mais personne ne les comprends jamais, ceux-là. Pour certains, le simple fait de vivre dans une ville remplie de machines à vapeurs et d'engrenages suffisait à en faire un lieu 'steampunk', mais là encore, peu voyaient ou ces personnes voulaient en venir. Vertiline ne savait d'ailleurs guère se positionner par rapport à cet avis, et elle s'en fichait pas mal; ce n'était absolument pas dans ses priorités! Voilà que la clé dans la main, elle s'approcha de la serrure.
Avec l'immense crainte que la porte ne s'ouvre pas qui lui traversa l'esprit, Vertiline inséra, le coeur battant une chamade de tous les diables, la clé dans son emplacement, et la tourna aussi bien qu'elle le pût avec sa main droite. Une seconde durant, elle crût soudain que la porte n'allait pas s'ouvrir, et fût saisie de la plus vive des inquiétudes. Mais enfin, dans un faible petit rayon de lumière émanant des morceaux brillant dont la clé était composée, celle-ci s'enfonça d'elle même dans le trou de la serrure, et la porte s'ouvrit. Contre toute attente, ce ne fût pas une sorte de sanctuaire protégeant l'accès à la Couronne de Trafalgar qui se dévoila face à Vertiline. Non, ce fût...une autre porte, un peu plus petite, et oui, tout autant 'steampunk' que la précédente, au cas ou vous vous poseriez la question. La clé retomba alors dans la main droite de Vertiline, mais cette fois-ci, le morceau récupéré à BlueSmith s'en était délogé, pour rester à la place sur la porte qui venait de s'ouvrir. Vertiline eût alors le pressentiment que cela allait être le cas pour la seconde. Ce qui, voyez-vous, se vérifia. Une fois la seconde porte passée, le morceau de PurpleSmith se détacha de la clé principale, et alla se coller au centre de la porte, laissant place à une troisième, toujours un peu plus petite. Et les choses se poursuivirent ainsi.
Il ne restait désormais dans les mains de Vertiline plus que le morceau de GreenSmith récupéré il y a peu au péril de sa vie et de celle de son compagnon à tentacule... La dernière porte lui faisant face était si petite, et semblait si étroite qu'elle avait dû se baisser (non sans que tout son corps ne lui arrache de violentes douleurs) jusqu'à se mettre à plat ventre. Plus déterminée que jamais, Vertiline prit une grande inspiration, chose qu'elle regretta aussitôt en se souvenant que ses côtes brisées rendaient tout mouvement douloureux, encore plus ceux faisant intervenir sa cage thoracique. Quoi qu'il en soit, elle inséra dans l'emplacement prévu à cet effet le morceau, et rampa vers la porte ouverte.
Vertiline avait fermé les yeux durant les quelques mètres parcourus au sol. Pourtant, l'envie de les ouvrir lui brûlait les paupières. Elle ne saurait expliquer clairement la raison d'un tel effort à retarder la découverte de l'objet ayant attisé sa convoitise la plus intense et nourri ses désirs les plus insensés. Craignait-elle de ne pas trouver ce qu'elle cherchait? Ou que le mythe entourant la Couronne de Trafalgar ne soit qu'une chimère? Que la Couronne de Trafalgar elle-même ne soit qu'une chimère? Hé bien, le meilleur moyen de le savoir était encore d'ouvrir les yeux!
Avec toutes les peines du monde, Vertiline se releva une nouvelle fois, mais la beauté des lieux était si apaisante qu'elle lui fit oublier un peu son mal : bien que beaucoup plus petite que ce à quoi elle ne s'attendait, la pièce où elle venait d'arriver était bâtie en forme de dôme, dont les parois bleutées scintillaient et dispersaient une onde aquatique sur l'ensemble de la pièce. Des reflets verts brillants s'y mélangeaient, et la végétation avait reprit ses droits sur les lieux. De nombreuses algues ainsi que des mousses aux couleurs fluorescentes magnifiques s'étaient agencées de sorte à clairement établir leur territoire, mais sans néanmoins se faire trop envahissantes. Certaines, par ailleurs, recouvraient en partie le bas du grand piédestal placé bien en évidence au centre de la pièce.
"Ça par exemple! Et c'est sur ce piédestal que se trouve la Couronne de Trafalgar!!
-M-M-Mais enfin, Vertiline! J'allais le dire!
-Oui, hé bien, tu perds ton temps en tergiversation soporifiques! Allez, du nerfs et de la concision!
-Voyons, à un passage aussi important, rien ne sert d'être concis, ou l'on n'arrive à rien!
-C'est un...
-...Jeu de mot...?
-Bah...
-Beuh...
-Qu'importe?
-Qu'importe!"
Elle était là, religieusement posée sur son piédestal, si petite comparée au reste, et pourtant si imposante par rapport à toute autre chose : la Couronne de Trafalgar. Une belle babiole, vraiment.
Bien que le simple fait de se tenir debout lui faisait endurer d'horribles souffrances, Vertiline ne pût s'empêcher de rester un long moment, peut-être plusieurs minutes, face à la Couronne de Trafalgar. Elle y était enfin parvenu. Cette Couronne, cette merveilleuse, stupide Couronne aux prétendus pouvoirs tout aussi stupides pour laquelle elle avait sué sang et eau une année entière durant laquelle elle manqua de perdre son seul ami, sa seule famille, sa propre raison et sa propre vie; voilà qu'elle était là, désormais sans rien pour la protéger des mains de la plus grande voleuse de GreenSmith, que dis-je de tout HighSmith! Et qui l'empêcherait de la prendre? Oh, personne! La Couronne était pour elle, rien que pour elle! En tremblant plus qu'elle n'avait jamais tremblé, Vertiline saisit alors la précieuse relique. Si elle n'avait pas tant peiné à saisir cet objet plus lourd qu'elle ne l'avait pensé du bout de ses doigts abîmés, elle aurait sans doute attardé son toucher sur le sublime motif de céphalopode finement taillé dans un minerai doré au centre de la Couronne, tout comme sur les six engrenages disposés en nombre égal de chaque côtés de la partie circulaire destinée à être posée sur la tête du bienheureux ou de la bienheureuse ayant cette occasion un jour. Il y avait également sous l'octopode une sorte de petit ornement à forme ovale, dont l'intérieur aux teintes à la fois nacrées et azurées était entouré d'un épais contour de couleur cuivrée. Enfin mais pas des moindres, la Couronne se voyait également incrustée de neuf grands pics noirs et tordus à la pointe légèrement courbée, élégamment ornementés de perles marines en leur sommet, et s'élevant jusqu'à une dizaine de centimètres vers le ciel.
Retenant son souffle, Vertiline posa alors la Couronne de Trafalgar sur ses cheveux emmêlés; et, reprenant sa respiration, attendit quelques secondes. Il ne lui restait alors plus qu'une chose à faire, et elle attendait ce moment depuis trop longtemps pour l'ignorer. Se retournant alors face à la minuscule porte l'ayant vue pénétrer dans ce sanctuaire, Vertiline observa une dernière fois le monde tel qu'elle pouvait le voir d'ici, en cette soirée de novembre 1882. Aucun regret ne la saisissait, hormis celui d'avoir causé tant de peine à son oncle et d'avoir fait courir tant de risques à Enoch. Mais elle se satisfaisait néanmoins dans la pensée que d'ici très peu de temps, ces souvenirs appartiendraient au passé. Ou plutôt au futur, dans son cas. Transportée d'une joie enfantine, elle sourit alors de toute ses dents, ferma les yeux et clama :
"Couronne, je veux revenir dans le passé, le jour du premier février 1880!"
Puis, plus rien.
Lorsque Vertiline rouvrit les yeux, elle était exactement au même endroit, la Couronne toujours sur la tête. Son corps la faisait tout autant souffrir que tout à l'heure, son bras gauche, son poignet droit et ses côtes étaient d'ailleurs toujours cassés. Son souhait avait-il été exaucé, ou le rêve de voyage temporel auquel elle s'était tant accroché ne se révélait-il être qu'une chimère désespérée? Elle n'en savait rien, et elle craignait de l'apprendre... Retirant fébrilement le Couronne de sa tête et la gardant dans sa main droite du bout des doigts, Vertiline se retourna lentement, comme si elle s'attendait à trouver aussi bien la plus belle que la plus affreuse des vérité derrière elle. A sa grande surprise, elle se trouva être ni dans le sanctuaire des Aquariums de GreenSmith, ni même dans un endroit qu'elle connaissait, en somme. A première vue, elle semblait avoir atterri dans un sombre marécage, une sorte de bayou à l'atmosphère humide, suffocante, et aux effluves putrides; rempli de palétuviers, arbres et algues aquatiques en tous genres et d'insectes grouillants, tous se dirigeant vers une grande lumière en direction du nord.
Vertiline ne comprenait pas. Où que la Couronne l'aie transportée, était-elle de retour en 1880, ou alors était-elle toujours en 1882? Et pourquoi Diable dans un lieu qu'elle ne connaissait pas, qui plus est? Un terrible doute commença à s'emparer d'elle... Elle fit quelques pas vers l'avant, et crût alors que tout son corps était en feu, dû à ses multiples blessures; lui arrachant un cri glaçant... Déséquilibrée dans sa douleur, elle manqua de tomber, et s'appuya contre un arbre avec son coude valide en haletant bruyamment. Plus que du doute, c'était maintenant une affreuse crainte qui commençait peu à peu à s'emparer de tout son être. Le visage déformé par un terrible rictus orienté vers le bas, elle sentit alors sa tête commencer à lui faire mal, et sa vision se brouillait au fur et à mesure que toute rationalité lui échappait. Tout s'embrouillait dans son cerveau, à tel point que l'espace d'un instant, elle songea à se cogner la tête contre un arbre pour voir si tout cela était un rêve ou non. Mais elle abandonna vite cette idée, et se dit que, peut-être trouverait-elle la réponse à ses questions insolubles vers la grande lumière où toute la faune du bayou semblait se rendre avec empressement.
Chaque pas fût plus douloureux que le précédent, et Vertiline pensa bien abandonner à de nombreuses reprises. Néanmoins, elle parvint, après de nombreux efforts et une détermination à toute épreuve, à la source luminescente. Depuis quelques mètres déjà, une sombre chanson emplissait les alentours de sa macabre mélodie. Aux bruits de la vie animale et végétale environnante se mêlait le son d'un banjo désaccordé, accompagné de lancinants murmures gutturaux...
https://youtu.be/lr4EqywQGTQ
Vertiline arriva finalement face à un gigantesque arbre, si grand qu'elle n'en voyait même pas le haut. Loin d'être inhabité, le grand feuillu était décoré de nombreux lampions colorés, et l'on pouvait facilement voir par de larges trous creusés à même son écorce molestée que les nuisibles y avaient établit leur domicile. Assis sur de grosses racines, quelques vers, chenilles, sauterelles et libellules étaient attablés autour d'un thé, ou se prélassaient tranquillement en jouant aux cartes, aux dés, aux osselets, ou à la pelote. Cependant, tous prirent immédiatement leurs pattes à leur cou au moment même ou ils entendirent les pas patauds et boitillants de Vertiline, partant se réfugier avec la hâte la plus précipitée qui soit dans le tronc de l'arbre. Seul le banjoïste, un gros grillon vêtu d'une paire de jarretelles roses et d'un haut-de-forme noir, resta.
"Céla mé fé plaisir dé té rencontrer enfin, fille March!" dit le grillon sans s'arrêter de jouer. Vertiline ne savait que répondre. Au point ou elle en était, cela ne la surprenait même plus qu'une personne dont elle ignorait totalement l'identité semble en savoir davantage sur elle que le contraire. Elle avait d'autres soucis en tête.
"Qui êtes-vous?" souffla-t-elle d'un ton à la fois las et suppliant. Le grillon cessa finalement de gratter les vieilles cordes de son instrument et leva la tête vers son interlocutrice. De ses petits yeux jaunes et plissés, il la toisa avec application, et répondit avec un grand sourire édenté :
"-Yé suis ce que l'on désire qué je sois. Céla dépend, de tout un chacun, dirais-je. Mais tu peux m'appéler Nat Craft." Il reprit avant même que Vertiline n'ait le temps de réfléchir à si elle avait déjà entendu ce nom quelque part ou non : "Yé sé ce que tou penses. Et...au regret dé té décevoir, té voici toujours en 1882." Les paroles du grillon résonnèrent comme une sourde explosion dans le cerveau de Vertiline. Sans dire un mot, elle se mit soudain à convulser plus vivement que jamais, à tel point qu'elle en tomba à terre, la tête pointée vers le sol boueux et la bouche grande ouverte. Oh non, voila, c'était fichu. Tout ça pour rien.
(RIEN!!!)
Jamais de toute sa vie Vertiline ne ressentit de plus profond abattement. Elle en avait perdu tout son souffle ainsi que sa voix, comme si ses poumons et ses cordes vocales lui avaient été arrachés. Elle était incapable de dire quelle blessure était la plus douloureuse chez elle, entre son corps molesté qui semblait la brûler de l'intérieur au moindre mouvement, ou l'immense mal qui torturait son esprit à l'instant présent. Et sa quête...sa quête! Ce pourquoi elle avait! Elle avait enduré tous les périls! Ah! Aïe! Ce n'était rien! OUI, UNE GRANDE COURSE VERS LE RIEN! Rien! Rien! Rien! La Couronne de Trafalgar n'avait aucun pouvoir! Ce n'était qu'une relique comme les autres, tout juste bonne à alimenter les fantasmes des paranoïaques et des idiots et idiotes dans son genre! Haha! Elle n'avait rien d'exceptionnel! Jamais Vertiline ne reviendrait dans le passé! Quel rêve stupide! Jamais elle ne reverrai Jeffrey! Elle qui se vantait d'avoir fait son deuil avec le temps, c'était au final pour le retrouver dans un passé inatteignable qu'elle avait fait tout ça! Au final, elle était bien la première à ne jamais avoir été capable d'accepter sa mort! Et vers quoi avait-elle courut si désespérément? Vers des souvenirs! Des souvenirs qui ne se réaliseraient plus jamais! Ah, voilà que les larmes lui montaient aux yeux, tiens! Puis, elle se mit à pleurer misérablement, car que pouvait-elle faire d'autre dans sa situation?
Insensible à ce spectacle auquel il semblait déjà avoir assisté de nombreuses fois durant, Nat Craft, le visage toujours orné de son ineffaçable sourire, déclara de sa voix grave et suave :
"Mais nous pouvons trouver un terrain d'entente." dit-il d'une voix sombre. Otant son haut de forme et dévoilant son crâne dégarni, il le plaça retourné devant lui et murmura d'un ton mystérieux : "Mé un sou dans mon chapeau, et lé banjo té dira c'que tu dah savoér!" Vertiline leva faiblement la tête vers le grillon, qui continuait de la fixer de ses petits yeux jaunes et malicieux. Pourquoi devrait-elle l'écouter? Elle avait déjà placé tous ses espoirs dans quelque chose d'irréalisable ces derniers temps, pourquoi en referait-elle autant sur les dires d'un insecte? Et quand bien même le banjo avait quelque chose à lui dire, comme disait Nat Craft, elle n'avait aucune pièce sur elle! Comme ce fût toujours le cas, depuis ses plus jeunes années! Elle n'avait rien, elle n'avait jamais rien eût! Ni la chance ni la fortune, ni quoi que ce soit d'autre! Ou tout du moins, si compté qu'elles eût les deux quelques années ou quelques mois, ou simplement quelques jours, ils avaient finis par la quitter, comme tout, toujours! Mais soudain, elle sentit un petit quelque chose tinter dans une poche de sa robe. Cherchant péniblement à l'atteindre de quelques las mouvements de main, elle tomba alors sur la pièce que tonton Babel lui avait donné avant qu'elle ne se rende aux Aquariums, et la fixa d'un air déconcerté. L'espace d'un instant, elle se demanda si tout cela était la cause d'une bien curieuse coïncidence, ou si cette curieuse coïncidence avait été volontairement causée d'une quelconque manière... Mais elle était fatiguée de tant réfléchir sur ce à quoi elle ne pourrait sans doute jamais trouver des réponses.
Épuisée, éreintée et blessée dans sa chair comme dans son esprit, Vertiline lança alors la pièce en direction du chapeau de Nat. Mais comme son premier lancer fût trop faible, elle dût ramper dans la boue et retenter une deuxième fois. Une fois le précieux sou finalement dans son haut de forme, le grillon laissa échapper de sa gorge un gros rire guttural et saisit son banjo.
Alors tout le bayou s'emplit de la macabre mélodie, et Vertiline perdit connaissance.
Découvrez l'épique conclusion de cette folle aventure dans le dernier chapitre suivant : "Jeffrey Colombus Kingsford"!
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