•2•
Le salon des Potter était empreint d'une atmosphère chaleureuse et familière. La lumière douce des bougies vacillait dans la pièce, projetant des ombres dansantes sur les murs ornés de photos de famille. Harry Potter, assis dans un fauteuil confortable, était plongé dans la lecture d'un livre ancien, le regard concentré sur les pages jaunies. De l'autre côté de la table, sa femme, Ginny, et leur fille, Lily, étaient engagées dans une partie d'échecs, une tradition qui avait commencé avec Ron et Hermione. Lily, du haut de ses neuf ans, jouait avec une détermination rare pour son âge, héritée des conseils stratégiques de son oncle Ron.
Malgré l'animation de la partie, une ombre de tristesse planait sur Harry. Albus, son fils, lui manquait terriblement. Bien sûr, James avait également son importance dans son cœur, mais cela faisait trois ans que ce dernier était à Poudlard, et il s'était habitué à son absence pendant l'année scolaire. Mais pour Albus, qui venait de commencer son voyage à l'école de sorcellerie, tout semblait différent. Chaque jour sans nouvelles de lui pesait sur son esprit comme un nuage sombre.
— Échec et mat ! annonça Ginny avec un sourire satisfait, ses yeux pétillants de malice.
Lily, frustrée par sa défaite, croisa les bras sur sa poitrine.
— Mais... c'est pas du jeu ! J'allais gagner... On en fait une dernière ? protesta-t-elle, sa petite voix pleine d'enthousiasme et de défi.
— Non, ma chérie, on avait dit que c'était la dernière. Allez, au dodo maintenant, mon cœur, répondit Ginny, adoucissant son ton pour apaiser la déception de sa fille.
Lily soupira, une moue dessinée sur son visage, mais accepta finalement.
— Bon... d'accord, murmura-t-elle, sa voix trahissant sa résignation.
Ginny se leva et, avec tendresse, embrassa Harry sur la joue, un geste qui réchauffa son cœur.
— Je vais coucher Lily, je reviens, annonça-t-elle, se dirigeant vers la chambre.
— D'accord, merci mon amour, lui répondit Harry, un léger sourire aux lèvres, bien que ses pensées restaient accrochées à son fils absent.
Alors qu'il s'installait plus confortablement dans son fauteuil, une série de trois coups soudains retentirent à la fenêtre, le faisant presque sursauter. Un hibou, silhouette familière dans la nuit, battait des ailes contre le verre, apportant une lettre. Une étincelle d'espoir illumina son cœur, peut-être de James ? Albus n'avait pas envoyé de nouvelles depuis la répartition, et avec Ginny, leur inquiétude grandissait de jour en jour.
Il se précipita pour ouvrir la fenêtre, laissant entrer l'air frais du soir. Le hibou se posa sur le rebord, et Harry décrocha la lettre avec empressement. Son cœur battait la chamade alors qu'il commençait à lire les mots de son fils.
Salut papa,
Je ne sais pas trop comment te dire ça. Normalement, ce n'est pas à moi de te l'annoncer, mais Albus est à Serpentard. Quand je lui ai parlé, il m'a dit qu'il ne voulait pas voir la déception dans tes yeux. Il ne parle à personne ici, même plus à Rose.
Bisous, James Potter ! Et fier de l'être.
Harry resta figé un moment, incapable de croire ce qu'il venait de lire. Albus, à Serpentard ?. Pourquoi Albus pensait-il qu'il allait être déçu ? Pourquoi son propre fils aurait-il honte de lui parler ? Une vague d'émotion le submergea, et il sentit les larmes menaçantes poindre à ses yeux. Lui qui ne pleurait presque jamais, la simple pensée que ses enfants soient malheureux l'attristait profondément.
La voix douce de Ginny le tira de ses réflexions tumultueuses.
— Ça y est, j'ai couché la petite. Mon amour, ça va ? Tu... pleures ? demanda-t-elle, l'inquiétude perçante dans sa voix.
Harry secoua la tête, balbutiant à peine, et lui tendit la lettre, incapable de trouver les mots pour décrire son chagrin. Il vit Ginny sourire légèrement en lisant la dernière ligne, mais la légèreté de ce moment ne parvint pas à apaiser son cœur lourd.
— Harry... commença-t-elle, réalisant l'intensité de ses émotions.
— Ginny, est-ce que... est-ce que je suis un mauvais père ? demanda-t-il, la voix chargée d'une douleur qu'il ne pouvait plus ignorer.
— Quoi ? Mais non, Harry! Tu es le meilleur père qu'ils puissent avoir. Tu es juste incroyable avec eux, répondit-elle, ses yeux pleins de compréhension.
Mais Harry ne pouvait pas se convaincre aussi facilement.
— Apparemment non, puisque Albus a honte d'être à Serpentard. Juste parce que je suis... Harry Potter. Même mes propres enfants ne me voient pas comme leur père. Ils me voient juste comme le héros.
Il laissa une larme couler sur sa joue, une goutte salée qui trahissait son désespoir. Cette pensée, que son propre fils puisse avoir honte de lui, lui déchira le cœur.
— Oh, Harry... murmura Ginny, s'approchant pour le prendre dans ses bras.
Elle l'enlaça tendrement, apportant un peu de réconfort à son âme tourmentée.
— Bien sûr qu'il te considère comme un père. Regarde Lily. Elle ne t'appelle pas "le héros" ou "l'Élu". Pour elle, tu es juste son papa.
Harry hocha la tête, un faible sourire se dessinant sur ses lèvres, même s'il peinait à croire ses mots.
— Oui... si tu le dis. Merci, Ginny, murmura-t-il, reconnaissant de l'avoir à ses côtés.
— Merci ? Mais de quoi ? s'étonna-t-elle.
— D'être la mère de mes enfants, d'être une femme extraordinaire... la femme que j'aime lui confia-t-il, la voix plus douce, comme une promesse renouvelée.
Ginny sourit, sa présence apportant une chaleur réconfortante à la pièce. Elle ne répondit rien, mais son regard en disait long, empli d'amour et de soutien.
Après un moment de silence, une lueur de légèreté illumina son visage.
— Par contre, je n'ai pas dit tout mon cœur. Il faut bien que nos bouts de chou y aient une petite place, plaisanta Harry, le ton plus léger.
— T'es bête... répondit-elle en riant, le cœur apaisé par son humour.
Elle lui sourit à son tour et l'embrassa, un moment de tendresse partagé qui effaça un peu l'angoisse qui pesait sur eux.
Alors qu'ils relâchaient leur étreinte, une petite silhouette se dessina dans l'encadrement de la porte. Les cheveux roux de Lily dépassaient, illuminant la pièce d'une teinte chaleureuse.
— Lily ?...
Elle courut vers son père et sauta dans ses bras, son élan contagieux dissipant les nuages de tristesse qui l'avaient envahi.
— Bah alors, mon cœur, qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Harry, surpris mais heureux de l'avoir près de lui.
Lily, les yeux brillants de larmes, regarda son père avec une sincérité désarmante.
— Tu es le meilleur papa du monde. Je m'en fiche que tu sois un héros. Pour moi, tu es juste mon papa.
À ces mots, le cœur de Harry explosa de bonheur. Il serra sa petite fille contre lui, ses yeux s'emplissant à nouveau de larmes, mais cette fois-ci, elles étaient teintées de joie et d'amour.
— Oh, ma chérie... je t'aime. Je t'aime tellement, murmura-t-il, la voix tremblante d'émotion.
— Moi aussi, papa. Maman, tu ne vas pas commencer à pleurer, toi aussi ? s'exclama Lily, lançant un regard complice à sa mère.
Ginny, émue, les observa avec les yeux brillants de larmes. Elle s'approcha, et Harry tendit les bras vers elle, l'invitant à les rejoindre. En un instant, ils formèrent une bulle de chaleur, un cocon d'amour inébranlable.
Leurs rires et leurs larmes se mélangèrent, créant une mélodie douce et réconfortante qui les enveloppa. Dans ce moment suspendu, ils se blottirent ensemble sur le divan, une famille unie par l'amour, prête à affronter ensemble les épreuves de la vie.
———
La lumière du dortoir était tamisée, à peine éclairée par les rayons du soleil qui filtraient à travers les rideaux épais. Albus Potter se tenait debout près de son lit, entouré de ses affaires éparpillées, encore désorganisées après son installation. Il avait déjà passé plusieurs heures à essayer de ranger ses affaires, mais son esprit était ailleurs. Les événements de la Grande Salle tourbillonnaient dans sa tête comme une tempête, et l'angoisse persistait, serrant son cœur à chaque pensée.
Il s'était retrouvé à Serpentard, une maison qu'il n'avait jamais imaginé rejoindre. L'ombre de l'héritage de sa famille le pesait lourdement, et chaque murmure de ses camarades semblait l'accuser. L'idée que son nom, "Potter", soit désormais associé à cette maison lui paraissait insupportable. Il se laissa tomber sur son lit, la tête pleine de souvenirs et de doutes. Pourquoi avait-il fui si soudainement ? Pourquoi était-il incapable de faire face à la réalité de sa situation ?
C'est alors qu'il entendit une voix familière mais inattendue.
— Albus ?
Il se retourna lentement pour découvrir Scorpius Malefoy, son camarade de classe, qui se tenait à l'entrée du dortoir. Scorpius, avec ses cheveux blonds et ses yeux argentés, avait l'air préoccupé, comme s'il hésitait à s'avancer davantage.
— Oui ? répondit Albus, luttant pour dissimuler l'angoisse dans sa voix.
— Tu... tu vas bien ? demanda Scorpius, s'approchant prudemment. Je t'ai vu quitter la Grande Salle il y a deux trois jours.., et tu n'as pas vraiment parlé à personne depuis.
Albus détourna le regard, ses doigts jouant avec un vieux livre qu'il avait posé sur son lit. Les paroles de Scorpius résonnaient dans sa tête, et il se demanda s'il était vraiment visible pour les autres, ou s'il était devenu un fantôme, errant dans un monde qui ne lui appartenait plus. Il n'avait pas eu le cœur à se confier, même à Scorpius, et il se sentait coupable d'être si distant.
— Je... je ne sais pas, répondit-il finalement, sa voix à peine audible. C'est juste... tout ça est beaucoup à gérer.
Scorpius hocha la tête, semblant comprendre bien plus qu'Albus ne l'aurait voulu. Il s'assit sur le bord du lit voisin, les yeux fixés sur son ami, une lueur de compassion dans son regard.
— Tu sais, il n'y a pas de honte à être à Serpentard, Albus. C'est juste une maison, comme toutes les autres. Ça ne définit pas qui tu es, ajouta-t-il, ses mots porteurs d'une sagesse que l'on ne lui connaissait pas forcément.
Albus leva les yeux, surpris par la profondeur des paroles de Scorpius. Un frisson de gratitude le parcourut, mais il ne pouvait pas ignorer l'immense poids qui l'écrasait.
— Peut-être, mais tu ne sais pas ce que c'est d'être un Potter et d'atterrir ici. Chaque regard me dit que je suis un échec. Je déçois tout le monde, même ma famille, murmura-t-il, sa voix brisée par l'émotion.
Scorpius sembla réfléchir un moment, puis il répondit avec assurance.
— Je sais ce que c'est. Je suis un Malefoy. Mon nom porte aussi son lot de jugements et de préjugés. Mais je refuse de laisser ça me définir. Ce qui compte, c'est ce que nous faisons de notre temps ici, pas le nom que nous portons.
Albus le regarda, intrigué. Scorpius, bien qu'il ait toujours été un peu à l'écart, avait un point de vue que le jeune Potter n'avait jamais envisagé.
— Alors, tu penses que nous pouvons prouver que nous ne sommes pas nos noms ? demanda Albus, un léger espoir naissant en lui.
— Bien sûr. C'est exactement ça. Nous avons l'opportunité de forger nos propres chemins, de choisir qui nous voulons être, affirma Scorpius, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
Albus sentit une petite étincelle d'espoir dans son cœur. Peut-être que cette année ne serait pas aussi sombre qu'il l'avait imaginé. Peut-être qu'avec des amis comme Scorpius, il pourrait surmonter ses peurs et se libérer de l'ombre de son nom.
— Merci, Scorpius. Je pense que j'avais besoin d'entendre ça, admit-il, une légère chaleur se répandant dans sa poitrine.
Scorpius haussait les épaules, une modestie sincère dans son geste.
— Pas de problème, Albus. Nous sommes dans le même bateau. On devrait essayer de se soutenir.
Leurs regards se croisèrent, et Albus sentit que, malgré les défis qui les attendaient, il avait trouvé un allié inattendu. Ce moment, bien que simple, marquait un tournant. Albus réalisa qu'il n'était pas seul dans ses luttes, et cela lui offrit une lueur d'espoir dans un monde qui lui semblait parfois très sombre.
Il retourna à ses affaires, cette fois avec une détermination renouvelée. Peut-être que la vie à Serpentard ne serait pas une déception après tout, mais plutôt une opportunité de se redéfinir, de se reconstruire. Scorpius se leva alors, prêt à l'aider à ranger et à surmonter ensemble cette première épreuve.
Avec un sourire timide, Albus se dit qu'il pourrait apprendre à porter son nom avec fierté, peu importe la maison qui l'accueillait.
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