CHAPITRE 3

CHAPITRE 3

La matinée passa relativement vite. M. Floreste ne cessait de parler et d'expliquer à l'ensemble de la classe comment fonctionnait le Lycée et les cours. Le professeur semblait très investi, mais il parlait un peu trop au goût de Marinette. De plus, la jeune fille n'attendait qu'une chose : la pause déjeuner pour enfin se retrouver seule avec Adrien et lui dire tout ce qu'elle n'avait jamais osé lui avouer. Pourtant, une partie d'elle redoutait la réaction du blond. Son cœur lui hurlait de se lancer, de ne pas hésiter. Mais sa raison lui intimait d'attendre encore un peu, pour être sûre.

Mais à ce rythme, Marinette et Adrien auront fini le Lycée avant que l'adolescente n'ait eu le courage de tout dire à son camarade. Non, il fallait qu'elle se lance. Elle n'avait pas le choix. De toute façon, elle avait dit à Adrien qu'il y avait quelque chose dont elle aimerait parler avec lui. Impossible de faire marche arrière et encore moins d'essayer vainement de trouver un mensonge pour parer cette situation. De toute façon, en présence du jeune homme, Marinette ne savait plus mentir. Même si elle avait désormais le courage d'aligner deux phrases en face d'Adrien sans bégayer, balbutier, ou mélanger ses mots, elle restait bien incapable de lui raconter des bobards. Et son intuition lui disait que le mannequin avait un œil acéré et savait détecter le mensonge sans aucun problème.

Marinette lâcha un léger soupir et un sourire naquit sur ses lèvres. Elle commença alors à se faire tout un tas de films dans sa tête. Si Adrien lui disait qu'il l'aimait en retour, oserait-elle l'embrasser ? Ou s'empourprerait-elle sans rien dire ? Pire, et si elle s'enfuyait ?

Non, non, non. Marinette n'était plus la jeune fille qui préférait fuir le danger plutôt que de l'affronter. Si sa double-vie lui avait enseigné quelque chose, c'était bien qu'il fallait savoir faire face aux obstacles et aux combats auxquels nous confrontait la vie.

Marinette se demanda alors comment se passerait son premier baiser. Si cela était aussi doux et aussi bon que dans les films. Aussi agréable que ce que lui avait raconté Alya la première fois qu'elle avait embrassé Nino.

La styliste se sentit soudainement un peu idiote. Elle était surement la seule fille de son âge à ne pas avoir déjà échangé son premier baiser. Bien sûr, cela n'avait rien de mal, il n'y avait pas d'âge pour embrasser quelqu'un ! Mais Marinette craignait que tout tourne au fiasco total, qu'elle n'arrive pas à l'embrasser correctement, qu'elle fasse une bourde comme elle avait tant l'habitude d'en faire.

Marinette finit par se faire une raison, et haussa les épaules. Elle avait décidé de laisser les choses venir à elle. De laisser la vie faire ce qu'elle avait à faire. Si elle était vouée à embrasser Adrien, soit. Rien ne pouvait mal se passer, pas vrai ?

Une sonnerie stridente annonçant la pause déjeunée, résonna soudainement aux oreilles de l'étudiante, qui fit un bond sur sa chaise. Ce geste eut don d'étonner Adrien, qui tourna la tête vers son amie et lui lança un regard amusé en lui demandant ce qui lui avait fait si peur.

« Heu... rien, j'étais juste perdue dans mes pensées. »

Marinette resta plantée sur son siège, immobile. Adrien le remarqua et lui tendit alors une main bienveillante.

« Tu viens ? »

Les yeux de Marinette alternaient entre le visage et la paume ouverte d'Adrien. Timidement, la jeune fille tendit la main et ses doigts s'enlacèrent délicatement dans ceux du blond, qui l'aide alors à se relever. Une fois sur ses pieds, Marinette lâcha la main d'Adrien, rangea ses affaires, attrapa son sac de cours, et sans même s'en rendre compte, remis ses doigts contre deux du mannequin.

Lorsque celui-ci s'en rendit compte, il eut un léger frisson et ses muscles se crispèrent pendant une fraction de seconde. Marinette baissa finalement le regard et remarqua avec effroi ce qu'elle venait de faire. Embarrassée, honteuse, elle retira précipitamment ses doigt de la poigne d'Adrien, et sentit ses joues la brûler atrocement.

« Désolée !! »

Voyant que l'adolescente commençait sérieusement à paniquer, et craignant qu'elle ne tourne de l'œil –avec Marinette, on ne sait jamais-, Adrien posa une de ses mains sur son épaule et lui lança un sourire amical.

« Eh, ne t'excuse pas. Et puis, si je peux être totalement honnête, ta main est très agréable à toucher. »

Ces mots eurent pour effet de faire perdre les dernières bribes de raison qu'il restait à Marinette, qui manqua de s'étouffer avec sa salive et rougit encore davantage alors que personne ne pensait cela possible.

Ce fut finalement Alya qui vint sortir la styliste de sa torpeur. La métisse avait rapidement traversé la salle de classe et était venue bondir à côté de sa meilleure amie. La journaliste n'avait strictement rien manqué de la scène, et elle comptait bien passer Marinette sur le grill pour en savoir plus, le plus tôt possible.

« Vous venez ? lança Alya en tirant Marinette par le bras, la tirant presque vers la sortie de la pièce. On va tester le self du Lycée ! Il parait que c'est trois fois plus grand que dans notre ancien Collège ! Truc de fou ! »

Marinette s'arracha à l'emprise d'Alya et lui lança un regard emplit de sous-entendus. La métisse ne sembla pas comprendre sur le moment, mais lorsque Marinette lui montra Adrien du doigt le plus discrètement possible, elle sembla tout de suite réaliser ce que sa meilleure amie s'apprêtait à faire.

« Oh mon dieu ! Tu vas lui dire ??

- Ssssshhht ! s'énerva Marinette en faisant signe à Alya de baisser d'un ton.

- Pardon. Je disais : oh mon dieu, tu vas lui dire ? répéta Alya en chuchotant de manière... exagérée. »

Marinette leva les yeux au ciel et hocha simplement la tête en guise de réponse. Alya prit alors la styliste dans ses bras, et lui murmura un « bonne chance » à l'oreille, avant de la relâcher et de la pousser vers Adrien qui, posté un peu plus loin, regardait la scène avec un sourcil arqué et un air interrogateur peint sur son visage.

« Bon bah, bon app' hein ! On se retrouve après manger ! Enfin... après LE truc quoi. Allez, salut ! cria Alya en agrippant la main de Nino et en le tirant hors de la salle. »

Restée seule –ou presque, il y avait encore deux élèves qui étaient en train de parler avec M. Floreste, lui demandant surement deux ou trois renseignements- avec Adrien, Marinette se sentit paniquer et son cœur manqua un battement lorsque le mannequin se racla la gorge.

« Quelle mouche a piqué Alya ? Et c'est quoi « le truc » ? s'interrogea-t-il en revenant vers sa camarade de classe, les mains dans les poches de son jean. »

La jeune étudiante balbutia un léger « je ne sais pas » et réajusta la bretelle de son sac de cours.

« Je... On devrait y aller. Je dois te dire quelque chose, tu te souviens ? »

Le cœur de Marinette battait à tout rompre et semblait vouloir sortir de sa cage thoracique. Jamais elle n'avait eu aussi peur. Jamais elle n'avait été aussi impatiente. Et jamais elle n'avait eu aussi chaud. S'apprêtait-elle réellement à avouer ses sentiments à Adrien ?

Apparemment.

« Tu ne veux pas aller manger d'abord ?

- NON ! cria Marinette, consciente qu'elle ne mangerait de toute façon par un bout de nourriture tant qu'elle n'aurait rien dit à son ami. Enfin, je veux dire, t-tu préfères pas que je te dise ce que j'ai à te dire avant ? Parce que en fait, c'est juste que je préfère te dire ce que j'ai à te dire avant que tu me dises que tu ne veux pas que je te dise que—

- Marinette, c'est bon ! s'amusa Adrien en éclatant de rire. Relax. On va aller s'installer sur un banc, et tu vas me raconter tout ce qui te tracasse. »

La bleutée ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Elle tenta de se reprendre et se gratta la nuque.

« Comment ça « ce qui me tracasse » ?

- Marinette, ton stress est palpable. »

L'intéressée toussota et rougit pour la énième fois, avant d'inspirer profondément et de se diriger vers la porte de sortie en lançant un « vient » à son camarade. Adrien la suivit alors sans broncher, et tous deux marchèrent en silence jusqu'à la cours extérieure du Lycée.

Une fois dehors, Marinette sentit peu à peu son calme revenir. Le soleil qui lui caressait la peau, les oiseaux qui chantaient, le vent qui faisait voler ses cheveux... tout ceci lui rappelait l'été, et donc les bons moments qu'elle avait passé en compagnie d'Adrien.

Tout irait bien. Elle allait y arriver.

Les deux adolescents finirent par trouver un banc de libre, et s'y installèrent. Marinette croisa ses jambes et commença à jouer nerveusement avec ses doigts. Adrien, lui, regardait son amie avec un air intrigué et rassurant.

« Tu peux tout me dire, Mari'. Je pense qu'on est assez proche. Je ne te jugerai jamais sur quoi que ce soit.

- Je... je n'ai pas peur que tu me juges. J'ai peur que tu me fuis. »

Le blond écarquilla les yeux et se sentit alors obligé de tendre une main vers Marinette pour replacer une de ses mèches de cheveux derrière son oreille.

« Eh. Je ne te fuirai jamais, d'accord ? Je tiens trop à toi pour m'enfuir. »

Marinette pouvait à présent très nettement sentir les battements de son cœur devenir incontrôlables. Elle brûlait de l'intérieur, de la lave en fusion coulait dans ses veines, et elle avait littéralement l'impression de se consumer sur place. Elle tremblait de tous ses membres, sa voix menaçait de se briser, elle peinait à respirer comme si un poids lui comprimait la poitrine.

« Bon... écoute, Adrien, je—»

Une énorme explosion coupa Marinette dans sa phrase et elle lâcha un cri de surprise. Adrien, quant à lui, se redressa d'un bond et regarda autour de lui, serrant les poings.

« Bon sang, mais qu'est-ce que c'était ? s'exclama l'adolescente en se relevant à son tour, davantage choquée qu'apeurée.

- J'en sais rien. »

Avant même que Marinette ou Adrien n'aient eu le temps de faire quoi que ce soit, des Lycéens se mirent à courir dans tous les sens dans la cours, et le regard de Marinette finit par remarquer un épaisse fumée s'échapper du réfectoire. Le self semblait avoir été complètement brûlé, éventré.

« Oh, merde. »

Oui, c'était le mot. Merde, merde, merde.

Marinette était quasiment certaine qu'il s'agissait d'un akumatisé. Et peu importe quel était son pouvoir, elle devait intervenir. Sous son alter-ego. Mais pourquoi diable le Papillon frappait-il toujours au moment où l'on souhaitait le moins sa venue ?!

Cependant, ceci était désormais bien le cadet des soucis de Marinette. En effet, elle devait trouver une excuse pour se défiler, pour échapper à Adrien, pour qu'elle puisse se transformer sans crainte.

« A-Adrien ? Je vais... heu... je crois que j'ai oublié mon agenda sur ma table, en cours ! Je reviens, je vais le chercher ! »

Le jeune homme retint cependant son amie d'une brusque poigne.

« Agenda ou pas, on s'en fout, tu dois te mettre en sécurité !

- Je me cacherai dans la salle de classe !

- Mais—

- Discute pas et va te cacher toi aussi ! »

Sans attendre une autre réponse du jeune homme, Marinette déguerpit et alla se réfugier dans les toilettes, après avoir bien sûr vérifié qu'il n'y avait personne. L'adolescente ouvrit alors sa sacoche et Tikki se mit à virevolter autour d'elle.

« Je vais finir par croire que le Papillon veut m'empêcher d'avouer mon amour à Adrien !

- Ta déclaration d'amour va devoir attendre, Marinette ! lança Tikki d'une petite voix. On dirait que le Papillon a décidé de faire de cette rentrée des classes, une rentrée mémorable.

- Je ne te le fais pas dire. Tikki, transforme-moi ! »

***

Adrien, qui avait regardé partir Marinette, pria pour qu'elle se mette en sécurité avant d'aller se cacher derrière un mur. Il ouvrit sa veste pour laisser Plagg sortir, et le kwami lui lança un regard désespéré.

« Pas maintenant ! C'est l'heure du déjeuner, c'est ma pause fromage ! Bien que j'avoue que toute cette tendresse entre toi et Marinette ait failli me couper l'appétit... beurk.

- C'est pas le moment de jouer les divas ! Plagg, transforme-moi ! »

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