CHAPITRE 1

CHAPITRE 1

7h du matin.

Le soleil se levait, zébrant le ciel de reflets roses et oranges, apportant une légère touche de poésie dans cette couverture d'un bleu généralement cyan. Les oiseaux chantaient leur douce mélodie pendant que le vent faisait s'agiter les branches au rythme de la douce brise qu'il s'amusait à créer.

Tout dehors semblait paisible et reposant.

Et pourtant, dans la chambre de Marinette Dupain-Cheng, c'était une toute autre atmosphère qui y régnait. En effet, la jeune fille courait d'un bout à l'autre de la pièce, farfouillant dans ses tiroirs, envoyant valser quelques affaires par ci par là, et ne cessait de répéter un très joli « merde mais c'est pas vrai » qui commençait sérieusement à donner un mal de tête naissant à sa kwami, Tikki.

« Marinette, calme-toi, il doit forcément être quelque part ! s'enquit la petite coccinelle en virevoltant autour de sa porteuse pour tenter de calmer l'angoisse qui l'envahissait peu à peu. »

Marinette ne l'écouta cependant pas –ou alors elle avait décidé de l'ignorer- et continua à courir à droite et à gauche en maugréant, en se tirant les cheveux, et en luttant contre une irrépressible envie de se taper la tête contre son bureau. Après tout, peut-être qu'un choc lui remettrait les neurones en place et lui ferait revenir sa mémoire ?

Parce que oui, la jeune étudiante avait malencontreusement perdu son téléphone, et elle en avait impérativement besoin pour joindre Alya. Elle avait, certes, pensé à demander à son père ou à sa mère de l'appeler sur son portable, mais celui-ci était malheureusement éteint –alors qu'il ne l'était habituellement jamais-.

Marinette avait tout bonnement l'impression que le sort s'acharnait sur elle, et voir le temps défiler sur son réveil ne la rassurait guère. Elle aurait déjà dû être partie au Lycée depuis cinq bonnes minutes, mais elle était toujours là, chez elle, à chercher quelque chose qui semblait littéralement avoir disparu.

La jeune fille finit par tomber à genoux et se donna une gifle.

« Comment je peux être aussi débile ?! Perdre mon portable le jour de la rentrée ! Non mais sérieusement, tu y crois, Tikki ? »

Temps de réflexion.

« Oh mon dieu, et-et si je ne le retrouvais pas ? Et si quelqu'un me l'avait volé ? La personne qui aurait mon téléphone pourrait voir toutes les photos que j'aies d'Adrien ! Et si on le mettait au courant ? Oh non non non, il va m'en vouloir jusqu'à ma mort et je n'aurai plus qu'à changer de visage et déménager en Australie ! »

Tikki soupira, agacée. Il fallait toujours que Marinette en fasse des tonnes, et ça, Tikki le savait très bien.

Finalement, les yeux de la kwami se dirigèrent vers la poche du jean de Marinette, et une forme rectangulaire interpella. La petite coccinelle vola jusqu'à atteindre la poche de sa porteuse, et tapa dessus avec sa petite patte.

« Heu... Marinette ? Je crois que ton téléphone portable est... dans ta poche. »

Perplexe, Marinette regarda Tikki pendant quelques secondes comme si un troisième œil lui avait poussé sur le front, avant de porter ses doigts à sa poche intérieur de son jean et... d'en extirper le fameux téléphone.

« Mais c'est une blague ??? Il était là depuis le début ? s'exclama Marinette, désespérée par son propre cas.

- Peu importe ! Tu l'as retrouvé, maintenant il faut que partes ! Tu es déjà en retard ! s'impatienta la kwami en portant ses pattes sur ses hanches, affichant une moue réprobatrice. »

Marinette, gênée, se gratta la nuque, fut prise d'un rire nerveux, ramassa ses affaires et sorti finalement de sa chambre, tout en ayant bien pris soin de prendre sa sacoche pour y cacher sa kwami.

L'adolescente descendit les escaliers à une vitesse éclaire, manqua de tomber plusieurs fois, mais finit malgré tout par arriver en un seul morceau au rez-de-chaussée. Sa mère, qui était en train de préparer la boulangerie pour son heure d'ouverture, lui lança un regard surpris, sourcil haussé.

« Marinette ?! Tu n'étais toujours pas partie ? Mais chérie, tu vas être en retard bon sang ! Le Lycée n'est pas comme ton ancien Collège, il faut prendre le bus et tu as quinze minutes de trajet !

- Je sais Maman ! Désolée, j'ai eu... un léger problème ! Mais c'est bon ! Bah heu... j'y vais !

- Attends, tu ne prends pas de quoi man—

- A ce soir !! »

Sabine n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que sa fille avait claqué la porte de la boulangerie et avait filé dans la rue. La boulangère se pinça l'arête du nez et soupira, mais un fin sourire étira ses lèvres. Sa fille resterait sa fille. Rien ni personne ne pourrait la changer. Et finalement, c'était peut-être mieux comme ça.

Une fois dehors, Marinette ne ralentit pas l'allure et continua à courir jusqu'à son arrêt de bus. Pendant un instant, elle crut qu'elle allait pouvoir retrouver Adrien quelques arrêts plus tard, avant de se souvenir qu'évidemment, c'était son chauffeur qui le conduisait au Lycée, et qu'il ne prenait pas le bus.

Première déception de la journée pour la jeune fille. Les deux jeunes gens s'étaient beaucoup rapprochés durant l'été. A la surprise générale, c'était Marinette qui avait fait le premier pas et qui, le dernier jour de Collège, avait proposé à Adrien d'aller voir un nouveau film qui venait de sortir au cinéma. Si au début, la jeune fille avait été tétanisée, avait complètement perdue ses moyens, et avait balbutié à chacune de ses phrases, elle avait fini par prendre de l'assurance, et... finalement, elle et Adrien s'étaient revus. Encore. Et encore. Pour au final se voir quasiment toutes les semaines.

Marinette gardait un très bon souvenir de cet été. Malheureusement pour elle, Adrien et elle étaient restés au stade d'amis, car elle n'avait toujours pas été capable de lui dire ce qu'elle avait réellement sur le cœur.

Du moins, jusqu'à aujourd'hui.

Car oui, Marinette avait enfin décidé de se lancer. Elle avait décidé que le jour de la rentrée au Lycée serait un nouveau départ pour tout. Pas seulement pour ses études, mais aussi pour sa vie sentimentale. Et pour être honnête, commencer l'année de Seconde en compagnie (en vraie compagnie) d'Adrien était plus que plaisant.

Perdue dans ses pensées, Marinette, qui était arrivée à l'arrêt de bus et attendait désormais le véhicule, ne vit pas directement le bus arriver, et se rendit compte au dernier moment que le chauffeur était sur le point de passer devant elle sans s'arrêter. Etant seule à son arrêt, Marinette se rattrapa au dernier moment et fit signe au conducteur d'un geste désespéré.

Au moment où les portes du véhicule s'ouvrirent et que Marinette commençait à monter les marches, elle se prit les pieds un de ses lacets qui s'était apparemment défait, et manqua de tomber face contre terre. La jeune étudiante lâcha un cri de surprise, se redressa rapidement en s'époussetant, et, morte de honte, se contenta d'aller s'installer à l'arrière du bus.

Une fois installée, elle s'adossa contre son siège, s'assura que personne ne la regardait, et ouvrit sa sacoche. Tikki lui jeta alors un air inquiet.

« Tu ne t'es pas fait mal, Marinette ?

- Moi ? Tu plaisantes ! Je suis plus robuste que tu ne le penses ! »

Marinette inspira profondément et attrapa son téléphone pour envoyer un SMS à Alya. Cependant, lorsqu'elle déverrouilla l'écran, elle se rendit compte que sa meilleure amie lui avait déjà envoyé quatre messages et avait tenté de la joindre deux fois.

Résignée à l'idée de tout expliquer par écrit à sa meilleure amie, la styliste en herbe se contenta d'appuyer sur la touche « appeler » et porta son téléphone à son oreille. Au bout de deux sonneries, la voix d'Alya retentit à l'autre bout du fil.

« Marinette ! Qu'est-ce que tu fous ? On t'attend là, on est devant le Lycée, il y a les fiches avec les constitutions des classes ! »

Le cœur de Marinette manqua un battement. Dans sa précipitation et noyée dans ses pensées, elle avait complètement oublié que la classe dont elle allait faire partie cette année, n'allait pas être identique à celle qu'elle avait connu au Collège. Il y avait huit classes de Seconde cette année. Autant dire que ses chances d'être avec Alya et Adrien étaient... moindres.

« Marinette ? Allôôôô ?

- Je suis dans le bus, j'arrive ! Je suis là dans dix minutes ! paniqua la jeune fille à la chevelure bleutée en commençant à s'agiter sur son siège.

- Grouille-toi !

- Tu veux peut-être que je dise au chauffeur d'accélérer et de louper la moitié des arrêts UNIQUEMENT pour moi ? ironisa Marinette, moitié morte de rire, moitié sérieuse. »

Alya lui répondit alors que si elle n'était pas là dans les minutes qui suivaient, elle lui botterait le cul à son arrivée, avant de raccrocher. Marinette regarda un instant l'écran d'accueil de son téléphone, avant de soupirer et de le ranger dans son sac.

Son cœur battait à tout rompre et menaçait d'exploser dans sa cage thoracique. Et si elle n'était ni avec Alya ni avec Adrien ? Ni même avec Nino, ou Rose, ou Juleka, ou Mylène, ou Alix, ou...

L'angoisse commença à s'influer dans ses veines, et Marinette fut contrainte d'inspirer profondément pour ne pas céder à la panique. Elle était une jeune fille sociale, oui, mais l'idée de passer l'année « loin » de ses amis, la tétanisait.

Pourtant, ses parents l'avaient mise au courant : huit classes de Seconde par environ trente élèves chacune, cela réduisait beaucoup ses chances de se retrouver avec quelqu'un qu'elle connaissait.

Finalement, le bus finit par arriver devant son Lycée, et Marinette sauta de son siège pour se précipiter vers les portes automatiques, et vola presque en dehors du bus. Une fois dehors, les pieds sur le bitume, elle prit un instant pour savourer les rayons du soleil qui lui caressaient la peau. Malgré le fait qu'ils soient désormais en Septembre, l'air avait encore une senteur estivale, ce qui n'était pas désagréable du tout.

« Marinette ! Houhouuuuu ! »

La styliste fit volte-face pour apercevoir Alya et Nino de l'autre côté de la rue. A leurs côtés se tenait Adrien, les mains dans les poches. Le jeune blond releva la tête et lorsque son regard vert métallique croisa celui de la jeune fille, son visage s'illumina et il lui fit un léger signe de main. Marinette sentit une vague de chaleur s'emparer d'elle, et elle se dépêcha de traverser la rue –en prenant soin de ne pas se faire écraser- pour retrouver ses meilleurs amis.

La jeune fille sauta dans les bras d'Alya, avant de faire la bise à Nino. Puis, timidement, elle s'approcha d'Adrien pour lui déposer un rapide baiser sur la joue. Adrien, lui, posa une de ses mains sur le bras de Marinette pour l'approcher près de lui.

« Je suis content de te voir, dit-il simplement d'une voix douce.

- M-moi aussi. »

Malgré le fait que Marinette ait passé beaucoup de temps avec Adrien durant ces deux derniers mois, elle restait tout de même la petite fille timide et amoureuse qui n'était jamais sure d'elle et qui peinait à mettre un pied devant l'autre lorsqu'elle se trouvait en face du garçon qu'elle aimait. Cependant, tout le monde avait noté qu'elle était en net progrès.

Marinette lâcha un sourire à Adrien, et ce dernier lui fit un clin d'œil en l'entraînant vers les listes de constitution des classes.

« Tu veux une bonne nouvelle ? s'enquit le mannequin en continuant à marcher jusqu'au mur où étaient accrochées les fameuses listes. »

L'adolescente hocha frénétiquement la tête, et se laissa guider par le blond. Lorsque tous deux furent arrivés à destination, Adrien passa ses mains dans le dos de Marinette pour la pousser jusqu'à une liste, celle qui affichait la constitution de la classe de Seconde 6.

Les yeux de Marinette repérèrent immédiatement le prénom et nom d'Adrien, étant donné que celui-ci était au sommet de la liste, ayant un nom de famille commençant par A. Avec angoisse, elle continua à descendre le regard, paniquée à l'idée de ne pas trouver son prénom. Or, lorsqu'elle arriva aux « D », elle hoqueta de soulagement en s'apercevant qu'elle était bien notée comme étant dans la même classe qu'Adrien.

Les yeux de Marinette pétillèrent brusquement et elle se mit alors à sautiller inconsciemment, avant de se jeter au cou de son camarade de classe. Surpris, Adrien se raidit pendant une fraction de seconde, avant de partir en fou-rire et de rendre son étreinte à son amie.

« Je ne sais pas si tu as vu, mais il y a aussi Alya et Nino dans notre classe, se sentit obligé de préciser le mannequin aux boucles blondes. »

Cette fois-ci, Marinette crut qu'elle allait mourir de soulagement. Ils se retrouvaient à nouveau tous les quatre, comme au Collège. Coïncidence, fruit du hasard, ou complot indéterminé, peu importe : tout ce qui comptait, c'était qu'ils soient tous ensembles.

Marinette sentit alors que quelqu'un lui tapotait l'épaule, et elle se retourna pour se retrouver face à face avec Alya, qui affichait un sourire éclatant.

« Tu comprends pourquoi je voulais que tu te magnes le derche ? Pour que tu vois cette constitution de classe de ma-la-de ! »

La bleutée partageait entièrement la joie de sa meilleure amie, et ce fut pourquoi les deux adolescentes se lancèrent alors dans une discussion frénétique. Chose qui eut vite fait d'agacer Nino et Adrien, qui s'écartèrent légèrement pour discuter entre eux à leur tour.

« Alors, alors, alors ? répéta Alya en agressant sa meilleure amie de question. Tu vas lui dire quand ? Comment ? Où ? »

Marinette se mit alors à agiter ses mains dans tous les sens, et elle se passa une main dans les cheveux.

« Oh et bien heu... je sais pas trop... je pensais lui dire quand je me sentirai prête !

- Ouais bah ma vieille, si on attend que tu te sentes prête, dans 50 ans on y est encore !

- Tu exagères ! s'exclama Marinette en croisant les bras sur sa poitrine avec un air faussement contrarié.

- J'avoue, j'exagère. 45 ans.

- Alya !! »

La métisse se mit alors à rire jusqu'à s'en donner mal aux côtes, et Marinette la rejoignit bientôt dans son fou-rire.

« Je te soutiendrai, quoi que tu fasses, poulette ! la rassura finalement Alya en la prenant dans ses bras. Ça va le faire ! »

Marinette rendit l'étreinte à sa meilleure amie tout en continuant de rire inlassablement.

Cette rentrée s'annonçait parfaite.  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top