Gravity

Voilà la suite avec je sais beaucoup de retard...
Bonne lecture

Ella-Jean

Je ne reconnais pas les premiers accords et apparemment, ni la foule autour de nous. 

Je me tourne vers Raph qui semble aussi surpris que moi. 

Depuis que je les connais, ils n'ont joué que des reprises. 

- Je ne savais pas qu'il composait... Je déclare choqué. 

Et qu'il était doué. 

- Il n'a jamais joué en public. M'apprend Raph impressionné. 

Sa voix est plus posée, il ne force pas et laisse les paroles et la mélodie nous envoûter. Je n'arrive pas à détacher mon regard de lui, de ses doigts sur la guitare qui jouent avec aisance, de son visage qui pour la première fois exprime la vulnérabilité qu'il essaie de dissimuler. 

Je le regarde et pour la première fois, je vois la personne qu'il est pour de vrai. 

Il enchaîne les chansons toutes plus belle et plus poignante les unes que les autres. 

Le retour à la réalité est douloureux, la musique s'est arrêtée et les filles près de la scène se mettent à hurler le nom de Shane pendant que celui-ci tout sourire retrouve une fille dans le coin de la pièce. 

Ils s'enlacent avant de s'embrasser devant tout le monde. 

Je sens la main de Raph prendre la mienne, mais je ne réagis pas. C'est quoi ça ? C'est qui ça ? J'ai envie de partir en courant, je ne peux pas, la main de Raph me maintient fermement et ce ne serait pas cohérent, après tout, c'est moi qui est mis fin à quoi que soit.

- Merde ! Jure Raph, le regard noir en direction du couple. Manquez plus qu'elle.

Bon, ben, il semblerait qu'il la connaisse, j'ai plus envie de faire la fête, ni d'écouter ses chansons, ni même de le voir. 

- Je vais rentrer. Je dis en dégageant la main de Raph, merci pour la soirée, mais je ne me sens pas très bien. 

Par chance, j'ai tellement pleuré aujourd'hui, qu'il ne me reste plus de larmes. Je m'apprête à débouler vers la sortie quand la voix de Shane dans mon dos m'arrête. 

- Tu pars déjà ? demande t-il joyeux. 

J'ai envie de le baffer, sérieux ? La fille tient son bras comme une bouée de secours, elle n'est pas moche, bien au contraire. Une grande rousse, fausse sans doute, à la poitrine généreuse et à la robe trop courte. Je ne m'attarde pas trop sur son visage trop peint. Elle porte du parfum fort qui me pique le nez. Elle ressemble à un mannequin avec ses longues jambes, ses pommettes hautes et son visage parfait. Elle me détaille de la tête aux pieds avec un sourire en coin dédaigneux. 

- C'est quoi ton look ? Gothique ou quelques chose du genre ? Elle demande en gloussant. 

Personne ne relève, Raph à croisé ses bras et défit du regard Shane qui n'a même pas remarqué la remarque. Je ne la connais pas, mais je la déteste déjà. Et les garçons qui ne disent rien, super.

- Ella-Jean, voilà Rosie... 

- Sa petite amie ! S'empresse-t-elle de finir toute joyeuse. 

- Encore unes ? Je laisse échapper agacé par cette fille. 

Je me tourne ensuite vers les garçons que je dévisage à tour de rôle lasse.

J'attrape ma veste posée sur le dosé de ma chaise. Je n'ai rien à faire ici, je mesure alors la différence qu'il y a entre eux et moi et pour la deuxième fois, je ne me sens pas à ma place autour d'eux. 

Je m'apprête à partir quand le corps chaud et presque squelettique de Kate vient se coller à mon dos et à ses bras s'enrouler contre moi. 

- Tu pars déjà ? Me demande-t-elle en attrapant ma veste. 

- On se verra demain en cours, je suis fatiguée. 

J'embrasse sa joue, récupère ma veste et cours presque vers la sortie. 

Quand j'arrive à la maison, maman est sur le canapé, un plaide sur les jambes et lit un livre tellement vieux que les écritures ont presque toutes disparu sur la première page de couverture. 

Je la rejoins abattue et me blottis contre elle un moment. Elle ne dit rien, se contente juste de me caresser les cheveux. Elle ne pose pas de question, elle ne relève même pas les yeux de son bouquin. 

La réalité me frappe alors en plein fouet, que je peux être stupide des fois, je ne suis que les pions des personnes qui m'entoure. Une bouée sur laquelle les autres se posent. 

Maman sent bon, comme toujours, mais son étreinte est fade, sans chaleur. Rien avoir avec grand-mère. Même papa avait ce quelque chose qu'elle n'aura jamais. 

Je me relève et comme un robot, je monte dans ma chambre, sur le passage, je m'arrête devant la sienne. Elle est grande ouverte, Mara y est allongée, elle ne dort pas, ses yeux rougis par les larmes fixe le plafond, elle tient dans ses mains une poupée de chiffon, j'enlève mes chaussures et vais la rejoindre. 

Elle capture ma main et l'apporte à ses lèvres humides.

En silence, je me calle contre son dos, c'est chaud, agréable et ça fait du bien. 

- Tout va se passer, on peut le faire. Murmure t-elle la voix enrouée.

J'ai la gorge serrée, ça fait trop mal, c'est trop douloureux.

Mon cœur se serre encore et encore, mais je ne peux pas craquer. Je dois être forte, pour Mara, pour grand-mère. 

Je finis par m'endormir. 

Le lendemain est plus dur que ce que j'aurais pu croire, les journalistes ont repris leur place devant la maison, maman est aigrie, elle doit bientôt repartir pour son tournage et voudrait m'embarquer avec elle. 

- Mara à tellement de choses à gérer, je ne vais pas n'ont plus lui incomber ta présence ! S'énerve-t-elle. 

- Mais je...

- C'est non-négociable Ella-Jean, à la fin du semestre, tu rentres à la maison.

Alors ?

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