Parcoursup : juste, vraiment ?
Re-bonjour !
L'autre jour, j'avais des tas d'idées géniales que j'ai oubliées pendant l'écriture de mon premier coup de gueule...
En ce moment, on travaille sur la justice en philo. Ça tombe bien, j'ai justement envie de râler à ce propos !
La justice ne repose pas sur l'égalité, comme on pourrait le supposer, parce qu'on est tous différents, donc ça n'aurait pas de sens de juger de la même manière deux personnes que tout oppose. "On ne juge pas des actes, on juge des personnes", me citait l'autre jour ma meilleure amie. En réalité, la justice repose surtout sur l'équité : on tient compte des différences entre individus.
Parcoursup est anonyme. Chaque candidat est un numéro, un dossier, deux-trois bulletins et une lettre de motivation. Comment voulez-vous juger des personnes, avec ça ?
Rien que les notes ne sont pas justes. Ce ne sont que des récompenses (ou des punitions) pour pousser l'élève au travail. Mais personne n'entre à l'école égal à tous les autres. Nous sommes tous nés dans des familles différentes, nous avons grandi différemment. Un élève en difficulté doit travailler plus, plus longtemps, plus dur, mais il ne réussira pas forcément mieux qu'un élève qui part avec des bases solides. Il aura de moins bonnes notes alors qu'il aura plus travaillé. Est-ce juste ?
Dans l'idéal, on devrait évaluer le chemin parcouru, et non le résultat final. C'est d'ailleurs ce que les profs de sport essayent de faire. Mais si vous comparez les efforts fournis et les notes correspondantes, rien qu'au sein de votre classe, vous voyez le problème arriver gros comme une maison : c'est trop compliqué, et les capacités d'un élève influencent beaucoup le jugement du prof...
Les notes ne sont pas justes, et pourtant elles sont à la base de la machine parcoursup. Combien de formations jugent vos résultats importants au point de peser pour plus de la moitié des critères de sélection des dossiers ? Sur les dix-sept vœux (et sous-vœux) que j'ai formulés, neuf d'entre eux prennent en compte mes résultats pour au moins 50% de leur sélection (et ce chiffre monte parfois jusqu'à 85% !). C'est énorme. Et c'est d'autant moins juste.
Ensuite, on vous demande un "projet de formation motivé". Évidemment, en plus, on choisit des mots compliqués pour une simple lettre de motivation... à ceci près qu'on vous ajoute une limite de caractères, histoire de pimenter un peu. Certains ici se plaignent déjà du manque de place dans leur bio : imaginez maintenant réduire votre vie à 1500 caractères. Stressant, non ?
Imaginez, en plus, que le français n'est pas votre langue maternelle. Que vos parents ne le parlent pas. Certes, votre prof principal se propose de vous relire, mais confieriez-vous votre avenir à cette personne bizarre (à commencer par le simple fait d'exercer ce métier...) que vous ne connaissez ni d'Adam ni d'Eve (et encore moins de votre arrière-grand-mère Marie-France) ?
Alors, vous voilà partis avec des bulletins un peu moches et une lettre de motivation bancale. Le bateau prend l'eau, mais il est encore possible de redresser la barre : voyons maintenant les "activités et centres d'intérêt"...
A nouveau, quand bien même vous auriez une vie aussi chargée que le Lapin Blanc d'Alice au pays des merveilles, cette fichue limite de caractères vous... limite, justement. Il faut choisir. Est-il plus important d'aider les vieilles dames à traverser la rue (et les vieux messieurs aussi, histoire de ne pas passer pour un c*nnard sexiste dès la première case à compléter) ou de faire du babysitting ? Vaut-il mieux sauver les hérissons ou gagner des concours de dessin ? Préciserez-vous que vous avez réussi à prouver, grâce à des compétences inégalées en physique, que la Terre est plate ?
Tous ces choix, si anodins soient-ils, sont les choix des éléments que vous ne montrerez pas, par manque de place. Et, évidemment, manque de pot, c'étaient ceux-là que la formation de vos rêves exigeait de vous.
Alors, vous restez là, les bras ballants, à maudire vos profs et votre parentèle qui ont pourtant fait au mieux pour vous conseiller, mais mal.
Et encore. Vous, au moins, vous aviez des trucs à dire, des bonnes actions à mettre en valeur. Seulement, certains sont moins chanceux, ils n'ont jamais eu l'occasion de faire du bénévolat, de recueillir un oisillon abandonné, de donner des cours à des gamins en CE1. Ceux-là accumulent les cases vides et descendent par la même occasion dans les classements.
On ne nous donne pas les mêmes chances au départ, et on s'étonne de ne trouver que les classes bourgeoises dans les meilleurs établissements. Qu'est-ce que c'est beau, le hasard !
Sur ce, je vous laisse, j'ai oublié où j'ai caché la corde...
Et puisse le sort vous être favorable ! *rire grinçant*
❤
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