Je dis pas bonjour parce que je suis méchante, mais le cœur y est !

Pour ceux qui m'écoutent un peu quand je parle, vous savez que je suis en terminale (et que je pleure toutes les larmes de mon corps à l'idée de quitter ce p*tain de lycée). Pour les autres, c'est une surprise, mais je vous épargne les paillettes.

Dans la dure réalité de la vie de terminale, on compte le bac (aïe), l'orientation (re-aïe), parcoursup (AÏE et chute dans un escalier de 654387 étages). D'ailleurs, comme je ne respecte pas parcoursup, il n'aura pas droit à sa majuscule, na !

Tout le monde (en tout cas l'éducation nationale) vous dira que parcoursup est un outil génial, avant, les élèves devaient se renseigner par eux-mêmes (les pages jaunes mouhahahhaha), papier stylo et tralala. Certes, c'était pas pratique. Mais au moins, il y avait un contact humain.

Parcoursup, donc, c'est une superbe interface, avec un calendrier stressant à respecter (d'ailleurs, comme il s'écoule trois mois entre les vœux et les réponses, tu as le temps de changer cinq fois d'orientation d'ici là...), une limite de caractères pour tes lettres de motivation (donc certaines formations vous jettent dehors parce que vous n'avez pas eu la PLACE de chanter leurs louanges), et, surtout, des résultats qui tombent : "candidature acceptée" (si vous avez de la chance), "candidature en attente" (si vous êtes un peu moins chanceux), "candidature refusée" (= pauvre petite merde, retourne à la crèche).

Rien d'autre. Bien sûr, vous avez "droit à l'information" à propos du rejet d'une candidature. Enfin, sous réserve que vous ayez de quoi payer le timbre d'une enveloppe qui va traverser la France juste pour savoir pourquoi on vous a traité de merde à mots couverts, avec l'inflation galopante et une Poste à peu près aussi ponctuelle et fiable que ma boîte mail (laposte.net, et après je m'étonne !) ou mon téléphone (qui n'a jamais compris la fonction "message lu" ni "me renvoie pas mes messages reçus il y a cinq jours, crétin !"). Vous resterez donc une pauvre merde qui n'a rien compris à son incompétence, quoi.

Et encore, je râle mais j'ai de la chance. Mon premier vœu m'a jetée comme la vieille chaussette grise à flocons que j'ai perdue chez ma grand-mère il y a quelques années, sans doute coincée à jamais derrière la machine à laver. Mais moi, j'ai eu aussi des vœux chouettes, avec mon troisième vœu accepté et mon deuxième en liste d'attente.

Tout le monde n'a pas cette chance (ni un aussi beau dossier, il faut dire).

J'ai une amie marocaine. Quand elle est arrivée en sixième, elle ne parlait pas français. C'est une personne extraordinaire, pleine de surprises, et passionnée dans tout ce qu'elle fait. Elle rêve d'être médecin généraliste depuis des années. Elle n'a pas forcément les meilleures notes du monde, mais c'est une battante, du moins quand on lui en donne la possibilité.

Ses notes ne sont pas géniales. Sa lettre de motivation, sans doute pas non plus. Mais moi, maintenant que j'en parle, ça me rappelle surtout ce que disait mon prof de philo mercredi : "les notes, c'est pas juste. Tous les élèves ne partent pas du même point, et ce n'est pas juste de mettre une meilleure note à un élève qui a très bien réussi en travaillant peu car il a de bonnes bases qu'une moins bonne note à un élève qui n'a pas aussi bien réussi alors qu'il a travaillé si dur pour y parvenir. On devrait évaluer le chemin parcouru, et non le point d'arrivée. Mais ça, c'est humainement impossible."

Alors, jugez-la, cette fille qui a appris en trois ans ce que j'ai appris en douze ans. Jugez-la, jugez ses notes tout juste moyennes, jugez ses larmes et son dépit devant les résultats qui sont tombés sur parcoursup hier. Jugez la déception de cette fille qui n'a pas obtenu les formations dans lesquelles elle aurait pu réaliser ses rêves et s'épanouir enfin vraiment, alors que son dossier n'était franchement pas bon. Jugez, mais laissez-la tranquille. Elle mérite mieux.

Parcoursup, c'est une interface impersonnelle, un algorithme qui annonce aux élèves qu'il faut enterrer leurs rêves. Un médecin, quand il vous dit que vous avez une maladie grave, il vous le dit les yeux dans les yeux. Ou au moins par courrier. Là, non. Allez tous vous faire foutre. Vous êtes des merdes, pourquoi on s'abaisserait à s'adresser à vous comme à une personne et non par votre numéro de dossier ?

Vous voulez savoir pourquoi le virtuel ne remplacera jamais le contact humain ? Cela revient juste à se demander s'il est décent de participer à un enterrement en visioconférence.

Alors, allez le demander à cette fille dont une petite bande de cons (pardon, de profs qui ont regardé vite fait son dossier et décrété qu'elle ne correspondait pas à leurs attentes) a piétiné l'avenir. Mais pas à moi.

Sur ce, je vais retourner pleurer dans mon coin (et consulter parcoursup). Je vous laisse. Partez faire le tour du monde, aimez-vous, riez, mais jamais, jamais ne confiez votre avenir à une machine, même s'il y a des gens derrière.

(enfin, vous êtes un peu obligés, mais bon...)

Bisous !

❤