Chapitre Unique

Bonjour 😊

L'OS qui suit est écrit dans le cadre du défi du/des printemps/cerisiers des defisenpagaille qui consistait à être descriptif. Et comme j'aime bien me mettre des petits chalenges de temps en temps, j'ai décidé de ne faire que ça. Du coup, voilà un OS de plus de 5000 mots sans aucun dialogue, complétement narratif et descriptif ! J'espère qu'il vous plaira 🤞

Bonne lecture 🥰

° ° °

D'un pas énergique, son sac en bandoulière, il se dirigea vers l'aile ouest du bâtiment, ne prêtant pas attention à l'effervescence soudaine autour de lui. Les cours venaient de se terminer à la grande faculté de Yuei, et ses élèves sortaient progressivement des salles de classe et amphithéâtres afin de rentrer chez eux après une journée bien chargée. Les couloirs s'emplissaient de brouhaha en tout genre, allant des rires graves des garçons de l'équipe de football américain aux cris de reproches d'une jolie blonde envers son probable petit ami qui, visiblement, ne savait plus où se mettre au vu de son regard fuyant. Un professeur réprimanda également un couple qui se bécotait un peu trop passionnément contre un des casiers, la jambe à demi dénudée de la demoiselle remontée sur le haut de la hanche du jeune homme, tandis que les sonneries de plusieurs téléphones essayaient de se faire entendre par-dessus cette cacophonie.

Cependant, tout cela l'indifférait au plus au point. Oui, Izuku Midoriya avait d'autres préoccupations en tête. Il avait surtout une destination différente. Avec une agilité toute relative, il slaloma entre chaque groupe, remontant le couloir dans le sens opposé de ses camarades. Ses propres cours étaient terminés et comme presque tous les soirs, ses pas le menèrent loin de l'agitation, à l'arrière de la bâtisse, jusqu'au studio photo qui s'avéra désert, à son grand soulagement. Pas qu'il n'était pas sociable, loin de là, c'était plutôt l'inverse. Ses amis disaient même qu'il était un peu trop bavard parfois. Mais, lorsqu'il venait ici, dans cette salle coupée en deux pièces, il appréciait se retrouver seul avec ses photographies.

Depuis tout petit, c'était sa passion. Déjà à l'époque, il adorait s'asseoir sur le canapé, sous un plaid bien chaud en hiver ou dehors à l'abri de la pergola en été, et feuilleter les albums que regorgeait la bibliothèque de ses parents. Pour dire vrai, cette fascination pour ces images figées dans le temps, il la tenait de son père. Celui-ci, photographe professionnel renommé dans le milieu, passait son temps à les immortaliser sous toutes les coutures, sa mère et lui, quand il n'était pas en voyage pour le travail. Certains de ses clichés d'événements marquants de mère nature avaient fait le tour du monde, telle que l'éruption d'un super volcan, les dégâts causés après le passage d'un tsunami ou la force colossale d'une tornade dévastant tout sur son chemin. Son truc à lui, c'était la beauté que l'on peut trouver dans une abeille qui vient butiner un coquelicot, dans une goutte d'eau qui dégringole de la feuille d'un arbre ou du temps que met un cerisier à fleurir. La nature était la plus photogénique des modèles et Hisashi Midoriya ne se lassait jamais de le montrer à son fils.

Il se souvenait très bien du jour où il avait reçu son premier appareil photo. Cela remontait au Noël de ses dix ans. Il s'était réveillé bien avant l'aube, mais était resté dans son lit à trépigner d'impatience en attendant que ses parents se lèvent pour enfin descendre quatre à quatre les marches jusqu'au rez-de-chaussée, où de nombreux cadeaux attendaient sous le magnifique sapin, décoré par sa mère et lui quelques semaines plus tôt. Ses parents l'avaient accueilli avec un sourire, une tasse de café en main et, dans l'euphorie de ce matin de Noël enneigé, il avait ouvert ses présents, découvrant le fameux appareil. Celui qui trônait habituellement dans la vitrine du bureau de son paternel et dont il avait toujours eu l'interdiction d'y toucher. Des étoiles dans les yeux, son père l'avait réceptionné au creux de ses bras avec un doux rire avant de lui expliquer qu'il le pensait maintenant assez vieux et responsable pour hériter de son tout premier appareil photo.

Ce n'était pas un appareil dernier cri. Oh non...Mécanisme à roulette pour remonter la bande, développement des photos dans les bains sous lumière noire et séchage sur un fil. Clairement, il datait d'une autre époque. Mais Izuku avait toujours trouvé que cela donnait un charme singulier aux clichés quand ils étaient réussis. De son point de vue, les portraits et paysages n'en étaient que plus réalistes tant les couleurs se rapprochaient de la réalité. Et le noir et blanc, bien plus authentique.

Durant plusieurs mois, il avait écouté et regardé son père lui expliquer l'utilisation de cet appareil : comment changer la bande, comment cadrer l'objectif au vu de la luminosité pour une parfaite photo, comment les développer dans les différents bains avant de les faire sécher...Un long processus qui avait porté ses fruits, car, à présent, chaque cliché fait avec cet appareil était réussi. Nombreux étaient ceux qui prenaient place sur les murs de sa chambre, envahissant progressivement toute la pièce.

Oh, bien sûr, au fil des années, il avait acquis bien d'autres appareils tels qu'un polaroid ou des numériques pour aller avec son temps. Il devait bien avouer que ces derniers étaient pratiques, fonctionnels et, surtout, le développement, d'une rapidité remarquable. Néanmoins, il ne sortait jamais sans son plus vieux camarade, la lanière en cuir usagée passée autour de son cou lors de ses diverses aventures.

Et c'était exactement pour cela qu'il venait de passer la porte du studio photo : développer les clichés de sa dernière excursion. Et il avait grande hâte de voir le résultat ! Cette sortie avait été magique et notamment...romantique à souhait.

Rien que d'y penser, une douce chaleur s'infiltra au creux de son ventre et le rouge lui monta aux joues. Oui, ce weekend en pleine forêt, à bivouaquer avec son petit ami, avait été parfait. Et propice à la photographie.

Déposant son sac à même le sol, il y récupéra son vieil appareil ainsi qu'une des pellicules, et se dirigea vers la pièce attenante. À cette heure-ci, un vendredi soir, personne ne viendrait le déranger, les autres élèves préférant sortir boire un verre pour célébrer la fin de semaine. Cela lui arrivait aussi de temps en temps. Un bar, la terrasse d'un café, l'herbe tendre d'un parc pour pique-niquer : il aimait bien retrouver ses amis dans un contexte différent des cours. Or, aujourd'hui, il voulait absolument développer les photos de son weekend en amoureux. Il avait hâte de voir le visage de son Katchan piégé à jamais sur du papier glace.

Il s'enferma alors dans la pièce après avoir allumé la lumière noire et ne perdit pas de temps avant de sortir son appareil de son étui de protection. Assis sur l'un des tabourets présents, il le retourna tel le plus précieux des objets, l'ouvrit puis en sortit délicatement la bande qu'il observa entre ses doigts quelques instants. Il n'y était pas allé de main morte en termes de clichés, la pellicule était pleine et la deuxième attendait patiemment son heure pour se faire développer, toujours protégée dans sa petite boîte. C'était difficile de savoir si ces photos étaient réussies, car une fois cliqué sur le bouton, impossible de les visualiser ou de les supprimer comme sur un numérique. Alors, il ne perdit pas une seconde de plus et, enfouissant ses écouteurs dans les oreilles afin de se concentrer avec un peu de musique douce, il se mit au travail.

Avec des gestes précis et habitués grâce à des années de pratique sous l'œil averti de son paternel, mais non moins précautionneux, il procéda étape par étape. Durant plus d'une heure, il jongla entre les différents bacs de produits, fredonnant du bout des lèvres et son corps bougeant doucement tout en suivant la musique. Il était dans son monde, dans sa petite bulle. Celle qui le réconfortait et le rassurait lors de coups durs, dans des moments de stress ou de doute. Cela avait toujours été un refuge, son échappatoire.

Une fois qu'il fut arrivé à la fin du processus, il accrocha les clichés un par un sur le fil suspendu d'un bout de la pièce à l'autre afin de les faire sécher puis se réinstalla sur le tabouret dans un coin pour patienter. En faisant attention à ce que la lumière n'endommage pas les photos, il sortit son téléphone et constata que Katsuki lui avait envoyé un message lui demandant comment s'était passée sa journée. Avec un sourire attendri et le cœur gonflé d'amour, il déverrouilla l'écran puis, avant de répondre, observa quelques instants son fond d'écran.

Comme à chaque fois, celui-ci lui décocha un sourire amusé. Un selfie capturé quelques semaines auparavant qui les représentait tous les deux dans la cuisine de son copain. Lui, souriant malicieusement à l'écran, et Katsuki, une louche à la main, pestant contre lui d'avoir été photographié à son insu, juste vêtu d'un tablier par-dessus un simple caleçon. Ledit sous-vêtement qui n'avait pas fait long feu après sa réflexion, affirmant qu'il aurait préféré être accueilli de bon matin avec seulement le tablier pour vêtement. Katchan avait un cul d'enfer, c'était un sacrilège de le cacher !

Katsuki et lui, ça ne datait pas d'hier. Même si cela faisait maintenant presque deux mois qu'ils sortaient ensemble, ils se connaissaient depuis l'enfance. Habitant dans le même quartier, ils s'étaient rencontrés en première année de maternelle. Malgré leurs tempéraments complètement différents, ils s'étaient tout de suite entichés l'un de l'autre comme pouvaient l'être des bambins de trois ans. Tout naturellement et inconsciemment, Katsuki avait vu en Izuku, de caractère doux et avenant, quelqu'un à protéger, tandis qu'en Katsuki, fier et déterminé, Izuku avait trouvé quelqu'un à suivre, tel un héros défiant le monde envers et contre tous. En peu de temps, ils étaient devenus inséparables et cette amitié perdura et s'intensifia au fil des années sous l'œil attendri de leurs mères respectives, également devenues amies à force de se côtoyer pour leurs rejetons.

Copain, ami, meilleur ami, confident...ils avaient toutes les étiquettes. Pas un jour ne passait sans que l'un ne parle de l'autre. Même lorsqu'ils ont chacun choisi une fac différente, ce lien a persisté. Ils se racontaient leurs journées par messages et se voyaient les weekends dès qu'ils pouvaient. La seule étiquette qu'Izuku n'avait pas vu venir, c'était celle de l'amoureux. Et celle-ci provenait de Katsuki.

Une histoire d'invitation lors de la Saint-Valentin avait tout mis en lumière. Izuku se souvenait encore très bien de ce jour, placé sous le signe du romantisme pour les couples. Une de ses camarades de classe lui avait offert, les mains tremblantes et le regard quelque peu fuyant, des chocolats et une carte lui avouant d'une petite voix son intérêt. Pris au dépourvu par cette soudaine déclaration, il ne sut d'abord pas comment répondre, bégayant des mots sans queue ni tête, avant de finalement décliner poliment tout en s'excusant platement. Il ne nourrissait pas les mêmes sentiments envers elle, mais cette jeune femme méritait de l'honnêteté pour le courage dont elle avait fait preuve en venant lui parler.

Pour dire vrai, il se cherchait encore. Il lui était déjà arrivé de regarder avec gourmandise les courbes voluptueuses d'une femme tout comme le torse parfaitement sculpté d'un homme. Il se laissait voguer ici et là, là où son désir le portait, même s'il avouait avec timidité (et un peu de honte) qu'il n'avait eu que très peu d'histoires et le plus souvent avec la gent féminine. Il avait toujours un peu de mal à se dire qu'il pouvait plaire à quelqu'un, lui, le timide et maladroit de service. Pourtant, Katsuki lui répétait constamment à quel point il avait tort et qu'il avait un charme fou avec sa bouille rebondie piquetée d'éphélides qui s'épanouissaient sur son corps telles des constellations, ses boucles brunes perpétuellement en bataille et ses grands yeux verts où se reflétait la lumière en de milliers de nuances.

Avant, il ne comprenait pas. Il prenait ces paroles pour du réconfort et des encouragements venant de son meilleur ami, rien de plus. Comme il avait pu se fourvoyer ! Et il avait enfin ouvert les yeux lorsqu'il l'avait retrouvé ce même jour, à la sortie de la fac, les chocolats et la carte toujours en main. Sous le questionnement de Katsuki vis-à-vis de ces présents, il lui avait expliqué d'où tout cela venait et l'avait vu progressivement se décomposer. Son sourire s'était fané et un air triste avait pris place sur ses traits. Mais avant qu'Izuku n'ait pu lui expliquer qu'il avait refusé les avances de cette fille, Katsuki avait alors déclaré, dans un souffle et les joues rouges, qu'il aurait dû être le premier. Et, tel un sourd qui soudainement se met à entendre, Izuku avait compris.

Piquant un fard tout comme lui, il n'avait su que répondre. Néanmoins, la chaleur qui s'était petit à petit installée au creux de son ventre pour devenir des fourmillements agréables lui mirent la puce à l'oreille que les sentiments de son Katchan pouvaient être réciproques. Comme il avait pu être aveugle ! Il avait été si naïf. Alors, tandis que Katsuki commençait à paniquer face à son mutisme, il lui avait répondu qu'il aurait aimé, lui aussi, qu'il soit le premier à se déclarer.

À partir de cet instant, leur relation prit un tout autre tournant. Elle évolua doucement, tel un bourgeon se transformant en fleur. Se connaissant par cœur, ils apprirent à se découvrir d'une autre manière : les gestes se firent plus tendres, les mots plus doux, les nuits plus intimes. Ils prirent leur temps pour apprivoiser ce nouveau lien entre eux. Et depuis, Izuku nageait dans le bonheur complet.

Revenant au présent, il répondit au message de Katsuki, le tout avec pleins de cœurs, avant de ranger de nouveau son téléphone et de vérifier où en était le séchage des clichés. Hum...ça avait l'air d'être bon. Alors, il décrocha les photos une à une, rangea la petite pièce et retrouva la salle adjacente où il se laissa glisser le long du mur près de son sac afin de les contempler.

La première de la pile représentait Katsuki sur un petit sentier de terre, bordé d'arbres aux feuilles d'un vert éclatant et aux fleurs de toutes les couleurs. Il était tourné vers lui et lui tendait la main dans une invitation muette à le suivre, un sourire tendre accroché aux lèvres. Les rayons du soleil perçaient le feuillage et tombaient sur lui, l'auréolant de lumière, comme pour lui montrer qu'Izuku pouvait avoir confiance en lui tel un guide et qu'il ne pouvait avoir d'yeux que pour lui. Et c'était le cas. Izuku avait une confiance aveugle en son Katchan et était prêt à le suivre partout où bon lui semblerait, même pour une nuit en pleine nature, lui qui préférait largement le confort de son lit douillet.

Son cœur avait caracolé face à ce sourire, comme à chaque fois que Katsuki lui adressait cette expression, et d'un geste empli de détermination, il avait glissé sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts, avant de se mettre en route.

Flash Back

Main dans la main, ils marchèrent durant un bon moment, discutant de temps à autre, mais profitant surtout de la quiétude et du silence de la forêt. Les oiseaux chantaient à qui mieux mieux, égayant l'atmosphère d'une mélopée agréable, une légère brise s'engouffrait dans les feuillages faisant bruisser les feuilles et le soleil montait progressivement dans le ciel, emmenant avec lui sa douce chaleur. Lorsqu'il atteignit le zénith, ils s'arrêtèrent pour grignoter les sandwichs qu'ils avaient préparés, assis à même le sol, sur un petit carré d'herbe. Les sous-bois sentaient bon la mousse et la terre encore humide de la rosée du matin et, les yeux fermés, Izuku en apprécia les odeurs. C'était relaxant. Dépaysant. Loin du bruit constant de la ville.

Quand il les rouvrit, son regard tomba directement dans celui grenat de Katsuki qui l'observait avec intensité. Depuis toujours et encore plus depuis qu'ils étaient en couple, la façon dont le blond le regardait lui filait le rouge aux joues à chaque fois. Il avait l'impression qu'il pourrait fondre, telle la neige au soleil, sous le feu de ses pupilles rubis et Katsuki l'avait bien compris, profitant de la moindre occasion pour le déstabiliser. Dans le bon sens du terme. Quand son Katchan le regardait comme ça, comme s'il était la chose la plus importante et belle qu'il lui était donnée de voir, Izuku avait juste envie de se jeter à son cou et de l'embrasser à en perdre haleine afin de noyer, ou plutôt, d'attiser le feu qui menaçait d'imploser au creux de son ventre.

C'était l'effet Katsuki Bakugo. Une tempête qui ravageait son cœur.

Le ricanement de son copain le sortit de ses pensées et il s'empourpra de plus belle. C'est qu'il faisait chaud aujourd'hui ! Sous les taquineries du blond auxquelles Izuku avait appris à répondre avec répartie, ils reprirent leur route, toujours main dans la main, leurs sacs à dos un peu plus légers. Durant le reste de l'après-midi, alors que le soleil haut dans le ciel dardait ses rayons, il écouta avec attention Katsuki lui parler de la biodiversité de la forêt. Du nom des oiseaux qu'ils pouvaient entendre ou voir de temps en temps, des arbres qui peuplaient les lieux, du type de poissons présents dans la rivière qu'ils devinaient un peu plus loin.

Étant petit, et aussi étonnant que cela puisse paraître, le blond avait intégré les scouts dès l'âge autorisé. Là où Izuku passait du temps avec son père à prendre en photo la nature, Katsuki apprenait à connaître ceux qui y vivaient. Mais aussi à savoir s'orienter sans boussole, à monter un campement et à faire du feu sans allumette ni briquet, entre autres. C'est pourquoi, à présent, à vingt-deux ans, il pouvait emmener son petit ami, photographe et casanier, camper au fin fond de la forêt sans problème. Celle-ci n'avait plus de secret pour lui.

Tout au long de leur escapade, Izuku mitrailla la nature de son appareil photo. La mousse sur le tronc d'un arbre fit une parfaite top-modèle. Sa couleur verte, tirant plutôt sur le vert d'eau, attirait instantanément l'œil et sa forme, assez particulière, trouva Izuku, donnait l'impression que des flocons de neige avaient cristallisé sur l'écorce. Katsuki lui apprit qu'il s'agissait là de lichen et que celui-ci ne poussait que sur les vieux arbres ou morts, car une écorce inégale et crevassée faisait un meilleur support qu'une écorce jeune et lisse. Un chevreuil, qu'ils purent observer de loin, passa aussi sous l'objectif. Si Katchan ne lui avait pas fait remarquer, il ne l'aurait pas vu, car son pelage brun le dissimulait parfaitement dans l'environnement. Il était tranquillement en train de déguster quelques feuilles d'un petit bosquet, ses longues oreilles se mouvant d'avant en arrière, signe qu'il était attentif au moindre bruit. 

Le clic se fit juste à temps avant qu'il ne se carapate dans les fourrés sous les yeux ébahis et le sourire du plus petit. Néanmoins, le meilleur mannequin fut de loin Katsuki. Izuku se fit un malin plaisir à photographier tous ses faits et gestes et il était certain que tous les clichés seraient réussis. Katchan avait une plastique parfaite.

Son visage possédait des traits alternants entre finesse, par son nez droit, et dureté, par sa mâchoire carrée, le tout rehaussé par un regard rouge incandescent, lui donnant un quelque chose d'unique. Ses cheveux tiraient plus sur le cendré que sur le blond et étaient d'une douceur sans nom. Izuku adorait passer ses doigts dedans lorsqu'ils regardaient un film, la tête de Katsuki posée sur ses genoux. Dans ces moments-là, celui-ci en ronronnerait presque.

Le brun se trouvait déjà pas mal grand avec son mètre soixante-dix-huit, mais son amoureux dépassait le mètre quatre-vingt-cinq, voire quatre-vingt-dix. Sa grande taille était soulignée par un buste aux larges épaules, continuées par des bras aux muscles développés où fleurissaient divers tatouages, et son ventre était jalonné d'abdominaux saillants qu'il entretenait régulièrement à la salle. Izuku l'avait quelquefois accompagné pour des séances et c'était un régal pour les yeux de le regarder se démener, la sueur faisant luire sa peau légèrement halée de nature.

Cependant, même si son physique plus qu'avantageux était quelque chose qui faisait accélérer le cœur d'Izuku à chaque fois, son caractère le faisait fondre également. Katsuki était, comme il l'aimait bien l'appeler, un « ours mal léché au cœur de guimauve ». Le blond était toujours en train de râler, de gueuler et prêt à étriper le premier venu qui le faisait chier. Il se montrait grossier, était têtu comme une mule et rancunier. Néanmoins, derrière son tempérament explosif, se cachait quelqu'un d'assez sensible, attentionné et étonnement fleur bleue, en restant dans la limite du raisonnable quand même, « fallait pas déconner ». Une fois la coquille percée, Izuku avait pu profiter de son côté romantique, comme le prouvait ce weekend en amoureux.

Il n'y avait pas à dire, le brun était chanceux d'avoir un homme tel que lui pour petit ami.

Quand vint la fin de l'après-midi, vers 17h30, après de nombreuses heures à crapahuter, car la forêt se trouvait en flanc de montagne, ils arrivèrent enfin dans une petite clairière d'herbe grasse, entourée d'arbres et de fleurs, et où une cascade tombait dans un minuscule lac avant de serpenter et de s'éloigner en petit cours d'eau entre les conifères. Le soleil commençait doucement sa descente derrière les sous-bois, diminuant progressivement la luminosité, tandis que les prémices de la lune pouvaient déjà s'apercevoir dans le ciel. Quelques nuages s'étaient teintés de rose et d'orange et leurs aspects cotonneux donnaient envie de se prélasser dedans, tel un cocon de douceur. De grands et fiers cerisiers en fleurs embaumaient l'air de leurs parfums entêtants et donnaient de douces touches de couleur parmi le vert des arbres. C'était magnifique.

Et c'est ce qui sortit de la bouche d'Izuku, les yeux brillants face au paysage qui se trouvait devant lui, qu'il prit directement en photo. Ce à quoi Katsuki répondit par un « C'est toi qui es magnifique » accompagné d'un sourire en coin, avant de se faire doucement frapper l'arrière de la tête par son petit copain, rouge d'embarras. L'atmosphère s'emplit d'une saveur particulière lorsque le rire grave et profond du blond se fit entendre alors suivi par celui bien plus cristallin d'Izuku. Ce début de week-end commençait bien.

Son rire mourut soudainement contre les lèvres chaudes de Katsuki qui venait de le choper par la nuque et il se laissa volontiers entraîner dans un baiser langoureux quand le blond demanda l'accès de sa langue. Son goût sucré investit sa bouche, titilla ses papilles avec gourmandise, et l'odeur caramélisée de sa peau lui satura les narines. Tout bonnement addictif. Y'avait pas à dire, Katchan embrassait divinement bien !

Puis, Katsuki mit fin à leur étreinte, laissant un Izuku à bout de souffle et les joues rougies d'envie, avant de déclarer qu'ils campaient ici et d'attraper son sac à dos. Une tente pliée y était accrochée et, d'un geste dans l'air, il la lança devant lui. Celle-ci se déplia d'un coup puis atterrit sur le sol dans un petit bruit de plastique. Le « Allez, au boulot » sortit Izuku de ses pensées qui s'étaient égarées quelque part entre les bras et sur la bouche du blond. Quelle idée de le chauffer comme ça aussi !

En quelques minutes, sous les instructions de Katsuki, la tente était montée (enfin, ils l'avaient surtout accrochée au sol avec des piquets), les matelas déroulés et installés à l'intérieur, accompagnés de leurs duvets, et à présent, le blond lui apprenait à faire un feu. Néanmoins, il devait avouer que celui-ci était bien plus doué que lui. Il ne réussit même pas à faire une petite étincelle. Rien. Nada. C'était déprimant. Mais Katsuki le rassura d'un baiser sur la tempe et une fois qu'il reprit les choses en main, ils purent admirer les flammes s'élever de plus en plus pour atteindre un feu plutôt correct.

Assis près de celui-ci, ils sortirent alors le reste des provisions de leurs sacs. Des salades préparées et mises en tupperwares par Inko, la maman d'Izuku. Et c'est ainsi qu'ils dînèrent, observant le soleil se coucher derrière les arbres et le ciel se remplir progressivement d'étoiles. La température chuta également, provoquant des frissons à Izuku. Ce fut à ce moment-là que Katsuki décida qu'il était temps d'aller se coucher, car il lui réservait une surprise demain, mais il fallait se lever tôt. Alors, après avoir donné encore du bois au feu pour qu'il tienne un maximum, ils s'allongèrent et s'emmitouflèrent dans leurs duvets bien chauds.

Cependant, les bruits de la nuit stressèrent Izuku qui n'avait aucunement l'habitude de les entendre. Le chant des grillons, le craquement des branches, le hululement d'un hibou, le crépitement du feu près d'eux...tout cela l'angoissait et il se colla à Katsuki, y cherchant protection et réconfort. C'était sans compter le flegme de son amoureux qui lui lança un fort sympathique et non moins alléchant « t'as qu'à t'occuper de moi, ça t'changera les idées ». Et alors Izuku lui fit l'amour aussi tendrement que passionnément. Il se perdit dans son souffle chaud qui électrisa sa peau de millier de frissons, dans la cambrure de son dos sous ses mains qui s'agrippèrent à ses hanches avec force, mais également dans ses murmures érotiques au creux de son oreille qui le rendaient toujours plus fou de désir, et dans son intimité serrée lors de ses coups de reins qui se firent plus brusques au fil des minutes. Quand la jouissance les faucha tous les deux, c'est essoufflés, mais heureux qu'ils profitèrent d'un câlin dans les bras l'un de l'autre avant de s'endormir sereinement, le sourire aux lèvres.

Ce fut une sensation chaude et douce qui le sortit de ses songes. Difficilement, il papillonna des yeux et tomba dans ceux de son copain qui le regardait amoureusement, ses doigts faisant des allers-retours sur son bras dénudé. Dans la nuit, il avait eu tellement chaud dans les bras de Katsuki - une vraie bouillotte sur pattes - qu'il fut obligé d'enlever le sweat qui le recouvrait. Le blond s'excusa de le réveiller si tôt, même pas 5h du matin, mais il avait quelque chose à lui montrer qu'il lui plairait, c'était certain. Alors, les yeux encore plein de sommeil, il se rhabilla, mis ses chaussures, et suivit Katchan en dehors de la tente tout en embarquant son appareil photo sous les conseils de son petit ami. Ils prirent la direction de la forêt, juste à côté de la cascade où le bruit de l'eau qui s'écoule aurait pu le rendormir direct, puis s'y enfoncèrent, suivant le petit sentier avec leurs lampes torches. Collé à lui, Izuku n'en menait pas large dans cette obscurité. La forêt la nuit, dans une tente, c'était une chose. Y marcher, c'en était une autre...Qu'est-ce que Katsuki lui faisait faire, franchement !

Cependant, il ravala ses jérémiades sur le point de franchir ses lèvres quand ils arrivèrent près d'une petite falaise où, à l'horizon, la lueur de l'aube pointait le bout de son nez. Surpris, il tourna la tête vers Katsuki qui afficha un sourire en coin, satisfait de sa réaction et laissa couler un « ton premier lever de soleil, profites » tout en déposant un baiser sur sa tempe. Et Izuku ne se gêna pas. Appareil en main, il photographia, tantôt de son vieux camarade, tantôt avec un numérique, le soleil amorcer sa montée, se découvrant progressivement.

En contrebas, une seconde rivière, plus grande et large que l'autre, s'écoulait paresseusement entre coins de verdure et forêt dense. Un groupe d'oiseaux s'envola d'un grand arbre et remonta en chantant les eaux paisibles sans savoir qu'il venait de se faire photographier d'un clic. Quand le soleil apparut enfin à l'horizon, ses rayons percèrent l'obscurité environnante et tout devint magnifique. L'eau se mit à miroiter, les arbres à étinceler dû à la rosée du matin. Il eut l'impression que la forêt s'animait subitement, comme si chaque animal, chaque brin d'herbe, chaque fleur attendaient le feu vert de l'astre solaire pour s'éveiller.

Le paysage était à couper le souffle.

Le regard brillant, prêt à remercier Katsuki pour ce superbe décor qui ferait de magnifiques clichés à coup sûr, Izuku se tourna vers lui et, sans s'y attendre, sa respiration se bloqua dans sa gorge tout comme son cœur qui rata un battement ou en fit trop d'un coup, il n'était pas sûr. Il n'y avait pas que le paysage qui était à couper le souffle...

Le blond se tenait droit, les mains dans les poches de son pantalon, et observait devant lui, les traits de son visage détendus. Le soleil était à présent bien visible, ses rayons réchauffaient leurs épidermes d'une agréable façon et rendaient grâce à sa peau bronzée. Leurs lumières percutaient avec vivacité ses pupilles vermillon, laissant éclater toutes les nuances de rouge possible, et donnaient un air encore plus doux et soyeux à ses cheveux cendrés. Tel qu'il le voyait là, baignant dans la luminosité du matin, sublimant sa personne, Izuku mit du temps à réagir et à se dire qu'il fallait absolument le prendre en photo. Et pour cause, son palpitant ne semblait pas vouloir ralentir sa course effrénée, comme s'il désirait sortir de sa poitrine pour aller se déposer au creux de la main de son copain. Sa respiration peinait toujours à reprendre un semblant de normalité, voulant sans doute concurrencer son camarade, le cœur, et les fourmillements de ses mains avaient migré dans son ventre en de milliers de papillons, qui prenaient un malin plaisir à lui ravager les entrailles d'une chaleur intense.

Néanmoins, une petite brise se leva, emportant avec elle les senteurs et arômes de la forêt, mais aussi feuilles et pétales qui tourbillonnèrent autour d'eux. Un de ces derniers, qu'Izuku identifia comme celui d'un des cerisiers, s'éleva même bien plus haut que les autres et, appareil toujours en main, il immortalisa le moment où celui-ci effleura la joue de Katsuki de sa caresse aérienne, dérivant sur sa bouche aux lèvres parfaitement dessinées, pleines et légèrement rosées qui donnaient tellement envie de les embrasser. Celles-ci s'étirèrent en un doux sourire quand Katsuki réalisa ce qui le chatouillait, tout en regardant le pétale s'envoler pour rejoindre ses frères. Et, pris dans ce moment hors du temps, son regard toujours encré sur le profil de son amoureux, ses propres lèvres, ces sales traites, lâchèrent un « putain, je t'aime ».

Il ne saurait dire qui fut le plus surpris entre Katsuki, qui se tourna si vivement vers lui, étonné, ou lui, rouge de honte face à cet aveu et surtout à la façon dont celui-ci était sorti. La grossièreté, c'était plutôt le rayon de Katchan. Ils ne se l'étaient encore jamais vraiment dit, ces deux mots et ces sept lettres, même s'ils savaient ce qu'éprouvait l'autre. Mais voilà qu'il venait de faire ce grand saut, proche d'un précipice, l'ironie de la situation aurait pu les faire rire. Néanmoins, ce ne fut pas la réaction du blond. Non, vraiment pas, car deux secondes après sa déclaration, Izuku sentit ses lèvres se faire violemment écraser par celles de Katsuki qui l'embrassa avec hargne tout en déclarant qu'il l'aimait aussi « comme un fou » dans un souffle avant de reprendre possession de sa bouche.

Ils restèrent ainsi durant de longues minutes, profitant de leur étreinte tout en observant le soleil finir de se lever tranquillement. Izuku se sentait si bien dans ses bras qu'il aurait voulu y passer des heures, voire des jours. Il se dit aussi qu'il y passerait bien des années, voire toute sa vie. Et pourquoi pas non plus imaginer leurs doigts cerclés d'un bel anneau en or ? Le rouge aux joues face à cette soudaine pensée, Izuku se dit qu'il avait encore le temps de réfléchir à cela. C'était vrai quoi ! Même si Katsuki et lui se connaissaient depuis des années, leur relation était toute récente, alors ils prendraient le temps qu'il leur faudrait pour apprendre à s'aimer et à vivre ensemble.

Après ce petit moment rien qu'à eux, ils décidèrent de retourner au campement et de reprendre la route de retour, leurs sacs à dos de nouveau chargés. Ce weekend avait été idyllique en tout point et il fit savoir à Katsuki qu'il retenterait bien l'expérience, ce qui déclencha un sourire ravi au blond, emballant son cœur une fois de plus. Oui, lui aussi était fou de lui.

Fin du Flash back

Le cliché en main, Izuku caressa du bout des doigts le visage de Katsuki qui y apparaissait. Cette photo de lui, avec ce pétale rosé, était sa préférée. Elle était juste parfaite.

Alors qu'il la contemplait amoureusement, son portable émit une vibration. Le checkant, il constata que c'était un nouveau message de Katchan qui lui disait qu'il l'attendait aux portes de sa fac afin d'aller manger tous les deux au restaurant. Un énorme sourire vint déformer ses lèvres et il lui répondit qu'il arrivait tout de suite.

Se remettant debout, il rangea tout son matériel et observa une dernière fois le cliché. Oui, il était décidément son préféré.

Il représentait sa déclaration et leur amour réciproque.

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