LA RAISON D'ETAT

Armand Jean du Plessis de Richelieu n'est plus. L'Etat et surtout Louis ont perdu un

grand homme, un ami fidèle qui avait voué sa vie au royaume, à sa grandeur. Sa fermeté, doublée d'un esprit retors, avaient rendus l'homme détestable pour beaucoup mais Louis appréciait sa force de caractère et sa vision de la France.

Louis se sent seul désormais. Le soutien qu'il trouvait dans le cardinal s'en est allé. Lui qui, trop jeune, avait déjà vu disparaître son père se trouve à nouveau orphelin et en souffre. Mais il ne peut s'en ouvrir à personne. Reconnaître sa douleur, c'est avouer sa faiblesse et cela il ne le peut.

Une cérémonie, grandiose, a été prévue pour célébrer cet homme.

La reine n'est pas présente lors de la messe en l'honneur du cardinal. Elle est bien plus occupée, ailleurs. Elle accouche de son fils. Au moment où Louis revient au palais, il découvre son enfant. Sa fierté et cela le réconforte. L'homme et le roi sont au comble du bonheur. Le royaume tient son héritier. L'espoir renaît en Louis. Elle a désormais, dans ses dames de compagnie, une alliée de poids, sur les conseils de d'Artagnan qui n'a pas perdu de vue l'idée de revoir Constance, il a appris que la reine cherchait une personne de confiance pour l'aider dans son nouveau rôle de mère. Constance est la personne toute trouvée pour ce faire et d'Artagnan n'a pas tari d'éloges sur elle auprès de la reine. Secondé largement par ses compagnons, qui ont appuyé sa demande, comprenant ses raisons et ne cherchant qu'à l'aider. La reine, confiante en ses mousquetaires, a accédé à leur demande pressante et trouve en Constance une véritable amie qui ne la juge pas mais aime la femme qu'elle est. Avec Constance, Anne peut se permettre d'être une mère, une femme et non plus seulement la reine. Son mesquin de mari, cet homme à l'esprit étroit, étriqué même, persuadé d'être appelé au service du roi fait l'amer découverte d'une totale méconnaissance de son dernier à son égard mais de la place qui a été offerte à Constance par la reine. La jeune femme découvre une femme aimable, mal entourée et solitaire, elles ont presque le même âge et cela les rapproche d'autant. Mais Constance rappelle à d'Artagnan, qu'elle croise au détour d'un escalier, qu'elle n'en demeure pas moins mariée à Bonacieux et que leur amour est vain.

D'autres personnes d'importance manquent à la cérémonie. Ce sont nos mousquetaires. Mais nos amis en sont très loin. Ils se sont rendus à l'autre bout de la France, Ils se réjouissent de ne pas avoir à faire semblant, cela leur sied bien mal, de s'affliger de la mort du ministre. Ce dernier ne leur manque pas le moins du monde, bien au contraire. Ils espèrent désormais en être tranquilles avec les magouilles et autres manipulations. Ils doivent trouver un homme à la demande de Tréville. Mais ils sont interrompus dans leur trajet par un groupe d'hommes qui s'apprêtent à en pendre un autre. L'homme est accusé de meurtre, il est masqué. Quand les mousquetaires demandent à le voir, ils découvrent alors un homme que trois d'entre eux connaissent que trop bien : Rochefort. Le comte était un agent du cardinal et se trouvait en Espagne. Mais il fut arrêté et visiblement est parvenu à s'échapper. Mais de retour en France, il ne semble pas s'être tenu tranquille. Les mousquetaires vont donc s'occuper de le ramener à Paris. Ce qui n'est pas une mince affaire puisque le comte profite du trouble créé par l'intervention des mousquetaires pour tuer l'un des villageois. C'est donc en prisonnier que les quatre hommes conduisent Rochefort pour qui ils n'éprouvent aucune sympathie.

Louis estime le capitaine Tréville et parce que le royaume a besoin d'hommes forts, de solides appuis dans son conseil restreint, ainsi que l'avait recommandé Richelieu, il propose au capitaine d'entrer au conseil et d'y apprendre le métier de la politique. Tréville, surpris, refuse.

- « C'est un honneur extraordinaire, Sire, mais que je ne saurais accepter. Je n'imagine pas ma place ailleurs qu'à la tête des mousquetaires. »

- « Monsieur de Tréville, enjoint la reine, ce n'est pas le moment d'être modeste. Le roi compte sur vous ».

- « Vous n'allez pas me faire défaut en cette période d'adversité ? » implore le roi.


- « J'exècre la politique et je n'ai aucun talent pour la diplomatie ! » rétorque Tréville.

Il ne se sent pas l'âme d'un politicien et surtout en redoute terriblement les manigances. Il a trop eu à lutter contre celles du ministre défunt pour les avoir appréciées. Louis, homme capricieux et rancunier lui en veut et le lui fait payer, largement. Tréville va le payer chèrement et il le sait, car il connaît Louis et s'il apprécie l'homme, il redoute les colères du roi qui se montre parfois injuste.

En effet, le roi le destitue de son poste de capitaine. Mais avant que cela ne soit fait, Tréville reçoit ses hommes et Rochefort. Ce dernier lui apprend que le général de Foix est toujours en vie, en Espagne, dans une prison. Or Tréville était compagnon d'armes du général et c'est un homme pour qui il éprouve le plus grand respect.

Le roi, apprenant ces grandes nouvelles et heureux de trouver Rochefort vivant, ordonne aux mousquetaires de trouver une solution pour libérer ce grand chef militaire qu'est de Foix. Un combattant valeureux à qui la France doit un certain nombre de victoires glorieuses et qui n'a jamais démérité.

Un plan est donc mis en œuvre, en accord avec Rochefort, mais sous le commandement d'Athos car Tréville refuse de voir ses hommes dépendre d'un autre. Ils vont se rendre en Espagne, grimés en bandits de grands chemins, et libérer le général. Un obstacle se dresse sur leur route, la sœur du général


est présente. Et surtout, il s'avère que Rochefort est un traitre à la couronne, vendu aux Espagnols et qu'il a manœuvré pour à la fois se débarrasser du général et des mousquetaires. Ces hommes sont trop fidèles au roi et peuvent contrecarrer ses projets. Il veut les éliminer.

Fort à propos, les hommes restent soudés et parviennent à échapper aux Espagnols. Ils retournent sur le territoire français, avec le général mais ce dernier a été blessé. Il faut les ramener coûte que coûte à Paris. Le comte de Rochefort a bien manigancé et s'est arrangé pour que sa trahison ne soit pas découverte, quitte à tuer s'il le faut. Il ne s'embarrasse pas de ceux qu'il considère comme des gêneurs. Il est prêt à tout pour obtenir victoire et gloire auprès du roi et surtout de la reine.

Le roi, tout au plaisir de retrouver son général et le comte, offre, en récompense, le poste de capitaine des gardes rouges à Rochefort. Il devient un ennemi d'une autre envergure pour les mousquetaires. Ils vont devoir apprendre à compter avec lui désormais. Car comme il l'avait dit à l'ambassadeur d'Espagne, Dom Fernando Perales :

- « je veux Athos, Porthos, d'Artagnan et Aramis, morts. Leur loyauté absolue envers le roi est légendaire. Sans les mousquetaires, il sera seul et sans protection. »

L'homme est donc le pire ennemi du royaume mais a su manœuvrer habilement pour en paraître le sauveur. Le roi l'apprécie plus que tout et surtout après le refus de Tréville il lui accorde sa confiance, comme un enfant capricieux.

De retour au palais, avec Rochefort, Aramis s'arrange pour faire connaissance avec ce bébé qu'il sait le sien. Il y fait la connaissance de Marguerite, dame de cour en charge du bébé, qui tombe immédiatement sous son charme. Elle le connaît pourtant, du moins sa réputation auprès de ces dames, mais ne peut s'empêcher de succomber à l'homme qui s'est approché d'elle et du petit. Aramis, lui, en vérité n'a d'yeux que pour son fils. Mais il souffre car il ne peut l'approcher plus, il ne peut le prendre dans ses bras. Aramis doit se taire et laisser d'autres prendre soin de son enfant. Sans quoi, il entraînerait la reine et lui- même dans une chute inéluctable.

Athos veille donc à ce que le secret ne soit jamais éventé. En bon ami, il recommande à Aramis de se taire pour toujours et à jamais.

Rentré à la garnison, d'Artagnan est surpris par Constance venue demander des nouvelles de la santé de de Foix. Il se montre alors injuste envers Constance. Il est blessé et souffre au plus profond de son cœur. Il veut blesser en retour et lâche ses mots, sans plus de réflexion

- « Je vous ai aimée audacieuse, Constance, je ne vous savais pas lâche ». Il le regrette immédiatement en voyant combien il a heurté cette femme qu'il aime par-dessus tout. Mais c'est trop tard, les choses ont


été dites. Il devra vivre avec ces mots. Constance s'en retourne au près de la reine, choquée, humiliée. Elle souffre mais tâche de n'en rien montrer, y compris à Charles.

Le cardinal a laissé une place vacante. Que le roi cherche à tout prix à combler, dans son cœur comme dans son conseil. Tréville a perdu l'occasion de mettre en avant ses hommes et son régiment, parce qu'il est trop honnête, trop droit. La politique l'angoisse. Elle est trop perfide pour lui et s'il est un homme avisé, un excellent conseiller pour Louis, il ne se sent pas l'âme d'un politicien.

Les mousquetaires eux veulent surtout rester éloignés du palais, de ses manigances et autres dangers des courtisans prêts à tout pour satisfaire le plaisir royal. Les caprices du roi sont inquiétants car ce dernier est désormais seul à la tête du royaume. La reine a certes une certaine influence, plus grande depuis qu'elle est devenue la mère de son héritier, mais cela ne suffit pas à calmer les enfantillages de Louis.

Et Rochefort a bien saisi le caractère du roi, pour faire en sorte de s'approprier les avantages que ce dernier offre à qui bon lui semble, selon ses envies. Il est prêt à tout pour trouver une place, de préférence celle de l'ancien ministre, dans la cour et faire en sorte que le roi l'écoute lui et personne d'autre. Le fait-il pour l'Espagne, dont il semble être devenu un espion, ou pour lui-même ? L'avenir nous le dira.


Athos doute de cet homme. Depuis le début il se méfie de lui. Cet homme a passé trop de temps en Espagne et surtout était un homme de Richelieu, il reste donc suspect à ses yeux, mais rien ne lui permet d'accréditer sa théorie. Pour le moment du moins. Et même si, par deux fois, Rochefort a semblé hésiter à les aider et lui en particulier, il n'a pas donné suffisamment d'éléments tangibles à lui opposer. Il garde cependant un état de vigilance. Un je ne sais qui le fait douter. Il a trouvé que la fuite de la prison s'est passée de façon étonnamment « facile », presque trop. Mais n'a que des impressions, rien de concret à opposer au comte ou à exposer pour prouver son sentiment désagréable.

Porthos, désormais, s'interroge, lui qui, jusque-là ne se préoccupait que de ses amis et du présent, se voit contraint de repenser à son passé. De Foix lui a parlé, rapidement, et cela a conduit Porthos à s'interroger. Mais il n'en sait cependant pas assez encore pour démêler l'écheveau de sa naissance, de ses origines. Ce qu'il sait est maigre, mais c'est toute sa vie ; sa mère, ancienne esclave affranchie, De Foix s'est ouvert à Tréville, son ami fidèle. Il lui parle de Porthos et de ce qu'ils ont fait, du fait que ce mousquetaire est le fils de Belgard. Mais Porthos l'ignore encore. Pourtant ce secret pèse sur le cœur et l'âme du général. Mourant, il veut s'entretenir avec lui pour expier son péché passé. Tréville, s'est montré un père pour Porthos, plus que pour les autres mousquetaires, car ce jeune homme qui était venu à lui, confiant dans


sa force, l'avait touché alors. Il lui avait surtout permis de rattraper ce qu'ils avaient fait au nom de l'amitié pour Belgard. Il n'a jamais trahi son secret mais le porte comme un fardeau. Ce même fardeau que le général veut ôter de son passé. Il va donc, avant de trépasser, tout révéler à Porthos car il estime qu'il le doit, pour sauver son âme et libérer Porthos. Il est en droit de connaître son histoire.

Les quatre hommes s'inquiètent de voir Rochefort avoir pris cet ascendant sur el roi et occuper une place telle à la cour, ils sentent que ce dernier est un ennemi plus dangereux que ne l'était le cardinal. Athos comprend le refus de Tréville, mais les autres auraient apprécié un homme droit aux côtés du roi.

Aramis est troublé, il sait qu'il a des secrets inavouables à cacher. No qu'il ait honte de l'homme qu'il a été ou de celui qu'il est aujourd'hui, mais il est des choses qui ne doivent jamais être apprises, pour plus de sérénité. Or il a découvert, la veille au soir, la mort d'Adèle et a compris, car le cardinal y avait veillé, qu'il en était la cause. Par chance, Athos l'accompagnait et a su lui remettre la tête sur les épaules et le conforter dans l'idée que jamais, oh grand jamais, sa nuit avec Anne ne doit être connue de quiconque. Mais l'avertissement, jeté par un homme du cardinal, est clair :

- « Son Eminence connaissait vos moindres secrets. Il révèlera vos péchés. Même d'outre-tombe ! »

Aramis est plus que jamais troublé, la reine et le dauphin sont en danger, à cause de lui, à cause du


cardinal. A cause d'un moment d'égarement et de pur bonheur. Est-il condamné à devoir toujours surveiller par-dessus son épaule ? Athos devra-t-il toujours veiller sur lui pour cela ?

Plus que jamais, les mousquetaires sont impliqués dans les secrets les plus sombres quientourent la cour. Ils doivent veillersur le royaume puisque personnene le fait hormis eux. Cette mission les plonge dans ledoute et ne fait qu'attiser la défiance d'hommes qui ne souffrentpas d'hésitation habituellement. Et cela les perturbe. Ilsne peuvent se permettre de remettreen question leur amitié, leur sincérité et leurs missions.

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