Alea jacta est
Louis s'amuse à présenter à sa cour, toute ouïe, les dernières découvertes en matière d'astronomie, profitant du soleil dispensé en cette journée magnifique dans les jardins du palais.
Les chevaux au galop conduisent en hâte les mousquetaires auprès du souverain qu'ils vont accompagner jusqu'au fort de Chatillon où ils sont attendus par un astronome de renom.
Athos, écœuré par la cour pressente du roi à l'égard de Milady, le tout à la face d'Anne, son épouse, et des courtisans, s'en retourne à l'hôtel des mousquetaires. C'en est trop pour lui, par ailleurs il sent que sa présence aux côtés de Tréville sera bien plus utile qu'à surveiller les jeux amoureux d'un roi ridicule. Aramis ne le suit pas mais l'envie ne manque pas pourtant. L'humiliation publique dont Anne, son aimée, est victime lui donne des haut-le-cœur et il enrage de ne rien pouvoir faire afin que cela cesse. Que Louis n'aime pas son épouse, et ne lui manifeste aucun signe de tendresse, il pourrait encore le concevoir. Qu'il l'humilie ainsi, et publiquement qui plus est, lui est intolérable. Mais rien n'est envisageable pour l'heure, il doit ronger son frein.
Cet homme, Marmion, compte présenter au roi sa dernière invention, la camera obscura et fournissant à chacun des membres de la cour présents une paire de lunettes, leur offre l'occasion unique d'observer l'éclipse prévue ce jour.
Le transport se fait sans heurt. Et tous arrivent dans ce vieux fort désaffecté, transformé en demeure.
Les hommes de Rochefort sécurisent les lieux menant vers l'extérieur. Nul trouble ne doit venir perturber cette journée de loisir et de découverte. Les mousquetaires restent en garde rapprochée du roi, de la reine et du dauphin qui les accompagne malgré son jeune âge.
D'Artagnan profite de l'occasion pour conduire Constance, telle sa belle, lui tenant la main pour la guider jusqu'à l'intérieur. Constance est inquiète mais rassurée par la force tranquille de son ami très cher, elle se ravise.
Tous pénètrent dans le château. La fête semble bien prendre. L'éclipse entreprend son œuvre et chacun observe avec attention. Aramis et Porthos. A l'étage surveillent et restent attentifs, tandis que le gascon s'est placé non loin de la cour et de Constance. Il reste vigilant également. Nul ne sait quel danger courent le roi et son épouse hors du palais.
Cette mission leur incombe, en toute logique, ils sont les mousquetaires du roi. Cela ne leur déplaît pas, d'autant que cela leur permet de sortir quelque peu de Paris et ses turpitudes ordinaires. Ces hommes ont besoin d'action, de changement. Aramis ne réclamait-il pas du danger il y a encore peu de temps ?
Le danger est présent pourtant. Caché, mais bien réel. Et il ne tarde pas à se montrer à tous. En pleine éclipse, Robert, le frère de Marmion, pointe sa dague sur le cou de Louis, menaçant sa vie. Les hommes autour désarment rapidement les courtisans et parviennent à maîtriser Rochefort ainsi que les mousquetaires malgré une lutte rapide mais intense. Marmion stoppe tout le monde et abat le seul garde-rouge présent avec son maître. Les autres, dans les couloirs, ont été lâchement assassinés plus tôt.
Aramis réclame l'indulgence du ravisseur en faveur du dauphin et des femmes. Il espère ainsi, a minima sauver la reine et son bébé. Rien ne lui importe plus que cela. Marmion s'en débarrasse en le poussant au point qu'il traverse la vitre de l'étage et bascule dans le vide. Porthos et Rochefort sont conduits dans les caves où ils se retrouvent attachés l'un à l'autre, sans espoir de se libérer malgré leurs tentatives forcenées.
D'Artagnan, seul soldat resté sur place avec la cour tente de raisonner et d'intercéder. Mais Marmion n'écoute plus rien ni personne. Même pas son frère qui espère le freiner dans sa folie meurtrière. Rien n'y fait. Marmion est déterminé à mettre son plan à exécution.
Un plan diabolique, déraisonné, touchant le comble de la folie. Le roi est seul décisionnaire des choix qu'il lui présente. Mais ce choix est déterminé par un lancer de pièce. Pile ou face. La vie ou la mort. Milady parvient, chanceuse, à être libérée. Elle est la seule à avoir tenté le diable et s'en être tirée. A croire qu'il lui est favorable.
La reine et Marguerite, la gouvernante sont conduites, avec le dauphin dans son couffin, dans une pièce éloignée. Trois courtisans dans une autre. Pile ou face. La mort mais pour qui ? L'une des deux chambres doit être choisie par le roi.
Les courtisans sont froidement assassinés par l'un des sbires de Marmion. Qui l'occupaient ? Le roi souffre mille morts, ne sachant qui a été condamné par son choix. Suppliant son tortionnaire, il finit par obtenir réponse à sa question ; la reine et son fils sont saufs.
Pour le moment.
Tombé sur une toile qui surplombe l'entrée du fort, Aramis est blessé mais bien vivant. Il ne tarde pas, une fois sorti de sa torpeur, à grimper les murs pour tenter de trouver un moyen discret d'entrée. Hors de question de laisser celle qu'il aime et son enfant aux mains de ce fou sanguinaire et de ne pas tenter quelque chose. Même si c'est avec le désespoir dans le cœur, il s'attelle à la périlleuse ascension.
Parvenant à se faufiler à l'intérieur, il découvre les corps des trois courtisans. Son cœur n'y tient plus, qu'est-il advenu de sa belle ? De son enfant chéri ?
Il ne peut rester là sans s'évertuer de sauver ceux qui sont encore vivants. Et quand bien même il serait le seul, il n'admet pas de demeurer là sans le faire payer à Marmion. Rapidement, en soldat aguerri et brillant, il calcule ses chances et entreprend de défier l'homme resté en surveillance à l'étage.
Libérée, Milady se précipite au régiment. Elle avise Tréville et Athos qu'elle a fait chercher. Tous deux étaient réunis, ils venaient d'observer l'éclipse ensemble, Athos ayant décidé de veiller sur le moral de son capitaine déchu et amer.
Tous trois prévoient de se rendre, accompagnés de quelques autres mousquetaires, à Chatillon et de trouver, une fois sur place et forts des indications fournies par Milady qui avait finement observé la situation en quittant le château, une issue pour entrer et libérer les otages survivants.
Athos n'en revient pas du revirement opéré par Anne. Il le lui signifie, mais celle-ci, peu amène et surtout orgueilleuse, le persuade qu'elle n'agit que par intérêt personnel. Il a failli croire que, pour une fois, elle se souciait des autres. Il est déçu mais nullement surpris par sa réponse. Cela achève, s'il en était encore besoin, de le conforter dans son opinion à son égard et de le détacher de son ancien amour.
Tous se précipitent au château, il faut rester prudent, les hommes de Marmion sont partout autour et sont aux aguets. Le moindre faux pas mènerait le roi à sa perte. Et cela ne se peut. D'ailleurs tous espèrent qu'ils trouveront chacun encore sauf, ils ignorent les projets délirants de l'astronome. Ils savent seulement e que Milady a pu leur révéler de la situation au moment de son départ du château. Pour eux, Aramis est mort. C'est déjà trop et insupportable.
L'infortunée reine se console dans les bras de Marguerite, ne sachant rien de ce qu'il se trame de l'autre côté de la porte. Cette chambre, totalement dénudée, si ce n'est le siège sur lequel le couffin a été placé, ressemble à une prison mortelle. Elles entendent des pas qui s'avancent, des cris d'angoisse et ne peuvent qu'imaginer le pire. Mais elles se trouvent démunies, abandonnées. Son enfant ne pourra-t-il jamais connaître la pitié des hommes ? S'il en était besoin, elle consent à son sacrifice, tant que son enfant peut vivre. Mais Robert ne lui a guère laissé d'espoir. Les hommes l'ont tous condamné d'avance.
Dans la grande salle, au pied de la caméra, le roi n'en peut mais. D'Artagnan exige la vérité à propos de ceux qui ont été assassinés. Il l'obtient. Le roi retient son souffle. Couché aux pieds de Marmion qu'il implore. Mais quelle folie a pris cet homme ? Quel acte abominable peut, selon lui, justifier un tel comportement ?
Des coups, une lutte, de l'autre côté de la porte qui retient la reine. Aramis se bat avec l'énergie du désespoir. Non tant pour lui que pour ceux qu'il veut délivrer de leur geôle. Toutes deux, s'accrochant l'une à l'autre comme un dernier espoir de vie, ne respirant plus, n'ont d'autre choix que d'attendre, de prier en silence. Puis une clef qui tourne dans le pêne. La porte s'ouvre. Aramis se jette aux pieds de la reine. Elle est sauve. Il peut espérer. Son enfant, calé dans son couffin est avec elle. Il libère les femmes mais sait que le danger rode encore tout prêt. Armé, enfin, il va pouvoir agir. Il compte bien parvenir à libérer les deux femmes et le petit, au péril de sa vie. Mais sa vie importe peu tant qu'il leur permet de s'échapper.
Pour Anne c'est un miracle, que celui qu'elle aime secrètement soit encore vivant et qu'il soit parvenu à les retrouver. Cet homme est un sauveur inespéré. Elle remarque qu'il porte toujours son crucifix sur lui, son cœur enfle de plaisir à ce constat. D'autant qu'il lui confirme qu'il ne le quitte jamais. Il l'aime donc encore tant et la porte sur lui. Tel un champion des temps ancien arborant les couleurs de sa belle.
L'attention du mousquetaire est toute portée vers Anne et l'enfant, Marguerite s'en offusque mais ne dit mot. Pourtant hier encore il était dans ses bras à elle, lui faisant une cour effrénée et qui semblait sincère. Il ne s'est pas inquiété pour elle visiblement. Du moins pas autant qu'elle l'aurait souhaité. Il ne se montre pas aussi prévenant à son égard qu'envers la reine et le dauphin.
Ignorant des événements qui se déroulent à l'étage, dans la grande salle, d'Artagnan continue d'espérer et de croire qu'il peut gagner du temps en faisant parler Marmion. Il ne cesse de l'interroger, pour le détourner de son objectif.
Un instant, Marmion se laisse prendre au jeu et répond à ses questions pressantes. Il explique comment d'un homme simple, ordinaire, tranquille, habitant un petit village dans un coin du royaume, le sort l'a jeté dans d'atroces affres et combien il a été contraint de faire des choix monstrueux pour les siens. Choisissant qui vivrait ou qui mourrait. Sa femme tout d'abord puis l'un de ses fils. Mais le second pour lequel il avait tout sacrifié n'a pas survécu pour autant. La folie s'est emparée de lui et a incendié son cerveau torturé au point de le conduire à ce projet insensé : faire payer au roi les malheurs qu'il a affrontés en l'obligeant à faire ces mêmes choix. Car dans son esprit délirant, le roi est seul coupable.
Constance entend ces mots, le chagrin qui a vrillé l'esprit de cet homme. Chacun peut vivre cette douleur. Pourtant ils veulent tous vivre. Encore.
La passion qui anime Marmion, d'une certaine façon, d'Artagnan peut la comprendre. Ce trait de caractère lui ressemble tant. Mais il a, depuis qu'il est entré au service du roi comme mousquetaire, appris à la contrôler, à le réfréner quand cela est nécessaire. Il est, cette fois, surpassé. Ce qui le surprend. Une telle extrémité l'interloque. La passion qui l'habite n'est jamais parvenue à un tel état de déraison, ne l'a jamais conduit à cette folie furieuse. Destructrice. Sa passion est toute entière tournée vers l'espoir de vie. Il entend mais ne comprend pas qu'un homme puisse en arriver à cet enfer. Une lente agonie a rongé les sens de Jacques et en a fait cet être infâme, guidé par un fanatisme aveuglant.
Milady parvient à faire ouvrir la porte du fort. Permettant à Athos, Tréville et les mousquetaires d'entrer. Dans le même temps, Porthos et Rochefort, toujours prisonniers dans la cave, parviennent eux-mêmes à se défaire de leurs chaînes. Ils retrouvent les compagnons de Porthos. Unis, ils vont entreprendre d'attaquer Marmion, dans une opération désespérée. Ils sont vite rejoints par Aramis qui descend de son côté. Porthos n'en revient pas, son ami est vivant, contre toute attente. Il l'a vu défenestrer et n'avait rien pu pour lui, il portait cette peine en lui comme un déchirement. Mais en soldat, il mettait cela de côté en attendant de pouvoir y repenser. Et le voici qui apparait devant lui. Le soulagement est une douce libération pour son cœur. Ils demeurent inséparables. Tous pour un, un pour tous. Seul le sort de d'Artagnan est encore incertain pour eux. Qu'à cela ne tienne, ils vont s'assurer que leur frère, plus jeune d'entre eux mais surtout le plus intrépide, n'a pas commis un acte irréparable et mis sa vie en jeu. Il en est capable, ils le savent pertinemment. Il n'est plus temps d'attendre, ils doivent savoir. Et Constance, qu'est-elle devenue ? Elle est une sœur, une mère parfois pour eux, ils en sont conscients bien qu'aucun ne l'avoue. Ils la considèrent comme un membre à part entière de leur petite troupe, presque un mousquetaire bien qu'elle n'en porte pas les couleurs. Elle veille sur eux, les soutient sans faillir jamais et l'amour qu'elle porte à d'Artagnan, bien qu'elle s'en défende, est indéniable. Ils sont faits l'un pour l'autre. Cela leur plaît de penser à eux comme à un couple uni, solide ; L'un ne peut aller sans l'autre. Tout comme Aramis ne va pas sans Porthos et inversement. Chacun surveille les arrières de l'autre et ainsi va la vie. Avec Athos, d'Artagnan et Constance forment une famille. Qui est le ciment de leur groupe.
Aramis quitte, temporairement, ses amis pour placer Anne, le dauphin et Marguerite en sécurité à l'extérieur. Loin de cette folie meurtrière qui habite les lieux. Il s'empresse de les conduire à l'abri et de rejoindre ses compagnons. Il a besoin d'évacuer toute l'angoisse par laquelle il vient de passer, pour Anne, pour le petit. Il ne peut laisser un tel meurtrier s'en sortir indemne. Il a une revanche à prendre sur la vie, sur la mort et sur Marmion. Il éprouve de la haine à l'égard de l'homme, mais une haine maîtrisée, canalisée vers un seul objectif. Imperceptiblement Athos a déteint sur son caractère, le conduisant à davantage de contrôle. Même si attenter à la vie de la reine ou du dauphin a tendance à le faire basculer vers un certain égarement. Pourtant une fois libéré de ce poids dans son esprit, il récupère sa pleine capacité à réfléchir et calculer. Il redevient le soldat qu'il ne cesse jamais totalement d'être. Viscéralement.
Tous sont dans l'ignorance du sort qui a été réservé à chacun, et tout peut s'imaginer, se craindre. Le pire en particulier. Mais nul ne veut ni ne peut se résoudre à l'envisager. Gageons que le roi, d'Artagnan, Constance sont toujours en vie.
Avant d'en arriver à la fameuse pièce où tous sont retenus, il convient de débarrasser le monde de ceux qui défendent leur maître infernal. Ce à quoi tous vont s'affairer sans tarder et sans pitié. Eux ont choisi et la mort en est la seule issue possible.
Malgré les imprécations de Robert, Marmion est imperturbable. Il veut supplicier Louis au point de le voir mourir intérieurement. Qu'il souffre autant que lui-même souffre. Une petite mort qui se glisse, tel un serpent, dans le cœur d'un homme tourmenté et qui l'a amené à cette aliénation. Que Louis, qu'il estime coupable, subisse le même sort. Alea jacta est.
Mais avant cela, il va jeter son dévolu sur Constance. Marmion invite le roi à choisir en faveur de la vie ou de la mort de cette jeune femme innocente. Ce n'est pas Louis qui tremble pour le choix cette fois, bien que ce dernier lui coûte, autant que lui a coûté chacun des précédents. C'est d'Artagnan qui laisse ses sentiments l'emporter sur sa réserve. Face à l'adversité, Constance fait front. Mais d'Artagnan, dans un cri désespéré offre sa vie en échange de celle de son aimée. Il ne peut supporter l'idée de la perdre. Sa vie contre celle de Constance. Elle ressort libre. Vivante. Lui importe peu après tout.
Le courage de Constance qui se dresse fièrement devant Marmion impressionne. Elle ne peut supporter l'idée que d'Artagnan échange leurs vies. Parce qu'elle l'aime plus que tout. Parce qu'elle n'a pas eu le temps de lui dire combien elle regrette de l'avoir repoussé, quand bien même ce n'était pas de son fait, elle n'en n'a pas fini avec lui. Elle veut être à ses côtés, pour toujours. Son mari peut aller au diable si cela lui chante, mais d'Artagnan doit savoir. Le temps lui manque, les mots s'échappent. Elle ne peut quitter ce monde sans avoir manifesté son amour pour lui. Aux yeux de tous.
Marmion pipe les dés. Il offre la liberté à d'Artagnan contre la mort de Constance. Il n'a pas conscience de ce qui les unis tous les deux. Cela le dépasse totalement. Il ne voit plus l'amour, il n'imagine que la mort. Elle seule importe à son esprit malade. Rien d'autre n'a de place dans son cœur que la souffrance, l'absurde folie qui l'a envahi.
D'Artagnan avoue son amour pour Constance. Il n'en n'a pas honte. Il l'aime, plus que sa propre vie. Il mourrait pour elle. Il accepte ce sort.
Alors que Marmion tire, Robert se place devant le gascon. Touché par l'amour que lui parvient encore à éprouver au point qu'il a suivi son frère dans ce projet dément. Mortellement blessé, l'homme s'effondre. Constance croit mourir une seconde puis voit l'homme qu'elle aime encore debout, solidement retenu par deux gaillards pour pas qu'il s'échappe.
Marmion a perdu. Tout ce qui lui restait, ce frère, n'est plus. Il vient de pousser son dernier soupir en lui disant que c'était son choix.
Le sort est jeté. Ce n'était pas ce qu'envisageait Marmion et il sombre définitivement. Robert était encore le seul qui maintenait un semblant de lumière dans son tunnel. Plus rien ne le raccroche à la vie désormais.
Alors que le drame se joue dans la grande salle, les mousquetaires, Milady et Rochefort s'apprêtent à attaquer les hommes en faction. Dans un ultime geste chevaleresque, Athos propose à Anne de rester en arrière, en sécurité. Décidemment cette femme a une emprise sur lui qui l'ébranle. Il ne voudrait rien de plus que sa mort, mais ne peut s'y résoudre. La haine et l'amour s'emmêlent dans son esprit. Tour à tour, il bascule de l'un vers l'autre.
Dernier choix pour Marmion, d'Artagnan doit décider et la vie du roi est en jeu cette fois. Mais d'Artagnan ne se laisse pas prendre et renverse l'offre de l'astronome ; la pièce est cachée sous sa paume, prête à dévoiler ce que le sort a opté pour Louis. Que Marmion déclare son propre choix : pile ou face. Il sera seul responsable de son geste.
Surpris, Marmion accepte mais pose une condition, ultime ; si le sort en a décidé pour la mort, ce sera lui, le mousquetaire, qui devra commettre cet acte sacrilège de tuer son roi. Aucune échappatoire possible.
Mais d'Artagnan voit Marmion se placer devant le roi. Dans un échiquier mal conçu. Pour l'homme, d'Artagnan sera le pion du sort. Echec et mat.
Son esprit tordu n'a pas observé, ce que le bon sens montre au soldat et qu'il indique d'un signe à Constance. La corde qui les unie passe sous les pieds de leur gardien. Il reste encore une chance, infime, ultime, d'en réchapper et qui sait, de sauver le roi. L'acte sera désespéré. Il compte jouer leur va-tout. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Alors que Marmion tend le pistolet vers le mousquetaire, la porte s'ouvre à toute volée et la troupe entre, se précipitant vers les survivants de ce jeu absurde et malsain.
Dans un même geste, d'Artagnan et Constance tirent la corde. Dernière lutte, ultime combat de cette journée insensée. Le roi se terre contre le miroir qu'ils observaient plus tôt, bien plus tôt. Quand tout ceci n'était encore qu'une visite plaisante et instructive. Tréville le protège de son corps. Un à un, les hommes de Marmion sont tués. Milady évite à Athos une balle qui lui aurait ôté la vie en tuant celui qui venait de tirer. La haine, l'amour, tous deux ne peuvent se libérer mutuellement des liens qu'ils ont tissés. Dans ce désordre, le fou s'échappe. Rochefort le poursuit et l'abat. D'une balle rapide, implacable. Il mérite mille fois la mort après l'avoir tant infligée lui-même.
Le roi est sauf. La reine peut à nouveau espérer en la vie. Le dauphin, inconscient de tous ces événements est en sécurité désormais, dans le carrosse qui va les raccompagner au palais. A l'abri de la folie des hommes ordinaires.
Milady est perdante dans ce jeu car Louis a compris que seuls comptaient pour lui son épouse et son fils. Cette maîtresse était une distraction plaisante, mais n'était que cela. Rien ne saurait le détourner de son devoir. Il est roi, il se doit à son royaume et à sa famille. A nul autre. Aussi douce et séduisante soit-elle.
Constance retrouve d'Artagnan et ose, enfin, lui avouer son amour. Elle ne veut plus que lui. Il est fou, à sa façon, il ne peut rien lui apporter de plus qu'une vie aventureuse, faite d'inquiétudes mais qu'importe. Elle est liée à lui, tous doivent le savoir. Elle l'embrasse pour sceller cette union. La vie l'a emporté sur la mort aujourd'hui et l'amour est un bienfait dont elle accepte toutes les contraintes.
Aramis les observe, et de loin, jette un regard vers Anne qu'elle lui retourne. Qu'il aimerait pouvoir en faire autant. Mais cela ne se peut. Elle est reine de France, il n'est qu'un homme ordinaire, un soldat.
Le sort a décidé pour eux. Ils ne peuvent se retrouver comme ils en rêvent pourtant autant l'un que l'autre. Qu'importe, chacun est présent pour l'autre. La reine et vivante, leur enfant également. Rien d'autre ne compte en cet instant. L'amour dévoilé, révélé à tous, de Constance et d'Artagnan incarne leurs propres sentiments. A travers eux, ils se voient. Et cela les comble. Que Constance soit mariée importe peu aux yeux de Anne. Elle ne blâme pas son amie. Bien au contraire, sans aller jusqu'à l'envier, elle la comprend et lui pardonne. Elle ose aimer au grand jour. Elle est libre. Libre de vivre la vie qu'elle rêve. Grâce à Constance, Anne peut se prendre à rêver. A l'amour vrai, sincère, incommensurable. A l'impossible. Il existe donc ce sentiment si puissant qu'il transcende chacun.
Leur bonheur éclate aux yeux de tous, sans vergogne, car il est pur et débordant. Tous deux offrent à chacun le plus beau des cadeaux en ce jour funeste, un rêve dans lequel noyer toutes ses peines.
Les mousquetaires apprécient le spectacle de leurs amis qui s'embrassent. Et cela les emplis de plaisir. Pour eux deux bien entendu. Mais aussi pour la beauté de l'élan réciproque qui les unis.
Rien ne saurait les arrêter, le lien qu'ils ont tissé est au-dessus de tout. Le sort en a décidé, la vie et l'amour ont vaincu. Contre toute attente, Marmion a provoqué l'amour en voulant transmettre la haine de la vie. Nul ne pourra défaire ce qui vient de se produire. Jamais.
L'union parfaite de ces deux êtres achève de fonder ces mousquetaires comme une famille prête à défendre les siens envers et contre tous.
Seules deux âmes restent insensibles à ces manifestations de bonheur ; Rochefort. Lequel espère encore, dans son cœur malade et son esprit tordu, pouvoir parvenir un jour à s'unir à celle qui l'a maintenu en vie sous la torture de ses geôliers. Et Marguerite qui a réalisé qu'elle n'était qu'un passe-temps plaisant, pire une excuse pour Aramis de voir la reine et d'être avec cet enfant qui semble l'attirer étrangement. Elle ne réalise pas encore la raison de cet attachement profond du soldat envers le dauphin, mais est bien consciente que jamais il ne s'est intéressé à elle avec sincérité. Alors qu'elle-même a succombé à l'homme.
Le sort est injuste. Il unit les uns, détourne les autres. Marguerite est aigrie. Il en aime une autre. Et c'est la reine. Les cartes sont truquées. Elle devrait être a dame, elle n'est qu'un bouffon.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top