XXIV

     Pour ne pas se perdre, le groupe d'Antonio avait longé le bord de la zone calcinée. Ils s'étaient posés au pied du dernier arbre brûlé, le plus enfoncé dans la forêt. S'ils continuaient le long de la limite, ils atteindraient l'extérieur. Mais la nuit tombait ; il faudrait continuer le lendemain. Les Tek-Tek s'installèrent pour dormir, tandis qu'Antonio s'éloignait pour explorer les environs à la faveur du clair de lune. Akatij observait les étoiles ; elle le regarda s'enfoncer entre les arbres.

     Antonio marchait le plus droit possible pour ne pas se perdre. La lumière blanche que projetait la lune sur les troncs et les feuilles rendait l'atmosphère sinistre. Un peu plus loin, un reflet l'aveugla et il dut plisser les yeux pour apercevoir sa provenance. En quelques enjambées, il se retrouva devant des blocs de pierre gris clair qui avaient dû être alignés, autrefois. Antonio se déplaça au milieu des six pierres. Il réalisa qu'elles formaient un rectangle de trois sur deux. Sentant sous ses pieds que le sol était plus régulier, il s'accroupit et entreprit d'enlever la terre qui recouvrait une dalle faite de la même pierre que les blocs. À côté d'un anneau qui servait à la soulever, il y avait une serrure. Antonio se dépêcha de sortir l'écrin de son sac pour y prendre la clef. Fébrile, il l'inséra et la tourna, trois fois, jusqu'à entendre un petit déclic qui sembla résonner fort entre les arbres. La dalle était lourde, mais Antonio ne voulait pas appeler les autres. Lorsqu'il parvint à la déplacer, une horrible odeur s'échappa du trou qu'il venait d'ouvrir. Même si c'est un tombeau, je n'ai pas d'autre choix. Il s'assit au bord, les jambes dans le vide et alluma une flamme avec son briquet. Après avoir pris une longue inspiration, il se laissa glisser. C'était une minuscule pièce dans laquelle ne pouvait tenir que deux singes et dont sa tête frôlait le plafond. Antonio se retourna...

     ... et tomba nez-à-nez avec un mort. Il attendit un moment que son cœur se calme pour l'observer de plus près. C'était le cadavre d'un singe, qui n'avait pas pu se décomposer entièrement. Il était assis sur une chaise et tenait dans ses mains un livre et une plume. Antonio détacha le livre des mains du singe, faisant tomber quelques doigts. Il le retourna. Journal de mes recherches, indiquait la couverture. Et en bas, il distingua un nom : Eldorado Tres. C'était le grand Eldorado ! Le grand Eldorado avait pénétré dans la forêt ! Agrippant le rebord de la trappe et bondissant, il se dépêcha de sortir de ce tombeau fortuit.

     À la lueur de la lune, il pourra lire ce que le grand Eldorado avait laissé derrière lui.

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